Le 18 juillet 2011
Oh tellement de choses ont changé depuis mon dernier écrit que je ne sais même plus par où commencer… Ma vie change, s’accélère, modifie sa course pour mieux rebondir. Quelle étrangeté que la vie certaines fois ! Sa destinée est imprévisible…
Donc, essayons de commencer par le commencement. Il y a 6 mois de cela, j’ai fait la rencontre d’un Marseillais durant des vacances à Miami pour fêter le jour de l’an avec des amis. Nous nous sommes plu, mais il me semblait à l’époque que ce n’était qu’une histoire de vacances, une amourette furtive de voyage, or je me suis visiblement trompée. Il est revenu me voir à Montréal depuis, je suis allée le retrouver 3 semaines dans le Sud de la France et une vraie idylle a commencé… Toutefois, la distance nous séparant, il devenait difficile de supporter l’éloignement sur de longues périodes. Après plusieurs mois de réflexion, j’ai donc décidé de quitter le Québec en août afin d’aller m’installer de nouveau en France, dans le Sud cette fois. Ma décision a été accélérée par des soucis familiaux qui m’ont juste prouvé que j’étais loin des miens et que ça me manquait trop.
Me voilà sur la dernière ligne droite de ma vie à Montréal; dans 2 semaines à peine je m’envolerai pour la France afin de recommencer une nouvelle vie, tout recommencer à zéro dans une nouvelle contrée (même si c’est mon pays, je me sens un peu démunie après 4 ans d’expatriation), me faire de nouveaux amis, rechercher un travail, un appartement (oui, je vais habiter seule, au moins au début)… Je suis à la fois excitée à l’idée de me refaire une autre vie et en même temps apeurée par toute l’énergie que je vais devoir dépenser pour me reconstruire une vie. Pour l’avoir fait un certain nombre de fois, je sais qu’il n’est pas aisé d’arriver dans une ville inconnue… Je dois me faire des repères, m’approprier l’endroit, trouver mes marques, ça ne se fait pas en deux jours, loin de là ! Sans parler de tout le réseau social à reconstruire… J’avoue que ça me fatigue un peu d’avance ! Et en même temps, je sais que c’est mon chemin, c’est une intuition très forte et raisonnée. Il faut que je le fasse, que ca se passe bien ou pas avec Jean-Paul, que j’aime ou pas de nouveau la France, il faut que j’essaie. Il faut que je replonge dans mes racines, que je vive ce déracinement encore une fois pour répondre à mes questions qui restent latentes depuis 4 ans maintenant. J’ai toujours eu dans la tête de revenir un jour en France et je crois que tant que je ne l’aurai pas fait, il ne me sera pas possible de m’établir vraiment ailleurs. Peut-être ne me plairai-je pas dans mon pays natal ? Peut-être, après avoir connu un autre monde, une autre façon de vivre, sera-t-il difficile pour moi, voire même impossible, de revenir à mes sources natales. Parfois, quand on voit la différence qui peut exister ailleurs, on arrive moins à se contenter de certaines choses qui nous paraissaient normales avant, puisqu’on sait que ça pourrait être autrement… en mieux ! Ou peut-être tout simplement que je vais me sentir chez moi de nouveau, que je vais pouvoir apprécier ce qui me manquait tant au Québec et que je pourrai être heureuse d’être enfin de retour à la maison ! Tout est possible… Et ce sera le bon chemin pour moi quoi qu’il arrive.
Je garde tout de même un coussin ici au Québec puisque j’ai acheté un appartement en début d’année. J’ai décidé de le garder et de le louer pour le moment. J’ai trouvé un charmant couple de Français comme locataires et tout se passe à merveille! Je suis en plein dans les préparatifs de départ : changement d’adresse, de sécurité sociale, de santé, les assurances en tout genre, la banque… Bref, c’est du souci ! J’ai donné ma démission au travail alors que je venais d’être embauchée chez eux en tant qu’employée (j’étais à mon compte auparavant), mais le cœur a ses raisons que la raison ne peut comprendre… Ce n’est pas facile de me dire que je vais quitter mes collègues qui sont devenus des amis depuis toutes ces années. Ni mon travail que j’affectionne particulièrement ici… Je sens que ces prochains jours vont être chargés en émotions ! Je commence d’ailleurs les soirées de départ et c’est déjà difficile ! Même si je suis habituée à dire adieu aux gens depuis le temps. Pourtant, on dirait que c’est de plus en plus pénible au fur et à mesure que les années passent!
Toutefois, pour me sortir de tous ces préparatifs un peu rébarbatifs, je continue mes petits accès de folie en matière de voyages depuis peu. Je suis allée, durant un voyage éclair de 3 jours, faire une surprise à Jean-Paul en débarquant chez lui du côté d’Aix en Provence sans crier gare ! Il a été bien surpris et très heureux de me voir (il avait intérêt vu toutes les heures de vol que j’ai effectuées depuis Montréal pour ma surprise de quelques jours !). Nous étions tellement heureux de nous revoir après plus d’un mois d’absence ! Ce n’est vraiment pas évident l’éloignement de la sorte… Du coup, il m’a emmenée partout, sur la plage, danser, manger dans de succulents restaurants, c’était la fête !
Il m’a ensuite bien rendu mes efforts de nombre d’heures de vol en venant jusqu’à Las Vegas me rejoindre la semaine suivante ! De Montréal, cette ville n’est qu’à 5h d’avion, mais de France… ce n’est vraiment pas la porte à côté… Nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Las Vegas, lui venant de Paris, moi venant de Montréal, une rencontre inusitée au milieu du désert du Nevada, dans cette citée futuriste ! Déjà de l’avion, j’ai pu apercevoir cette région aride et désertique, craquelée en son sein, rouge de poussière où aucune végétation n’arrive à se frayer un chemin. Et là, au milieu de nulle part, surgit cette oasis vivante, ce poumon de vie et de lumière qui s’étend comme une toile d’araignée sur cette terre pourtant si sèche autour. Accrochée à mon hublot, je ne perds pas une miette de mon arrivée à Las Vegas, me demandant vraiment où j’atterris, si je suis au milieu d’un paradis ou d’un enfer ! Quelle drôle d’impression que cette ville factice qui ne semble pas être à sa place dans ce désert de solitude ! Et ce n’est pas une ville comme les autres, elle grouille de luminosité, de gratte-ciels, de monde partout. Quelle étrangeté l’homme a bien pu encore inventer là ?
