Direction le Maroc !

Le 04 avril 2012

Un nouveau départ, une nouvelle destination, un nouveau pays le temps d’un petit break de la vie Aixoise de 5 jours pour Pâques. Le plaisir de se trouver en France et de pouvoir se dépayser en seulement 2h30 de vol dans une culture totalement étrangère si proche et si éloignée de nous pourtant est un réel bonheur. C’était plus difficile de le faire au Québec, là j’en profite du coup ! Le Maghreb, un endroit qui m’a toujours fascinée dans le bon sens comme dans le mauvais. Il me fait peur tout en m’ayant toujours attirée. Enfin je vais pouvoir fouler ce sol si controversé et m’imprégner de cette culture si riche et pourtant parfois si rigide.
Je ne pars pas seule dans ce voyage, mon ami qui préfère garder l’anonymat sur la toile, m’accompagne. Je le baptise donc d’un nom factice - David au hasard - le temps de ce récit. David est donc venu me chercher à mon travail vers 15h30 (départ un peu hâtif, mais les vacances valent bien ça) pour filer à l’aéroport de Marseille. Nous avons pris une compagnie à bas prix et ça se ressent. Pas de billet d’embarquement, une file d’attente qui se bouscule avant de pénétrer dans l’avion, ce que je ne comprends pas de prime abord, me disant que tout le monde a sa place attitrée, mais en fait non… C’est la foire d’empoigne dans l’avion pour trouver deux places côte à côte, vu qu’aucun siège n’a été réservé. C’est bien la première fois que je vois ça ! Enfin, David est moi trouvons deux places côte à côte, nous sommes bien contents.

Bizarrement, les 2h30 de vol nous paraissent interminables à l’un comme à l’autre. Je me sens épuisée mais je n’arrive pas à dormir comme à chaque fois dans les avions. En ce moment, le travail me fatigue beaucoup et il faut dire que j’ai déménagé dans mon nouvel appartement sur Aix (que j’adore soit dit en passant) il y a un mois seulement et la fatigue engendrée par le rangement des meubles, cartons et emménagement divers se fait ressentir à présent. Heureusement, mes parents sont venus 5 jours m’aider dans les travaux et montages de meubles de l’appartement, ce qui m’a délestée d’un grand poids ! Mais bon, la fatigue bien qu’elle se résorbe doucement est une conséquence logique de ces derniers temps.

Arrivés à Marrakech pile à l’heure, nous sentons un air froid nous traverser l’échine, il fait plus frais ici qu’à Marseille ! Le soleil se couche tranquillement en illuminant le ciel au-dessus de l’aéroport, le vent se balançant dans les palmiers. Un Marocain nous attend avec un panneau au nom de David qui a réservé le riad où on nous attend pour la nuit. Galamment, il s’empare de la valise de mon ami et me laisse incrédule à porter moi-même mon sac à dos. David a pitié de moi et me prend mon sac, voyant bien que je peste intérieurement contre ce misogyne évident. Notre chauffeur ne s’adresse qu’à David, ce qui m’arrange bien, je suis morte de fatigue. J’apprécie le paysage à travers la vitre du taxi, les murs ocre des bâtisses maghrébines, les femmes toutes voilées, certaines d’entre elles portant même la burka intégrale, les yeux seuls dépassant des voiles, les souks où se pressent mobylettes, badauds et chevaux. La voiture se faufile sous d’incroyables arches, nous faisant passer par le palais royal, puis par de petites routes où tout le monde se bouscule en manquant de peu de nous encastrer dans des mobylettes roulant n’importe comment. La conduite me rappelle étrangement l’Inde ! Comme dit notre chauffeur : Vous savez conduire à Marrakech, vous savez conduire n’importe où ! Tu m’étonnes…

Le taxi s’arrête enfin sur une petite place puis notre guide nous emmène dans de petites ruelles sinueuses (en portant toujours seulement la valise de David…), puis nous abandonne à un autre gars qui passe en lui donnant pour consigne de nous amener jusqu’au riad… Mais où sommes-nous tombés ? Il frappe à une porte sans nom puis nous laisse là, sans autre explication qu’une main tendue pour recevoir un pourboire. Bon… Heureusement, nous n’avons pas trop le temps de nous poser 10 000 questions, un charmant majordome nous ouvre la porte pour nous faire entrer dans sa demeure. C’est tout simplement splendide ! En total contraste avec la rue sale et poussiéreuse que nous venons de quitter… Nous pénétrons dans un riad plutôt petit mais doté d’un charme fou ! Un feu de cheminée nous attend dans une des nombreuses alcôves, au son d’une musique musulmane très douce et relaxante. Le silence du riad contraste violemment avec le bruit de la rue pour mon plus grand bonheur… On peut même entendre les oiseaux ! Un jacuzzi entouré d’arbres trône au milieu de la cour ouverte sur le ciel. On nous amène un exquis thé vert accompagné de petits gâteaux que nous dégustons avec délice tout en nous réchauffant doucement auprès du feu. Moi qui étais frigorifiée depuis mon arrivée au Maroc, ça tombe à pic ! Je reprends des couleurs durant ce vrai moment de bonheur !

Un homme arrive pour nous donner quelques explications sur notre séjour à Marrakech ainsi qu’une carte pour nous orienter dans ce labyrinthe de ruelles. Quelle organisation ! On nous emmène ensuite dans notre chambre qui se trouve sur le toit du riad, tout en haut, avec une terrasse privée pour jouir de la vue sur la Medina ! Une petite suite s’offre à nous, toute mignonne, entourée d’une toile de tente berbère pour notre plus grande joie. Il fait toutefois un peu froid dans la chambre et le chauffage n’a l’air de marcher qu’une fois sur deux. Ce n’est pas grave, nous ferons avec ! Après une bonne douche, nous descendons dans la cour du riad où nous attend notre diner. Une entrée d’aubergines aux mille épices suivie d’un tajine au poulet aux olives nous régale ! Surtout que nous sommes seuls à manger en tête à tête, les autres chambres semblant vides, le riad entier nous appartient ! Et le personnel est tellement discret et respectueux qu’il se fait oublier !

Nous partons ensuite faire un tour sur la place la plus connue de Marrakech, la grande place Djemaa el Fna, où la foule se presse même à la tombée de la nuit. Des stands de nourriture se bousculent sur la place et chacun veut nous faire asseoir sur son banc de fortune pour déguster escargots, mouton, agneau… Nous avons déjà mangé et je dois avouer que l’odeur mélangée de tous ces mets ne me met pas l’eau à la bouche. La fumée nous chatouille les narines, nous préférons nous éloigner pour nous perdre dans les souks. Contrairement à l’Égypte que j’ai faite il y a quelques années, je ne trouve pas les marchands agressifs envers les touristes, ce que j’apprécie au plus haut point. Nous assistons à des chants de rue, admirons l’artisanat local, sentons les odeurs d’encens, d’épices et d’urine mélangées… Ce pays a décidément quelques ressemblances avec l’Inde ! Nous rentrons ensuite nous coucher dans la quiétude de notre riad. A demain !

