Dernier jour au Québec

Le 3 août 2011

Encore une fois dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Montréal, je m’apprête à m’envoler pour Marseille où Jean-Paul me récupérera. Il ne s’agit plus d’un voyage, mais d’un retour définitif cette fois. Enfin, le mot « définitif » n’a qu’une valeur partielle pour moi… Qui peut prédire l’avenir ? Certainement pas moi en tout cas ! Toutefois, l’implication est différente malgré tout. Je quitte le Québec, mes amis, ma vie qui a été la mienne durant 4 ans, ce n’est pas forcément évident !

Mes émotions ont joué les montagnes russes ces dernières semaines; des jours où j’étais excitée et ravie en vue de la nouvelle aventure qui m’attendait, je passais ensuite à des jours de tristesse de quitter les êtres chers qui m’ont entourée toutes ces années. Les soirées d’au-revoir avec chacun se soldaient souvent en larmes, le cœur déchiré. Mon dernier jour au travail a été particulièrement intense, tout le monde se réunissant pour me souhaiter bonne chance dans ma nouvelle vie. J’ai eu de la chance d’être aussi bien intégrée à tous les niveaux dans la société québécoise et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui m’ont soutenue, aidée, aimée durant tout ce temps !

Depuis 2 jours, les adieux ayant tous été faits, je me suis sentie plus sereine. Je me suis occupée des derniers préparatifs matériels, sans stress puisque j’avais plutôt bien planifié mon départ et j’ai pu prendre un peu de temps pour me relaxer, ne travaillant plus depuis 4 jours. Ce moment de repos un peu hors du temps m’a fait le plus grand bien. J’avais l’impression de flotter entre 2 mondes, n’étant plus vraiment au Québec, ni en France… Étrange sensation ! J’ai tranquillement rangé mes affaires qui sont parties avant moi par avion-cargo, nettoyé l’appartement, tout ça dans une paix apparente. Par contre, mes maux d’estomac m’indiquaient clairement que ça bouillonnait à l’intérieur !

Ma fébrilité m’a prise alors que mes amis Cédric et Céline sont venus me chercher pour m’amener à l’aéroport. Ils ont vu l’appartement vide et j’ai vu qu’ils prenaient conscience en même temps que moi que je partais pour de bon ! Je fais un dernier tour rapide dans les pièces vidées de mes affaires puis m’engouffre dans leur voiture, jetant un dernier regard nostalgique à cette maison qui m’a accueillie durant tout ce temps, mon refuge, un havre de paix et de sérénité, mon nid douillet dans lequel j’ai toujours aimé me blottir. Une page se tourne… Un nouveau chapitre de ma vie commence !
Mes amis me laissent à l’aéroport en privilégiant les rapides embrassades; j’ai trop dit au-revoir aux gens dernièrement, on dirait que je ne suis plus capable de le supporter encore. Et me voici donc à l’aéroport essayant d’effectuer un bilan de ma vie au Québec… Mon dieu, comme c’est difficile ! Il s’y est passé tant de choses ! En tout cas, ça a été intense… Une amie m’a encouragée à remercier la vie pour tout ce qu’elle m’a offerte ici et pour tout ce que j’y ai appris. En effet, mon expérience au Québec a été tellement formatrice pour moi-même ! Je n’ai pas vécu que des bons moments, loin de là, je dirais même que ça a été la période de ma vie la plus difficile, mais étrangement, la plus belle aussi. Je me suis découverte moi-même dans ces difficultés, j’ai dû aller au bout de mes capacités, surmonter toute une série de peurs face à l’inconnu et je pense m’en être plutôt bien sortie au final. J’ai beaucoup voyagé, même en étant seule, j’ai monté ma compagnie et réussi à la maintenir à flot, acheté un appartement à Montréal, je repars avec un cercle d’amis sincères et merveilleux et surtout j’ai commencé une belle introspection sur moi-même qui m’a permis d’avancer et de comprendre beaucoup de choses que j’essaie de mettre en pratique dans ma vie de tous les jours. Pour tout ça, je remercie le Québec et tous les acteurs qui ont participé de près ou de loin à la découverte de moi-même !

A présent, sans oublier le passé, je dois regarder devant moi, vers l’avenir qui sera, je n’en doute pas, tout aussi intéressant et surprenant que le passé. J’ai rarement eu une vie monotone jusqu’ici, il est peu probable que ça change ! Je vais tout d’abord m’installer chez Jean-Paul qui m’a d’ores et déjà fait une jolie place dans sa maison pour mon arrivée. Nous partons ensuite en vacances tous les deux en France et en Italie puis je vais commencer à chercher du travail tranquillement en septembre. Je vais voir comment je me sens de retour dans mon pays natal, mais je ne suis pas très inquiète, je m’adapte en général assez vite n’ importe où ! Je vais sûrement passer par des moments de nostalgie du Québec, je le sais déjà et suis préparée à ces moments de tristesse. Mais ce sera passager ! Jean-Paul et moi allons enfin pouvoir expérimenter notre couple normalement et non plus à 6000 km de distance ! Sans parler du décalage horaire… Et quoi qu’il se passe entre nous, je suis heureuse de revenir en France, près de ma famille, de mes racines, de mes amis français que j’ai laissés derrière moi depuis 4 ans. Quatre ans… Ça me parait si court et si long à la fois ! Il était temps que je rentre et je suis certaine de mon choix, même si je suis triste de quitter le Québec. Tout choix amène un renoncement d’autre chose ! Ainsi va la vie… Et pour avoir fait le chemin un certain nombre de fois, je sais que le Québec et la France, ce n’est pas si loin après tout !

Place à ma nouvelle vie française à présent, place à la nouveauté, à la liberté, à l’expérimentation et à l’amour ! Je grimpe dans l’avion d’un pas décidé et énergique à la rencontre de mon futur. Toutefois, une chose étrange se passe alors que l’avion est en train de rouler sur la piste afin de prendre de l’élan pour s’élancer dans le ciel… Alors que les moteurs de l’appareil vrombissent, je regarde par le hublot mais ce n’est plus l’aéroport que je vois, mais le visage de toutes les personnes qui ont été importantes pour moi depuis que je suis au Québec qui défilent devant mes yeux à toute vitesse. Je ne comprends pas bien ce qui se passe, mais je sens mes yeux se mouiller d’eau silencieusement. Une seule larme coule sur ma joue droite, une immense tristesse m’a tout d’un coup envahie sans que je puisse y faire grand-chose. Je la laisse m’engloutir totalement, l’accueille comme elle vient. Ca y est, je me rends compte que je pars vraiment, je n’y ai pas vraiment cru jusqu’ici. Mes amis, voisins, collègues, amants et anciennes amours… vous allez me manquer !

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