Je retrouve avec bonheur mon homme à l’aéroport et nous partons ensemble vers le centre-ville en taxi. Le peu d’extravagance que nous voyons de la voiture suffit déjà pour me dire que c’est encore plus délirant que je ne me l’étais imaginé ! Ca promet ! Arrivés à l’hôtel Venetian (hôtel de Venise), nous entrons dans un hall magnifique avec une fontaine à l’intérieur, un hall d’entrée décoré avec goût dans des teintes vénitiennes. Tout est grand, immense, magnifique et bourré de monde ! Nous attendons un bon moment en faisant la queue derrière plusieurs dizaines de personnes afin qu’on nous donne la clé de la chambre, puis devons traverser tout l’hôtel, ce qui nous prend presque 10 minutes de marche en tirant nos valises, afin d’attendre notre nid. Toutefois, la surprise est grande d’entrer dans une magnifique suite au 36eme étage de l’hôtel, avec une vue imprenable sur la ville éclairée de mille feux. Un grand lit king size trône dans la pièce et un petit salon nous permet d’admirer la vue sur de confortables canapés. Sans parler de la salle de bain, un havre de luxe inoubliable ! Je ne pensais pas avoir l’opportunité un jour de dormir dans une telle chambre d’hôtel ! C’est bien loin de mon ashram en Inde tout ça… Ravis, nous ne pouvons toutefois pas trop jouir de la chambre ce soir, nous sommes attendus pour un spectacle du cirque du soleil et n’avons toujours pas mangé (surtout moi, il n’y avait rien à grignoter dans l’avion). Après une rapide collation, nous allons admirer les trapézistes, contorsionnistes, clowns et j’en passe, le tout sur le thème de l’eau, des danseuses de nage synchronisée agrémentant le spectacle pour le plaisir infini de nos yeux ébahis ! Un superbe spectacle absolument magique et grandiose ! Tout ici à Las Vegas a l’air majestueux, les moyens mis pour épater la galerie ne semblant avoir aucune limite ! Nous partons ensuite assister à un concert live de pianistes où, une coupe de champagne à la main, nous pouvons apprécier les airs connus et méconnus de ces artistes talentueux. Il est temps d’aller se coucher à présent, nous sommes éreintés par le voyage !
Nous passons les deux jours suivants à visiter les hôtels, tous plus majestueux, luxueux et complètement déjantés les uns que les autres. Ils se situent tous sur la même rue, appelée le Strip, mais étant donné la taille des hôtels, il faut faire des kilomètres à pied pour pouvoir passer de l’un à l’autre ! Ca parait toujours proche à l’œil nu, mais nous sommes constamment surpris de mettre autant de temps pour arriver jusqu’à notre destination finale ! Et c’est avec les jambes dans les talons que nous finissons en général la journée… Nous visitons la pyramide de Louxor, la Tour Eiffel de Paris et ses cafés en terrasse, le Caesar Palace de Rome avec ses statues de la mythologie, le Vénitien et ses gondoles de Venise, les fontaines du Bellacio montant aussi haut que l’hôtel qui possède une soixantaine d’étages, le château Excalibur… Tous ont leur particularité, leur décoration personnelle toujours surprenante et grandiose sur un thème précis avec comme dénominateur commun, d’immenses casinos au sous-sol, cachés de la lumière du jour afin de perdre la notion du temps lorsque l’on joue. En ce qui nous concerne, nous avions tellement de choses à voir et à faire que nous n’avons pas trouvé un moment pour jouer ! Un comble à Las Vegas… Il faut dire que nous ne sommes joueurs ni l’un ni l’autre…
Souvent, nous finissions éreintés au bord de la piscine afin de nous reposer un peu, mais il fallait ne pas trainer afin d’assister au spectacle du soir. Nous verrons « Le fantôme de l’opéra » (plutôt décevant) et un spectacle original des « Blue Man Show » qui nous impressionnera beaucoup par ses performances musicales et de lumière. Attirés par le spa de notre hôtel, nous nous laisserons aussi tenter par un peu de relaxation à l’intérieur. Nous n’avions juste pas prévu que l’endroit n’était pas mixte et c’est chacun de notre côté, sans pouvoir nous parler que nous avons pris un peu de temps pour être au calme. Le spa était par contre divin ! Le luxe étant toujours de mise pour chaque installation, nous entrons dans une atmosphère calme et sereine où un superbe spa bouillonnant nous fait flotter de plaisir, des hammams aux senteurs exotiques nous embaument le cœur et l’esprit, des douches froides appelées igloo me font hurler de joie comme une enfant après avoir transpiré dans la chaleur moite des hammams, les douches chaudes tropicales me ramènent un instant en Amazonie, les sons des oiseaux sortant des murs humides… Je me crois au paradis ! Une salle où se trouvent des fauteuils horizontaux nous permet d’admirer des lumières de vagues semblant onduler véritablement sous nos yeux. Une véritable oasis de paix et de sérénité et ce n’est pas du luxe après toutes ces turbulences qui nous sont assenées continuellement à Las Vegas.
J’avoue avoir sous-estimé Las Vegas pour son côté bruit, lumière, stimulations diverses et variées en tout sens. Même si je suis ravie d’avoir vécu cette expérience, j’ai l’impression que ce n’était peut-être pas le bon moment pour nous. Nous avions besoin de nous retrouver, de nous reconnecter ensemble, et je m’en aperçois seulement maintenant… d’être au calme ! Ce qui est tout le contraire de Las Vegas bien entendu ! Bon, tant pis ! L’expérience est formidable tout de même et je m’étais toujours dit que je ne partirais pas de Montréal sans avoir vu Las Vegas ! Eh bien, promesse tenue… Nous sommes allés manger dans des restaurants exquis, à la nourriture délicieuse révélant le talent de grands chefs culinaires renommés. Le soir toutefois, nous n’arrivions pas à veiller assez tard pour profiter des activités nocturnes proposées partout. Vers 22h, nous piquions systématiquement du nez, au point de n’avoir d’autres choix que d’aller nous coucher, réussissant difficilement à atteindre la chambre tant les dédales de couloirs à traverser avant d’y arriver sont parfois longs. On se sentait presque vieux !
