Seuls devant l’infini

Le 08 avril 2012

A peine réveillés, nous nous installons au bord de la piscine à lézarder au soleil, tout en écoutant les oiseaux. Il fait bon de prendre le temps de vivre ! Le petit déjeuner est servi, j’en profite pour leur voler quelques fruits et yaourts pour notre repas du midi qui risque d’être léger, puis nous grimpons dans une Land Rover plus très jeune afin d’affronter la dureté du Sahara.

J’adore cette voiture bien qu’elle nous malmène un peu dans les bosses. C’est quand même la voiture d’Indiana Jones ! Notre chauffeur porte un lourd turban blanc sur la tête qui lui permet de se cacher du soleil brûlant du désert. Ça lui donne un faux air de Lawrence d’Arabie (ok, je mélange un peu les genres de films…).Bref, nous filons à travers le désert, cahotant sur chaque bosse mais passant tous les obstacles avec un sentiment d’indestructibilité rassurante. Ce n’est visiblement pas le cas pour tout le monde, un 4x4 flambant neuf est ensablé et les touristes à leur bord bien embêtés. Notre chauffeur s’arrête pour leur donner un coup de main, David se met à pousser aussi la voiture, tandis que je me contente de prendre des photos… A eux tous, ils réussissent à sortir d’affaire le 4x4, tout le monde est content. Nous grimpons dans notre boite d’aluminium bien satisfaits de notre véhicule, vieux certes, mais tout terrain lui !

Là, devant, on dirait de l’eau ! Et non, il s’agit de notre premier mirage… David et moi aurions juré voir un lac d’eau au loin, mais plus on s’approche, plus il recule jusqu’à finir par disparaître tout bonnement comme par enchantement. Incroyable ! Heureusement que nous ne mourons pas de soif ! Nous aurons aussi le droit à de petites tornades de sable s’élevant dans les airs sans raison apparente pour tournoyer et s’intensifier en quelques minutes. La nature est décidément bien joueuse ! Nous croisons aussi bien des « caravanes » de nomades à dos de dromadaires, que des motos préparant un rallye ou le Paris-Dakar. Ce pays semble être un terrain de jeux pour les Européens au mépris parfois de la population locale qui vit ici et n’apprécie sûrement pas toujours cette invasion motorisée.

Après 2 heures de route, les cailloux épars font enfin place à des dunes de sable vertigineuses où rien ne pousse : la vallée de la soif. Le spectacle est ahurissant… Du sable jaune-ocre s’étend à perte de vue sans aucune âme qui vive à l’horizon. Un bivouac a été monté au pied d’une dune avec quelques tentes pour y passer la nuit. Là, il est désert, nous avons ce beau coin pour nous tout seuls ! Quelle chance… De toute façon, depuis les débuts de notre séjour au Maroc, nous n’avons croisé quasiment aucun touriste. Nous les avons aperçus dans les dizaines de bus que nous avons croisés tout au long de la route mais par chance, nous les avons toujours évités… Les dunes sont à nous seuls et je m’en mets vraiment plein les yeux. Je touche le sable chaud, le fait glisser entre mes doigts, m’imprégnant de cette nature à l’état brut, cette aridité éblouissante et pourtant implacable. Il existe peu d’endroits sur Terre où rien ne vit. Le Sahara en fait partie. Nous retournons nous abriter du soleil sous le bivouac où notre chauffeur entame une chanson berbère à la guitare tandis qu’un jeune nomade l’accompagne au tam-tam. Une ambiance de fête s’installe et David m’entraîne dans une danse improvisée sous la tente. J’adore !

Malheureusement, le temps imparti est déjà terminé, il est temps de prendre la route du retour. Nous n’avons pas eu le temps d’organiser une nuit dans le désert, nos vacances étant trop courtes, ce sera pour la prochaine fois. Avec une petite pointe de frustration d’avoir touché du doigt le début d’une formidable aventure, nous rebroussons chemin en échafaudant nos plans pour un prochain voyage ici ! Mais d’ici là, restons dans le moment présent et apprécions l’instant. J’ouvre la fenêtre du 4x4 pour sentir cet air chaud me fouetter le visage et je laisse aller mon esprit au gré des secousses de l’habitacle.

Notre chauffeur nous arrête dans une oasis entourée de palmiers où pullulent des sangsues dans l’eau stagnante. La végétation est gigantesque, nous paraissons bien petits à côté de ces énormes palmiers. Comme s’ils se gorgeaient de la moindre petite goutte d’eau pour grandir. Ca y est, nous sommes déjà de retour à l’hôtel et il faut d’ores et déjà reprendre notre Dacia pour repartir sur Marrakech. Nous avons toute la route d’environ 10 heures à faire en sens inverse et notre avion part demain soir de Marrakech. Il fallait être motivés pour faire autant de route pour aussi peu de temps dans le désert, mais nous ne regrettons pas, les paysages étaient sublimes et le but visé au-delà de nos espérances. Par contre, la route du retour risque d’être hard. Nous avons moins l’effet de surprise vu que nous la connaissons déjà ! Enfin, il faut ce qu’il faut !

David reprend le volant et fonce sur la route du retour, doublant les touristes trop lents et les camions escargots. Je serre un peu les fesses dans certains virages, mais je dois avouer qu’il conduit très bien. Nous arrivons à Ouarzazate en soirée et décidons de ne pas pousser plus loin, ça serait dangereux de conduite la nuit et ça n’en vaut pas la peine. De plus, nous n’avons pas pris le temps de visiter cette ville à l’aller, c’est l’occasion. Nous nous perdons dans les ruelles en essayant de semer des rabatteurs d’hôtel. Cette ville fortifiée a du charme, mais ses couloirs sombres et étroits sont un peu glauques. Je ne m’y sens pas très à l’aise, je ne m’explique pas trop pourquoi. Nous trouvons un hôtel sympa, moins charmant que ceux testés jusqu’ici, mais nous n’avons pas envie de chercher plus loin. Nous amenons notre voiture derrière l’hôtel en nous demandant si nous allons la retrouver le lendemain matin.

