Route pour Fianarantsoa sous la grisaille et la pluie.



06/08/13

  Il ne fait guère plus beau à notre réveil ce matin, on dirait que cette pluie d’automne tombe sans discontinuer depuis deux jours. Après le petit déjeuner, nous empaquetons nos affaires rapidement et partons à la recherche d’un taxi-brousse qui part pour le Sud, en direction du soleil, espérons-le !

  Nous en trouvons un déjà bondé, ce qui nous convient parfaitement puisque ça nous évitera de faire le tour de la ville durant deux heures pour le remplir. Hop, on saute dedans, les jambes ratatinées contre le siège de devant, et c’est parti. En effet, on part aussitôt, le taxi-brousse étant plein. Un Malgache assis à côté de Flo cherche à discuter avec nous et Flo répond gentiment à ses questions. Contrairement aux Indiens, les Malgaches ne sont pas inquisiteurs dans leur conversation et savent s’arrêter si nous le leur faisons comprendre poliment. Mais là, sur 5h30 de route, nous n’avons que ça à faire, de discuter et Flo se prête volontiers au jeu. Moi je me contente de regarder par la fenêtre du taxi-brousse et mon moral dégringole doucement au fur et à mesure du trajet. Cette route réputée pour être superbe et nous montrer les plus beaux paysages de Madagascar gardera bien ses trésors aujourd’hui. Il continue de pleuvoir sans discontinuer sous un ciel bas et gris qui nous empêche de voir à plus de 50 m. Ce crachin qui nous tombe dessus depuis 2 jours commence à sérieusement atteindre mon humeur. Nous sommes censés être en saison sèche ! C’est quoi la saison humide pour eux, ça ne peut pas être pire que ça. Ca fait juste 2 jours qu’on n’a pas vu un seul rayon de soleil ! Et nous ne sommes clairement pas équipés comme il faut en vêtements. J’ai juste un pull mais ça fait déjà 4j que je le porte jour et nuit (les chambres n’ont pas de chauffage ici), il m’en faudrait déjà un 2ème pour ne pas geler dans le taxi-brousse. De plus, il commence à être sale et à puer mais je ne peux pas le laver, j’en ai besoin tout le temps ! Bref, je ne m’attendais vraiment pas à ce type de climat et je ne suis clairement pas assez couverte. Et je n’ai pas encore trouvé de magasins de pulls ici ! Au secours… Du coup, je traîne un rhume depuis notre arrivée qui ne veut pas passer. C’est en pensant à toutes ces considérations bassement matérielles que nous crevons. V’la autre chose ! Mais en 10 mn, la roue est changée sous la pluie et le bus repart. Efficaces ces Malgaches !

La route jusqu’à Fianar est moins bonne que les précédentes et beaucoup de nids de poule nous ralentissent. De plus, ils ont réussi à insérer 24 passagers dans ce taxi-brousse (en nous comptant nous les deux géants), au lieu des 16 habituels (alors qu’on trouvait déjà qu’ils entassaient le monde). Forcément, ça roule moins vite comme ça mais nous finissons par arriver à destination, sans autre souci. 

  Une fois échappés de notre boîte à sardines, nous avons juste le temps d’inspirer une bouffée d’air et plusieurs taxis nous sautent dessus pour nous proposer leurs services. Je crois toutefois que mon air peu aimable, à la limite de l’impolitesse, a rapidement calmé leurs ardeurs et les a convaincus qu’il fallait nous laisser tranquilles. Merci, je ne suis en effet pas d’humeur…

  Il est 15h et nous n’avons pas déjeuné, le taxi-brousse ne s’étant étonnamment arrêté nulle part pour restaurer ses passagers. Nous nous arrêtons dans un restaurant vide et je décide de commander un plat malgache. Funeste erreur… Mon porc aux blettes est absolument infâme et immangeable ! Pourtant j’ai si faim ! Flo me donnera gentiment la moitié de son steak de zébu qui ne nous sustentera que partiellement, mais bon ! C’est la dure vie de voyageur !

