Départ… encore ?

14 mars 2011

Un peu plus de 2 mois après mon retour de France et de Miami en décembre dernier, me voici de nouveau dans cet étrange endroit appelé salle d’embarquement de l’aéroport de Montréal. Un endroit où le temps semble altéré ; le jour et la nuit n’ayant plus vraiment de valeur, tout se confondant en néons lumineux, escalators silencieux, voix monotones retentissant dans les microphones au dessus de nos têtes appelant le nom d’illustres inconnus visiblement en retard pour leur vol ou bien indiquant un embarquement imminent… Des gens de toute nationalité se croisent sans vraiment se remarquer… Ce que j’aimerais connaitre leur histoire, leur vie, leur coutume… Ils ont surement tant à m’apprendre ! J’essaie de deviner leur origine, cherche leur regard… Parfois un contact s’amorce, un bref sourire nait puis disparait, chacun repartant à ses préoccupations bien légitimes.

Ma destination première : Paris. Toutefois, je ne suis pas certaine à 100% de pouvoir prendre l’avion ce soir alors que je suis déjà dans la salle d’embarquement de l’aéroport. En effet, un ami m’a permis d’avoir des billets d’avion à prix défiant toute concurrence étant donné qu’il travaille chez Air Canada. Le seul hic, c’est que je suis sur la liste d’attente donc je n’embarque que s’il reste de la place dans l’avion, ce que je ne saurais qu’une heure avant d’embarquer. Ca fait drôle de me retrouver ici tout en pensant que je risque de rentrer bêtement chez moi dans une heure !

Je repense à ces dernières folles semaines que j’ai passées. J’avoue être bien contente de me retrouver en vacances pour un mois et demi, j’ai l’impression d’avoir dépensé toute mon énergie à tout gérer de front dans ma vie plus que turbulente des derniers temps. J’ai acheté un appartement sur Montréal que j’ai d’ailleurs fini de signer ce matin-même, j’ai changé de travail en me faisant embaucher chez mon client à temps plein à partir de mai, le travail n’a jamais été aussi prenant que depuis janvier, sans parler du fait qu’il fallait que je prépare mon départ d’un mois et demi en voyage…. Et tout ça sans entrer dans le détail de ma vie sentimentale qui jouait les montagnes russes avec mes émotions me poussant à bout de nerf… Pour finir, les nouvelles familiales sont loin d’être bonnes en ce moment, ce qui n’arrangeait rien quant à mon humeur changeante. Bref , il est temps que je prenne du temps pour moi, loin des soucis matériels et monétaires… J’avais tellement de choses à penser, à me souvenir, à gérer chaque jour que je n’arrivais plus à penser à moi, à faire le tri dans ce que je ressentais ou ce que je voulais. Etrange sensation plutôt désagréable ! Là, dans l’aéroport, je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre, tout est bouclé, tout est fait… J’ai aussi couru depuis des semaines pour me permettre de partir tranquille, la tête vide, prête à tout accueillir de nouveau. Je retrouve cette sensation de liberté… Non pas une liberté dans le voyage, mais une liberté d’esprit ! Me reposer, ne plus avoir à penser à telle ou telle responsabilité. Quel bonheur de pouvoir faire un break dans ma vie de femme professionnelle et nouvellement propriétaire ! Du coup, je vais penser à moi durant ce voyage. Je retrouve mon amie Aurélie 3 semaines en Inde puis je reste 3 semaines dans le Sud de la France où mes parents me rejoindront pour passer du temps ensemble, juste tous les 3 !

