Direction la Dominique !


Le 28 décembre 2012

Endormis vers 20h comme des masses (bon pour notre défense, nous avons 5 heures de décalage horaire dans les pattes, il était donc 1h du matin pour nous), nous nous réveillons comme des fleurs vers 6h30, heure à laquelle nous devons nous lever pour avoir notre bateau qui part pour la Dominique à 8h. Nous qui avions peur de nous réveiller à 4h du matin en ayant fini notre nuit, ce ne fut pas le cas !

Le petit-déjeuner n’est pas prêt, ils sont visiblement en retard et désagréables de surcroit… La tenancière a du décuver de la veille ! On mange en 4ème vitesse, de peur de rater la navette qui doit nous emmener au port maritime. Finalement, on aura le temps vu qu’ici on est en Guadeloupe et les horaires n’ont pas l’air d’être leur fort. Ca nous apprend à être patients, ce que nous n’avons plus besoin d’être en Métropole où tout est lié à la rapidité, efficacité, performance… Bref, le chauffeur finit par se décider à nous emmener au port. Là, nous apercevons, à notre grand désarroi, une foule immense et désordonnées se presser au guichet d’embarquement. Florian fait patiemment la queue tout en faisant connaissance avec un couple de Français d’une soixantaine d’années tandis que j’attends à l’écart, assise sur nos sacs à dos, afin d’épargner ma jambe.

La queue est longue et n’en finit pas, sans compter les locaux qui essaient de gruger quelques places sans vergogne. Finalement, au bout d’une bonne demi-heure d’attente, nous arrivons au guichet qui enregistre les bagages, comme dans l’avion (c’est ça qui prend un temps fou). Moi qui pensais qu’il serait simple ce petit trajet en bateau d’à peine 2 heures entre deux îles du bout du monde… Au moins, le douanier aura amené une bonne touche d’humour en regardant le passeport de Florian et lui demandant de dire son nom de famille, un sourire élargi sur sa face, avant d’éclater littéralement de rire quand Florian le lui dit innocemment. Visiblement, ils ne sont pas habitués à ce genre de consonance nordique !

Nous grimpons sur le bateau « Express des îles » que nous ne trouvons pas si rapide que ça pour le moment et dégotons deux sièges de libre à l’intérieur avec bien du mal, tout étant complet. Heureusement, ma béquille permet la compréhension de certaines bontés d’âme. Le bateau part enfin avec une bonne demi-heure de retard. Nous grimpons sur le pont admirer l’île que nous quittons déjà, afin de partir pour l’aventure sur une autre terre sauvage. LA Guadeloupe s’éloigne petit à petit, les moteurs rugissent à plein régime et nous filons dans l’écume des mers, les cheveux au vent et le sourire radieux. Dans les bras l’un de l’autre, Florian et moi nous délectons de ce moment hors du temps que nous vivons ensemble. Nous sommes tous deux des aventuriers mais c’est la première fois que nous vivons une aventure ensemble et j’en suis ravie !

Le bateau tangue sérieusement à cause de la houle et de nombreux passagers sont malades à l’intérieur. Pour ma part, mon estomac est bien accroché mais c’est mon genou qui me fait peur. Imaginez marcher en béquille sur un bateau qui tangue sans cesse de droite et de gauche, ça n’a rien dévident !

Le trajet se passe bien pour nous, ravis d’apercevoir enfin les côtes de la Dominique, une île semblant sortir tout droit du film « Jurassic Park » de par son côté sauvage, vert et vierge. Mais où allons-nous nous aventurer encore ? Cette île si sauvage m’aurait enthousiasmé le mois dernier encore, mais là, j’ai peur pour mon genou, peur d’avoir encore été inconsciente de partir à l’aventure sans filet et de m’en mordre les doigts. Dans cette île si montagneuse et vierge, vais-je pouvoir m’en sortir armée de ma seule béquille ? Bon, allez un peu de courage, ça va aller… Et je ne suis pas toute seule, Florian me protège ! J’admire cette île avec un mélange de fascination et d’appréhension jusqu’à ce qu’on arrive à Roseau, la capitale de l’île, là où nous débarquons. Et là, les problèmes ont commencé…