Le soir, conseillés par la cuisinière de notre hôtel qui prend David pour un acteur de cinéma et s’extasie sur ses muscles (comme la moitié des marocains rencontrés), nous testons un restaurant qui s’avère très moyen. Elle nous a sûrement emmenés chez sa cousine pour lui donner des clients, ça nous apprendra à faire confiance aux gens ! Le couscous est sans saveur et les néons nous agressent les yeux. Nous mangeons vite et rentrons nous coucher sans tarder, guidés dans les ruelles de ce labyrinthe par une petite fille toute mignonne qui, pour une fois, ne nous demande rien en retour !

Jusqu’aux portes du désert

Le 07 avril 2012

Ah une bonne nuit de sommeil, ça fait du bien ! Après un bon petit déjeuner, nous reprenons la route avec entrain, David toujours au volant de notre superbe Dacia qu’il a apprivoisée d’une main de maître. Les paysages défilent, toujours nouveaux, toujours différents. Des oasis de palmiers succèdent au désert caillouteux. Nous nous enfonçons sur un chemin de terre, en dehors de la grande route pour admirer les petits villages berbères de plus près. Les gens nous sourient, nous saluent, tout le monde est bienveillant à notre égard, c’est vraiment agréable.

La route est longue mais le paysage nous aide à passer le temps agréablement. Nous nous arrêtons le midi pour manger dans un petit restaurant entouré d’un superbe jardin. Comment font-ils pour avoir autant d’arbres verts dans un pays où le désert règne en maître ? Lassés des tajines, nous commandons des brochettes de poulet. Il est difficile d’avoir autre chose que de la viande dans ce pays ! Un coq nous tient compagnie durant le repas et finit par nous couper l’appétit en nous regardant avec un air de reproche en visant notre assiette qui contient peut-être sa cousine ou sa tante… De toute façon, je fais une saturation de poulet, j’en mange à toutes les sauces depuis que je suis là.

On reprend la route sous une température de plus en plus chaude (il fait dans les 35°), ignorant les badauds qui veulent nous vendre des souvenirs, nous demander de l’essence, des cigarettes, de l’aide parce qu’ils sont en panne… A force de se faire harceler parce qu’on est touristes, on en vient à être désagréables, ce que je trouve vraiment dommage. Peut-être que l’un d’entre eux a vraiment besoin d’un coup de main et nous serions ravis de l’aider, mais la plupart essaie juste de gagner quelques euros de notre part. Nous avons pourtant croisé tellement de gens gentils !

David me passe le volant à mi-parcours et je prends à mon tour le pouls de ce tank. La route s’est rétrécie, il n’y a plus qu’une voie bétonnée pour les deux sens. Quand une voiture arrive en face, il faut donc se déporter sur la droite dans la terre pour pouvoir passer. Evidemment, des jeux de domination commencent à qui tiendra jusqu’au bout en forçant l’autre à se déporter le premier. Ca me rappelle l’Australie ça, j’ai eu le même genre d’expérience, mais en camping-car et en roulant à gauche !

Nous arrivons aux dunes de Tinfou, quelques hautes dunes de sable fin sortant de nulle part alors qu’il n’y en pas ailleurs, juste pour nous donner un avant-goût du désert. Nous y grimpons faire les fous, ça nous aère un peu après autant de temps en voiture. De plus, nous nous amusons à courir pour semer l’attraction touristique qui nous court après : la balade en dromadaire… Ca nous fera bien rire d’essayer de les semer alors qu’ils nous tournent autour pour nous proposer leur service ! Nous passons ensuite par Zagora, ville sans grand intérêt, puis enfin, au bout de longues heures de route épuisantes, nous arrivons à M’Hamid, la dernière bourgade avant le Sahara. Nous y sommes enfin ! La route s’arrête brusquement là où le désert commence. Toutefois, notre joie est vite altérée par une foule de rabatteurs qui nous sautent dessus jusqu’à nous faire des queues de poisson en voiture pour nous forcer à nous arrêter. Nous sommes fatigués par la route et à bout de nerf, nous envoyons bouler tout le monde sans ménagement, aussi bien les adultes que les enfants : il faut nous foutre la paix là ! Je comprends qu’ils ne voient pas beaucoup de touristes arrivant seuls ici, la plupart sont en excursion organisée depuis Marrakech ou Ouarzazate, mais quand même, ce n’est pas une raison pour tous nous sauter dessus comme ça, ça nous fait plutôt l’effet inverse et nous fait fuir !

Nous marchons un peu dans le désert qui n’a rien d’une dune de sable à ce stade, mais plutôt d’un désert rocailleux parsemé de quelques touffes de végétation, mais nous sommes vite soûlés par les gens qui nous suivent en nous harcelant de questions. Nous remontons vite dans la voiture, habitacle sécuritaire qui nous protège des rabatteurs et rebroussons chemin en vue de chercher un hôtel où passer la nuit. Nous visitons quelques tentes petites et sombres qui ne nous tentent guère, puis tombons sur un véritable petit coin de paradis aux portes du désert. Un jardin verdoyant avec piscine chauffée, une chambre aux décorations magnifiques… Les lampes marocaines suspendues, les tissus foncés soyeux et le carrelage marocain nous plaisent au plus haut point. La chambre est adoptée et nous optons par le même biais pour une excursion en 4x4 demain dans le Sahara. Hop, vendu !