Ca y est, j’embarque dans l’avion, l’appareil n’étant pas plein ce soir. Youpi !! Le trajet passe plutôt vite pour une fois. Il faut dire que je suis tellement à bout de force ces derniers temps que je tombe endormie sans vraiment tarder, ce qui fait forcément passer le temps ! Arrivée à Pars, mes sentiments sont mitigés… Tout me parait gris et terne… Des bâtiments, au temps nuageux jusqu’aux gens que je trouve déjà râleurs et blafards. Malgré tout, je suis contente de revenir dans mon pays, c’est certain ! Je crois juste que Paris n’est vraiment pas une ville pour moi. C’est pour ça que je file directement sur Marseille en train ! J’espère que je m’y sentirai mieux…

Après une attente de 5 heures dans la gare de Roissy, le train finit par arriver et je me retrouve 3h30 plus tard à Marseille… Les trains sont une pure merveille en France, je m’extasie sur leur vitesse depuis que je suis au Québec et que les trains sont quasiment inexistants là-bas ! Je m’écrase contre la vitre, ne voulant pas perdre une miette du paysage défilant devant mes yeux, toujours changeant, toujours nouveau… Un délice ! Par contre, j’arrive à Marseille sous une pluie battante qui ternit un peu le paysage et me frigorifie des pieds à la tête. Mais je retrouve un ami qui m’accueille sous son toit avec tellement de chaleur que le soleil ne pourra faire autrement que se montrer bientôt ! Par contre, en attendant, je n’avais pas du tout prévu cette température et je ne suis pas du coup équipée en chaussure pour un déluge pareil. Il va falloir faire avec mes petites baskets en toile vite trempées ! Une bonne douche plus tard dans une belle et grande maison de campagne, je me sens une nouvelle femme ! On part manger sur Aix en Provence, suivi d’un verre dans un pub où des jeunes gens de la région s’entassent pour se retrouver en toute amitié. Un vrai plaisir de faire connaissance avec de nouvelles personnes ! Vers minuit, je tombe de fatigue et nous rentrons absolument éreintés.

Retour à Montréal

28 déc 2010

Ca y est, les fêtes en France sont déjà terminées… Quelle joie de retrouver sa famille, ses amis ! C’était un bonheur inouï de pouvoir les serrer dans mes bras, les écouter, apprendre de leur vie, de leurs inquiétudes et soucis quotidiens autant que leur richesse et bonheur de vie !

Par contre, la France en période de Noël, ce n’est pas de tout repos… D’abord, je suis arrivée juste avant une tempête de neige qui a d’ailleurs paralysé l’aéroport de Roissy durant 5 jours juste après mon arrivée… Il était moins une pour moi ! Et trouver 10 cm de neige à Rouen en Normandie alors que je venais de quitter le même climat à Montréal est plutôt désarçonnant ! Par contre, la France est définitivement moins bien équipée que le Canada pour pallier aux soucis climatiques… Les transports aériens et ferroviaires bloqués, les voitures sans pneus neige ne circulent plus… C’est drôle de voir la différence de moyens selon les pays habitués à des tempêtes de neige régulières et ceux qui n’en ont qu’une fois tous les 10 ans ! Évidemment, c’est un peu l’apocalypse du coup… Surtout en pleine période de Noël ! Et la France, fidèle à elle-même, qui trouve le moyen de faire grève dans cette période chaos total afin de compliquer les choses… En effet, la seule entreprise fournissant du glycol en France, produit qui sert à dégeler les ailes des avions, a décidé de faire grève au même moment pour faire valoir leurs droits ! Des fois, j’ai honte d’être Française… Résultat, des milliers de personnes ont dormi dans l’aéroport le 24 décembre !! Au secours…