  Un couple de Français débarque aussi au restaurant et nous faisons rapidement connaissance. Ils ont la même impression que nous de leur voyage : déçus par le temps. Et ils sont encore moins bien équipés que nous contre le froid, c’est peu dire ! Ils cherchent eux aussi à descendre le plus rapidement possible dans le Sud pour trouver le soleil. Nous ne ferons pas le voyage en train jusqu’à Manakara à cause du temps. Si c’est pour se taper 9h de train dans un sens, idem dans l’autre pour ne voir que du brouillard, non merci !

  Après notre frugal repas, nous partons dans la ville haute chercher des agences de trekking pour organiser la suite de notre séjour dans les parcs nationaux du sud. On en a un peu marre des taxis-brousse pour être francs et nous payer le luxe d’un 4x4 qui nous balade partout n’est pas pour nous déplaire. D’ailleurs, nous réservons pour le lendemain une excursion dans le parc de Ranomafana pour voir des lémuriens. On risque de le faire sous la pluie mais on ne peut pas non plus tout boycotter à cause du temps ! La ville de Fianar ne m’emballe pas à première vue. Beaucoup de bâtiments semblent à l’abandon, les grandes rues passantes sont assez dénuées d’intérêt. Pour la première fois, j’ai vraiment l’impression de me trouver dans une ville en déchéance… Les mendiants sont plus présents qu’ailleurs, surtout des enfants pieds nus et en haillons qui demandent de l’argent, cheveux en bataille, pas lavés depuis des lustres. Nous assistons à un retournement de mort, ce qui accentue l’idée lugubre que je me faisais déjà de cette ville. Contrairement à Flo qui s’y sent bien, moi je ne m’y sens pas du tout à l’aise… Je me demande si ça a changé depuis que mes parents y ont vécu et si oui, à quel point !

  Nous retrouvons ensuite nos deux amis français, Elodie et Julien, pour l’apéritif dans le même restaurant que ce midi. Nous nous racontons nos voyages et passons un bon moment autour d’un vin blanc malgache assez bon. Je teste ensuite la fondue bourguignonne au zébu avec quelques craintes sur le résultat mais je suis agréablement surprise cette fois : c’est très bon ! Mes convives préfèrent se cantonner aux valeurs sûres : les pizzas. Nous faisons également connaissance avec le vin blanc malgache qui, contre toute attente, nous plaira pas mal. Nous ne nous attendions pas à tant de saveur !

  Nous finissons par retourner à notre hôtel vers 22h (une heure bien tardive pour nous) et je réussis à convaincre Flo d’y aller à pied (l’hôtel se situe à moins de 100m) alors qu’il voulait appeler un taxi. Je sais qu’il ne faut pas se promener la nuit mais tout de même… Allez hop, au dodo dans notre frigo moins bien insonorisé que les autres hôtels précédents qui étaient étonnamment calmes (mais glacials aussi). Le portail coulissant qui laisse entrer les voitures dans le parking de l’hôtel nous fait faire des bonds à chaque fois. Allez, bonne nuit !



Ambositra et son artisanat.



05/08/13

  Nous avons encore fait une nuit de 12h, quel bonheur ! Bon, par contre, c’est difficile de sortir du lit ce matin à cause du froid dehors. On est bien sous les trois couvertures !

  Petit déjeuner pris, nous retrouvons nos deux pousse-pousse qui nous attendent de pied ferme devant notre hôtel pour nous emmener à la gare de taxi-brousse. On grimpe dans le minibus en prenant soin de choisir des places correctes pour mon genou puis on patiente… Deux heures plus tard, nous sommes toujours en train de faire le tour d’Antsirabe afin de remplir le bus. Ce qui n’est pas aisé, il est à moitié vide ! Au moins, on aura visité la ville dans ses moindres recoins… au moins dix fois ! Mais nous commençons à perdre patience…. Rouler vers une destination, même si c’est long, est plus facile que de tourner en rond ! Ça me rappelle Flores en Indonésie où nous n’en pouvions plus de faire le tour des villages durant des heures en attendant que le bus se remplisse. Sauf qu’en Indonésie, on avait chaud ! Là, avec mon bonnet vissé sur ma tête que je garde à longueur de journée, je commence à grelotter dans ce taxi-brousse aux vitres qui ferment mal. Heureusement, une fois le bus plein, on se tient chaud, serrés comme des sardines. Ils ont déplacé Flo devant, près du chauffeur, calculant qu’ils pourraient ainsi entasser deux personnes au lieu d’une à sa place. Forcément, il fait office de géant pour les Malgaches qui sont du genre rasibus…

