Trek dans l’Himalaya

Le 3 avril 2011

Aujourd’hui est un grand jour, nous allons effectuer un trek de 2 jours dans l’Himalaya jusqu’à Triund, une petite bourgade en haut d’un mont où se situent quelques cabanes dans lesquelles il est possible de passer la nuit. Olivier, Aurélie et moi sommes fin prêts pour l’ascension vers 8h30, seul notre guide manque à l’appel. Il arrive tranquillement une demi-heure plus tard (il ne faut jamais être pressé en Inde), nous pouvons alors commencer notre grimpette. Le chemin est relativement aisé et malgré la pente escarpée, je grimpe assez facilement devançant mes amis. Je suis moi-même étonnée de la facilité avec laquelle je grimpe des montagnes. Ca n’a pas toujours été le cas, je détestais effectuer des treks auparavant. Mais on dirait que j’ai dépassé mon mental qui me disait toujours que ça allait être difficile et que je n’allais pas y arriver… Maintenant, je mets juste un pied devant l’autre sans me poser plus de questions et l’ascension se fait toute seule ! C’est magique !

Au fur et à mesure de la montée, les paysages deviennent de plus en plus beaux. Des centaines d’arbres de rhododendrons en fleurs nous accompagnent en marchant, leurs fleurs rouges resplendissant parmi les énormes rochers aux couleurs brunes. Le temps est grisâtre ce matin et nous essuierons même un peu de pluie et de neige lors de notre marche. Ceci dit, je pense que nous préférons un temps mitigé à un soleil de plomb sous lequel nous aurions suffoqué. Le temps change vite en montagne et nous n’arrêtons pas d’enlever notre pull, de le remettre, de sortir le bonnet de laine acheté en catastrophe hier à une marchande ambulante, de le ranger pour le remplacer par un chapeau pour nous protéger du soleil… C’est la cérémonie du déshabillage ou du rhabillage ! Vu que le temps change tous les quarts d’heure, ça en devient presque comique…

Aucun de nous trois n’ayant prévu de faire un trek en Himalaya, nous n’étions absolument pas équipés pour le froid question vêtements chauds. Nous avons passé une bonne partie de notre journée d’hier à demander à des gens que nous connaissions plus ou moins de nous prêter des pulls pour notre ascension d’aujourd’hui. Nous avons récupéré un pull et un manteau, ce n’est pas un luxe vu le froid qui s’insinue en nous à mesure que notre altitude augmente. Seules mes chaussures en toile m’inquiètent un peu… J’espère ne pas devoir marcher dans la neige ou tremper mes chaussures à cause de la pluie, ce qui me glacerait les pieds immédiatement et m’handicaperait pour la journée. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux pieds, je trouve !

Nous nous arrêtons vers midi dans une petite échoppe sortie de nulle part sur le chemin, où nous nous réchauffons sous une couverture avec un chaï et un bol de soupe aux nouilles. Ca va mieux ! Mais nous sommes loin d’être arrivés au sommet et les touristes que nous croisons à leur descente nous confirment ce que nous craignions : il fait terriblement froid en haut ! Bon, nous verrons bien ! Il se met à neiger alors que nous sommes calfeutrés sous notre couverture à l’abri sous un petit toit en tôle. Aïe, aïe, on va geler en haut ! Armés de courage, nous recommençons notre ascension, profitant d’une accalmie. Finalement, le temps continue à se dégager de plus en plus, nous donnant bon espoir qu’il fera beau en haut. La ville de Dharamsala apparaît de plus en plus petite à mesure de notre montée. Et dire qu’il y a vingt ans seulement, cette ville n’existait pas ! Elle a pris de l’essor avec l’arrivée du Dalaï Lama, installé ici en exil, et s’est transformée rapidement.

Je sème encore une fois Aurélie et Olivier qui préfèrent prendre leur temps, Olivier surtout à cause d’une fracture au pied qu’il s’est faite il y a peu de temps. Nous croisons de la neige, mais le temps est toujours clément avec nous, nous sommes vraiment chanceux ! Après six heures d’ascension tranquille, j’arrive enfin au sommet avec notre guide pour apercevoir tout d’un coup au détour du dernier virage de superbes montagnes enneigées voilées par une légère brume à leur sommet. Le paysage est à couper le souffle, je reste sans voix durant un moment, m’imprégnant de cette beauté naturelle incroyable. Magnifique ! Même les nuages cachant une partie des monts ajoutent une touche mystérieuse à ce tableau majestueux. De petites échoppes et quelques bâtiments épars où il est possible de dormir sont disséminés au sommet. On m’installe une couverture à terre et je déguste un café chaud tout en ne détachant pas mon regard du paysage. Vingt minutes plus tard, mes compagnons arrivent et je me délecte de voir leur réaction d’émerveillement éclairer leur visage à leur tour malgré la fatigue de la marche.