Enfin, pour ma part, j’ai été très chanceuse et m’en suis sortie sans dommage. J’ai même pu me rendre à Paris et Lyon pour rendre visite à des amis ! Un luxe vu que les trains ne marchaient pas toujours… Par contre, j’ai pu être témoin du tempérament râleur des Français qui, je dois l’avouer, m’a un peu surprise… Manque d’habitude de ma part certainement. Quand je me suis retrouvée à Paris, gare St Lazare, à attendre debout sans bouger que mon numéro de quai s’affiche et que je me faisais constamment bousculer par des gens qui passaient sans prendre garde à moi, j’ai trouvé ça particulièrement pénible. Ne voient-ils pas que je me tiens là, sans bouger ? Ai-je vraiment envie de me faire rentrer dedans toutes les 5 minutes par des gens pressés qui ne se soucient que de leur petite personne ? Pas vraiment non… Heureusement, j’étais en vacances et n’en ai pas pris ombrage… Mais j’imagine si j’ajoute une journée fatigante au bureau par-dessus… Je ne veux plus vivre ça, ce genre d’expérience me confirme que Paris n’est plus pour moi. En plus, lors de l’affichage de la voie de train, tout le monde s’est précipité, courant sur les quais, allant jusqu’ à faire tomber le voisin sur les rails pour pouvoir monter dans wagon avant lui… Ca m’a fait rire tellement j’ai trouvé cet empressement maladif et malsain ! Et en même temps, ça m’a attristée également… Les gens qui ne pensent qu’à eux-mêmes, recroquevillés sur leur petit moi personnel, ne se rendent, à mon avis, pas la vie très facile. La vie est faite pour partager, pour vivre avec les autres, en leur compagnie et c’est un grand cadeau ! Enfin…

Malgré tout, j’ai vraiment apprécié me promener dans les rues de Lyon et de Paris, les villes françaises sont si belles ! Sans parler de leur nourriture exquise… Un très bon moment passé en France somme toute ! Et j’ai pu revoir la mer, si chère à mon cœur et qui me manque tant au Québec. J’ai revu avec plaisir certains de mes amis aussi avec lesquels j’aime tant pouvoir discuter de tout et de rien, à la française… Refaire le monde sans vouloir particulièrement le changer, mais juste pour le plaisir de parler. Par contre, au début ce n’était pas évident de communiquer avec eux, il était difficile d’imposer mes idées dans une conversation ou la moindre de mes paroles étaient suivies d’un éclat de rire général à cause de mon accent québécois qu’apparemment j’ai assimilé depuis 3 ans ! C’est assez déroutant pour moi d’ailleurs de revenir dans mon pays et de me faire dire que j’ai un accent étranger… Moi qui ai déjà un accent français au Québec… Je suis étrangère partout à présent ! Serais-je devenue apatride ? La sensation est étrange en tous cas.

En tous cas, j’ai pu profiter de mes parents et de ma famille et c’est l’essentiel, c’est pour ça que je suis rentrée pour les fêtes cette année et c’était parfait ! En plus, ma sœur était là avec son mari, nous étions au complet ! Maintenant, il faut retourner à la vie Montréalaise que j’ai eu plaisir à retrouver. La descente de l’avion sur Montréal, la découverte à travers les nuages de cette ville enneigée au fleuve si bleu, illuminant la plaine était un régal pour les yeux ! Et finalement, le froid d’ici est plus supportable que le 0 degré humide de la France ! Allez, au boulot maintenant !

Noël en France

15 déc 2010

De nouveau assise dans la salle d’embarquement à Montréal, je prends quelques minutes pour coucher sur papier mes états d’âme. Je retourne en France pour fêter Noël en famille cette fois. Rien d’exotique et pourtant mon cœur est rempli d’allégresse et de gratitude à l’idée de ce retour parmi les miens.

Pour une des premières fois depuis mon expatriation au Québec, je me sens en harmonie avec moi-même dans mon cœur et dans mon âme. Je me sens bien et sereine. J’ai passé des moments éprouvants ces dernières années émotionnellement parlant et enfin j’ai l’impression d’éprouver une certaine paix, but que je recherchais activement depuis longtemps… C’est peut-être d’ailleurs parce que j’ai arrêté de la chercher frénétiquement qu’elle s’est installée subrepticement comme une évidence et – je l’espère- durablement.