Après une semaine de brassage émotionnel…

Le 25 février 2012 :

De nouveau dans l’aéroport, de Montréal cette fois, il est temps de faire un bilan de cette semaine chargée en émotions. J’ai largement sous-estimée l’impact émotionnel que ce voyage à Montréal a eu sur moi. Je pensais juste être heureuse de revoir mes amis – ce qui a été le cas bien sûr – mais ça m’a aussi beaucoup déroutée.
D’abord, j’avais prévu un planning beaucoup trop chargé. Voir 4 personnes différentes en une journée, leur accordant 2 heures chacun, le tout minuté à l’extrême, était trop intense pour moi. Surtout vu l’état de fatigue dans lequel je me trouvais en arrivant… Je prenais les journées comme un travail à effectuer et une course contre la montre à gagner, ce qui rendait mes retrouvailles moins amusantes. De plus, se remettre dans l’énergie de chaque personne, réapprendre à se connecter les uns avec les autres, raconter sa vie pour 15ème fois, c’est vraiment fatiguant au final. Ça me pompait toute mon énergie et je finissais sur les rotules à la fin de la journée ! La prochaine fois, je ferais différemment… Soit je reste plus longtemps pour prendre le temps de voir les gens de manière plus décontractée, soit j’accepte de ne voir que certaines personnes et pas d’autres… J’ai définitivement trop d’amis au Québec ! Ce qui me ravie et en même temps me rappelle que c’est loin d’être le cas à Aix. Je sais que c’est une question de temps, mais j’ai tellement l’impression d’avoir de vrais amis ici, je n’en veux pas d’autres qu’eux ! Si je pouvais tous les prendre avec moi pour les emmener en France… C’est difficile l’expatriation et j’ai l’impression que j’aurais plus ou moins ce statut ou que j’aille ! Séparée entre deux pays, deux cultures, un océan…

J’avais besoin de ce retour à Montréal et en même temps, j’ai l’impression que ça m’a plus embrouillée la tête encore (et ce n’était déjà pas triste). Mais je reste persuadée qu’il n’y a rien qui se fait par hasard et que je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi ce voyage difficile était obligatoire pour moi. Peut-être n’avais-je pas fait encore le deuil de Montréal ? J’ai eu en effet l’impression encore une fois de dire au-revoir à chacun avec le sentiment de perte et de tristesse qui l’accompagne. Je finissais en général la soirée en pleurant ! Sympa les vacances… Mon amie Marilyn chez qui je dormais m’a beaucoup soutenue et je l’en remercie de tout mon cœur même si parfois son franc-parler québécois est déroutant. Mais c’est tellement plus naturel et sincère ! Les amis ne sont pas là pour être toujours d’accord avec nous, bien au contraire. Et je retrouve cette amitié authentique en général plus avec les Québécois qu’avec les Français.

Heureusement, j’ai commencé mes vacances avec un week-end dans les Laurentides, à profiter du luxe d’un spa et d’un massage bien apprécié, suivi d’une journée en raquettes dans les bois sous un soleil radieux, sans croiser âme qui vive de toute la randonnée. Ça change de la France ou on a du mal à se retrouver seul en promenade ! Ce week-end m’a permis d’atterrir en douceur à Montréal avant de débuter mon marathon amical ! J’ai dû annuler toutes mes soirées dansantes prévues en semaine à cause de ma fatigue trop intense. Bah au moins, je me sens plus reposée aujourd’hui tout de même que lors de mon départ de France !

Question température, j’ai été très surprise de ne voir pratiquement pas de neige en ville et des températures avoisinant les 0 degré. D’habitude, en cette saison, il fait bien plus froid et on n’aperçoit pas les trottoirs sous la tonne de neige ! Mais heureusement, une tempête s’est levée hier qui a recouvert en quelques heures toute la ville d’un gros manteau blanc hivernal. J’ai pris un plaisir fou à me promener dans les rues ce matin, foulant cette belle neige épaisse.

Bilan donc mitigé de ce retour aux sources. En même temps ravie de retrouver les gens que j’aime et triste de les quitter encore en ayant la désagréable impression de n’avoir pas profité d’eux. Plaisirs trop fugaces et plutôt frustrants d’une autre vie. Mes repères se sont brouillés : ou est ma vie désormais ? En France avec des amis au Québec ? Je sais que le temps va arranger les choses tranquillement, je lui fais confiance. En attendant, une autre vie m’attend au retour : l’emménagement dans mon nouvel appartement, mon nouveau chez-moi, un commencement de construction de ma nouvelle vie. Je suis prête. Je sais que certaines difficultés m’attendent encore, mais je suis persuadée qu’elles m’aident continuellement à grandir et à évoluer. J’aime me confronter à moi-même, il faut assumer maintenant ! Mon voyage à Montréal est peut-être arrivé comme une transition entre un emménagement jusque-là plutôt temporaire et mitigé en France et mon installation plus durable et impliquante à partir de maintenant !

L’avion aura finalement 2 heures de retard à Montréal, ce qui m’a fait rater ma correspondance à Francfort… C’était bien ma veine, moi qui voulais rentrer tôt dimanche matin pour profiter de la journée avant de recommencer la journée de bureau lundi ! Finalement, j’ai dû attendre 8 heures en transit à Francfort avant de pouvoir reprendre un avion pour Marseille. Dur retour ! J’aurais au moins visité un peu cette ville que je ne connaissais pas, mais à part des banques et quelques belles maisons en colombages du centre-ville, on en a vite fait le tour ! Je retourne à l’aéroport exténuée pour m’endormir à moitié sur des bancs de fortune… De retour à Marseille avec 9 heures de retard sur l’heure initiale, je ne tarde pas à sombrer dans les bras de Morphée.

La suite au prochain épisode…

Vacances à Montréal !