Nous sautons nous rafraîchir avec délice dans la piscine alors qu’un thé à la menthe et des petits gâteaux attendent sagement notre sortie. Ils savent recevoir ici ! Le soir venu, un somptueux diner aux consonances françaises et italiennes nous est servi au son d’une musique africaine qui m’ensorcelle, non sans avoir pris un bon apéritif au bar auparavant. Ca fait un bien fou de manger autre chose que des tajines ! Nous rentrons nous coucher avec les poules, la route nous ayant achevés.

De Marrakech à Aït Benhadou

Le 06 avril 2012

Je me réveille avec un mal de tête terrible ce matin… Je sens que je vais payer toute la journée mon abus d’alcool de la veille. C’est malin ! Nous petit déjeunons dans notre belle alcôve préférée de gâteaux frais et de notre délicieuse carafe de jus d’orange pressée puis préparons nos affaires : nous partons de Marrakech. Une journée seulement dans cette ville, c’est un peu court et il me semble n’avoir pas eu le temps de prendre le pouls de cette ville comme il aurait fallu, mais nous avons tous deux envie d’aller voir le désert et ses oasis. Il faut faire des choix !

Nous avons loué une voiture qui nous attend près de la grande place afin de pouvoir être autonome dans nos trajets et gérer notre temps comme bon nous semble. Arrivés sur place, David trainant sa valise tout du long, moi portant mon sac à dos, une Marocaine au teint blafard nous attend pour nous livrer une Dacia sans âge et sans direction assistée. Le contrat s’effectue dans la voiture en deux temps trois mouvements tout en faisant à peine le tour de la voiture pour noter les imperfections. A la marocaine quoi !

David enfourche le véhicule et peine un peu les premières minutes avec l’embrayage et l’absence de direction assistée - il faut une force herculéenne pour tourner le volant – mais il s’y fait vite. Heureusement parce que conduire dans Marrakech est un vrai sport et nous sommes immédiatement mis dans le bain ! Nous ne réussissons pas à sortir rapidement de la ville comme espéré et nous perdons dans les ruelles prises d’assaut par les charrettes et les mobylettes. Enfin, nous atteignons la voie rapide sur quatre voies en direction de Ouarzazate, ce qui nous permet de respirer un peu ! Et c’est parti !!

Tout en nous éloignant de Marrakech dans ce petit habitacle de fortune, un sentiment de liberté commence à me saisir. Je n’aurais jamais pensé louer une voiture dans ce pays ou plutôt je n’aurais jamais osé le faire. C’est une idée de David et je l’en remercie. Nous pouvons aller où bon nous semble, prendre le temps que l’on souhaite, c’est un luxe bien apprécié. Nous ne sommes pas obligés de nous coltiner des cars de touristes qui s’arrêtent tous au même endroit comme nous le voyons tout au long du trajet ! La route est bien goudronnée, j’avais peur que ce soit difficile mais non. Le seul souci, ce sont les camions à doubler sans cesse dans des routes de montagne. C’est fatigant comme conduite… Nous grimpons dans l’Atlas avec notre petite voiture, la végétation luxuriante nous ouvrant la voie sur une toile de fond de monts enneigés. Superbe ! Je ne savais pas que le Maroc était aussi montagneux, je découvre au fur et à mesure plein de choses sur ce pays étrange. Voir les palmiers et la neige dans un même coup d’œil, c’est assez inusité. Nous traversons des villages berbères aux murs en terre cuite qui se fondent magnifiquement avec le paysage.

Nous déjeunons à midi dans un petit restaurant sur la route. Transis de froid, nous nous pressons devant la cheminée tandis qu’on nous sert un bon tajine. Y en a marre d’avoir froid dans ce pays ! Nous reprenons la route jusqu’à l’embranchement vers Aït Benhadou où nous voyons un chemin impraticable s’étendre devant nous. Un homme nous apprend que ce chemin n’est accessible que pour les 4x4 et qu’il faut que nous passions par ailleurs. Il nous demande de surcroit de l’y emmener en voiture, c’est justement là qu’il va ! Allez monte mon gars ! Evidemment, il travaille pour une agence de tourisme et nous demande de venir boire un thé chez lui pour nous vendre des excursions. Il insiste tellement que nous finissons par accepter à contrecœur. Comme prévu, son acolyte nous fait un laïus sur une virée dans le Sahara tandis que je trépigne d’impatience d’aller visiter cette cité d’or qui m’a l’air sortie des sables en un palais des mille et une nuits. Voyant mon impatience à la limite du désagréable, David met fin rapidement aux explications touristiques et nous partons visiter cette cité digne d’un décor de cinéma. D’ailleurs, de nombreux films y ont été tournés comme Lawrence d’Arabie, Jésus de Nazareth ou Star Wars. Je n’avais jamais pensé que ce pays cachait une aussi belle splendeur en son sein… Parmi une oasis de palmiers où coule une rivière, cette cité de sable, finement ciselée par le vent, surgit de terre, surmontée d’une casbah toute simple, qui semble surveiller cette ville sortant d’un autre temps. Superbe !

Nous traversons la rivière sur des sacs de sable, aidés par des gamins toujours à l’affût de quelques pièces de monnaie des touristes, puis flânons dans cette ville enchanteresse jusqu’à monter tout en haut afin d’admirer la vue sur le village et l’oasis d’un côté, le désert aride et sauvage de pierres de l’autre. Que de contrastes de couleurs, de paysages, d’explosion de vie d’un côté, d’aridité de l’autre… Du vert de la végétation luxuriante, on passe au bleu du ciel et de la rivière pour finir sur une touche ocre des murs des maisons au jaune-rougeâtre de la terre assoiffée. Nous restons ébahis devant tant de beauté ! De plus, le soleil commence à baisser nous reflétant sa plus belle lumière sur ce beau relief du Maghreb…

Il commence à faire frais et il nous faut encore trouver une chambre pour la nuit. Après quelques tentatives infructueuses, nous tombons sous le charme d’un riad en plein centre de la ville dont la grande chambre bien décorée nous ravit. Les murs semblent faits de terre et de paille mélangées ce qui rend l’ensemble très authentique et très classe avec ces décorations marocaines. Pour parfaire le tableau, le riad possède une belle piscine dans sa cour ouverte sur les étoiles. Que demander de plus ? Après s’être reposés un moment, nous partons manger dans un bel hôtel que nous avions repéré un peu plus tôt. Les tables sont apprêtées avec soin, le service discret et impeccable, le décor somptueux et le tajine au poulet exquis ! On nous offre même le thé à la menthe dans un petit salon pour finir le repas à l’écart des autres convives. Nous rentrons nous coucher dans la nuit noire, passant de ce bel hôtel à la rue poussiéreuse où des chiens errants fouillent les poubelles. Vite notre lit, nous sommes épuisés.