Mon travail au Québec est reconnu et apprécié, sans pourtant avoir eu à me tuer à la tâche, ce qui est très appréciable. Pour la première fois depuis mon arrivée il y a 3 ans à Montréal, j’ai accueilli la première tempête de neige avec joie. Regarder les flocons voler dans le vent, marcher dans cette poudre blanche avec la sensation d’effleurer un tapis de coton, le bruit sourd des bottes s’enfonçant doucement dans cette ouate gelée, me donnant des frissons d’allégresse… Les températures avoisinent déjà les -20 degrés, mais emmitouflée dans mon manteau de plumes, il me semble affronter la morsure du vent dotée d’une couette douillette ! Je me surprends à sourire en marchant dans les rues, la neige venant me chatouiller le visage comme si elle me remerciait de ma joie de vivre et en voulait encore plus ! L’arrivée du froid ne m’a pas toujours fait cet effet-là, je dois l’avouer. Les années précédentes, je l’entrevoyais plutôt comme un long et pénible hiver à endurer avec sa neige fondue qui souille les bas de pantalon, les problèmes de transport et les rhumes assurés !

Déjà 3 ans que je suis au Québec... et en même temps… Seulement 3 ans ? Il s’est passé tant de choses en si peu de temps ! De ma difficile rupture d’avec Michaël, mon intégration au Québec seule à construire lentement mon réseau social, mon nouvel attrait à la méditation et ma recherche intérieure, ma relation avec un homme marié Québécois, mon voyage de 3 mois seule en Inde et en Amazonie pour finir avec ma relation houleuse avec Étienne, je ne me suis pas ennuyée ! Et dire que je recherchais la paix au milieu d’une série de tempêtes émotionnelles !

A présent, je me sens plus détachée des événements extérieurs tout en en faisant partie intégrante. Difficile à expliquer… En tous cas, je me sens épanouie en ce moment comme je ne l’ai été depuis longtemps ! Et ça fait un bien fou… Il me reste des choses à régler encore mais je pense prendre le bon chemin ! Et un retour dans ma famille pour les fêtes ne peut me faire que du bien ! La magie de Noël est faite pour la passer avec les gens que l’on aime !

Fin de notre épisode Robinson Crusoe !

Le 24 mai 2010

Nous nous réveillons tranquillement alors que le soleil commence à frapper sur notre tente. Le pied d’Etienne se maintient à peu près. Ca lui fait mal, mais pas au point de ne pouvoir marcher. Donc tout va bien !

Le temps de prendre un bon petit déjeuner en profitant encore une fois du calme et de la beauté des lieux, puis nous commençons à ranger nos affaires. Défaire la tente, ranger le matériel de camping, brûler les derniers déchets, tout ranger dans le bateau… On ne chôme pas ce matin ! Le tout est emballé rapidement puis nous sautons dans le bateau afin de rentrer au bercail. Dire au revoir à notre petit coin de paradis n’est pas évident, surtout qu’il fait un soleil radieux encore aujourd’hui ! Nous serions bien restés une journée de plus, tiens ! Mais d’autres responsabilités nous attendent à Montréal, dont la garde du fils d’Etienne ce soir. Il ne faut donc pas rentrer trop tard. De plus, si nous pouvions éviter le trafic en partant tôt, c’est un plus !

Nous filons donc au vent, à plein gaz, afin de retourner à Pointe David où nous avons laissé la voiture. Le temps de remettre le bateau sur la remorque et nous voilà partis vers Montréal en auto. Nous nous arrêtons quelque temps pour avaler une poutine et un hamburger puis arrivons 3 heures de temps plus tard en ville, à temps pour aller ranger les affaires de camping dans l’entrepôt d’Etienne puis aller chercher Gaël. C’est un peu la course, mais la planification est bonne et tout s’enchaîne parfaitement. On profite avec joie du petit bout de chou, puis je rentre chez moi me reposer un peu. Quel beau week-end nous avons passé !! Ces moments resteront longtemps gravés dans ma mémoire… Maintenant, il est temps de repenser un peu au travail, on reprend demain ! A la prochaine aventure…

Un orteil cassé ?

Le 23 mai 2010

Je me réveille avec la sensation d’avoir dormi d’un sommeil lourd et sans rêve, propre aux lendemains de cuite… Ce n’est pas une nuit bien réparatrice ! Toutefois, je suis relativement en forme ce matin, compte tenu de mon exagération d’alcool hier soir et j’en suis ravie !

Il fait grand soleil et une chaleur terrible nous fait étouffer un peu sous la tente. Nous prenons tranquillement notre petit déjeuner puis partons en bateau au milieu de la rivière pour nous relaxer encore une fois en dérivant doucement au gré des courants. Que c’est bon de ne rien faire ! Nous ne nous en lassons pas. Surtout après cet intense voyage au Guatemala, suivi de la reprise du boulot aussi sec !

Allongés sur notre bateau, nous continuons de dériver et un lourd bruit de chute d’eau arrive jusqu’à nos oreilles. Nous cherchons d’où il peut venir et nous approchons en bateau doucement. La rivière tombe en remous sur des pierres un peu en avant de nous, rendant les courants plus forts à cet endroit. Etienne s’amuse à remonter le courant en sens inverse, aidé de son moteur, tout en esquivant les rochers qui affleurent sur l’eau. Un bon coup d’adrénaline pour le capitaine qui n’a pas droit à l’erreur, sous peine de cogner l’hélice sur une pierre, ce qui nous handicaperait pour notre retour. Mais il se débrouille à merveille, excité par le challenge. Amusée, je regarde Etienne en appréciant son adresse et sa vision de la vie qu’il prend souvent comme un jeu, ce qui m’apparaît être une belle qualité. Lorsqu’on atteint l’âge adulte, on nous inculque le sens des responsabilités, du savoir-vivre, du devoir et du travail, mais on perd souvent notre aptitude à s’amuser, à jouer, à s’émerveiller de la vie, ce que pourtant, enfant, nous faisions tous les jours. Bien sûr, je ne dis pas qu’il faut oublier toutes les autres aptitudes d’adultes, mais savoir de temps en temps lâcher prise et redevenir un enfant l’espace d’un instant est pour moi d’une importance capitale.

Nous revenons manger des pâtes sauce maison au camp puis repartons aussi sec en bateau, les dizaines de moustiques nous faisant fuir de la plage. Au moins, au milieu de l’eau, nous sommes tranquilles ! Et ma peau ne peut plus contenir plus de piqûres qu’elle n’en a déjà… Nous nous allongeons dans le bateau, parti chacun dans nos lectures respectives. Alors qu’on essaie de s’installer dans le fond du bateau plus confortablement, Etienne se coince le doigt de pied dans le gilet de sauvetage et un craquement sinistre retentit, suivi d’un cri de douleur… Aïe, j’ai bien peur qu’il ne se soit cassé l’orteil. On attend quelques instants que la douleur passe, on saura véritablement demain au gonflement du pied ce qu’il en est exactement. Pour le moment, à chaud, la douleur s’estompe un peu. Espérons que je me trompe et que l’os n’a rien ! Nous sommes isolés, sans grand recours sanitaire ici… Nous n’avons même plus de glace dans la glacière à lui mettre sur le pied !

Nous revenons au campement pas trop tard, afin de laisser le temps à Etienne de se reposer un peu. A l’abri des moustiques dans la tente hermétiquement fermée, nous faisons des pieds de nez aux insectes carnassiers qui vrombissent autour de nous, essayant de pénétrer notre tanière pour nous dévorer. La soirée se déroule tranquillement en compagnie d’un coucher de soleil toujours plus beau et toujours changeant. Ca fait déjà deux jours que nous sommes ici, c’est passé tellement vite ! Mais nous en avons bien profité tout de même. Jouer les Robinson Crusoë de cette façon, juste Etienne et moi, m’a ravie au plus haut point. La beauté dans la simplicité et le naturel. Un retour aux sources extrêmement apprécié. Une idylle isolée et intimiste. Autant de belles phrases pour décrire ce long week-end hors du temps où toute idée d’heure n’avait pas sa place dans nos pensées. Nous avons vécu sans montre, mangeant lorsque nous avions faim, dormant lorsque nous étions fatigués et prenant le temps de nous relaxer et de nous reposer comme bon nous semble. Un délice !

Perdue dans la contemplation du feu, je me réfère aux quatre éléments présents devant mes yeux : l’air que je respire, l’eau du lac à quelques mètres de moi, le sable sur lequel je me trouve et le feu qui crépite devant mes yeux, me réchauffant doucement. Je m’imprègne de ces quatre éléments essentiels à toute vie, essayant de faire corps avec eux, de les sentir énergétiquement parlant. Je me sens bien. Etienne tombe de fatigue, nous rentrons nous coucher dans la tente, une fois le super poulet grillé sur feu de bois et la salade terminés. Bonne nuit !

Détente, pêche et farniente

Le 22 mai 2010

Au petit matin cependant, je me fais réveiller par des bruits de voix non loin de notre campement. Moi qui pensais que nous serions seuls au monde durant ce week-end, c’est raté. Je sors de la tente, persuadée que ces intrus ont eu l’audace de s’installer juste à côté de nous alors qu’il n’y a personne à des kilomètres à la ronde dans toute la réserve. En fait, il s’agit de pêcheurs qui ont choisi de lancer leur ligne à trois mètres de notre tente. Me voyant sortir, ils emmènent leur bateau un peu plus loin, devinant certainement à ma tête que je n’ai pas vraiment envie de faire connaissance… Je retourne me coucher en oubliant malencontreusement de bien refermer la porte de la tente. Les maringouins, voyant l’espace libre, se jettent dans l’habitacle, assoiffés de sang et intraitables. M’apercevant de mon erreur, j’entreprends de tuer un par un ces insectes vampires. Je déteste tuer les animaux mais je fais aisément une exception pour les moustiques! J’ai bien dormi cette nuit, malgré la fraîcheur nocturne. Emmitouflée dans nos sacs de couchage aux allures de couette, j’étais au chaud. Par contre, plusieurs fois j’ai été réveillée par des gros « plouf » dans l’eau, me demandant de quoi il retournait. Etienne m’apprendra plus tard qu’il devait certainement s’agir de castors qui claquent l’eau avec leur queue, le bruit pouvant résonner dans toute la baie.

Etienne dort encore, j’en profite pour faire du feu, laver la vaisselle d’hier dans la rivière en frottant avec du sable, puis je reste encore une fois en admiration devant ces flammes dansantes qui virevoltent sans cesse en un mouvement uni et gracieux. Mon cher et tendre me rejoint une heure après et nous entreprenons ensemble la préparation du petit déjeuner. Bagels fromage à la crème ou au Nutella, fraises, fromage et tomates, un vrai festin! Sans oublier le jus d’orange et le café. Etienne prépare tranquillement ses cannes à pêche (j’en ai même une à moi qu’il m’a offerte en cadeau!) puis nous lançons les hameçons dans l’eau de la plage, les laissant tranquillement le temps que ça morde. En attendant, nous nous relaxons sur la plage, le soleil se faisant un tantinet timide. Une heure après, un premier poisson mord, puis un deuxième! Youhou… Voilà notre souper pour ce soir!

Après avoir avalé quelques sandwiches, nous partons faire un tour en bateau afin de trouver un coin plus tranquille, sans pêcheurs nous tournant autour. Nous jetons l’ancre dans une petite crique isolée, lançons nos lignes puis nous étendons dans le bateau, nus comme des vers, profitant ainsi de la chaleur du soleil sur chaque parcelle de notre peau, le tangage du bateau nous berçant au gré des remous, une douce brise nous empêchant d’avoir trop chaud. La vie n’est-elle pas merveilleuse? Je n’en reviens toujours pas d’avoir la chance d’être ici, et je compte bien en profiter au maximum! Etienne attrape un autre poisson avec sa canne à pêche tandis que la mienne se prend dans le fond rocheux… Sur cette grande réussite de ma part, nous repartons à plein gaz, Etienne me laissant les commandes cette fois. Heureuse comme une enfant avec un nouveau jouet, je file sur l’eau, évitant les bancs de sable, étant maître à bord de ma direction et de ma vitesse. J’adore!

Nous nous arrêtons en plein milieu de la rivière, laissant le bateau dériver tranquillement tandis qu’un verre de rosé à la main, nous nous exerçons à profiter pleinement du moment, ouvrant tous nos sens à la nature qui nous entoure, essayant d’être présents à 100%, et c’est tellement bon!

Nous rentrons ensuite au camp, nous attelant à nos tâches respectives. Etienne, en bon Québécois, entreprend de scier des troncs d’arbre afin de faire le plein de bûches pour le feu de ce soir. Moi, j’admire mon homme en action, armé de sa scie mécanique, les copeaux de bois volant de toutes parts. En 15 minutes, il réduit un arbre mort en morceaux. Beau travail! Nous nous relaxons ensuite près du feu mais les mouches noires sont de sortie de nouveau. Agacés, nous finirons par poursuivre notre lecture sur le bateau, au milieu du lac, loin de ces satanées bestioles. Nous sommes de plus aux premières loges pour admirer le superbe coucher de soleil qui embrase le ciel. Superbe!

La nuit tombe, nous accostons à nouveau sur la plage, l’heure des moustiques étant passée. Nous discutons près du gigantesque feu qu’Etienne a allumé, faisant cuire des pommes de terre dans la braise, ainsi que des côtelettes d’agneau sur une grille, les flammes léchant la viande, la faisant cuire doucement… Il fait tellement bon près du feu! Nous ne voyons pas le temps passer, pris dans nos discussions enflammées et passionnantes. Je finis la soirée complètement saoule avec la désagréable impression d’avoir trop exagéré sur l’alcool ce soir sans m’en rendre compte, je risque de le payer demain!

Camping sauvage au Baskatong

Le 21 mai 2010

Nous sommes vendredi matin, je suis au bureau en train de travailler devant mon ordinateur et je n’attends qu’une chose: que l’heure de midi sonne pour pouvoir m’échapper avec Etienne pour un long week-end de trois jours, lundi prochain étant férié. Nous avons décidé de partir tous les deux, seuls, en camping sauvage dans le nord des Laurentides et nous la jouer Robinson durant trois jours sur une île déserte. C’est la beauté du Québec: avoir la possibilité de s’éclipser durant un long week-end en pleine nature sans âme qui vive autour!

Midi sonne! Etienne et moi rangeons nos affaires, éteignons notre PC et filons discrètement vers sa voiture, en proie à une vive excitation. A nous la liberté! Etienne a travaillé dur ces derniers jours pour préparer cette expédition… Entre le matériel de camping à récupérer, le truck à emprunter, le bateau à attacher à la voiture… Surtout que toutes ses affaires étaient disséminées partout. La semaine a été plutôt chargée de son côté tandis que moi, je l’avoue humblement, je me suis plutôt reposée, j’en avais besoin après notre voyage épique au Guatemala.

Nous passons rapidement chez moi prendre mes affaires, passons à la SAQ chercher du vin, à l’épicerie faire le plein de bouffe pour ces trois jours, puis filons, tirant le bateau à l’arrière, en direction de Mont Laurier, à trois heures de Montréal environ. Le trafic est plutôt dense, beaucoup de Québécois ont visiblement pris eux aussi leur après-midi pour jouir du début de l’été tant attendu après ce long week-end d’hiver. Le soleil et la chaleur sont au rendez-vous et tout le monde veut en profiter! Je les comprends bien, la neige tombait encore la semaine dernière à Montréal!