Le 17 février 2012

Youpi ! Je retourne le temps d’une grosse semaine, faire un tour à Montréal afin de revoir ms amis si chers à mon cœur et qui m’ont tant manqués. Voilà sept mois que j’ai quitté le Québec à présent… Sept mois déjà ! Que le temps passe décidemment vite… Que de choses se sont passées en sept mois… Rien de très facile cependant ! Mais les événements se précisent un peu plus pour moi à présent. J’ai décidé de m’installer à Aix en Provence pour un bon moment. Je souhaite me poser et arrêter d’être tiraillée entre mille destinations différentes. Je suis allée visiter Genève, je ne me vois pas y vivre pour le moment. Les suisses ont l’air froid, distants et manquant singulièrement d’humour ! C’est sûr qu’à Marseille, c’est plutôt l’extrême inverse, les gens sont plutôt chauds de nature, à tous les niveaux, mais cette mentalité me correspond mieux à choisir entre deux extrêmes… Évidemment, la perte de salaire entre la Suisse et la France peut faire réfléchir, mais j’ai toujours privilégié ma qualité de vie au niveau moral que pécunier et je n’ai pas l’intention de changer ! Si c’est pour gagne 5 fois plus mais ne pas avoir d’amis ni pouvoir m’amuser, ça ne sert à rien ! Et puis, j’ai une envie folle de connaître le Sud de la France en été ! Je l’ai aperçu en arrivant en août dernier mais j’étais tellement absorbée par ma recherche d’emploi et ma relation avec Jean-Paul que je n’ai pas l’impression d’en avoir vraiment profité.

J’ai donc trouvé un appartement définitif en plein centre-ville d’Aix dans lequel je vais emménager début mars. Je vais enfin récupérer mes meubles et cartons entreposés dans le garage de mes parents depuis 5 ans (j’aurais de la chance si rien n’est moisi !) et je vais ME POSER ! Après 4 déménagements en 7 mois, un retour en France difficile à tous les niveaux, je vois enfin le bout du tunnel arriver. Au niveau travail, je me sens de plus en plus à l’aise; on me donne plus de responsabilités et de leadership ce qui me convient mieux. Les collègues sont toujours aussi gentils, ce qui ne gâche rien !

Je suis juste extrêmement fatiguée en ce moment, j’ai du mal à tout gérer émotionnellement parlant et je pense que le stress accumulé de ces derniers mois se fait à présent bien ressentir… Même si je dors bien, je me réveille fatiguée ce qui est difficile à gérer dans la journée. Je pense que mon décrochage d’une semaine de vacances à Montréal va me faire le plus grand bien ! Même si je vais être extrêmement occupée, je suis prise tous les midis et tous les soirs à revoir des amis ! J’ai tellement hâte de les serrer de nouveau dans mes bras… Les amitiés au Québec sont plus profondes et plus simples que celles que j’ai actuellement en France, même si ça commence à s’intensifier un peu. En même temps, il est difficile de comparer 4 ans au Québec avec 7 mois en France !

Je commence toutefois à apprécier la région d’Aix, ce qui améliore considérablement ma qualité de vie de jour en jour. D’abord au niveau météo, avoir toujours du soleil et des températures douces est extrêmement agréable (à part ces 15 derniers jours ou il a fait exceptionnellement froid, autour de -10 degrés et neigeux). La région est très riche culturellement parlant entre Aix et Marseille, j’ai retrouvé avec bonheur la joie d’assister à de somptueux opéras et ballets, écouter des orchestres symphoniques, danser au son d’un groupe de rock… Je me fais des orgies de restaurants, dégustant toujours de nouveaux vins… Vraiment, j’aime la culture française ! Même si la culture québécoise, les grands espaces, la simplicité des gens, me manquent aussi. Mais il est difficile de tout avoir ! Ceci dit, la Côte d’Azur, le Var, l’arrière-pays sont des régions regorgeant de merveilles de la nature également, je n’ai vu que le haut de l’iceberg pour le moment.

Ca y est, on nous appelle pour le décollage vers Montréal… Attention Montréal, me voilà de retour !

Impressions après 3 mois en France

Le 11 octobre 2011

Ouf, ça y est, je commence enfin à sortir la tête de l’eau. Ça n’a pas été évident ces derniers mois, mais j’entrevois la lumière au bout du tunnel !

Après quelques semaines de vacances en août avec Jean-Paul, j’ai finalement commencé ma recherche d’emploi qui s’est avérée un peu plus difficile que je me l’étais imaginée. Ceci-dit, j’avais énormément d’entretiens, ce qui est bon signe en général, et ça se passait plutôt bien, mais je n’entrevoyais pas vraiment de poste idéal. Avec deux ou trois entretiens d’embauche par jour durant plus d’un mois et demi, je peux dire que j’arrivais un peu à saturation ! Je me sentais dépiautée, jugée, harcelée, testée sans cesse, avec des épreuves techniques à n’en plus finir, des épreuves orales sévères afin de voir ma réactivité au stress… Finalement, je rentrais épuisée de mes démarches de la journée avec une envie de crier, de pleurer ou de me cacher sous ma couette de plus en plus prenante. Heureusement Jean-Paul était là pour me rassurer, me prendre dans ses bras et me rappeler pourquoi j’avais quitté un travail en or au Québec pour ici. Et non, je n’ai jamais regretté une seconde ma décision. Elle a été prise de manière réfléchie, je savais ou je m’en allais, je savais aussi que mon arrivée n’allait pas se faire facilement, c’est normal. J’avais juste besoin d’être rassurée de temps en temps.

Et finalement, alors que je désespérais un peu de faire toutes les boites de la région sans résultat flagrant, j’ai reçu pas moins de 4 propositions d’embauche différentes ! Mais là encore, il y avait toujours un gros hic… Soit le projet n’était pas vraiment intéressant, ou l’ambiance pas folichonne, ou à plus d’une heure de trajet… Alors que j’allais dire oui par défaut à la moins pire de toutes, un boulot en or me tombe dessus sans crier gare à la dernière minute. La Caisse d’Epargne souhaite me prendre dans leurs équipes ! Je reste dans le domaine de la finance, l’équipe a l’air intéressante, le projet également et elle se situe à 15 minutes de la maison ! Youhouuuuuh ! C’est gagné ! Je peux enfin respirer, j’ai trouvé la perle rare… Je ne commence que la semaine prochaine, nous verrons bien si vraiment le travail me plait, mais je suis optimiste, je pense que je vais m’y plaire. Donc enfin ce gros souci là de moins.

Avec Jean-Paul, nous voyons également enfin le soleil dans notre relation qui n’a pas été évidente au début. Tout s’est passé rapidement entre nous, un peu trop certainement. Nous vivons ensemble depuis le moment ou je suis arrivée en France, j’ai rapidement envahie son espace, tout en ayant du mal à me sentir chez moi. Ca a été un bouleversement pour lui également, tout autant que pour moi. Et vu nos caractères bien trempés, il y avait souvent des étincelles entre nous deux, ce qui n’est pas évident quand déjà les repères professionnels et géographiques ne sont pas là pour moi, je n’avais pas non plus de base solide sentimentale, ce qui amplifiait mon sentiment d’inquiétude. Mais nous commençons à nous connaitre, à nous comprendre, et après s’être tester comme des enfants, nous entrevoyons les limites de l’autre, les blessures ou il ne faut pas appuyer. Et enfin, nous commençons a réellement nous aimer avec toute la beauté que l’amour peut nous apporter à chacun. Plusieurs fois, nous avons eu envie de laisser tomber, d’abandonner la relation que nous jugions trop difficile, contenant trop d’embuches… Mais nous avons persévéré et même si nous ne savons jamais ce que l’avenir sera fait, je pense que nous avons fait le plus difficile concernant mon arrivée ici. Après, nous allons voir avec le long terme, la routine, les travaux de la maison, comment évoluera notre complicité, rien n’est jamais gagné d’avance… Mais j’y crois !

Concernant les travaux de la maison, ça avance doucement. La cuisine et le salon sont presque terminés, nous en sommes à la phase de peinture, ce qui est tout de même bon signe ! Je ne m’étais pas imaginée que la rénovation d’une maison puisse demander autant d’énergie. Choisir les bons matériaux, les maçons, électriciens, peintres talentueux (ce qui est loin d’être évident), décider de tous les emplacements, couleurs, saignées… C’est un travail à temps plein et j’admire Jean-Paul qui jongle entre son travail actuel et la rénovation comme s’il avait fait ça toute sa vie ! Tantôt en bleu de travail pour soulever des parpaings, tantôt en chemise pour aller contrôler ses supermarchés… C’est Mister Jekyll et Mister Hyde ! Toutefois, je trouve qu’il se fatigue beaucoup en s’agitant dans tous les sens et je dois avouer que moi-même je ne peux pas le suivre et n’en ai pas envie ! Je recherche la simplicité dans ma vie, ne pas m’abrutir avec trop de choses à faire, mais plutôt prendre du temps pour moi, pour penser ou faire le vide dans mon esprit, danser, lire, que sais-je encore… Juste être bien avec moi-même. Il m’assure que la rénovation lui plait et qu’il fait ça de bon cœur. Je trouve juste que ça donne beaucoup de stress pour du matériel… Enfin !

Quoiqu’il en soit, je commence à me sentir bien dans mon nouvel environnement. Je prends mes marques tout doucement. Et je trouve que la région est formidable ! Nous sommes mi-octobre et il est encore possible de se faire dorer au soleil sur la plage et même de se baigner dans la mer ! Incroyable… Et dire qu’à Montréal, j’aurais une température à peine supérieure à 0 degré ! J’ai pu en profiter aussi pour me promener dans les Calanques, visiter Marseille et son île de Frioul. Plus j’apprends à connaître les alentours et plus mon cœur se rapproche de Marseille plutôt que d’Aix en Provence. Aix est une ville magnifique, mais très huppée et manquant d’authenticité. Marseille bouge, frémit, gigote dans tous les sens, vit plus simplement et comporte culturellement beaucoup plus d’attraits à mon sens. Je pense que je vais me sentir bien dans cette belle région ! En plus, dans quelques jours, un ami Québécois vient me rendre une petite visite d’une semaine ! Il va me ramener les couleurs de ce beau pays qui me manque un peu… J’en suis ravie ! A moi de lui faire découvrir les beautés de la France maintenant.

La suite des aventures au prochain épisode !

Premières impressions de mon arrivée en France

Le 10 aout 2011

Bon ça y est, je suis de retour à la maison ! Chez moi… Ou un endroit qui y ressemble, mais n’est pas tout à fait le même. J’ai l’impression de revenir dans un pays qui ressemble au mien, mais sans le reconnaître tout à fait encore. Je crois que je vais avoir besoin d’un temps d’adaptation !

En tout cas, tout s’est déroulé à merveille concernant mon trajet et mes bagages me suivant. J’ai récupéré toutes mes affaires sans encombre à l’aéroport de Marseille, rien n’a été endommagé, tout est beau ! Par contre, comme je m’y attendais, l’atterrissage moral n’est pas forcément évident… Je me sens un peu perdue, en territoire inconnu, avec toute ma vie à recommencer. Heureusement Jean-Paul m’aide beaucoup dans ce moment difficile, mais c’est surtout à moi de le gérer seule avec moi-même. Mes premières démarches administratives ont pour le moins été ardues. J’appelais un organisme public, que ce soit la sécurité sociale ou les impôts et je n’arrivais jamais à avoir quelqu’un au bout du fil. Et les techniques de découragement sont diverses et variées… Soit la boite vocale demande de rappeler à un autre numéro qui n’est plus attribué, soit elle demande de laisser un message en précisant qu’ils traiteront la demande dans les plus brefs délais en demandant de spécifier notre nom, numéro de téléphone et tout le tintouin et lorsqu’on s’apprête à laisser un message en ayant eu soin de récupérer toutes les informations au préalable, on nous annonce que la boite vocale est pleine !! Il y a de quoi virer folle… Le mieux est encore de prendre la voiture et de se rendre sur place… Heureusement que je ne travaille pas étant donné les horaires d’ouverture des organismes publics… Je commence à comprendre pourquoi les Français sont râleurs, en fait, il y a de quoi ! Sans parler des problèmes bancaires pour virer de l’argent canadiens en euros… Bref, j’aurai tout eu ! Mais avec de la patience, on finit toujours par y arriver…

Mais ce n’est pas tout ça qui est difficile au final, mais plutôt l’adaptation mentale à un nouvel environnement, à une nouvelle vie. Surtout que j’arrive dans une région que je ne connais pas, je n’ai vraiment aucun repère ici et j’affronte en plus le fait de m’installer chez quelqu’un, ce qui, chacun le sait, n’a rien d’évident non plus. Le déracinement d’une part et l’emménagement chez Jean-Paul d’autre part, le tout sans travail et sans ami, je dois avouer que c’est un peu rude ! Même si Jean-Paul fait tout pour que je me sente à l’aise chez lui, c’est difficile pour moi de me sentir chez moi. Il m’a laissé une pièce qui me sert de bureau et de rangement de mes affaires, toutefois, j’ai la désagréable impression de mettre tout mon appart de Montréal dans une pièce de 15m2… Ce qui n’a rien d’évident au moral. En plus, sa maison est en travaux, essentiellement la cuisine et le salon. Ce qui fait qu’on campe un peu pour le moment sans four pour réchauffer les plats, sans placard pour ranger la vaisselle et de la poussière partout. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour moi pour atterrir ici ! Mais bon, je commence à m’y faire tout doucement… Ce qui est bien, c’est que je participe aux travaux de rénovation et Jean-Paul me laisse la main dessus, ce qui me donne l’impression d’aménager avec lui notre future maison à deux ! Je suis juste un peu trop vite parachutée là-dedans… Mais bon, il a une maison de 200 m2 avec un immense jardin avec piscine et paillottes ramenées de Bali ainsi que plein de petite Bouddhas, je ne vais trop me plaindre ! Il faut juste qu’une femme mette un peu le nez dans son organisation et son rangement ! :-)

