Le 31 mars 2011
Nous avons quitté hier Rishikesh après nous être une dernière fois imprégnées de lieux calmes et sereins de cette petite bourgade, afin de partir à Dharamsala, proche des montagnes himalayennes. Etrangement, le bus dit « touristique de luxe » que nous avons pris pour effectuer le trajet était rempli aux trois quarts de Français ! Nous qui n’en avions croisé que très peu depuis le début du voyage… Nous conversons donc, écoutant les histoires de chacun, à chaque arrêt du bus pour une pause. Pour une fois, nous sommes contentes du confort du bus qui, loin d’être « de luxe », possède quand même de larges sièges qui s’inclinent suffisamment pour pouvoir dormir. Toutefois, Aurélie et moi sommes à peu près les seules à apprécier ce confort relatif, les autres râlant sur les suspensions inexistantes du véhicule ou le manque de place pour les jambes. Tout est une question de référentiel, je sais par expérience que nous aurions pu être bien moins confortables.
Alors que nous grimpons toujours un peu plus dans le nord de l’Inde, la population change petit à petit. Nous croisons de plus en plus de Tibétains au facies bien différent des Indiens et au sourire amical. Plusieurs moines tibétains font un bout de trajet dans notre bus sous nos regards curieux d’Occidentaux qui avons l’impression de ne plus nous trouver dans le même pays. Les montagnes environnantes se font plus impressionnantes et escarpées et notre bus commence à avoir du mal à grimper dans les virages serrés, nous ballotant dans tous les sens à chaque fois, ce qui nous casse notre sommeil pourtant résistant. Nous arrivons vers huit heures du matin à Dharamsala en ayant passé une nuit chaotique mais tout de même correcte compte-tenu des circonstances. Aurélie et moi commençons à être capables de dormir n’importe où et n’importe comment !
Ce petit village perché en montagne, entouré de monts enneigés de l’Himalaya, me charme instantanément ! Le calme a l’air de régner sur cet exil tibétain où se trouve entres autres la résidence du Dalaï Lama ! Malheureusement, il n’est pas ici en ce moment, nous ne pourrons pas le rencontrer. Peu importe, je suis ravie de me trouver en terre tibétaine, proche de l’Himalaya, un de mes rêves d’enfant ! Nous dégotons une charmante auberge avec une vue impressionnante sur les montagnes et la vallée, je suis sûre que nous nous y sentirons merveilleusement bien ! On n’entend que les oiseaux avec pour toile de fond l’Himalaya et de petites maisons perchées à flanc de montagne… Un autre endroit idyllique tellement différent de tout ce que j’ai pu voir ailleurs en Inde ! Ce pays ne cessera donc jamais de me surprendre… Entre Varanasi et ici, il y a un monde !
Après une douche pseudo tiède, nous nous réchauffons un peu au soleil sur la grande terrasse de cet hôtel, admirant le panorama sur les monts enneigés. La température a nettement chuté ici par rapport à Rishikesh, on sent la fraîcheur due à l’altitude. Nous partons nous promener dans le village, flânant dans les magasins de bijoux ou d’artisanat, admirant les moines ou nonnes tibétains aux cheveux rasés, même pour les femmes. Chacun a un sourire doux et sincère à nous envoyer qui nous réchauffe aussitôt le cœur. Je trouvais déjà les Indiens très gentils depuis notre arrivée, mais il y a un petit quelque chose dans le regard des Tibétains de plus généreux encore… Peut-être que les souffrances auxquelles ils ont dû faire face ont touché leur âme si profondément que nous le ressentons de manière subtile. Ils sont en exil ici sur une terre qui n’est pas la leur, chassés par le despotisme des Chinois. Leur situation ne doit pas être évidente à gérer au quotidien. Nous remarquons aussi que les rues sont plus propres, les maisons plus belles, leurs vêtements plus à la mode européenne avec des jeans et tee shirts. Tout un autre monde dans ce coin reculé du Nord de l’Inde…
Nous arrivons jusqu’à une petite cascade où de nombreux Tibétains viennent laver leur linge et le laissent sécher au soleil sur de grandes pierres. Nous restons quelque temps à les admirer. Prendre le temps d’observer ce qui nous entoure : un luxe que nous nous octroyons peu dans notre vie trépidante quotidienne et que j’aimerais tellement garder à l’esprit lors de mon retour dans la vie de tous les jours…Je le garde en général quelques semaines ou mois mais je retombe vite dans la spirale du manque de temps, d’une vie pressée et stressée rejoignant les autres dans la course à la productivité. Prendre le temps de s’arrêter, d’observer l’extérieur et aussi notre intérieur me paraît, en ce moment, pourtant tellement primordial ! La vie est tellement belle et simple, il suffit juste de s’en apercevoir !
En passant devant un magasin, une musique occidentale qu’on adore, Aurélie et moi, nous interpelle. Nous nous trémoussons gentiment devant le magasin au grand bonheur du commerçant qui montera le son pour nous et des passants qui nous regardent en riant. On commence à être habituées à être l’attraction des rues parce qu’on se permet d’y danser ! Revenues en ville, nous effectuons le tour de la résidence du Dalaï Lama, admirant les pèlerins qui marchent en récitant des mantras et qui font tourner de gros cercles métalliques colorés en guise de chance. Le soleil se couche et la température chute drastiquement. Notre pull enfilé, nous allons dîner avec Angèle, une jeune femme de 25 ans et son amoureux, Roger, un homme de 65 ans. Le couple détonne, c’est le moins qu’on puisse dire et même si je me force à ne pas porter de jugement, je suis un peu mal à l’aise en leur présence au début. Mais rapidement, en discutant, je crois déceler que leur amour est véritable et vu qu’ils sont à l’aise avec leur différence d’âge, il n’y a pas de raison que moi je ne le sois pas. Nous parlons spiritualité une bonne partie du repas et ils m’apportent quelques idées qui, pour la 1ère fois depuis le début du voyage, résonnent un peu avec moi. Intéressant… Nous partons nous coucher juste après avoir admiré les étoiles au-dessus de nos têtes, le froid s’étant définitivement installé.
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