Visite de Marrakech

Le 05 avril 2012

La nuit fut plutôt bonne malgré un réveil au milieu d’un rêve avec le son de la prière. Quelle idée de faire ça la nuit ! Avec les 2 heures de décalage horaire (ils sont en retard sur l’heure d’été par rapport à nous), nous sommes réveillés avant 8h, ce qui nous laisse une bonne journée devant nous !

Après un délicieux petit déjeuner avec crêpes, pain grillé, confitures maison et jus d’orange frais dans une de nos alcôves préférées, nous partons parcourir les ruelles sous un temps maussade. Nous retournons sur la fameuse place où les stands de nourriture ont disparu pour laisser la place aux charmeurs de serpents. Nous nous perdons à nouveau dans les souks admirant des couleurs des pyramides d’épices, des djellabas multicolores (alors que nous ne croisons que des femmes habillées de noir ou de marron), des babouches de toute taille… C’est la caverne d’Ali Baba à chaque coin de rue ! Un homme nous conseille d’aller visiter le marché des tanneurs que nous ne pensions pas très loin de la grand-place. Il nous colle un de ses acolytes comme guide qui nous fait traverser toute la ville au pas de course en nous faisant passer par des dédales de plus en plus sinueux de ruelles sombres et étroites. Nous commençons sérieusement à nous demander dans quel guet-apens nous sommes tombés lorsque nous arrivons enfin à destination au bout de 20 minutes de marche effrénée. On nous met un bouquet de menthe fraiche dans les mains en nous expliquant que ça va nous servir de masque à gaz. Nous ne comprenons rien jusqu’à ce qu’on entre à l’intérieur des murs où une véritable puanteur indescriptible nous prend aux narines. Le bouquet de menthe sous le nez afin de respirer un peu de fraicheur, nous entamons la visite des enfers. De multiples trous pullulent dans la terre où des hommes chaussés d’immenses bottes mélangent avec leur pied de la fiente d’oiseaux avec d’autres ingrédients colorés afin de fabriquer de la teinture qui servira à imprégner les peaux d’agneaux ou de chèvres qu’ils viennent de dépecer. Le mélange de tout donne cette odeur immonde et ces hommes y travaillent toute la journée ! Nous avons devant nos yeux ébahis toute la chaine de fabrication… d’un sac à main en cuir ! On ne manquera pas de visiter la boutique en sortant qui présente les produits finis, mais quand on voit tout ce qu’il faut comme ingrédients et main d’œuvre surexploitée pour en arriver là, ça ne donne pas très envie d’acheter quoi que ce soit ! C’était toutefois une expérience locale fort intéressante et instructive, nous ne regrettons pas d’avoir atterri ici presque par hasard !

Une fois sortis du marché des tanneurs, nous négocions avec un taxi pour qu’il nous amène dans le quartier juif, afin de ne pas se retaper toute la marche dans le sens inverse. Comme avec tous les Marocains que nous rencontrons, nous sommes « son ami » et il veut nous montrer des choses « rien qu’à nous ». Il nous arrête devant un ancien moulin reconverti en herboristerie où le vendeur nous fait une explication détaillée des vertus de chacun de ses produits allant du safran jusqu’à l’huile d’argan en nous servant ce que les locaux appellent du whisky marocain, c’est-à-dire du thé à la menthe, l’alcool étant interdit quasiment partout au Maroc. David se laisse tenter par l’achat de quelques substances, je m’en abstiens quant à moi, je déteste qu’on me force la main pour acheter. Nous visitons ensuite un superbe palais marocain aux murs marbrés semblant sortir d’un conte des mille et une nuits, puis passons dans l’allée des bijouteries toutes tenues par des juifs, puis revenons tranquillement vers la grande place, la faim commençant à nous tirailler le ventre.

Nous passons dans l’allée des méchouis où plusieurs stands sommaires se succèdent aux allures rudimentaires. Nous rêvons de manger un méchoui d’agneau, mais est-ce raisonnable pour notre estomac de le manger dans un boui-boui local ? La viande est découpée devant nous à coup de grand couteau et d’éviscération à la main, des bouts de barbaque volant partout. L’hygiène semble minimaliste… Tant pis, nous tentons ! Nous commandons 700g d’agneau qu’il nous balance à pleine main dans une assiette avec deux bouts de pain. On nous conduit sur une terrasse d’une bâtisse avec vue sur le fourmillement de la place. Nous dévorons littéralement le méchoui de bon cœur, arrachant les bouts de viande avec nos mains, les séparant du gras et des os pour les porter goulûment à notre bouche… On fait très couleur locale ! Quel délice… On verra plus tard si nos estomacs tiendront le coup…