La semaine prochaine, nous partons en vacances 2 semaines, ça va nous faire du bien de nous retrouver à deux, là il travaille en journée ce n’est pas évident pour lui de gérer mon arrivée, les travaux de sa maison, son travail… Ensuite, je commencerai à chercher du travail ! (Va bien falloir un jour quand même…). Aujourd’hui, je recommence à retrouver des forces et mon énergie légendaire, j’espère que le plus gros est passé. Je m’aperçois aussi que les amis que j’ai laissés ici ont changé eux aussi (ou est-ce moi ?) et j’ai récemment été très déçue par l’attitude de certains d’entre eux qui, au lieu de m’aider dans cette épreuve, m’ont plutôt enfoncé la tête sous l’eau. Ça m’a évidemment beaucoup touchée moralement, mais j’en suis remise. Cette expérience va me permettre de trier un peu encore mes amis Français ! Et je vais en rencontrer d’autres, sans oublier mes chers Québécois !

Une amie de Montréal m’a soutenue dans ce moment difficile et je vais retranscrire ce qu’elle m’a dit, je trouve ça tellement beau :
« Il faut que tu évites les personnes qui veulent te faire rentrer dans tes vieilles nippes. Tu es une immigrante, tu as changé, tu arrives dans ce petit pays qui est le tien, avec de nouvelles personnes à découvrir, de nouvelles façons de faire, une nouvelle maison, un nouvel amoureux, il faut que tu oublies tout ce que tu connais de la France et tu dois arriver avec de nouveaux yeux et ta personnalité à toi telle qu’elle est aujourd’hui. Et la France, n’est-elle pas le plus beau pays du monde ? C’est ton choix et vis le à fond afin de donner une chance à ton rêve de vivre avec Jean-Paul dans le Sud de la France. C’est toi qui vis et non pas un être factice créé par ton orgueil et ton ennui. C’est toi l’actrice principale de ta vie… Ni tes amis, ni ta famille… Seulement TOI ! Découvre-la comme tu le fais toujours, avec le cœur en bandoulière …»
Merci Narriman pour cette incroyable philosophie de la vie… Ca m’a remontée à bloc ! Attention la France, ME VOILA !!

Dernier jour au Québec

Le 3 août 2011

Encore une fois dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Montréal, je m’apprête à m’envoler pour Marseille où Jean-Paul me récupérera. Il ne s’agit plus d’un voyage, mais d’un retour définitif cette fois. Enfin, le mot « définitif » n’a qu’une valeur partielle pour moi… Qui peut prédire l’avenir ? Certainement pas moi en tout cas ! Toutefois, l’implication est différente malgré tout. Je quitte le Québec, mes amis, ma vie qui a été la mienne durant 4 ans, ce n’est pas forcément évident !

Mes émotions ont joué les montagnes russes ces dernières semaines; des jours où j’étais excitée et ravie en vue de la nouvelle aventure qui m’attendait, je passais ensuite à des jours de tristesse de quitter les êtres chers qui m’ont entourée toutes ces années. Les soirées d’au-revoir avec chacun se soldaient souvent en larmes, le cœur déchiré. Mon dernier jour au travail a été particulièrement intense, tout le monde se réunissant pour me souhaiter bonne chance dans ma nouvelle vie. J’ai eu de la chance d’être aussi bien intégrée à tous les niveaux dans la société québécoise et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui m’ont soutenue, aidée, aimée durant tout ce temps !

Depuis 2 jours, les adieux ayant tous été faits, je me suis sentie plus sereine. Je me suis occupée des derniers préparatifs matériels, sans stress puisque j’avais plutôt bien planifié mon départ et j’ai pu prendre un peu de temps pour me relaxer, ne travaillant plus depuis 4 jours. Ce moment de repos un peu hors du temps m’a fait le plus grand bien. J’avais l’impression de flotter entre 2 mondes, n’étant plus vraiment au Québec, ni en France… Étrange sensation ! J’ai tranquillement rangé mes affaires qui sont parties avant moi par avion-cargo, nettoyé l’appartement, tout ça dans une paix apparente. Par contre, mes maux d’estomac m’indiquaient clairement que ça bouillonnait à l’intérieur !

Ma fébrilité m’a prise alors que mes amis Cédric et Céline sont venus me chercher pour m’amener à l’aéroport. Ils ont vu l’appartement vide et j’ai vu qu’ils prenaient conscience en même temps que moi que je partais pour de bon ! Je fais un dernier tour rapide dans les pièces vidées de mes affaires puis m’engouffre dans leur voiture, jetant un dernier regard nostalgique à cette maison qui m’a accueillie durant tout ce temps, mon refuge, un havre de paix et de sérénité, mon nid douillet dans lequel j’ai toujours aimé me blottir. Une page se tourne… Un nouveau chapitre de ma vie commence !
Mes amis me laissent à l’aéroport en privilégiant les rapides embrassades; j’ai trop dit au-revoir aux gens dernièrement, on dirait que je ne suis plus capable de le supporter encore. Et me voici donc à l’aéroport essayant d’effectuer un bilan de ma vie au Québec… Mon dieu, comme c’est difficile ! Il s’y est passé tant de choses ! En tout cas, ça a été intense… Une amie m’a encouragée à remercier la vie pour tout ce qu’elle m’a offerte ici et pour tout ce que j’y ai appris. En effet, mon expérience au Québec a été tellement formatrice pour moi-même ! Je n’ai pas vécu que des bons moments, loin de là, je dirais même que ça a été la période de ma vie la plus difficile, mais étrangement, la plus belle aussi. Je me suis découverte moi-même dans ces difficultés, j’ai dû aller au bout de mes capacités, surmonter toute une série de peurs face à l’inconnu et je pense m’en être plutôt bien sortie au final. J’ai beaucoup voyagé, même en étant seule, j’ai monté ma compagnie et réussi à la maintenir à flot, acheté un appartement à Montréal, je repars avec un cercle d’amis sincères et merveilleux et surtout j’ai commencé une belle introspection sur moi-même qui m’a permis d’avancer et de comprendre beaucoup de choses que j’essaie de mettre en pratique dans ma vie de tous les jours. Pour tout ça, je remercie le Québec et tous les acteurs qui ont participé de près ou de loin à la découverte de moi-même !

A présent, sans oublier le passé, je dois regarder devant moi, vers l’avenir qui sera, je n’en doute pas, tout aussi intéressant et surprenant que le passé. J’ai rarement eu une vie monotone jusqu’ici, il est peu probable que ça change ! Je vais tout d’abord m’installer chez Jean-Paul qui m’a d’ores et déjà fait une jolie place dans sa maison pour mon arrivée. Nous partons ensuite en vacances tous les deux en France et en Italie puis je vais commencer à chercher du travail tranquillement en septembre. Je vais voir comment je me sens de retour dans mon pays natal, mais je ne suis pas très inquiète, je m’adapte en général assez vite n’ importe où ! Je vais sûrement passer par des moments de nostalgie du Québec, je le sais déjà et suis préparée à ces moments de tristesse. Mais ce sera passager ! Jean-Paul et moi allons enfin pouvoir expérimenter notre couple normalement et non plus à 6000 km de distance ! Sans parler du décalage horaire… Et quoi qu’il se passe entre nous, je suis heureuse de revenir en France, près de ma famille, de mes racines, de mes amis français que j’ai laissés derrière moi depuis 4 ans. Quatre ans… Ça me parait si court et si long à la fois ! Il était temps que je rentre et je suis certaine de mon choix, même si je suis triste de quitter le Québec. Tout choix amène un renoncement d’autre chose ! Ainsi va la vie… Et pour avoir fait le chemin un certain nombre de fois, je sais que le Québec et la France, ce n’est pas si loin après tout !

Place à ma nouvelle vie française à présent, place à la nouveauté, à la liberté, à l’expérimentation et à l’amour ! Je grimpe dans l’avion d’un pas décidé et énergique à la rencontre de mon futur. Toutefois, une chose étrange se passe alors que l’avion est en train de rouler sur la piste afin de prendre de l’élan pour s’élancer dans le ciel… Alors que les moteurs de l’appareil vrombissent, je regarde par le hublot mais ce n’est plus l’aéroport que je vois, mais le visage de toutes les personnes qui ont été importantes pour moi depuis que je suis au Québec qui défilent devant mes yeux à toute vitesse. Je ne comprends pas bien ce qui se passe, mais je sens mes yeux se mouiller d’eau silencieusement. Une seule larme coule sur ma joue droite, une immense tristesse m’a tout d’un coup envahie sans que je puisse y faire grand-chose. Je la laisse m’engloutir totalement, l’accueille comme elle vient. Ca y est, je me rends compte que je pars vraiment, je n’y ai pas vraiment cru jusqu’ici. Mes amis, voisins, collègues, amants et anciennes amours… vous allez me manquer !

Las Vegas et ses folies

Le 18 juillet 2011

Oh tellement de choses ont changé depuis mon dernier écrit que je ne sais même plus par où commencer… Ma vie change, s’accélère, modifie sa course pour mieux rebondir. Quelle étrangeté que la vie certaines fois ! Sa destinée est imprévisible…

Donc, essayons de commencer par le commencement. Il y a 6 mois de cela, j’ai fait la rencontre d’un Marseillais durant des vacances à Miami pour fêter le jour de l’an avec des amis. Nous nous sommes plu, mais il me semblait à l’époque que ce n’était qu’une histoire de vacances, une amourette furtive de voyage, or je me suis visiblement trompée. Il est revenu me voir à Montréal depuis, je suis allée le retrouver 3 semaines dans le Sud de la France et une vraie idylle a commencé… Toutefois, la distance nous séparant, il devenait difficile de supporter l’éloignement sur de longues périodes. Après plusieurs mois de réflexion, j’ai donc décidé de quitter le Québec en août afin d’aller m’installer de nouveau en France, dans le Sud cette fois. Ma décision a été accélérée par des soucis familiaux qui m’ont juste prouvé que j’étais loin des miens et que ça me manquait trop.

Me voilà sur la dernière ligne droite de ma vie à Montréal; dans 2 semaines à peine je m’envolerai pour la France afin de recommencer une nouvelle vie, tout recommencer à zéro dans une nouvelle contrée (même si c’est mon pays, je me sens un peu démunie après 4 ans d’expatriation), me faire de nouveaux amis, rechercher un travail, un appartement (oui, je vais habiter seule, au moins au début)… Je suis à la fois excitée à l’idée de me refaire une autre vie et en même temps apeurée par toute l’énergie que je vais devoir dépenser pour me reconstruire une vie. Pour l’avoir fait un certain nombre de fois, je sais qu’il n’est pas aisé d’arriver dans une ville inconnue… Je dois me faire des repères, m’approprier l’endroit, trouver mes marques, ça ne se fait pas en deux jours, loin de là ! Sans parler de tout le réseau social à reconstruire… J’avoue que ça me fatigue un peu d’avance ! Et en même temps, je sais que c’est mon chemin, c’est une intuition très forte et raisonnée. Il faut que je le fasse, que ca se passe bien ou pas avec Jean-Paul, que j’aime ou pas de nouveau la France, il faut que j’essaie. Il faut que je replonge dans mes racines, que je vive ce déracinement encore une fois pour répondre à mes questions qui restent latentes depuis 4 ans maintenant. J’ai toujours eu dans la tête de revenir un jour en France et je crois que tant que je ne l’aurai pas fait, il ne me sera pas possible de m’établir vraiment ailleurs. Peut-être ne me plairai-je pas dans mon pays natal ? Peut-être, après avoir connu un autre monde, une autre façon de vivre, sera-t-il difficile pour moi, voire même impossible, de revenir à mes sources natales. Parfois, quand on voit la différence qui peut exister ailleurs, on arrive moins à se contenter de certaines choses qui nous paraissaient normales avant, puisqu’on sait que ça pourrait être autrement… en mieux ! Ou peut-être tout simplement que je vais me sentir chez moi de nouveau, que je vais pouvoir apprécier ce qui me manquait tant au Québec et que je pourrai être heureuse d’être enfin de retour à la maison ! Tout est possible… Et ce sera le bon chemin pour moi quoi qu’il arrive.

Je garde tout de même un coussin ici au Québec puisque j’ai acheté un appartement en début d’année. J’ai décidé de le garder et de le louer pour le moment. J’ai trouvé un charmant couple de Français comme locataires et tout se passe à merveille! Je suis en plein dans les préparatifs de départ : changement d’adresse, de sécurité sociale, de santé, les assurances en tout genre, la banque… Bref, c’est du souci ! J’ai donné ma démission au travail alors que je venais d’être embauchée chez eux en tant qu’employée (j’étais à mon compte auparavant), mais le cœur a ses raisons que la raison ne peut comprendre… Ce n’est pas facile de me dire que je vais quitter mes collègues qui sont devenus des amis depuis toutes ces années. Ni mon travail que j’affectionne particulièrement ici… Je sens que ces prochains jours vont être chargés en émotions ! Je commence d’ailleurs les soirées de départ et c’est déjà difficile ! Même si je suis habituée à dire adieu aux gens depuis le temps. Pourtant, on dirait que c’est de plus en plus pénible au fur et à mesure que les années passent!

Toutefois, pour me sortir de tous ces préparatifs un peu rébarbatifs, je continue mes petits accès de folie en matière de voyages depuis peu. Je suis allée, durant un voyage éclair de 3 jours, faire une surprise à Jean-Paul en débarquant chez lui du côté d’Aix en Provence sans crier gare ! Il a été bien surpris et très heureux de me voir (il avait intérêt vu toutes les heures de vol que j’ai effectuées depuis Montréal pour ma surprise de quelques jours !). Nous étions tellement heureux de nous revoir après plus d’un mois d’absence ! Ce n’est vraiment pas évident l’éloignement de la sorte… Du coup, il m’a emmenée partout, sur la plage, danser, manger dans de succulents restaurants, c’était la fête !

Il m’a ensuite bien rendu mes efforts de nombre d’heures de vol en venant jusqu’à Las Vegas me rejoindre la semaine suivante ! De Montréal, cette ville n’est qu’à 5h d’avion, mais de France… ce n’est vraiment pas la porte à côté… Nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Las Vegas, lui venant de Paris, moi venant de Montréal, une rencontre inusitée au milieu du désert du Nevada, dans cette citée futuriste ! Déjà de l’avion, j’ai pu apercevoir cette région aride et désertique, craquelée en son sein, rouge de poussière où aucune végétation n’arrive à se frayer un chemin. Et là, au milieu de nulle part, surgit cette oasis vivante, ce poumon de vie et de lumière qui s’étend comme une toile d’araignée sur cette terre pourtant si sèche autour. Accrochée à mon hublot, je ne perds pas une miette de mon arrivée à Las Vegas, me demandant vraiment où j’atterris, si je suis au milieu d’un paradis ou d’un enfer ! Quelle drôle d’impression que cette ville factice qui ne semble pas être à sa place dans ce désert de solitude ! Et ce n’est pas une ville comme les autres, elle grouille de luminosité, de gratte-ciels, de monde partout. Quelle étrangeté l’homme a bien pu encore inventer là ?

Je retrouve avec bonheur mon homme à l’aéroport et nous partons ensemble vers le centre-ville en taxi. Le peu d’extravagance que nous voyons de la voiture suffit déjà pour me dire que c’est encore plus délirant que je ne me l’étais imaginé ! Ca promet ! Arrivés à l’hôtel Venetian (hôtel de Venise), nous entrons dans un hall magnifique avec une fontaine à l’intérieur, un hall d’entrée décoré avec goût dans des teintes vénitiennes. Tout est grand, immense, magnifique et bourré de monde ! Nous attendons un bon moment en faisant la queue derrière plusieurs dizaines de personnes afin qu’on nous donne la clé de la chambre, puis devons traverser tout l’hôtel, ce qui nous prend presque 10 minutes de marche en tirant nos valises, afin d’attendre notre nid. Toutefois, la surprise est grande d’entrer dans une magnifique suite au 36eme étage de l’hôtel, avec une vue imprenable sur la ville éclairée de mille feux. Un grand lit king size trône dans la pièce et un petit salon nous permet d’admirer la vue sur de confortables canapés. Sans parler de la salle de bain, un havre de luxe inoubliable ! Je ne pensais pas avoir l’opportunité un jour de dormir dans une telle chambre d’hôtel ! C’est bien loin de mon ashram en Inde tout ça… Ravis, nous ne pouvons toutefois pas trop jouir de la chambre ce soir, nous sommes attendus pour un spectacle du cirque du soleil et n’avons toujours pas mangé (surtout moi, il n’y avait rien à grignoter dans l’avion). Après une rapide collation, nous allons admirer les trapézistes, contorsionnistes, clowns et j’en passe, le tout sur le thème de l’eau, des danseuses de nage synchronisée agrémentant le spectacle pour le plaisir infini de nos yeux ébahis ! Un superbe spectacle absolument magique et grandiose ! Tout ici à Las Vegas a l’air majestueux, les moyens mis pour épater la galerie ne semblant avoir aucune limite ! Nous partons ensuite assister à un concert live de pianistes où, une coupe de champagne à la main, nous pouvons apprécier les airs connus et méconnus de ces artistes talentueux. Il est temps d’aller se coucher à présent, nous sommes éreintés par le voyage !

Nous passons les deux jours suivants à visiter les hôtels, tous plus majestueux, luxueux et complètement déjantés les uns que les autres. Ils se situent tous sur la même rue, appelée le Strip, mais étant donné la taille des hôtels, il faut faire des kilomètres à pied pour pouvoir passer de l’un à l’autre ! Ca parait toujours proche à l’œil nu, mais nous sommes constamment surpris de mettre autant de temps pour arriver jusqu’à notre destination finale ! Et c’est avec les jambes dans les talons que nous finissons en général la journée… Nous visitons la pyramide de Louxor, la Tour Eiffel de Paris et ses cafés en terrasse, le Caesar Palace de Rome avec ses statues de la mythologie, le Vénitien et ses gondoles de Venise, les fontaines du Bellacio montant aussi haut que l’hôtel qui possède une soixantaine d’étages, le château Excalibur… Tous ont leur particularité, leur décoration personnelle toujours surprenante et grandiose sur un thème précis avec comme dénominateur commun, d’immenses casinos au sous-sol, cachés de la lumière du jour afin de perdre la notion du temps lorsque l’on joue. En ce qui nous concerne, nous avions tellement de choses à voir et à faire que nous n’avons pas trouvé un moment pour jouer ! Un comble à Las Vegas… Il faut dire que nous ne sommes joueurs ni l’un ni l’autre…

Souvent, nous finissions éreintés au bord de la piscine afin de nous reposer un peu, mais il fallait ne pas trainer afin d’assister au spectacle du soir. Nous verrons « Le fantôme de l’opéra » (plutôt décevant) et un spectacle original des « Blue Man Show » qui nous impressionnera beaucoup par ses performances musicales et de lumière. Attirés par le spa de notre hôtel, nous nous laisserons aussi tenter par un peu de relaxation à l’intérieur. Nous n’avions juste pas prévu que l’endroit n’était pas mixte et c’est chacun de notre côté, sans pouvoir nous parler que nous avons pris un peu de temps pour être au calme. Le spa était par contre divin ! Le luxe étant toujours de mise pour chaque installation, nous entrons dans une atmosphère calme et sereine où un superbe spa bouillonnant nous fait flotter de plaisir, des hammams aux senteurs exotiques nous embaument le cœur et l’esprit, des douches froides appelées igloo me font hurler de joie comme une enfant après avoir transpiré dans la chaleur moite des hammams, les douches chaudes tropicales me ramènent un instant en Amazonie, les sons des oiseaux sortant des murs humides… Je me crois au paradis ! Une salle où se trouvent des fauteuils horizontaux nous permet d’admirer des lumières de vagues semblant onduler véritablement sous nos yeux. Une véritable oasis de paix et de sérénité et ce n’est pas du luxe après toutes ces turbulences qui nous sont assenées continuellement à Las Vegas.