Le dernier jour, Jean-Paul m’a fait une incroyable surprise qui nous a permis de sortir un peu de cette ville tourmentée. Une limousine est venue tout d’abord nous chercher à l’hôtel, ce qui constituait la première surprise, et de taille, étant donné que c’est la première fois que je monte dans ce genre de véhicule ! Affalés sur les sièges en cuir, nous admirons la longueur de cette voiture de luxe, où un minibar est disponible à l’intérieur ! Mon dieu, quel honneur de pouvoir accéder à de telles faveurs pourtant réservées aux stars d’habitude ! Puis, la limousine nous conduit à l’héliport où un hélicoptère nous attend pour nous emmener au Grand Canyon !!! Ouahhhhh, quelle superbe surprise ! Je n’en reviens pas de pouvoir accéder à tant de luxe que je ne me serais même pas permis en rêve ! Je me trouve extrêmement chanceuse en ce moment et il faut que je l’apprécie à sa juste valeur ! Nous grimpons dans l’hélicoptère, Jean-Paul et moi devant, aux premières loges, puis décollons doucement, les hélices tournant à plein régime pour nous permettre de nous envoler. Je suis aux anges, j’ai tout simplement l’impression de rêver ! Et voilà que nous prenons de l’altitude, pouvant admirer le Strip du ciel tout en prenant la direction du désert.
Nous sortons rapidement des entraves de la ville et le désert aride et chaud s’étend à présent devant nos yeux. Des couleurs orangées, rouges, noires se mêlent à la terre en des craquelures parfois profondes donnant au sol un aspect lunaire. Parfois, un bras d’eau sort de nulle part afin d’agrémenter le paysage d’un peu de couleur bleutée, ce qui parfait le tableau visuel. La sensation de voler dans un hélicoptère est très spéciale et ne ressemble à rien de ce que j’ai pu faire auparavant. Tout est vitré autour de nous, jusqu’à sous nos pieds, ce qui nous donne une impression de voler dans une bulle de savon transparente ! Avec le bruit du moteur en plus… Je me trouve juste à côté du pilote et peux ainsi admirer toutes ses manœuvres en direct, tout en résistant à l’envie curieuse de pousser tous les boutons du tableau de bord qui se trouve juste devant moi !
Au bout de ¾ d’heure de vol, nous survolons enfin le Grand Canyon, cette énorme brèche dans la terre, les plaques tectoniques semblant avoir fait la java à cet endroit-ci du globe. Nous frôlons les parois escarpées et arides du canyon, montons et descendons dans la faille, puis finissons par nous poser au fond du canyon, sur une plateforme plate. L’atterrissage se fait tout en douceur, nous le sentons à peine ! Descendus de l’hélico, nous pouvons apprécier toute la magnificence du lieu, seuls au milieu de cette nature désertique et grandiose. Quel spectacle ! Quelle immensité ! Des cactus disséminés de-ci de-là, donnent quelques touches vivantes à ce milieu pourtant désert. Des énormes parois rocheuses, rouges et ocres s’élèvent autour de nous, semblant nous encercler entièrement. L’hélicoptère parait incongru dans ce paysage naturel, et surtout très petit dans cette incroyable immensité. Nous-mêmes semblons minuscules à l’échelle de Dame Nature ! Heureuse comme une enfant, je cours partout pour essayer de tout figer dans ma mémoire, de tout prendre en photos mentalement, et finis par demander à Jean-Paul de nous arrêter quelques instants pour profiter ensemble de ce spectacle unique.
Notre pilote sort de son engin une bouteille de champagne et des paniers repas pour nous en faire profiter au fond du canyon ! On aura tout vu ici !!! Je ne me fais pas prier et apprécie ce met délicieux et frais tout en admirant le plus beau des spectacles naturels qui nous entoure. Après une trentaine de minutes d’extase, nous repartons en hélicoptère entamer le chemin du retour. Ce fut court mais intense ! Le trajet du retour s’effectue merveilleusement bien, de la musique de circonstance étant projetée dans nos écouteurs et moi un peu saoule avec mes verres de champagne… Une fois revenus sur la terre ferme à Las Vegas (j’ai failli sauter dans les bras du pilote pour le remercier tant j’étais contente !), une limousine nous ramène jusqu’à l’hôtel de nouveau. Quelle expérience ! J’ai vraiment adoré !! Merci Jean-Paul de ce superbe cadeau !
Cette virée extraordinaire a aussi marqué la fin de notre voyage à Las Vegas, il nous reste juste un peu de temps pour nous délasser dans la piscine, mais c’était sans compter sur la musique tonitruante visiblement appréciée des bimbos et des « monsieur muscles » se donnant des airs de stars. Ce monde est vraiment trop superficiel pour moi, j’étais mieux au milieu du Grand Canyon ! Il est temps de nous quitter à présent, Jean-Paul repartant en France, moi à Montréal pour finir mes deux dernières semaines de travail et de préparatifs de départ avant ma nouvelle aventure en France ! Ce moment à Las Vegas ne m’aura pas permis de me reposer, mais j’ai aimé l’expérience tout de même, surtout le vol en hélicoptère. Maintenant, j’ai encore beaucoup de choses à faire à Montréal pour tout boucler avant mon départ et essayer de gérer l’aspect émotionnel des au-revoir aux amis chers. Des jours difficiles m’attendent encore ! Mais pour du bonheur par la suite, j’en suis certaine !
A bientôt…
Retour en France
Le 8 avril 2011
Réveillée à 5h30 du matin, juste un peu avant mon réveil, je me prépare tranquillement dans ce grand dortoir vide. C’est une sensation étrange de me retrouver si seule dans un endroit inconnu alors que j’ai passé 3 semaines avec Aurélie, sans nous lâcher une seconde. Ceci dit, j’aime beaucoup aussi la solitude. Le taxi m’attend déjà dehors et me conduit à l’aéroport en moins de 20 minutes.