Nous repartons requinqués nous balader à travers la ville, nous arrêtant dans des riads de temps à autre prendre un thé pour nous couper de l’agitation des rues et nous reposer dans le calme. Le contraste est tellement saisissant dans ces petits coins de verdure versus le brouhaha de la ville ! A la fin de la journée, lessivés par notre journée folle, nous nous arrêtons dans un hammam espérant nous y délasser, mais il n’est ouvert qu’aux femmes à cette heure et je ne souhaite pas abandonner David à son triste sort. Nous prenons la route du retour lorsqu’un rabatteur arrête David pour lui proposer un autre hammam ! Il tombe à pic celui-là pour une fois ! Nous le suivons et pénétrons dans une maisonnette à la salle d’attente colorée de coussins rouge-ocre et aux lumières nacrées. On nous propose une formule duo : un massage et un gommage chacun dans le hammam. Ok nous prenons ! Nous verrons bien ce que ça donne tout en espérant que nous ne sommes pas tombés dans un endroit aux mœurs légères… Nous commençons par le massage. Après nous être déshabillés entièrement en ayant gardé seulement notre culotte, on nous amène, affublés d’un peignoir qui n’a plus l’air neuf, dans une salle sombre éclairée à la bougie où trônent deux tables de massage. On nous allonge sur des serviettes moyennement propres (je pense qu’elles n’ont pas été changées depuis le massage précédent) puis une femme arrive pour me masser tandis qu’un homme s’occupe de David. L’huile utilisée possède une douce odeur d’amandes, il doit s’agir d’huile d’argan. Le massage est énergique et très professionnel, il fait un bien fou après cette journée de crapahutage ! En tout cas, ils ne s’embêtent pas trop avec la nudité pour les massages, la masseuse me découvrant la poitrine pour me la masser vigoureusement tandis que le masseur marocain est juste à côté. Quand on voit toutes les femmes voilées jusqu’au cou dans la rue, le contraste est un peu dérangeant. Mais le Marocain est très respectueux et jamais un regard n’a dérivé vers moi. Bref, nous passons un moment exquis à nous faire dorloter ainsi dans la même pièce au son d’une musique douce.

Trois quarts d’heure plus tard, on nous emmène dans le hammam, une petite pièce ultra humide et chaude où se font face juste deux petits bancs pour s’allonger. Une jeune femme nous y attend et nous indique où nous asseoir, l’homme à droite, la femme à gauche et pas le contraire. Il y a l’air d’avoir un code précis que nous découvrons au fur et à mesure. A ma plus grande surprise et sans avertissement, elle me balance un seau d’eau chaude sur la tête ce qui me fait crier d’étonnement et nous fera bien rire. Elle nous allonge ensuite sur le ventre et nous masse chacun notre tour avec de l’huile, ce qui est très agréable dans cette chaleur moite. Puis, sans autre préavis, je sens une râpe me passer sur la jambe… Elle a enfourchée un gant de crin et me frotte vigoureusement le corps avec, ce qui est beaucoup moins agréable… J’ai l’impression de me faire littéralement arracher la peau avec son truc ! David rit de me voir grimacer de douleur, mais il fait moins le malin quand c’est son tour. Notre peau délicate d’Européens semble s’effriter sous les mouvements énergiques de cette jeune fille et de son hérisson qui lui sert de gant ! Elle nous donne un peu de répit en nous jetant de l’eau à la figure de temps en temps tout en obtempérant sous ses ordres secs et précis : « sur le dos… asseyez-vous… sur le côté… ». Bien mon adjudant ! Puis au bout d’un moment, je lâche prise sous ce gant de fer, mon esprit fait une pause et je me laisse aller à ses mains expertes qui lavent de mes impuretés aussi bien mentales que corporelles… Malheureusement, c’est déjà presque terminé, juste au moment où je commençais à apprécier ! David ne cesse de faire le pitre depuis notre entrée dans le hammam ce qui a détendu l’atmosphère un peu rugueuse du début. Une bonne douche froide sur la tête, de la fleur d’oranger sur le corps et c’est fini, les ¾ d’heure sont révolus. Quelle expérience extraordinaire ! Nous en ressentons tous les bienfaits à présent et n’avons qu’une envie : nous coucher ! Nous rentrons au riad nous reposer sans oublier la douche au préalable afin d’enlever toutes les peaux mortes de notre corps doux et soyeux comme une peau de bébé.

Une fois la sieste terminée, nous partons dîner dans un charmant restaurant non loin du riad, David s’habillant élégamment pour l’occasion. Moi, je suis tellement frigorifiée depuis notre arrivée au Maroc que je ne risque pas de sortir en jupe ! Ce serait de toute façon mal venu dans ce pays où on voit à peine les sourcils de certaines femmes… Que dire de jambes à l’air ! Dans ce restaurant, fait inusité au Maroc, ils servent de l’alcool. Nous goûtons donc au vin rouge local qui, ma foi, n’est pas mauvais ! Un tajine aux légumes plus tard (le méchoui de ce midi m’a suffi question viande), nous sortons du restaurant un peu pompettes et décidons de continuer la soirée dans un bar où se produisent des danseuses orientales. Un coup de taxi plus tard et nous nous retrouvons dans les quartiers chics de Marrakech, un endroit que nous n’avons pas visité encore et pourtant pas bien loin de la Medina où nous nous sommes baladés toute la journée, mais totalement différent dans l’âme. Je comprends mieux pourquoi certains Français aiment venir au Maroc pour festoyer, il existe plein de pubs, restaurants, bars vraiment chics où les Marocaines, plutôt dévêtues pour le coup, se font plaisir d’accompagner les Européens le temps d’un dîner ou plus…

Nous entrons dans un bar déjà bondé où le moindre cocktail coûte 15 euros (le prix de notre repas de ce soir à deux) et où tout le monde se regarde bizarrement comme si chacun cherchait sa proie pour ce soir. Encore un étrange contraste avec la vie traditionnelle marocaine de la Medina. Ici, les filles sont habillées dix fois plus sexy, voire provocantes, ce qui n’a évidemment rien à voir avec les femmes voilées que nous avons croisées jusqu’alors. Quel étrange pays plein de contradictions et de rebondissements ! Alors que nous allions partir, lassés de ce spectacle factice et presque choquant dans ce pays si ancré dans sa culture traditionnelle, les danseuses orientales arrivent enfin ! Leur mouvement de hanche m’ensorcelle en me rappelant de loin mes cours de baladi. Des femmes les accompagnent tenant en équilibre sur leur tête des plateaux ornés de bougies flamboyantes. Le spectacle est très beau mais nous commençons à sérieusement fatiguer de notre journée ainsi que d’alcool ingurgité ce soir. Nous décidons de rentrer nous coucher sans délai, il est grand temps !