  Nous quittons enfin Antsirabe avec une joie non dissimulée pour tous les passagers sous un ciel gris parsemé d’averses. On dirait du crachin normand ! Ben ça, je ne m’attendais pas à un temps pareil. Les paysages traversés perdent de leur attrait sous cette grisaille, nous empêchant d’en profiter pleinement. Après un arrêt pour déjeuner avec du riz-porc-petits pois (que j’ai finalement préféré à mon ragout d’hier soir) nous arrivons à Ambositra, connue pour son artisanat malgache. Finalement, nous aurons mis autant de temps à tourner en rond dans Antsirabe qu’à effectuer le trajet jusqu’à Ambositra… je suis lasse. Le village étant peu étendu, nous décidons d’aller à pied jusqu’à notre hôtel. La pluie rend les chemins de terre boueux, les Malgaches y pataugent parfois sans chaussures. Le temps maussade n’aide sûrement pas mais nous trouvons cette vision plutôt triste. La rue est boueuse, les échoppes n’abritent pas beaucoup les commerçants, les habitants sont peu ou mal vêtus pour ce type de température ni pour la pluie. Nous arrivons à notre hôtel qui fait figure de palace comparativement à ce qu’on vient de voir et nous ne nous sentons nullement mieux. Par contre, la chambre est aussi froide qu’un frigo et je me couche sous les couvertures, gardant mon bonnet, pour tenter de retrouver un peu de chaleur. Il doit faire dix degrés à l’extérieur à peine et guère plus dans la chambre… alors qu’il est 15h de l’après-midi !

  Un peu réchauffés,  nous partons visiter le village. Plusieurs petits magasins d’artisanat se succèdent et j’ai l’impression de me retrouver dans le salon de mes parents ! Ils ont ramené beaucoup d’objets malgaches en France après leur séjour de dix ans ici et me retrouver au début de la chaîne de ces objets qui ont rythmé mon enfance, ça me fait vraiment drôle ! Des bouliers par ci, des statues par-là, des chaises longues en bois, des totems malgaches …Ah, j’adore ! J’achèterais tout le magasin si je pouvais ! Mais tous ces objets sont lourds et nous avons encore beaucoup de voyage à faire. Nous verrons à Tana au retour !

  Nous rentrons nous reposer et nous réchauffer à l’hôtel, ce village et ce temps nous rendent un peu tristounets malgré tout. Vivement un beau ciel bleu, déjà ça irait mieux ! Après un repos salvateur, nous décidons de ne pas trop braver le froid à travers le village à chercher un restaurant et optons pour dîner à l’hôtel. Malgré tout, nous arrivons frigorifiés au restaurant et commandons aussitôt une soupe chaude pour nous remettre. Ah, enfin nous retrouvons des couleurs en buvant ce mets brûlant et nous pouvons envisager d’enlever veste et bonnet. Je me régale ensuite d’un curry aux crevettes tout en testant le vin rouge (pas terrible), le tout suivi d’une banane flambée au rhum qui finit de nous réchauffer entièrement. Deux musiciens accompagnent notre repas en blouson et bonnet, avec un air aussi frigorifiés que nous. On se sent moins seuls ! Bizarrement, la salle de restaurant est remplie de touristes, nous qui n’en avons croisé aucun depuis le début. C’est dans ce petit village que nous les retrouvons tous ! Ou bien c’est le seul resto ouvert ce soir… Au lit maintenant, retournons dans notre frigo !