Mon bagage enregistré, je flâne dans ce bel aéroport beaucoup plus moderne que celui où j’avais atterri 6 ans plus tôt. C’est fou comme le monde change vite ! Je retrouve du confort et du luxe abandonnés depuis 3 semaines…A commencer par les toilettes dotées d’un siège propre au lieu de toilettes turques, avec du vrai papier ! Jusque-là, je m’aspergeais juste avec de l’eau, à la manière des Indiens… Plus écologique mais moins pratique, il faut le reconnaître.
Assise dans la salle d’embarquement, il est l’heure d’un petit bilan de mon voyage… J’ai vraiment été surprise de la gentillesse des Indiens cette fois-ci. Ils n’étaient nullement insistants ou pénibles dans leur volonté à vouloir nous parler ou nous vendre quelque chose. J’ai connu bien pire dans mes précédents voyages ! Nous étions souvent tranquilles dans des endroits calmes, ce qui ne correspond pas aux expériences que j’avais effectuées auparavant. Mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire ! Le voyage avec Aurélie a été extrêmement agréable et plutôt tranquille. A part Varanasi, nous avions choisi des endroits réputés pour être relaxants, ça joue aussi dans mon impression de ne pas avoir été trop bousculée. L’Inde me fascine toujours autant malgré mes 3 voyages dans ce pays. Chaque région diffère drastiquement les unes des autres, il est impossible de se préparer à ce qu’on va avoir. Et j’aime cette impression de surprise à chaque coin de rue !
J’ai aimé vivre cette expérience avec Aurélie, ça m’a permis de mieux la connaître et de confirmer cette amitié authentique. Je n’étais pas sûre que notre rapprochement durant ces 3 semaines se fasse sans heurt, mais ça a été le cas, aucune dispute ni malaise et j’en suis ravie. Nous étions tout le temps sur la même longueur d’ondes, elle et moi, comme si nous étions connectées ! Un vrai bonheur… Je ne sais pas encore ce que m’a appris mon voyage cette fois-ci, c’est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire, je pense. Mais une chose est sûre, je me sens beaucoup moins stressée qu’à mon arrivée et rien que pour ça, ce voyage était utile ! Juste pour prendre du recul par rapport à mon quotidien et relativiser les problèmes. Je vais les retrouver à mon retour au Québec, je ne me fais pas d’illusions, mais je pense que mon état d’esprit se sera apaisé et que je pourrai les régler un par un sans stress exagéré. Et alors, j’aurai gagné un peu de paix dans ma vie, ce qui est un grand cadeau pour moi-même !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Réveillée à 5h30 du matin, juste un peu avant mon réveil, je me prépare tranquillement dans ce grand dortoir vide. C’est une sensation étrange de me retrouver si seule dans un endroit inconnu alors que j’ai passé 3 semaines avec Aurélie, sans nous lâcher une seconde. Ceci dit, j’aime beaucoup aussi la solitude. Le taxi m’attend déjà dehors et me conduit à l’aéroport en moins de 20 minutes.
Mon bagage enregistré, je flâne dans ce bel aéroport beaucoup plus moderne que celui où j’avais atterri 6 ans plus tôt. C’est fou comme le monde change vite ! Je retrouve du confort et du luxe abandonnés depuis 3 semaines…A commencer par les toilettes dotées d’un siège propre au lieu de toilettes turques, avec du vrai papier ! Jusque-là, je m’aspergeais juste avec de l’eau, à la manière des Indiens… Plus écologique mais moins pratique, il faut le reconnaître.
Assise dans la salle d’embarquement, il est l’heure d’un petit bilan de mon voyage… J’ai vraiment été surprise de la gentillesse des Indiens cette fois-ci. Ils n’étaient nullement insistants ou pénibles dans leur volonté à vouloir nous parler ou nous vendre quelque chose. J’ai connu bien pire dans mes précédents voyages ! Nous étions souvent tranquilles dans des endroits calmes, ce qui ne correspond pas aux expériences que j’avais effectuées auparavant. Mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire ! Le voyage avec Aurélie a été extrêmement agréable et plutôt tranquille. A part Varanasi, nous avions choisi des endroits réputés pour être relaxants, ça joue aussi dans mon impression de ne pas avoir été trop bousculée. L’Inde me fascine toujours autant malgré mes 3 voyages dans ce pays. Chaque région diffère drastiquement les unes des autres, il est impossible de se préparer à ce qu’on va avoir. Et j’aime cette impression de surprise à chaque coin de rue !
J’ai aimé vivre cette expérience avec Aurélie, ça m’a permis de mieux la connaître et de confirmer cette amitié authentique. Je n’étais pas sûre que notre rapprochement durant ces 3 semaines se fasse sans heurt, mais ça a été le cas, aucune dispute ni malaise et j’en suis ravie. Nous étions tout le temps sur la même longueur d’ondes, elle et moi, comme si nous étions connectées ! Un vrai bonheur… Je ne sais pas encore ce que m’a appris mon voyage cette fois-ci, c’est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire, je pense. Mais une chose est sûre, je me sens beaucoup moins stressée qu’à mon arrivée et rien que pour ça, ce voyage était utile ! Juste pour prendre du recul par rapport à mon quotidien et relativiser les problèmes. Je vais les retrouver à mon retour au Québec, je ne me fais pas d’illusions, mais je pense que mon état d’esprit se sera apaisé et que je pourrai les régler un par un sans stress exagéré. Et alors, j’aurai gagné un peu de paix dans ma vie, ce qui est un grand cadeau pour moi-même !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Retour à Delhi
Le 7 avril 2011
Bon, on ne peut pas dire que ce soit facile de bien dormir dans un bus, surtout avec les incessants virages qui nous ballottent d’un côté puis de l’autre (c’est rarement deux fois du même côté, étrangement…) ce qui rend le sommeil difficile à venir. Toutefois, je pense avoir quand même réussi à dormir un peu entre toutes ces secousses.