Nous passons le reste de l’après-midi couchés par terre, admirant les nuages dégageant de plus en plus les montagnes enneigées, le temps ayant décidé d’être clément avec nous. Il ne fait même pas froid, le soleil nous réchauffant délicieusement. Notre guide et quelques Indiens en profitent pour jouet au cricket et s’amusent comme des fous. Je retrouve avec joie cette sensation de faire partie intégrante de la nature, je me sens de nouveau toute petite en comparaison de cette immense chaîne de montagne appelée Himalaya, et j’apprécie humblement sa grandeur. Seuls le bruit des rapaces et les éclats de joie des Indiens marquant un but troublent le silence des montagnes. Je me sens bien.

Nous assistons à un petit coucher de soleil derrière les montagnes, qui empourpre le ciel de belles couleurs tandis que les monts enneigés finissent de se découvrir. Dès que le soleil se cache, la température chute drastiquement et nous nous réfugions près du feu. Trois autres touristes indiens entourent le feu avec nous, nous sommes en basse saison, les visiteurs n’affluent pas encore à cause de la température assez basse. Il faut être fou comme nous pour venir se cailler en haut d’un sommet en cette saison ! Serrés les uns contre les autres, plusieurs chiens nous collant également afin de profiter d’un peu de chaleur, nous discutons autour des flammes dansantes. Le ciel étoilé forme un superbe dôme au dessus de nos têtes, aucune lumière artificielle ne vient altérer leur clarté. J’ai presque l’impression d’être plus proche de ces astres célestes vu que je me trouve en haut d’une montagne ! Une pensée de petite fille qui me fait aussitôt sourire… Ce qui est certain par contre, c’est qu’il fait vraiment froid et nous avons bien du mal à nous réchauffer malgré le petit feu de bois. Je pars dans mes pensées, essayant de faire abstraction des discussions des Indiens ou de mes compagnons, souhaitant profiter de ce moment dans mon monde intérieur, même si ce n’est pas facile avec ce froid qui me glace les os. Nous avalons en vitesse un thali préparé sommairement par le cuisinier de l’échoppe. Il n’y a ni eau courante, ni électricité ici, tout est fait au feu de bois. Olivier, Aurélie et moi nous serrons ensemble sur un banc de fortune afin de nous communiquer un peu de chaleur tout en mangeant notre souper. La nourriture est plutôt épicée et mon estomac réagit violemment aux premières bouchées ingérées. De violentes crampes me vrillent le ventre comme pour me signaler qu’il n’en peut plus de toutes ces épices qui l’inondent depuis plusieurs semaines. Ah non, ce n’est pas le moment d’être malade ce soir, à cette altitude, au milieu de nulle part, dans ce manque de confort évident et ces températures hivernales ! Je prie le ciel pour que mes crampes passent et ne finis pas mon dîner, ne voulant pas risquer d’aggraver la situation. Je retourne m’asseoir près du feu pour tenter de me réchauffer, mais mon corps ne me donne pas le choix, il faut que je m’allonge. De toute façon, tout le monde est fatigué par l’activité physique de la journée et commence à s’éclipser. Notre guide nous a donné le choix plus tôt dans l’après-midi entre dormir dans une chambre d’un des refuges et monter une tente. Aurélie, tout excitée à l’idée de dormir avec les sons de la nature, a tout de suite voté pour la tente. Olivier et moi étions plus mitigés à cause du froid, mais notre guide nous a assuré qu’on aurait assez de couvertures, tout en ajoutant que la tente serait une expérience moins banale qu’une chambre en refuge. Certes ! Mais je ne vois pas bien la valeur ajoutée à mal dormir par terre dans une tente versus s’allonger sur le bon matelas d’un lit ! Mais bon, solidaires avec Aurélie et ne souhaitant pas la laisser toute seule dans sa petite tente, nous avons accepté de la suivre dans l’aventure. C’est donc allongée dans une petite tente à peine assez grande pour trois que j’essaie de calmer mes douleurs d’estomac. Notre guide nous a installé des tapis de sol et par-dessus une couverture, ce qui donne un matelas correct au final. Il nous donne un sac de couchage chacun, ainsi que deux grosses couvertures. Malgré cela, j’enfile à peu près tous les vêtements que j’ai pu emporter dans mon petit sac à dos. Je porte trois paires de chaussettes, deux pantalons l’un par-dessus l’autre, trois tee shirts, un pull et l’anorak réquisitionné chez nos voisins avant de partir en trek. C’est sans compter l’écharpe et le bonnet ! Je mets même une autre paire de chaussettes en guise de gants… Tous les moyens pour se réchauffer sont bons ! Etant donné que je suis un peu malade, Aurélie et Olivier me laissent la meilleure place dans la tente : celle du milieu. Je réquisitionnerai la chaleur de mes deux compatriotes de chaque côté de moi ! En plus, un chien s’est blotti à mes pieds en dehors de la tente, je suis bien entourée !

Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous essayons de ne pas laisser un gramme d’air froid nous atteindre et cherchons le sommeil entre le manque d’espace, le peu de latitude pour bouger, la chasse aux courants d’air, si minimes soient-ils, et les pets bruyants des chiens dehors… Mes crampes d’estomac ont cessé et je réussis à m’endormir doucement, la fatigue ayant raison de toutes les embûches.

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