Rizières de Betafo



04/08/13

  Le réveil sonne à 8h nous réveillant en sursaut après 11h de sommeil réparateur. Ah, on se sent en forme ce matin ! Il vaut mieux, nous avons réservé des vélos hier pour nous promener dans la région. Espérons que mon genou tiendra le choc !

  Après le petit déjeuner, nous enfourchons nos vélos et prenons la route de Betafo, but de notre périple pour la journée. Il est agréable de pédaler sur des routes asphaltées avec peu de trafic. Moi qui n’aime pas trop le vélo, je dois avouer que c’est très chouette dans ces conditions.

  Nous nous arrêtons à un petit lac qui se situe peu après la sortie d’Antsirabe. Il est mignon mais nous décidons de ne pas perdre trop de temps à en faire le tour, nous préférons continuer notre route. Nous traversons des rizières, croisons nombre de chariots tirés par des zébus, admirons des femmes qui lavent leur linge dans l’eau boueuse. Les scènes de vie étonnantes à Madagascar ne manquent pas et nous réjouissent au plus haut point. Ce pays a vraiment l’air figé dans le temps !

  Tranquillement, en pédalant à notre rythme sur la route plate, nous arrivons au bout de nos 22 kms de trajet jusqu’à la petite bourgade de Betafo. Ouf, il est temps de s’arrêter, mon genou crie grâce ! Nous attachons nos vélos à un poteau puis nous nous engageons sur un chemin de terre à pied afin d’aller voir le lac, sans grand intérêt il faut l’avouer. Nous continuons notre chemin et trouvons une petite butte surplombant de magnifiques rizières où nous nous arrêtons pour pique-niquer. La vue est sublime, nos sandwiches achetés dans une boulangerie à Antsirabe sont bons et nos petites bananes complètent cet agréable repas. 

  Ainsi repus, nous continuons notre petite randonnée à travers les rizières, nous émerveillant à chaque mètre du paysage qui s’offre à nous. Nous croisons de nombreux Malgaches qui agrémentent notre passage de beaux sourires. Tous les gens que nous croisons depuis notre arrivée sont d’une gentillesse rare et nous accueillent sans cesse avec un grand sourire. Je décrète solennellement que Madagascar est le pays du sourire ! Voilà, c’est dit.

  Alors que nous traversons un petit village de campagne, les enfants visiblement heureux de nous voir nous saluent avec de grands « bonjour » tout en éclatant de rire ! Il n’y a aucune mendicité ici ni malice… juste des sourires édentés qui sont heureux de nous voir ! C’est un réel bonheur pour nous aussi de répondre à leur euphorie ! Les enfants se prévenant les uns les autres, nous sommes plus ou moins attendus d’un village à l’autre, au grand plaisir des grands et des petits. Nous nous promenons dans un paysage magnifique, accompagnés de Malgaches adorables. Que demander de plus ? 

  Nous retournons dans le village de Betafo retrouver nos vélos qui nous attendent sagement après 3 bonnes heures de marche. Ça en valait la peine en tout cas ! Quelle magnifique après-midi tant visuellement que sur le plan relationnel ! N’ayant aucune envie de nous taper la route de retour jusqu’à Antsirabe en vélo (en plus, ça monte avec le vent de face), nous nous rendons au taxi-brousse, mettons les vélos sur le toit et grimpons dans cette cage à lapins. Je me retrouve les genoux sur le menton, serrée comme jamais je n’aurais cru l’être un jour, avec le siège du devant qui me rentre dans le genou malade à chaque freinage. Finalement, j’aurais peut-être préféré le vélo ! Enfin, heureusement le trajet n’est pas trop long mais je ressors de cet engin de malheur tout endolorie.