Arrivés vers 18h au Mont Laurier, nous avons encore un bout de chemin à faire jusqu’au Baskatong, un réservoir créé par un barrage où il est possible de camper sur de petites îles isolées. Ca y est, nous voici à la pointe David où la terre s’arrête pour faire place à l’eau des rivières poissonneuses. Nous embarquons tout notre matériel dans le bateau puis descendons la voiture à reculons, poussant le bateau dans la pente étroite servant à la mise à l’eau. Etienne aux commandes de l’auto, je suis chargée de retenir le bateau avec la corde lorsqu’il sera largué dans l’eau. Tout se passe sans problème et je tire le bateau jusqu’à la rive tandis qu’Etienne va garer la voiture au parking. Il revient cinq minutes plus tard, saute dans le bateau et tente de faire démarrer ce pauvre moteur qui n’a pas servi depuis deux ans. Il tousse un peu, crachote, puis vrombit au bout de quelques essais qui finissent par porter leurs fruits. Le capitaine n’oublie pas d’enregistrer notre position sur son GPS, puis nous voici filant à toute allure, le bateau chargé à bloc, Etienne aux commandes et moi devant, heureuse de me trouver ici, les cheveux au vent, dans cette superbe réserve naturelle quasi déserte. Il est 19h30 à peu près, le soir se prépare à tomber mais nous avons encore quelques heures de clarté devant nous. Nous ne croisons pas âme qui vive alors que nous nous enfonçons plus loin dans la réserve, filant sur l’eau et déambulant au milieu d’îles désertes peuplées de sapins. Je n’en reviens pas de me trouver ici ce soir alors que j’étais au bureau ce matin même. Il reste maintenant à choisir où monter notre campement. Les plages sont vides, nous avons l’embarras du choix! Nous regardons si le coin n’est pas trop propice au passage de bateaux, si la plage n’est pas trop en pente, nous étudions l’orientation du soleil… Finalement, nous trouvons un petit coin reculé, derrière un îlot au banc de sable fin attrayant et relativement plat. C’est décidé, nous camperons ici! Nous déchargeons le stock du bateau sur la plage puis entreprenons de monter la tente. Rapidement, plusieurs dizaines de mouches noires nous entourent de leur vrombissement pénible. Ah, nous avions oublié ce léger détail: les insectes en camping au Québec! Nous nous éloignons de quelques mètres, là où les insectes ont l’air moins voraces et commençons à installer notre campement.

La tente est vite montée, la table et les chaises installées, un bon feu de bois crépitant sur le sable, nous nous octroyons un temps de repos bien mérité, accompagné d’un verre de vin rouge, tout en admirant le ciel qui s’enflamme en un magnifique coucher de soleil. Seuls au monde dans ce coin reculé de toute civilisation, faisant corps avec Mère Nature, nous savourons ce moment d’éternité qui nous est offert. La fatigue et l’alcool nous rendant un peu saouls, nous décidons de préparer rapidement à manger sur le petit réchaud à gaz. Au menu ce soir: hamburgers maison! Nous faisons cuire la viande et réchauffer les pains puis enfournons le tout agrémenté de tomates, oignons, fromage et moutarde, comme deux ogres affamés. La nuit est tombée à présent et nous savourons la douce chaleur que nous procure le feu, la fraîcheur vivifiante du soir nous ayant rattrapés. Je me perds dans la contemplation des flammes crépitant dans l’obscurité, de minces tisons s’envolant dans le ciel d’encre, éclairant pour quelques secondes l’espace qui les entoure. Je me sens tellement chanceuse et privilégiée d’être ici, avec Etienne qui s’est galamment occupé de tout, dans un si bel endroit perdu au milieu du Québec. Je vis ce qui fait l’essence même du Québec, les grands espaces reculés où la nature prédomine alors que l’homme s’éclipse en toute humilité. Ces îles, accessibles seulement en bateau, constituent pour moi un havre de paix unique et privilégié. Un grand merci à Etienne de m’en faire profiter à ses côtés, c’est pour moi un grand bonheur!

Etienne est vraiment fatigué après sa dure semaine, et nous partons nous coucher en jetant un dernier regard aux premières étoiles qui viennent tranquillement tenir compagnie à la lune le temps d’une nuit. Il fait froid ce soir et nous nous emmitouflons dans de chauds sacs de couchage zippés ensemble, en y ajoutant deux couvertures pour être sûrs d’être bien. Nous nous endormons ensemble en écoutant les bruits de la nature qui, elle, se réveille.