Déjà l’attente pour sortir du bateau alors qu’il est à quai depuis 30 minutes me semble interminable. Heureusement, il y a des sièges un peu partout. Nous sommes les derniers à descendre du bateau, n’ayant pas vraiment pressés le pas et nous retrouvons à la queue d’une foule de gens dans un couloir minuscule, sans pouvoir s’asseoir, à attendre… attendre... Et rien ne bouge. Comme nous arrivons sur un territoire non français, il faut passer l’immigration et la douane. On avait légèrement oublié ce détail. On n’y pense pas entre deux petites îles des Caraïbes aussi proches mais bon… C’est ainsi !

Donc nous attendons… Et ça ne viendrait à l’idée de personne de me faire passer en priorité vu mes béquilles et mon attelle… Je commence sérieusement à fatiguer à attendre debout comme ça. Enfin, nous finissons par entrer dans une grande salle avec une file de gens tout aussi longue, mais au moins il y a quelques chaises sur lesquelles je me précipite. Enfin un peu de répit ! Petit à petit, nous nous rapprochons  des douaniers qui nous semblent proches mais l’attente reste tout de même interminable. Ils mettent un temps fou à examiner les passeports !

Nous assistons au râlage d’un groupe de Françaises d’une soixantaine d’années qui trouvent ça inadmissible d’attendre aussi longtemps et le font bien savoir en gueulant et en essayant de gruger des places. Ca ne leur viendrait par contre pas à l’idée de me laisser passer vu mon état ! J’ai honte d’être française parfois… D’un sans gêne ahurissant, elles gueulent à tue-tête : « Quel pays de merde ! » alors que plein de locaux les entourent et attendent comme tout le monde, sans traitement de faveur.

Bref, nous arrivons ENFIN à faire tamponner notre passeport après une attente d’une bonne heure et demi, récupérons nos sacs à dos qui trainent pas terre et qui ont été un peu abimés par le transport et… on nous demande de refaire la queue pour passer la douane ! Là, je vois rouge… Je n’en peux plus, je suis morte de fatigue à essayer de tenir sur une jambe depuis des heures sans aucune aide de personne. Je fonce devant tout le monde, m’assois devant le douanier en lui expliquant que je n’en peux plus –ce qui est vrai- les larmes aux yeux. Il a l’air de me prendre un peu en pitié, nous valide notre carte sans nous fouiller nos sacs, et nous laisse passer. Enfin dehors ! Mon Dieux, ce n’était pas triste… Je suis crevée et il n’est que midi !

Un gars avec un panneau au nom de Florian nous attend à la sortie (certainement depuis longtemps). C’est le loueur de voiture. Il nous amène jusqu’à un 4x4 dans lequel nous montons tous puis il nous conduit jusqu’au bureau de location. Les papiers sont vite finalisés et Florian prend le volant qui se trouve…  à droite ! Et oui, on conduit à gauche en Dominique ! Une petite épreuve en plus… Mais il s’en sort impeccablement bien et nous conduit dans un petit restaurant en bord de route où nous dévorons du porc accompagné de riz, choux et salade. Ça fait du bien de récupérer quelques forces !

Nous reprenons la voiture et partons en direction du Nord de l’île où se trouve notre hôtel. En chemin, nous nous arrêtons sur une petite plage, toute mignonne, au bord d’un petit village où quelques touristes se font dorer la pilule. La plage est loin d’être bondée ! Je crois que nous ne serons pas gênés par les touristes, il me semble que peu d’entre eux viennent sur cette île qui reste malgré tout assez sauvage et difficilement accessible ! Tant mieux, nous sommes venus ici, entre autre pour fuir les vacanciers de Guadeloupe !