  Nous rapportons les vélos à leur propriétaire puis je supplie Flo de prendre un pousse-pousse pour rentrer à l’hôtel. Certes mon genou me fait mal mais la véritable raison c’est qu’ils me font de la peine à nous poursuivre en courant pour qu’on monte dans leur carriole. Ils ont besoin de gagner leur pain et ce n’est pas avec le nombre de touristes qu’on a croisés ici qu’ils vont manger à leur faim. Heureusement que les Malgaches aiment se faire véhiculer de cette façon également. Nous rentrons à l’hôtel avec Monsieur n°3 qui ne nous a pas lâchés depuis notre arrivée à Antsirabe avec son touchant sourire. Comment lui résister plus longtemps ? Et contrairement à d’autres pays, ils ne sont pas agressifs dans leur approche, ils savent se faire discrets mais ne sont jamais loin de nous en cas de besoin !

  Nous prenons une bière sur la terrasse de l’hôtel avec le peu de soleil qui continue à s’estomper doucement. Après une bonne sieste, nous retrouvons Monsieur n°3 accompagné de son collègue n°13 et ils nous emmènent en pousse-pousse à un restaurant du centre. Nous pourrions y aller à pied mais nous préférons être accompagnés une fois la nuit tombée. Même si franchement je ne me sens pas du tout en insécurité dans cette ville, même la nuit !

J’essaie le ragoût de zébu mais je ne suis vraiment pas convaincue et passe le dîner à regarder l’assiette de Flo avec envie. Nous sommes seuls dans le restaurant, assis sur des banquettes de pousse-pousse (originalité de l’endroit). Mais où sont les touristes ? Nous nous faisons raccompagner par nos pousse-pousse à notre hôtel, engoncés dans nos vestes et les bonnets vissés sur la tête pour braver le froid nocturne. Ouh, vivement le Sud où il fera chaud ! Brrr… Bonne nuit !

Pèlerinage à Antsirabe



03/08/13

  Nous ouvrons un œil vers 10h après avoir bien récupéré de notre nuit hachée. La chambre était calme, un vrai bonheur (même à Aix c’est plus bruyant…). Nous petit-déjeunons de crêpes à la confiture de goyave, viennoiseries, salade de fruits et jus de mangue, un délice !

  Nous décidons de partir de Tana aujourd’hui même, n’ayant pas envie de rester dans une grosse ville, ce n’est pas ce que nous sommes venus visiter ici. D’autant plus que nous y reviendrons pour notre vol de retour, nous verrons à ce moment-là ! Nous sautons dans un taxi pour qu’il nous emmène à la gare des taxis-brousse. N’ayant aucune idée à quoi ressemblent ces fameux taxis-brousse dont j’ai tant entendu parler lors d’histoires familiales, je trépigne d’impatience à l’idée d’en rencontrer un pour de vrai et même d’avoir le droit de monter dedans… J’avoue être un peu déçue de découvrir le minibus…Quel nom romantique pour un vulgaire minibus blanc ! Je m’imaginais un véhicule plus aventurier, à la Indiana Jones, une sorte de jeep entourée de feuilles de bananiers… Enfin bref… Les chauffeurs nous sautent évidemment dessus pour qu’on monte dans leur véhicule, sachant très bien que, malgré le plus farouche marchandage, nous leur donnerons toujours plus que les locaux…

  Ca y est, nos sacs à dos sont accrochés sur le toit du taxi-brousse, nous n’avons plus qu’à attendre qu’il se remplisse. J’en profite pour demander les toilettes, un jeune Malgache m’y accompagne gentiment. Je reste médusée quand on me demande sur place si c’est pour « pipi » ou « caca »… La grosse commission est plus chère que la petite ! J’éclate de rire, faisant rire tout le monde autour de moi. J’adore les Malgaches !

  Ca y est, le taxi bus démarre, à quatre sur une banquette de trois, autant dire qu’on est serré… Je me retrouve dans un trou mais heureusement, ils ont tout prévu et on me donne un joli coussin pour combler le trou… Par contre, il me manque un dossier mais là ils ne peuvent rien faire pour moi. Dommage ! Le trajet de 3h30 en taxi bus, serrés comme des sardines sinon pire, ne me semble  pourtant pas si long que ça : il y a tant de choses à voir ! J’admire les gens du bus, certains transportant des bébés qui ne bronchent pas de tout le voyage. Je regarde à travers la fenêtre les scènes de vie malgaches, les paysages… Les rizières n’apparaîtront qu’à notre arrivée à Antsirabe, avant ça nous traversons plutôt une grosse périphérie de Tana, j’ai l’impression. Je suis sidérée par le nombre d’arrêts de police que nous devons effectuer durant le trajet. Ils ont contrôlé les papiers du taxi-brousse au moins une dizaine de fois, un fusil attaché en bandoulière et le regard noir. Ca ne donne pas envie de se balader dans son propre véhicule !