Direction le Maroc !

Le 04 avril 2012

Un nouveau départ, une nouvelle destination, un nouveau pays le temps d’un petit break de la vie Aixoise de 5 jours pour Pâques. Le plaisir de se trouver en France et de pouvoir se dépayser en seulement 2h30 de vol dans une culture totalement étrangère si proche et si éloignée de nous pourtant est un réel bonheur. C’était plus difficile de le faire au Québec, là j’en profite du coup ! Le Maghreb, un endroit qui m’a toujours fascinée dans le bon sens comme dans le mauvais. Il me fait peur tout en m’ayant toujours attirée. Enfin je vais pouvoir fouler ce sol si controversé et m’imprégner de cette culture si riche et pourtant parfois si rigide.
Je ne pars pas seule dans ce voyage, mon ami qui préfère garder l’anonymat sur la toile, m’accompagne. Je le baptise donc d’un nom factice - David au hasard - le temps de ce récit. David est donc venu me chercher à mon travail vers 15h30 (départ un peu hâtif, mais les vacances valent bien ça) pour filer à l’aéroport de Marseille. Nous avons pris une compagnie à bas prix et ça se ressent. Pas de billet d’embarquement, une file d’attente qui se bouscule avant de pénétrer dans l’avion, ce que je ne comprends pas de prime abord, me disant que tout le monde a sa place attitrée, mais en fait non… C’est la foire d’empoigne dans l’avion pour trouver deux places côte à côte, vu qu’aucun siège n’a été réservé. C’est bien la première fois que je vois ça ! Enfin, David est moi trouvons deux places côte à côte, nous sommes bien contents.

Bizarrement, les 2h30 de vol nous paraissent interminables à l’un comme à l’autre. Je me sens épuisée mais je n’arrive pas à dormir comme à chaque fois dans les avions. En ce moment, le travail me fatigue beaucoup et il faut dire que j’ai déménagé dans mon nouvel appartement sur Aix (que j’adore soit dit en passant) il y a un mois seulement et la fatigue engendrée par le rangement des meubles, cartons et emménagement divers se fait ressentir à présent. Heureusement, mes parents sont venus 5 jours m’aider dans les travaux et montages de meubles de l’appartement, ce qui m’a délestée d’un grand poids ! Mais bon, la fatigue bien qu’elle se résorbe doucement est une conséquence logique de ces derniers temps.

Arrivés à Marrakech pile à l’heure, nous sentons un air froid nous traverser l’échine, il fait plus frais ici qu’à Marseille ! Le soleil se couche tranquillement en illuminant le ciel au-dessus de l’aéroport, le vent se balançant dans les palmiers. Un Marocain nous attend avec un panneau au nom de David qui a réservé le riad où on nous attend pour la nuit. Galamment, il s’empare de la valise de mon ami et me laisse incrédule à porter moi-même mon sac à dos. David a pitié de moi et me prend mon sac, voyant bien que je peste intérieurement contre ce misogyne évident. Notre chauffeur ne s’adresse qu’à David, ce qui m’arrange bien, je suis morte de fatigue. J’apprécie le paysage à travers la vitre du taxi, les murs ocre des bâtisses maghrébines, les femmes toutes voilées, certaines d’entre elles portant même la burka intégrale, les yeux seuls dépassant des voiles, les souks où se pressent mobylettes, badauds et chevaux. La voiture se faufile sous d’incroyables arches, nous faisant passer par le palais royal, puis par de petites routes où tout le monde se bouscule en manquant de peu de nous encastrer dans des mobylettes roulant n’importe comment. La conduite me rappelle étrangement l’Inde ! Comme dit notre chauffeur : Vous savez conduire à Marrakech, vous savez conduire n’importe où ! Tu m’étonnes…

Le taxi s’arrête enfin sur une petite place puis notre guide nous emmène dans de petites ruelles sinueuses (en portant toujours seulement la valise de David…), puis nous abandonne à un autre gars qui passe en lui donnant pour consigne de nous amener jusqu’au riad… Mais où sommes-nous tombés ? Il frappe à une porte sans nom puis nous laisse là, sans autre explication qu’une main tendue pour recevoir un pourboire. Bon… Heureusement, nous n’avons pas trop le temps de nous poser 10 000 questions, un charmant majordome nous ouvre la porte pour nous faire entrer dans sa demeure. C’est tout simplement splendide ! En total contraste avec la rue sale et poussiéreuse que nous venons de quitter… Nous pénétrons dans un riad plutôt petit mais doté d’un charme fou ! Un feu de cheminée nous attend dans une des nombreuses alcôves, au son d’une musique musulmane très douce et relaxante. Le silence du riad contraste violemment avec le bruit de la rue pour mon plus grand bonheur… On peut même entendre les oiseaux ! Un jacuzzi entouré d’arbres trône au milieu de la cour ouverte sur le ciel. On nous amène un exquis thé vert accompagné de petits gâteaux que nous dégustons avec délice tout en nous réchauffant doucement auprès du feu. Moi qui étais frigorifiée depuis mon arrivée au Maroc, ça tombe à pic ! Je reprends des couleurs durant ce vrai moment de bonheur !

