Le 5 avril 2011
Réveillées encore une fois dès potron-minet, nous rejoignons Olivier aussi hagard que nous afin de nous rendre au point de rendez-vous où nous attend un taxi qui va nous faire un tour de la région aujourd’hui. A notre grand étonnement, il est à l’heure et nous partons aussitôt en direction d’un premier temple à 1h30 de route. Nous somnolons dans la voiture jusqu’à notre arrivée à destination. Un bon chaï chaud plus tard, nous sommes à peu près d’attaque pour la visite. Nous nous trouvons dans un village peu touristique et les Indiens nous observent avec plus de curiosité qu’à l’accoutumée. Surtout Aurélie et moi, en fait, Olivier laisse visiblement plus indifférent. Nombre d’entre eux sont habillés tout en jaune pour le festival de Khali qui a lieu en ce moment, ce qui doit expliquer la foule qui se presse dans ce petit temple à une heure aussi matinale. Le temple n’a rien d’extraordinaire en lui-même mais le spectacle vient plutôt des Indiens qui nous dévisagent tous en souriant et veulent inlassablement nous prendre en photos toutes les 2 minutes, Aurélie et moi avec eux, alors qu’ils ne nous ont même pas adressé la parole. Finalement, c’est plutôt nous qui faisons office de spectacle pour eux. Pas vraiment réveillée et surtout affamée du manque de petit déjeuner ce matin, leur trop grand intérêt pour moi commence à me taper sur le système… Je ne peux même pas rester assise 2 minutes sans qu’on vienne me demander de poser pour une photo en me tirant violemment par le bras. Aurélie a également une quinzaine d’Indiens autour d’elle… Bon, il est temps de partir, ça ne nous amuse plus !
Nous revenons au taxi qui nous emmène ensuite à un magnifique fort style médiéval, d’autant plus superbe qu’il est désert. Nous déambulons dans ces vestiges d’un autre temps en admirant la capacité qu’ont les humains à construire de tels châteaux forts. Perché sur une montagne, une rivière en contrebas, un précipice de l’autre côté, ce fort domine la région et semble imprenable. Sa vue sur l’Himalaya est également à couper le souffle ! Nous profitons du calme qu’il confère pour effectuer une petite sieste jusqu’à l’arrivée bruyante de jeunes collégiens. Mon ventre crie toujours famine, on se décide à revenir près du chauffeur pour lui demander de nous amener à un restaurant. Aurélie, Olivier et moi ne nous sentons pas très vivaces aujourd’hui, c’est sûrement dû à nos 2 jours de randonnée fatigante de la veille. Heureusement, nous nous laissons transporter par une voiture toute la journée, les efforts physiques vont être minimes. Enfin notre chauffeur nous arrête dans une petite échoppe où ils proposent divers légumes mijotés à des sauces épicées, à manger avec des chapatis (galettes de blé noir). On prend le chapati de la main droite (toujours la droite !) et on s’en sert comme d’une cuillère pour ramasser les légumes et porter le tout à notre bouche en en faisant tomber partout en général. Malgré les épices qui me brûlent les lèvres, je mange avec avidité, heureuse de pouvoir calmer ma faim. Ce n’est pas vraiment fameux mais peu importe quand on a l’estomac dans les talons…
Rassasiés, nous repartons de plus belle visiter un autre temple qui se trouve être taillé dans la roche ! Il est superbe… Il jouxte une petite école dans laquelle nous pouvons admirer les élèves qui jouent dans la cour à des jeux universels comme se courir après pour les garçons, faire du badminton pour les filles… Nous sommes presque plus intéressés par leurs jeux d’enfants que par le temple en lui-même malgré toute sa beauté ! Je m’aperçois que visiter un pays en admirant ses temples, musées, ou autres chefs-d’œuvre humains ne m’intéresse vraiment plus trop. Je préfère largement m’imprégner du pays en regardant des scènes de vie banales de ses habitants, discuter avec eux, apprendre leur mode de vie…Ainsi que les paysages naturels qui m’envoient à chaque fois dans un autre monde, une autre dimension en me rappelant que la terre est magnifique et qu’il faut en prendre soin. Nous en faisons partie intégrante et c’est surtout un grand cadeau que nous pouvons nous faire en faisant attention à notre habitat naturel. Je changerais volontiers le slogan « Sauvons la Planète » en « Sauvons la race humaine » ! C’est nous-mêmes qui nous intoxiquons avec nos propres déchets. La Terre, elle, s’en sortira toujours… Nous ? C’est bien moins certain…
Nous partons ensuite pour notre dernière escale de la journée et celle que j’attends le plus : les sources chaudes de Tatapani. Vu qu’il ne fait vraiment pas chaud dans ce coin de l’Inde, nous baigner dans de l’eau tiède nous fera le plus grand bien ! Après une longue route pleine de cahots, notre chauffeur nous dépose à une rivière où un pont est en train de se construire mais visiblement pas fini, et il nous fait comprendre qu’il faudra continuer à pied. De gros cailloux émergent de l’eau et constituent un chemin nous permettant de traverser la rivière sans mouiller nos pieds. Cette première étape franchie avec succès, il nous reste quelques kilomètres (le nombre n’étant pas bien défini par notre chauffeur qui est resté sur place) à parcourir jusqu’aux sources. Alors que nous entamons sans enthousiasme notre marche, une voiture surgit de nulle part et nous embarque tous les trois (moi assise par terre par manque de place) pour nous amener en dix minutes à notre destination. La vie est bien généreuse avec nous !