  Le bus s’arrêtera pour que ses passagers puissent se restaurer un peu. Nous tentons une soupe de poulet absolument infâme que je n’ai pas pu finir (espérons qu’on ne tombera pas malade !) et du riz cantonais plus mangeable. A peine restaurés, nous remontons dans le taxi- brousse et arrivons une heure plus tard à Antsirabe. Antsirabe, une ville au nom chantant qui m’a bercée toute mon enfance. Mes parents ont vécu dans cette ville, y ont travaillé. Ils ont foulé cette même terre que moi maintenant, 30 ans en arrière… Ça me fait tellement drôle d’être là moi aussi à présent ! Sans cesse, je m’imagine mes parents dans la même situation que nous, devant résoudre les mêmes problèmes d’orientation, de nourriture…

  Donc, arrivés à la gare d’Antsirabe, nous sommes bien évidemment assaillis par des pousse-pousse qui veulent nous transporter jusqu’à notre hôtel. Mais les pauvres tirent leur charrette à pied, je ne me vois pas les laisser nous porter, nous deux plus nos lourds sacs à dos ! Nous pesons notre poids, deux grands machins comme nous ! Nous optons pour une carriole tirée par une bicyclette qui nous paraît plus adaptée à notre cas. Elle nous emmène à notre hôtel, le Trianon, une jolie bâtisse coloniale aux allures de manoir ! Je ne suis pas habituée à prendre d’aussi beaux hôtels en voyage mais Florian décrète qu’il a passé l’âge de dormir dans des cagibis. Soit ! Je ne m’en plains pas… Et vu la fraîcheur de la soirée, une douche chaude ne sera pas du luxe !

  Nous nous installons dans notre jolie chambre, puis partons visiter la ville sous un soleil déclinant aux reflets orange qui illuminent la ville. Antsirabe est vraiment une charmante localité, nous nous y sentons tout de suite bien. Nous trouvons l’école française où ont travaillé mes parents, je suis tout émue de les imaginer là ! La ville est plutôt calme sans trop de trafic, à notre grand soulagement. Les gens se déplacent beaucoup en vélo ou en pousse-pousse, ce qui contribue à ce sentiment de sérénité. Je dirais qu’Antsirabe semble figé dans le temps avec son marché local de fruits, légumes et viandes infestées de mouches. De petites échoppes bordent la rue, quelques jolies bâtissent agrémentent la vue. Nous descendons jusqu’au lac bordé de cabanes miséreuses tout autant que de belles demeures. Le coucher de soleil se reflétant dans l’eau y est superbe ! Nous revenons à l’hôtel en passant par cette magnifique Grande Avenue (c’est son nom) qui mène à la gare ferroviaire (où plus aucun train de voyageurs n’arrive) ornée d’une façade magnifique. J’aime cette ville !

  Nous nous reposons dans la chambre puis dînons à l’hôtel qui possède un restaurant plutôt chic. En entrée, nous prenons du crabe gratiné à la crème de ciboulette, puis un exquis filet de zébu. Nous finirons en beauté par des bananes flambées délicieuses. Quel régal !

  Par contre, en revenant dans notre chambre, la température ayant chuté drastiquement, nous nous couchons totalement frigorifiés sous 3 tonnes de couvertures ! Qu’il fait froid ici en hiver !  Moi qui m’étais toujours imaginée qu’on mourait de chaud à Madagascar… Encore un mythe qui s’écroule ! Mais beaucoup d’aspects de cette ville sont également au-delà de mes espérances. Bonne nuit !