Nous ne nous baignerons pas cette fois-ci, les maillots se trouvant au fond de notre gros sac à dos, mais nous profitons du bruit des vagues avec grand plaisir. Ca y est, nous commençons à nous détendre ! Nous poussons ensuite jusqu’à la petite ville de Portsmouth et nous arrêtons au bord de la rivière indienne où nous attendent de petites barques pour nous faire naviguer sur l’eau douce qui chemine à travers la jungle. Un rasta nous aborde et nous grimpons sans sa barque qui nous amène à la rame retrouver le gardien du parc pour qu’il nous poinçonne nos billets – ce qui nous fera beaucoup rire d’y aller à la rame – puis nous glissons dans les méandres de la rivière, le rasta pagayant tranquillement tout en nous parlant de la faune et de la flore. La jungle est tout aussi impressionnante et magique ici qu’en Amazonie, ma plus grande expérience dans ce domaine. Des iguanes se cachent sur les branches d’arbre, de gros poissons filent dans l’eau boueuse sur notre passage… La forêt vit et nous la ressentons de toute sa force ! J’apprécierai juste un peu plus si notre guide ne faisait pas autant de bruit en nous parlant de plein de choses… C’est intéressant, mais pour moi la forêt se ressent, c’est tout…

Tout d’un coup, l’air se rafraichit et une grosse pluie tropicale déferle sur nous. Les grands arbres nous protègent en partie et nous pouvons apprécier cette atmosphère si particulière des pays tropicaux. Notre guide nous explique que la pluie ne dure pas ici et qu’on séchera aussi rapidement ! Beaucoup de scènes du film « Le pirate des Caraïbes » ont été tournées sur cette rivière, c’est drôle de s’imaginer des équipes de tournage s’affairer dans cet endroit si vierge et sauvage avec Johnny Depp pataugeant dans la gadoue.

Nous arrivons au bout de la rivière où se trouve un petit bar en bois au milieu d’un beau jardin fleuri entouré de magnifiques fleurs tropicales rouges. Nous nous laissons tenter par un petit cocktail et le savourons à l’abri en attendant la fin de la pluie. Ca y est, il fait de nouveau beau, nous remontons dans notre barque et rebroussons chemin tranquillement. Le guide ne parle plus, il nous a tout dit apparemment. Je savoure ce moment avec délice…

Revenus à la voiture, il est temps de trouver l’hôtel, je commence à tomber de fatigue ; la journée a été longue… La route est un peu difficile pour Florian, les chemins ne sont pas larges, il y a de gros nids de poule partout et un fossé à gauche. Et toujours cette maudite conduite à gauche qui complique drôlement les choses… Malgré tout ça, il s’en tire comme un chef ! Les paysages sont par contre superbes, nous nous enfonçons dans la jungle, une luxuriante végétation nous entoure de toute part, mais j’avoue être trop fatiguée pour apprécier le spectacle à sa juste valeur. Mes yeux se ferment tous seuls !

Nous arrivons dans un charmant petit village de pêcheurs qui se nomme Calibishie où se situe notre hôtel. Nous arrivons. Nous entrons dans une mignonne petite maison d’hôte avec notre chambre au premier étage qui donne directement sur la mer ! O joie ! La chambre est immense avec une belle terrasse qui permet de jouir en toute tranquillité d’une vue imprenable sur l’océan et ses rochers sauvages qui la parsèment ! Moi qui voulais entendre la mer en m’endormant, je vais être servie ! Nous posons nos affaires avec soulagement et prenons un moment pour nous reposer. Un autre déluge nous sort de notre torpeur. Quel plaisir d’entendre la pluie marteler le toit, la terrasse et pouvoir l’admirer tout en étant à l’abri !

Nous partons chercher un petit restaurant avant de sombrer dans le sommeil complètement (il n’est que 18h30 pourtant, mais j’ai l’impression qu’il est 2h du matin). Nous en trouvons un en bord de mer où on nous sert un délicieux plat de crevettes en sauce, mais en trop peu de quantité à mon goût. J’ai une faim de loup et je reste un peu insatisfaite. Tant pis, je suis de toute façon trop fatiguée… Allez, au dodo !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire