Le 24 mars 2011
Réveillées encore une fois à l’aube, nous sommes sur le pied de guerre vers 6h du matin afin de profiter d’une promenade matinale sur les ghats. C’est en effet le meilleur moment de la journée pour prendre l’essence de cette ville, les gens se purifiant dans le Gange lorsqu’il ne fait pas encore trop chaud. L’air est frais, les couleurs pastelles de l’aube nous ravissent les yeux et nous flanons sur le bord du fleuve admirant des scènes de vie simples, souvent tournées vers le sacré, tout en déambulant tranquillement.
Il ne fait pas beau aujourd’hui, de gros nuages masquent le soleil, ce qui nous ravie au plus hait point, la chaleur ne nous écrasant pas dès 8h du matin. Nous atteignons le bout des ghats après une belle marche de 2 heures où nous nous reposons dans un café au bord du Gange infesté de mouches. Nous reprenons notre chemin nous racontant des souvenirs d’enfance, main dans la main, n’ayant aucun but précis. De temps à autre, nous nous arrêtons pour assister à une scène bizarre typiquement indienne comme le passage d’un éléphant en pleine rue ou un homme qui traie une vache bouchant la ruelle pendant 10 minutes ou la venue d’un cortège transportant le corps d’un défunt qui va au crématoire… Autant de scènes pittoresques qui ne nous étonnent presque plus à force de voir de l’étrange à chaque coin de rue… Etrangement, alors que tout est intense autour de moi et met tous mes sens à rude épreuve (spécialement l’odorat, il faut bien le dire… les effluves de détritus, de bouse de vache et d’encens sont un challenge pour nos nez occidentaux), malgré toutes ces scènes de vie insolites et imprévisibles, je ressens un grand calme à l’intérieur de moi… Une sensation que je n’avais pas ressentie depuis longtemps et qui est fort agréable. Comme si tous ces non-sens auxquels j’assiste me font relativiser mes propres questionnements quant à mes problèmes personnels. Un lâcher-prise délicieux s’effectue de lui-même sans l’avoir vraiment commandé. En Inde, pour s’y sentir bien, il faut être capable d’effectuer ce vide intérieur et s’ouvrir au monde tel qu’il est, avec le moins de jugement et de rationnel possible étant donné que rien ne nous parait logique ici pour nous, Occidentaux… Essayer d’y mettre un sens avec notre échelle de valeurs à nous est une pure perte de temps et d’énergie. Il faut abandonner pour quelques temps nos propres règles de société (difficile dans on est conditionné depuis tout petit !) et abolir tout jugement. Par la même occasion, de manière presque magique, on arrête aussi de se juger soi-même et alors l’amour et la paix peuvent prendre leur place dans tout notre être. Voici donc la raison de mon voyage en Inde : me retrouver moi-même et remettre les choses à leur place ! J’avais oublié comme c’était agréable ce lâcher-prise… Le challenge est maintenant de le faire perdurer dans le temps ! Pas facile…
Après notre petite sieste quotidienne, nous repartons dans les rues, notre endroit préféré pour surprendre l’imprévu. Arrivées au ghat principal, je reste hypnotisée par la file de mendiants assis en file sur les marches menant au Gange. Chacun, avec leur petite assiette posée devant eux, attendent la charité des passants et le passage d’un peu de riz donné comme prasad (offrande) après la cérémonie. Certains sont vraiment amochés avec des doigts en moins, des bandages infectés enroulés sur leur jambe, un œil crevé… Ces pauvres gens me fendent le cœur, j’ai du mal à les regarder tellement je trouve leur état alarmant. Malgré les croyances, on croise assez peu souvent de tels miséreux en Inde. Ici, ils viennent tous se regrouper à cet endroit qui se veut sacré où les bonnes âmes sont plus favorables.
Nous continuons notre route et tombons sur une cérémonie très intimiste effectuée pour le Gange. Cinq pujaristes effectuent des jeux de lumière avec des chandeliers en feu. Le contraste eau/feu me fascine et nous assistons avec dévotion à ce jeu de lumière. Superbe ! Un petit tour ensuite au ghat des crémations pour un au-revoir vu que nous partons demain, puis revenons à l’hôtel nous reposer. Après un repas épique à s’accrocher à nos assiettes tellement le vent est violent sur le toit de l’hôtel, nous partons nous coucher sous notre moustiquaire pour la dernière nuit à Varanasi. Dommage, nous commencions à avoir des amis ici !
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