J’avoue avoir sous-estimé Las Vegas pour son côté bruit, lumière, stimulations diverses et variées en tout sens. Même si je suis ravie d’avoir vécu cette expérience, j’ai l’impression que ce n’était peut-être pas le bon moment pour nous. Nous avions besoin de nous retrouver, de nous reconnecter ensemble, et je m’en aperçois seulement maintenant… d’être au calme ! Ce qui est tout le contraire de Las Vegas bien entendu ! Bon, tant pis ! L’expérience est formidable tout de même et je m’étais toujours dit que je ne partirais pas de Montréal sans avoir vu Las Vegas ! Eh bien, promesse tenue… Nous sommes allés manger dans des restaurants exquis, à la nourriture délicieuse révélant le talent de grands chefs culinaires renommés. Le soir toutefois, nous n’arrivions pas à veiller assez tard pour profiter des activités nocturnes proposées partout. Vers 22h, nous piquions systématiquement du nez, au point de n’avoir d’autres choix que d’aller nous coucher, réussissant difficilement à atteindre la chambre tant les dédales de couloirs à traverser avant d’y arriver sont parfois longs. On se sentait presque vieux !

Le dernier jour, Jean-Paul m’a fait une incroyable surprise qui nous a permis de sortir un peu de cette ville tourmentée. Une limousine est venue tout d’abord nous chercher à l’hôtel, ce qui constituait la première surprise, et de taille, étant donné que c’est la première fois que je monte dans ce genre de véhicule ! Affalés sur les sièges en cuir, nous admirons la longueur de cette voiture de luxe, où un minibar est disponible à l’intérieur ! Mon dieu, quel honneur de pouvoir accéder à de telles faveurs pourtant réservées aux stars d’habitude ! Puis, la limousine nous conduit à l’héliport où un hélicoptère nous attend pour nous emmener au Grand Canyon !!! Ouahhhhh, quelle superbe surprise ! Je n’en reviens pas de pouvoir accéder à tant de luxe que je ne me serais même pas permis en rêve ! Je me trouve extrêmement chanceuse en ce moment et il faut que je l’apprécie à sa juste valeur ! Nous grimpons dans l’hélicoptère, Jean-Paul et moi devant, aux premières loges, puis décollons doucement, les hélices tournant à plein régime pour nous permettre de nous envoler. Je suis aux anges, j’ai tout simplement l’impression de rêver ! Et voilà que nous prenons de l’altitude, pouvant admirer le Strip du ciel tout en prenant la direction du désert.

Nous sortons rapidement des entraves de la ville et le désert aride et chaud s’étend à présent devant nos yeux. Des couleurs orangées, rouges, noires se mêlent à la terre en des craquelures parfois profondes donnant au sol un aspect lunaire. Parfois, un bras d’eau sort de nulle part afin d’agrémenter le paysage d’un peu de couleur bleutée, ce qui parfait le tableau visuel. La sensation de voler dans un hélicoptère est très spéciale et ne ressemble à rien de ce que j’ai pu faire auparavant. Tout est vitré autour de nous, jusqu’à sous nos pieds, ce qui nous donne une impression de voler dans une bulle de savon transparente ! Avec le bruit du moteur en plus… Je me trouve juste à côté du pilote et peux ainsi admirer toutes ses manœuvres en direct, tout en résistant à l’envie curieuse de pousser tous les boutons du tableau de bord qui se trouve juste devant moi !

Au bout de ¾ d’heure de vol, nous survolons enfin le Grand Canyon, cette énorme brèche dans la terre, les plaques tectoniques semblant avoir fait la java à cet endroit-ci du globe. Nous frôlons les parois escarpées et arides du canyon, montons et descendons dans la faille, puis finissons par nous poser au fond du canyon, sur une plateforme plate. L’atterrissage se fait tout en douceur, nous le sentons à peine ! Descendus de l’hélico, nous pouvons apprécier toute la magnificence du lieu, seuls au milieu de cette nature désertique et grandiose. Quel spectacle ! Quelle immensité ! Des cactus disséminés de-ci de-là, donnent quelques touches vivantes à ce milieu pourtant désert. Des énormes parois rocheuses, rouges et ocres s’élèvent autour de nous, semblant nous encercler entièrement. L’hélicoptère parait incongru dans ce paysage naturel, et surtout très petit dans cette incroyable immensité. Nous-mêmes semblons minuscules à l’échelle de Dame Nature ! Heureuse comme une enfant, je cours partout pour essayer de tout figer dans ma mémoire, de tout prendre en photos mentalement, et finis par demander à Jean-Paul de nous arrêter quelques instants pour profiter ensemble de ce spectacle unique.

Notre pilote sort de son engin une bouteille de champagne et des paniers repas pour nous en faire profiter au fond du canyon ! On aura tout vu ici !!! Je ne me fais pas prier et apprécie ce met délicieux et frais tout en admirant le plus beau des spectacles naturels qui nous entoure. Après une trentaine de minutes d’extase, nous repartons en hélicoptère entamer le chemin du retour. Ce fut court mais intense ! Le trajet du retour s’effectue merveilleusement bien, de la musique de circonstance étant projetée dans nos écouteurs et moi un peu saoule avec mes verres de champagne… Une fois revenus sur la terre ferme à Las Vegas (j’ai failli sauter dans les bras du pilote pour le remercier tant j’étais contente !), une limousine nous ramène jusqu’à l’hôtel de nouveau. Quelle expérience ! J’ai vraiment adoré !! Merci Jean-Paul de ce superbe cadeau !

Cette virée extraordinaire a aussi marqué la fin de notre voyage à Las Vegas, il nous reste juste un peu de temps pour nous délasser dans la piscine, mais c’était sans compter sur la musique tonitruante visiblement appréciée des bimbos et des « monsieur muscles » se donnant des airs de stars. Ce monde est vraiment trop superficiel pour moi, j’étais mieux au milieu du Grand Canyon ! Il est temps de nous quitter à présent, Jean-Paul repartant en France, moi à Montréal pour finir mes deux dernières semaines de travail et de préparatifs de départ avant ma nouvelle aventure en France ! Ce moment à Las Vegas ne m’aura pas permis de me reposer, mais j’ai aimé l’expérience tout de même, surtout le vol en hélicoptère. Maintenant, j’ai encore beaucoup de choses à faire à Montréal pour tout boucler avant mon départ et essayer de gérer l’aspect émotionnel des au-revoir aux amis chers. Des jours difficiles m’attendent encore ! Mais pour du bonheur par la suite, j’en suis certaine !

A bientôt…