Nous découvrons alors un petit temple encastré dans la roche, dans lequel une petite piscine d’eau tiède est remplie sans arrêt par une source chaude naturelle sortant d’une statue murale en forme de crocodile. Incroyable ! Encore une fois, nous sommes seuls sur les lieux et pouvons profiter de ce cadeau de la Terre en toute quiétude. Les femmes n’ayant pas le droit de se baigner en maillot de bain en Inde, Aurélie garde son tee shirt et son pantalon et s’engouffre dans ce grand bain chaud tout habillée. Quant à moi, je m’enroule d’un paréo et pénètre à mon tour dans cette eau délicieusement tiède et propre. Quel plaisir divin ! Surtout après avoir eu si froid ces derniers jours…Mes muscles endoloris par notre grande randonnée d’hier apprécient énormément cette tiédeur relaxante. Olivier propose de me masser les pieds, ce que j’accepte avec plaisir tout en écoutant l’eau sortir du tréfonds de la Terre pour chuter dans notre baignoire en pleine nature. Je sens tout mon corps se relaxer et s’abandonner au moment présent. Je ne pense plus, je ne fais qu’écouter les bruits qui m’entourent et je rentre petit à petit dans une sorte d’extase délicieuse et divine. Une vieille dame indienne me sort de ma torpeur en venant remplir un grand baquet d’eau chaude. Je regarde l’heure, il est temps d’y aller si nous ne souhaitons pas avoir à retraverser la rivière la nuit, avec une lampe torche.
Nous rebroussons donc chemin tranquillement, à pied cette fois et mon sentiment d’extase revient encore plus fort. Je stoppe Olivier qui souhaite me faire la conversation, je désire juste rester dans le silence. Et au final, en écoutant bien, les environs ne sont pas du tout silencieux… Je focalise sur chacun des sons que j’entends, essayant de le séparer du reste avant de passer au suivant. Comme la nature est vivante et bruyante ! Un oiseau piaille, une vache meugle, le tonnerre gronde non loin de là, résonnant dans toute la vallée, le vent joue dans les arbres… C’est merveilleux ! Je marche tel un automate, me sentant faire partie intégrante de l’univers, étant reliée avec tout, les animaux, les plantes, les roches… J’ai presque envie de me laisser tomber par terre pour ne plus bouger mais juste sentir et ressentir… Je continue pourtant, revenant petit à petit dans le monde réel, un sourire béat m’illuminant le visage. Le tonnerre gronde toujours, quelques éclairs zèbrent le ciel au loin, mais la vallée est pourtant illuminée de soleil, les ombres dansantes des arbres et feuillages semblant nous inviter à les suivre. Quel extraordinaire moment ! Il s’est vraiment passé quelque chose de fort et de beau pour moi, je suis encore sur mon nuage. Par le simple fait de pouvoir vivre de tels moments magiques, je suis heureuse d’être en vie et je dis merci à l’univers ! Aurélie m’apprend qu’il s’est passé la même chose pour elle durant toute notre marche de retour. Nous ne nous sommes pourtant pas adressé un seul mot toutes les deux, trop absorbées par notre état intérieur visiblement très similaire. Etrange coïncidence !
Nous arrivons au taxi alors que de grosses gouttes commencent à s’écraser sur le sol terreux. Il était temps ! Notre chauffeur nous ramène tranquillement à l’hôtel où nous retrouvons notre couple préféré, Angèle et Roger avec leurs 40 ans d’écart d’âge. Nous allons dîner tous les quatre, Olivier souhaitant se reposer un peu, et s’ensuit une conversation sortant d’un autre monde, tout à fait délirante et en même temps prodigieuse… Roger nous raconte l’histoire de sa vie et j’avoue en rester estomaquée… Il a vécu un mois et demi dans une grotte en Inde, s’est fait voler ses papiers et son argent et a vécu comme un mendiant durant 8 mois avec des Intouchables Indiens, s’est fait tabasser par une bande d’Indiens qui lui ont ouvert le bras. Il a dû rester à l’hôpital deux mois de trop, ce qui a rendu son visa invalidé. Il a été victime d’un abus judiciaire et mis en prison deux mois en Inde… Et j’en passe ! Et le pire, c’est que je suis absolument certaine qu’il dit la vérité ! Je sens dans son énergie qu’il est authentique de véracité. C’est fou ! Nous parlons de spiritualité, de niveaux de conscience, de fréquences sensorielles, autant de termes qui ne veulent rien dire pour moi habituellement mais qui prennent un sens ce soir dans la discussion. Cette journée est décidément très étrange du début à la fin ! En tout cas, si la fatigue ne venait pas me terrasser au point d’avoir du mal à garder les yeux ouverts, je continuerais bien la conversation encore un moment. Mais il est temps d’aller se coucher, toutes les bonnes choses ont une fin !
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