J’arrive vers 6h du matin dans une vieille gare routière éloignée de tout. Une horde de rickshaws nous attend à la sortie du bus pour nous emmener où nous le souhaitons. Je désire retourner à l’ashram de Sri Awobindo, cet endroit calme où je pourrai me reposer la journée en attendant mon vol de demain. Je monte avec une jeune fille occidentale dans l’un d’eux. Visiblement, nous avons été laissés dans le nord de la ville alors que mon ashram se trouve dans le sud. Notre taxi est une vieille boite de conserve qu’il faut faire redémarrer toutes les dix minutes, c’est folklorique ! Et évidemment, ce qui devait arriver arrive, un pneu éclate en plein sur la route. Arrêtés au milieu de la voie, nous sortons du véhicule sur les conseils de ma compagne afin d’éviter de nous faire heurter par une voiture. Sauf que c’était sans penser que deux blanches sur la bande d’arrêt d’urgence, ça distrait les conducteurs… Inévitablement, un carambolage de deux voitures a lieu juste devant nous, l’un des conducteurs nous ayant regardés une seconde de trop. Heureusement, il ne s’agit que de tôle froissée, rien de grave. De toute façon, vu les voitures qu’ils ont, ils ne risquent pas d’aller bien vite. Et le plus étrange dans tout ça, c’est que je regarde les scènes d’un œil extérieur, ni surprise, ni choquée…comme si ça ne me concernait pas (ce qui est un peu le cas). J’ai tellement vu de choses étranges en Inde que plus grand-chose ne me surprend, on dirait. Notre chauffeur à la roue crevée ne se préoccupe absolument pas non plus du bazar ambiant dû au carambolage, bien trop occupé par son propre problème. Il nous arrête un autre rickshaw et nous propose de continuer avec lui, ce que nous acceptons volontiers. Nous le laissons donc à sa roue à plat et reprenons la route, évitant ainsi sûrement d’autres accidents dus à notre présence au bord d’une route. Je regarde négligemment autour de moi alors que le rickshaw se fraie un chemin parmi la horde de voitures, tout en essayant de prendre conscience que beaucoup de touristes parachutés en Inde pour la première fois peuvent s’y perdre un peu… Comme ça a été le cas pour moi lors de ma première venue dans ce pays il y a six ans de cela. Alors que nous sommes sur une autoroute à trois voies, à peu près six véhicules se font front en même temps, l’un essayant de doubler l’autre ou de tourner à un endroit interdit. Des mendiants sautent sur mon taxi à la vue d’une blanche pour demander de l’argent à cette Occidentale riche. Tiens, on double un éléphant sur l’autoroute… Autant d’incongruités qui encore une fois ne m’étonnent même plus en Inde mais continuent à me faire sourire ! Le pays de l’illogisme… Il ne faut pas essayer de le comprendre avec notre tête ou notre raison, il faut juste le sentir dans ses tripes ! Et seulement à ce moment-là, on peut vraiment prendre du plaisir à se trouver dans ce pays de fous ! Sinon, on risque de partir en courant comme je l’ai fait après mon premier mois de voyage en Inde. J’essayais trop de mettre ce pays dans une case, dans quelque chose que j’avais appris, mais ça ne rentrait pas et je le vivais mal. Maintenant, je me dis toujours qu’il ne m’arrivera que des imprévus en Inde, et j’ai appris à lâcher prise avec ce pays !
Arrivée à l’ashram, je suis en terrain connu et monte tout de suite au dortoir des filles. Par chance, je suis seule dans cet immense dortoir, je peux m’installer n’importe où. Une bonne douche et une chasse aux moustiques plus tard, je vais m’étendre dans un merveilleux jardin si calme qu’on entend les oiseaux en plein Delhi ! J’y passe d’ailleurs toute la journée, somnolant un peu tout en rêvassant. Il fait bon ne rien faire ! Le soir venu, j’assiste à la méditation commune dans le grand hall où on nous passe un discours de la Mère, emblème de l’ashram. Beaucoup de jeunes étudiants indiens sont assis sagement à méditer dans un silence religieux. Tout le monde va manger ensuite. Je grignote mais je sature un peu des plats uniquement végétariens depuis trois semaines, tout en sauce épicée qui arrache la gorge. Vivement la France, sa bonne cuisine et son bon vin ! Trois semaines également sans une seule goutte d’alcool… Mon arrivée en France risque d’être épique, dans tous les sens du terme ! En attendant, bonne nuit !
Bon, on ne peut pas dire que ce soit facile de bien dormir dans un bus, surtout avec les incessants virages qui nous ballottent d’un côté puis de l’autre (c’est rarement deux fois du même côté, étrangement…) ce qui rend le sommeil difficile à venir. Toutefois, je pense avoir quand même réussi à dormir un peu entre toutes ces secousses.
J’arrive vers 6h du matin dans une vieille gare routière éloignée de tout. Une horde de rickshaws nous attend à la sortie du bus pour nous emmener où nous le souhaitons. Je désire retourner à l’ashram de Sri Awobindo, cet endroit calme où je pourrai me reposer la journée en attendant mon vol de demain. Je monte avec une jeune fille occidentale dans l’un d’eux. Visiblement, nous avons été laissés dans le nord de la ville alors que mon ashram se trouve dans le sud. Notre taxi est une vieille boite de conserve qu’il faut faire redémarrer toutes les dix minutes, c’est folklorique ! Et évidemment, ce qui devait arriver arrive, un pneu éclate en plein sur la route. Arrêtés au milieu de la voie, nous sortons du véhicule sur les conseils de ma compagne afin d’éviter de nous faire heurter par une voiture. Sauf que c’était sans penser que deux blanches sur la bande d’arrêt d’urgence, ça distrait les conducteurs… Inévitablement, un carambolage de deux voitures a lieu juste devant nous, l’un des conducteurs nous ayant regardés une seconde de trop. Heureusement, il ne s’agit que de tôle froissée, rien de grave. De toute façon, vu les voitures qu’ils ont, ils ne risquent pas d’aller bien vite. Et le plus étrange dans tout ça, c’est que je regarde les scènes d’un œil extérieur, ni surprise, ni choquée…comme si ça ne me concernait pas (ce qui est un peu le cas). J’ai tellement vu de choses étranges en Inde que plus grand-chose ne me surprend, on dirait. Notre chauffeur à la roue crevée ne se préoccupe absolument pas non plus du bazar ambiant dû au carambolage, bien trop occupé par son propre problème. Il nous arrête un autre rickshaw et nous propose de continuer avec lui, ce que nous acceptons volontiers. Nous le laissons donc à sa roue à plat et reprenons la route, évitant ainsi sûrement d’autres accidents dus à notre présence au bord d’une route. Je regarde négligemment autour de moi alors que le rickshaw se fraie un chemin parmi la horde de voitures, tout en essayant de prendre conscience que beaucoup de touristes parachutés en Inde pour la première fois peuvent s’y perdre un peu… Comme ça a été le cas pour moi lors de ma première venue dans ce pays il y a six ans de cela. Alors que nous sommes sur une autoroute à trois voies, à peu près six véhicules se font front en même temps, l’un essayant de doubler l’autre ou de tourner à un endroit interdit. Des mendiants sautent sur mon taxi à la vue d’une blanche pour demander de l’argent à cette Occidentale riche. Tiens, on double un éléphant sur l’autoroute… Autant d’incongruités qui encore une fois ne m’étonnent même plus en Inde mais continuent à me faire sourire ! Le pays de l’illogisme… Il ne faut pas essayer de le comprendre avec notre tête ou notre raison, il faut juste le sentir dans ses tripes ! Et seulement à ce moment-là, on peut vraiment prendre du plaisir à se trouver dans ce pays de fous ! Sinon, on risque de partir en courant comme je l’ai fait après mon premier mois de voyage en Inde. J’essayais trop de mettre ce pays dans une case, dans quelque chose que j’avais appris, mais ça ne rentrait pas et je le vivais mal. Maintenant, je me dis toujours qu’il ne m’arrivera que des imprévus en Inde, et j’ai appris à lâcher prise avec ce pays !
Arrivée à l’ashram, je suis en terrain connu et monte tout de suite au dortoir des filles. Par chance, je suis seule dans cet immense dortoir, je peux m’installer n’importe où. Une bonne douche et une chasse aux moustiques plus tard, je vais m’étendre dans un merveilleux jardin si calme qu’on entend les oiseaux en plein Delhi ! J’y passe d’ailleurs toute la journée, somnolant un peu tout en rêvassant. Il fait bon ne rien faire ! Le soir venu, j’assiste à la méditation commune dans le grand hall où on nous passe un discours de la Mère, emblème de l’ashram. Beaucoup de jeunes étudiants indiens sont assis sagement à méditer dans un silence religieux. Tout le monde va manger ensuite. Je grignote mais je sature un peu des plats uniquement végétariens depuis trois semaines, tout en sauce épicée qui arrache la gorge. Vivement la France, sa bonne cuisine et son bon vin ! Trois semaines également sans une seule goutte d’alcool… Mon arrivée en France risque d’être épique, dans tous les sens du terme ! En attendant, bonne nuit !
Au revoir, ma belle Aurélie !
Le 6 avril 2011
Pour une fois que nous n’avons aucune contrainte, nous nous réveillons toutes les deux tout de même avant 7 h… Ce n’est pas des vacances, ça ! Le temps est à la pluie aujourd’hui, on a entendu le vent s’engouffrer dans les fenêtres toute la nuit en espérant qu’elles allaient tenir le coup sous les fortes bourrasques !
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour à Dharamsala, je reprends le bus ce soir pour Delhi afin de rentrer en France. Aurélie reste ici quelques jours encore, c’est donc notre dernière journée toutes les deux ! Nous décidons de la passer à faire des choses de filles… Au programme : épilation et shopping ! Dure journée en perspective… de toute façon, vu le temps qu’il fait aujourd’hui, on n’a pas trop envie de mettre le nez dehors… Nous passons la journée de fous rires en fous rires comme si nous devions emmagasiner le plus de joie et de bon temps ensemble avant l’inéluctable départ ce soir. Nous nous moquons de notre accoutrement à la limite de la clocharde, n’ayant depuis 3 semaines ensemble aucune envie de faire d’effort vestimentaire. L’important, c’est que ce soit pratique et chaud… le reste nous est égal. On se demande d’ailleurs comment on réussit à se faire draguer par des Indiens, fagotées comme nous le sommes… je n’oserais jamais sortir habillée de cette façon en France ou au Québec, j’aurais trop honte de moi-même ! Mais ici, aucun problème… Nous rions comme des folles de tout et de rien en pleine rue, si bien que les Indiens nous regardent avec un air inquiet semblant douter de notre santé mentale. La cerise sur le gâteau est apportée par l’un d’entre eux qui nous demande d’où l’on vient. Il veut se glorifier alors de nous sortir une phrase en français et nous dit tout fier : « Papa, maman, ne me poussez pas dans les orties ! ». Il n’en fallait pas moins pour déclencher une hilarité bruyante chez Aurélie et moi-même allant jusqu’à verser de chaudes larmes de rire !
Malgré tout, le temps passe vite et il est déjà l’heure pour moi de partir. Je rassemble mes affaires, dis au-revoir à Angèle et Roger puis pars à l’arrêt de bus, accompagnée d’Aurélie. Ma belle Aurélie qui a été ma compagne inséparable durant ces 3 semaines, partageant ensemble l’intimité de chaque moment, nous confiant l’une à l’autre sur toutes nos pensées, réagissant parfois comme un couple l’aurait fait. Aurélie si pétillante, amusante…sans oublier gourmande ! Je te souhaite une excellente suite de voyage qui, j’en suis certaine, sera extrêmement enrichissante pour toi ! Je monte dans le bus après de multiples embrassades à déchirer le cœur. Olivier arrive juste à temps pour une bise rapide, je suis contente qu’il soit auprès d’Aurélie à mon départ. Moi, je rentre en France, je ne serai pas longtemps seule, alors qu’Aurélie doit maintenant continuer son voyage en solitaire et je sais par expérience que ce n’est pas évident de quitter un compagnon de voyage. Un dernier au-revoir à travers la vitre du bus à une miss en larmes puis je décolle en direction de Delhi.
Vers 22h, on s’arrête pour manger et plusieurs Occidentaux d’un autre bus se plaignent que leur moyen de transport soit tellement pourri qu’ils sont tous malades au moindre virage. Et en montagne, il y en a des virages ! Je suis donc chanceuse d’avoir un bon bus avec des sièges inclinables pour la nuit. D’ailleurs, je suis encore une fois exténuée et ne tarde pas à m’allonger en mode dodo !
Pour une fois que nous n’avons aucune contrainte, nous nous réveillons toutes les deux tout de même avant 7 h… Ce n’est pas des vacances, ça ! Le temps est à la pluie aujourd’hui, on a entendu le vent s’engouffrer dans les fenêtres toute la nuit en espérant qu’elles allaient tenir le coup sous les fortes bourrasques !
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour à Dharamsala, je reprends le bus ce soir pour Delhi afin de rentrer en France. Aurélie reste ici quelques jours encore, c’est donc notre dernière journée toutes les deux ! Nous décidons de la passer à faire des choses de filles… Au programme : épilation et shopping ! Dure journée en perspective… de toute façon, vu le temps qu’il fait aujourd’hui, on n’a pas trop envie de mettre le nez dehors… Nous passons la journée de fous rires en fous rires comme si nous devions emmagasiner le plus de joie et de bon temps ensemble avant l’inéluctable départ ce soir. Nous nous moquons de notre accoutrement à la limite de la clocharde, n’ayant depuis 3 semaines ensemble aucune envie de faire d’effort vestimentaire. L’important, c’est que ce soit pratique et chaud… le reste nous est égal. On se demande d’ailleurs comment on réussit à se faire draguer par des Indiens, fagotées comme nous le sommes… je n’oserais jamais sortir habillée de cette façon en France ou au Québec, j’aurais trop honte de moi-même ! Mais ici, aucun problème… Nous rions comme des folles de tout et de rien en pleine rue, si bien que les Indiens nous regardent avec un air inquiet semblant douter de notre santé mentale. La cerise sur le gâteau est apportée par l’un d’entre eux qui nous demande d’où l’on vient. Il veut se glorifier alors de nous sortir une phrase en français et nous dit tout fier : « Papa, maman, ne me poussez pas dans les orties ! ». Il n’en fallait pas moins pour déclencher une hilarité bruyante chez Aurélie et moi-même allant jusqu’à verser de chaudes larmes de rire !
Malgré tout, le temps passe vite et il est déjà l’heure pour moi de partir. Je rassemble mes affaires, dis au-revoir à Angèle et Roger puis pars à l’arrêt de bus, accompagnée d’Aurélie. Ma belle Aurélie qui a été ma compagne inséparable durant ces 3 semaines, partageant ensemble l’intimité de chaque moment, nous confiant l’une à l’autre sur toutes nos pensées, réagissant parfois comme un couple l’aurait fait. Aurélie si pétillante, amusante…sans oublier gourmande ! Je te souhaite une excellente suite de voyage qui, j’en suis certaine, sera extrêmement enrichissante pour toi ! Je monte dans le bus après de multiples embrassades à déchirer le cœur. Olivier arrive juste à temps pour une bise rapide, je suis contente qu’il soit auprès d’Aurélie à mon départ. Moi, je rentre en France, je ne serai pas longtemps seule, alors qu’Aurélie doit maintenant continuer son voyage en solitaire et je sais par expérience que ce n’est pas évident de quitter un compagnon de voyage. Un dernier au-revoir à travers la vitre du bus à une miss en larmes puis je décolle en direction de Delhi.
Vers 22h, on s’arrête pour manger et plusieurs Occidentaux d’un autre bus se plaignent que leur moyen de transport soit tellement pourri qu’ils sont tous malades au moindre virage. Et en montagne, il y en a des virages ! Je suis donc chanceuse d’avoir un bon bus avec des sièges inclinables pour la nuit. D’ailleurs, je suis encore une fois exténuée et ne tarde pas à m’allonger en mode dodo !
Sources chaudes
Le 5 avril 2011
Réveillées encore une fois dès potron-minet, nous rejoignons Olivier aussi hagard que nous afin de nous rendre au point de rendez-vous où nous attend un taxi qui va nous faire un tour de la région aujourd’hui. A notre grand étonnement, il est à l’heure et nous partons aussitôt en direction d’un premier temple à 1h30 de route. Nous somnolons dans la voiture jusqu’à notre arrivée à destination. Un bon chaï chaud plus tard, nous sommes à peu près d’attaque pour la visite. Nous nous trouvons dans un village peu touristique et les Indiens nous observent avec plus de curiosité qu’à l’accoutumée. Surtout Aurélie et moi, en fait, Olivier laisse visiblement plus indifférent. Nombre d’entre eux sont habillés tout en jaune pour le festival de Khali qui a lieu en ce moment, ce qui doit expliquer la foule qui se presse dans ce petit temple à une heure aussi matinale. Le temple n’a rien d’extraordinaire en lui-même mais le spectacle vient plutôt des Indiens qui nous dévisagent tous en souriant et veulent inlassablement nous prendre en photos toutes les 2 minutes, Aurélie et moi avec eux, alors qu’ils ne nous ont même pas adressé la parole. Finalement, c’est plutôt nous qui faisons office de spectacle pour eux. Pas vraiment réveillée et surtout affamée du manque de petit déjeuner ce matin, leur trop grand intérêt pour moi commence à me taper sur le système… Je ne peux même pas rester assise 2 minutes sans qu’on vienne me demander de poser pour une photo en me tirant violemment par le bras. Aurélie a également une quinzaine d’Indiens autour d’elle… Bon, il est temps de partir, ça ne nous amuse plus !