Un homme arrive pour nous donner quelques explications sur notre séjour à Marrakech ainsi qu’une carte pour nous orienter dans ce labyrinthe de ruelles. Quelle organisation ! On nous emmène ensuite dans notre chambre qui se trouve sur le toit du riad, tout en haut, avec une terrasse privée pour jouir de la vue sur la Medina ! Une petite suite s’offre à nous, toute mignonne, entourée d’une toile de tente berbère pour notre plus grande joie. Il fait toutefois un peu froid dans la chambre et le chauffage n’a l’air de marcher qu’une fois sur deux. Ce n’est pas grave, nous ferons avec ! Après une bonne douche, nous descendons dans la cour du riad où nous attend notre diner. Une entrée d’aubergines aux mille épices suivie d’un tajine au poulet aux olives nous régale ! Surtout que nous sommes seuls à manger en tête à tête, les autres chambres semblant vides, le riad entier nous appartient ! Et le personnel est tellement discret et respectueux qu’il se fait oublier !

Nous partons ensuite faire un tour sur la place la plus connue de Marrakech, la grande place Djemaa el Fna, où la foule se presse même à la tombée de la nuit. Des stands de nourriture se bousculent sur la place et chacun veut nous faire asseoir sur son banc de fortune pour déguster escargots, mouton, agneau… Nous avons déjà mangé et je dois avouer que l’odeur mélangée de tous ces mets ne me met pas l’eau à la bouche. La fumée nous chatouille les narines, nous préférons nous éloigner pour nous perdre dans les souks. Contrairement à l’Égypte que j’ai faite il y a quelques années, je ne trouve pas les marchands agressifs envers les touristes, ce que j’apprécie au plus haut point. Nous assistons à des chants de rue, admirons l’artisanat local, sentons les odeurs d’encens, d’épices et d’urine mélangées… Ce pays a décidément quelques ressemblances avec l’Inde ! Nous rentrons ensuite nous coucher dans la quiétude de notre riad. A demain !

Après une semaine de brassage émotionnel…

Le 25 février 2012 :

De nouveau dans l’aéroport, de Montréal cette fois, il est temps de faire un bilan de cette semaine chargée en émotions. J’ai largement sous-estimée l’impact émotionnel que ce voyage à Montréal a eu sur moi. Je pensais juste être heureuse de revoir mes amis – ce qui a été le cas bien sûr – mais ça m’a aussi beaucoup déroutée.
D’abord, j’avais prévu un planning beaucoup trop chargé. Voir 4 personnes différentes en une journée, leur accordant 2 heures chacun, le tout minuté à l’extrême, était trop intense pour moi. Surtout vu l’état de fatigue dans lequel je me trouvais en arrivant… Je prenais les journées comme un travail à effectuer et une course contre la montre à gagner, ce qui rendait mes retrouvailles moins amusantes. De plus, se remettre dans l’énergie de chaque personne, réapprendre à se connecter les uns avec les autres, raconter sa vie pour 15ème fois, c’est vraiment fatiguant au final. Ça me pompait toute mon énergie et je finissais sur les rotules à la fin de la journée ! La prochaine fois, je ferais différemment… Soit je reste plus longtemps pour prendre le temps de voir les gens de manière plus décontractée, soit j’accepte de ne voir que certaines personnes et pas d’autres… J’ai définitivement trop d’amis au Québec ! Ce qui me ravie et en même temps me rappelle que c’est loin d’être le cas à Aix. Je sais que c’est une question de temps, mais j’ai tellement l’impression d’avoir de vrais amis ici, je n’en veux pas d’autres qu’eux ! Si je pouvais tous les prendre avec moi pour les emmener en France… C’est difficile l’expatriation et j’ai l’impression que j’aurais plus ou moins ce statut ou que j’aille ! Séparée entre deux pays, deux cultures, un océan…

J’avais besoin de ce retour à Montréal et en même temps, j’ai l’impression que ça m’a plus embrouillée la tête encore (et ce n’était déjà pas triste). Mais je reste persuadée qu’il n’y a rien qui se fait par hasard et que je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi ce voyage difficile était obligatoire pour moi. Peut-être n’avais-je pas fait encore le deuil de Montréal ? J’ai eu en effet l’impression encore une fois de dire au-revoir à chacun avec le sentiment de perte et de tristesse qui l’accompagne. Je finissais en général la soirée en pleurant ! Sympa les vacances… Mon amie Marilyn chez qui je dormais m’a beaucoup soutenue et je l’en remercie de tout mon cœur même si parfois son franc-parler québécois est déroutant. Mais c’est tellement plus naturel et sincère ! Les amis ne sont pas là pour être toujours d’accord avec nous, bien au contraire. Et je retrouve cette amitié authentique en général plus avec les Québécois qu’avec les Français.

Heureusement, j’ai commencé mes vacances avec un week-end dans les Laurentides, à profiter du luxe d’un spa et d’un massage bien apprécié, suivi d’une journée en raquettes dans les bois sous un soleil radieux, sans croiser âme qui vive de toute la randonnée. Ça change de la France ou on a du mal à se retrouver seul en promenade ! Ce week-end m’a permis d’atterrir en douceur à Montréal avant de débuter mon marathon amical ! J’ai dû annuler toutes mes soirées dansantes prévues en semaine à cause de ma fatigue trop intense. Bah au moins, je me sens plus reposée aujourd’hui tout de même que lors de mon départ de France !

Question température, j’ai été très surprise de ne voir pratiquement pas de neige en ville et des températures avoisinant les 0 degré. D’habitude, en cette saison, il fait bien plus froid et on n’aperçoit pas les trottoirs sous la tonne de neige ! Mais heureusement, une tempête s’est levée hier qui a recouvert en quelques heures toute la ville d’un gros manteau blanc hivernal. J’ai pris un plaisir fou à me promener dans les rues ce matin, foulant cette belle neige épaisse.

Bilan donc mitigé de ce retour aux sources. En même temps ravie de retrouver les gens que j’aime et triste de les quitter encore en ayant la désagréable impression de n’avoir pas profité d’eux. Plaisirs trop fugaces et plutôt frustrants d’une autre vie. Mes repères se sont brouillés : ou est ma vie désormais ? En France avec des amis au Québec ? Je sais que le temps va arranger les choses tranquillement, je lui fais confiance. En attendant, une autre vie m’attend au retour : l’emménagement dans mon nouvel appartement, mon nouveau chez-moi, un commencement de construction de ma nouvelle vie. Je suis prête. Je sais que certaines difficultés m’attendent encore, mais je suis persuadée qu’elles m’aident continuellement à grandir et à évoluer. J’aime me confronter à moi-même, il faut assumer maintenant ! Mon voyage à Montréal est peut-être arrivé comme une transition entre un emménagement jusque-là plutôt temporaire et mitigé en France et mon installation plus durable et impliquante à partir de maintenant !

L’avion aura finalement 2 heures de retard à Montréal, ce qui m’a fait rater ma correspondance à Francfort… C’était bien ma veine, moi qui voulais rentrer tôt dimanche matin pour profiter de la journée avant de recommencer la journée de bureau lundi ! Finalement, j’ai dû attendre 8 heures en transit à Francfort avant de pouvoir reprendre un avion pour Marseille. Dur retour ! J’aurais au moins visité un peu cette ville que je ne connaissais pas, mais à part des banques et quelques belles maisons en colombages du centre-ville, on en a vite fait le tour ! Je retourne à l’aéroport exténuée pour m’endormir à moitié sur des bancs de fortune… De retour à Marseille avec 9 heures de retard sur l’heure initiale, je ne tarde pas à sombrer dans les bras de Morphée.

La suite au prochain épisode…

Vacances à Montréal !

Le 17 février 2012

Youpi ! Je retourne le temps d’une grosse semaine, faire un tour à Montréal afin de revoir ms amis si chers à mon cœur et qui m’ont tant manqués. Voilà sept mois que j’ai quitté le Québec à présent… Sept mois déjà ! Que le temps passe décidemment vite… Que de choses se sont passées en sept mois… Rien de très facile cependant ! Mais les événements se précisent un peu plus pour moi à présent. J’ai décidé de m’installer à Aix en Provence pour un bon moment. Je souhaite me poser et arrêter d’être tiraillée entre mille destinations différentes. Je suis allée visiter Genève, je ne me vois pas y vivre pour le moment. Les suisses ont l’air froid, distants et manquant singulièrement d’humour ! C’est sûr qu’à Marseille, c’est plutôt l’extrême inverse, les gens sont plutôt chauds de nature, à tous les niveaux, mais cette mentalité me correspond mieux à choisir entre deux extrêmes… Évidemment, la perte de salaire entre la Suisse et la France peut faire réfléchir, mais j’ai toujours privilégié ma qualité de vie au niveau moral que pécunier et je n’ai pas l’intention de changer ! Si c’est pour gagne 5 fois plus mais ne pas avoir d’amis ni pouvoir m’amuser, ça ne sert à rien ! Et puis, j’ai une envie folle de connaître le Sud de la France en été ! Je l’ai aperçu en arrivant en août dernier mais j’étais tellement absorbée par ma recherche d’emploi et ma relation avec Jean-Paul que je n’ai pas l’impression d’en avoir vraiment profité.

J’ai donc trouvé un appartement définitif en plein centre-ville d’Aix dans lequel je vais emménager début mars. Je vais enfin récupérer mes meubles et cartons entreposés dans le garage de mes parents depuis 5 ans (j’aurais de la chance si rien n’est moisi !) et je vais ME POSER ! Après 4 déménagements en 7 mois, un retour en France difficile à tous les niveaux, je vois enfin le bout du tunnel arriver. Au niveau travail, je me sens de plus en plus à l’aise; on me donne plus de responsabilités et de leadership ce qui me convient mieux. Les collègues sont toujours aussi gentils, ce qui ne gâche rien !

Je suis juste extrêmement fatiguée en ce moment, j’ai du mal à tout gérer émotionnellement parlant et je pense que le stress accumulé de ces derniers mois se fait à présent bien ressentir… Même si je dors bien, je me réveille fatiguée ce qui est difficile à gérer dans la journée. Je pense que mon décrochage d’une semaine de vacances à Montréal va me faire le plus grand bien ! Même si je vais être extrêmement occupée, je suis prise tous les midis et tous les soirs à revoir des amis ! J’ai tellement hâte de les serrer de nouveau dans mes bras… Les amitiés au Québec sont plus profondes et plus simples que celles que j’ai actuellement en France, même si ça commence à s’intensifier un peu. En même temps, il est difficile de comparer 4 ans au Québec avec 7 mois en France !

Je commence toutefois à apprécier la région d’Aix, ce qui améliore considérablement ma qualité de vie de jour en jour. D’abord au niveau météo, avoir toujours du soleil et des températures douces est extrêmement agréable (à part ces 15 derniers jours ou il a fait exceptionnellement froid, autour de -10 degrés et neigeux). La région est très riche culturellement parlant entre Aix et Marseille, j’ai retrouvé avec bonheur la joie d’assister à de somptueux opéras et ballets, écouter des orchestres symphoniques, danser au son d’un groupe de rock… Je me fais des orgies de restaurants, dégustant toujours de nouveaux vins… Vraiment, j’aime la culture française ! Même si la culture québécoise, les grands espaces, la simplicité des gens, me manquent aussi. Mais il est difficile de tout avoir ! Ceci dit, la Côte d’Azur, le Var, l’arrière-pays sont des régions regorgeant de merveilles de la nature également, je n’ai vu que le haut de l’iceberg pour le moment.

Ca y est, on nous appelle pour le décollage vers Montréal… Attention Montréal, me voilà de retour !