Nous revenons au taxi qui nous emmène ensuite à un magnifique fort style médiéval, d’autant plus superbe qu’il est désert. Nous déambulons dans ces vestiges d’un autre temps en admirant la capacité qu’ont les humains à construire de tels châteaux forts. Perché sur une montagne, une rivière en contrebas, un précipice de l’autre côté, ce fort domine la région et semble imprenable. Sa vue sur l’Himalaya est également à couper le souffle ! Nous profitons du calme qu’il confère pour effectuer une petite sieste jusqu’à l’arrivée bruyante de jeunes collégiens. Mon ventre crie toujours famine, on se décide à revenir près du chauffeur pour lui demander de nous amener à un restaurant. Aurélie, Olivier et moi ne nous sentons pas très vivaces aujourd’hui, c’est sûrement dû à nos 2 jours de randonnée fatigante de la veille. Heureusement, nous nous laissons transporter par une voiture toute la journée, les efforts physiques vont être minimes. Enfin notre chauffeur nous arrête dans une petite échoppe où ils proposent divers légumes mijotés à des sauces épicées, à manger avec des chapatis (galettes de blé noir). On prend le chapati de la main droite (toujours la droite !) et on s’en sert comme d’une cuillère pour ramasser les légumes et porter le tout à notre bouche en en faisant tomber partout en général. Malgré les épices qui me brûlent les lèvres, je mange avec avidité, heureuse de pouvoir calmer ma faim. Ce n’est pas vraiment fameux mais peu importe quand on a l’estomac dans les talons…
Rassasiés, nous repartons de plus belle visiter un autre temple qui se trouve être taillé dans la roche ! Il est superbe… Il jouxte une petite école dans laquelle nous pouvons admirer les élèves qui jouent dans la cour à des jeux universels comme se courir après pour les garçons, faire du badminton pour les filles… Nous sommes presque plus intéressés par leurs jeux d’enfants que par le temple en lui-même malgré toute sa beauté ! Je m’aperçois que visiter un pays en admirant ses temples, musées, ou autres chefs-d’œuvre humains ne m’intéresse vraiment plus trop. Je préfère largement m’imprégner du pays en regardant des scènes de vie banales de ses habitants, discuter avec eux, apprendre leur mode de vie…Ainsi que les paysages naturels qui m’envoient à chaque fois dans un autre monde, une autre dimension en me rappelant que la terre est magnifique et qu’il faut en prendre soin. Nous en faisons partie intégrante et c’est surtout un grand cadeau que nous pouvons nous faire en faisant attention à notre habitat naturel. Je changerais volontiers le slogan « Sauvons la Planète » en « Sauvons la race humaine » ! C’est nous-mêmes qui nous intoxiquons avec nos propres déchets. La Terre, elle, s’en sortira toujours… Nous ? C’est bien moins certain…
Nous partons ensuite pour notre dernière escale de la journée et celle que j’attends le plus : les sources chaudes de Tatapani. Vu qu’il ne fait vraiment pas chaud dans ce coin de l’Inde, nous baigner dans de l’eau tiède nous fera le plus grand bien ! Après une longue route pleine de cahots, notre chauffeur nous dépose à une rivière où un pont est en train de se construire mais visiblement pas fini, et il nous fait comprendre qu’il faudra continuer à pied. De gros cailloux émergent de l’eau et constituent un chemin nous permettant de traverser la rivière sans mouiller nos pieds. Cette première étape franchie avec succès, il nous reste quelques kilomètres (le nombre n’étant pas bien défini par notre chauffeur qui est resté sur place) à parcourir jusqu’aux sources. Alors que nous entamons sans enthousiasme notre marche, une voiture surgit de nulle part et nous embarque tous les trois (moi assise par terre par manque de place) pour nous amener en dix minutes à notre destination. La vie est bien généreuse avec nous !
Nous découvrons alors un petit temple encastré dans la roche, dans lequel une petite piscine d’eau tiède est remplie sans arrêt par une source chaude naturelle sortant d’une statue murale en forme de crocodile. Incroyable ! Encore une fois, nous sommes seuls sur les lieux et pouvons profiter de ce cadeau de la Terre en toute quiétude. Les femmes n’ayant pas le droit de se baigner en maillot de bain en Inde, Aurélie garde son tee shirt et son pantalon et s’engouffre dans ce grand bain chaud tout habillée. Quant à moi, je m’enroule d’un paréo et pénètre à mon tour dans cette eau délicieusement tiède et propre. Quel plaisir divin ! Surtout après avoir eu si froid ces derniers jours…Mes muscles endoloris par notre grande randonnée d’hier apprécient énormément cette tiédeur relaxante. Olivier propose de me masser les pieds, ce que j’accepte avec plaisir tout en écoutant l’eau sortir du tréfonds de la Terre pour chuter dans notre baignoire en pleine nature. Je sens tout mon corps se relaxer et s’abandonner au moment présent. Je ne pense plus, je ne fais qu’écouter les bruits qui m’entourent et je rentre petit à petit dans une sorte d’extase délicieuse et divine. Une vieille dame indienne me sort de ma torpeur en venant remplir un grand baquet d’eau chaude. Je regarde l’heure, il est temps d’y aller si nous ne souhaitons pas avoir à retraverser la rivière la nuit, avec une lampe torche.
Nous rebroussons donc chemin tranquillement, à pied cette fois et mon sentiment d’extase revient encore plus fort. Je stoppe Olivier qui souhaite me faire la conversation, je désire juste rester dans le silence. Et au final, en écoutant bien, les environs ne sont pas du tout silencieux… Je focalise sur chacun des sons que j’entends, essayant de le séparer du reste avant de passer au suivant. Comme la nature est vivante et bruyante ! Un oiseau piaille, une vache meugle, le tonnerre gronde non loin de là, résonnant dans toute la vallée, le vent joue dans les arbres… C’est merveilleux ! Je marche tel un automate, me sentant faire partie intégrante de l’univers, étant reliée avec tout, les animaux, les plantes, les roches… J’ai presque envie de me laisser tomber par terre pour ne plus bouger mais juste sentir et ressentir… Je continue pourtant, revenant petit à petit dans le monde réel, un sourire béat m’illuminant le visage. Le tonnerre gronde toujours, quelques éclairs zèbrent le ciel au loin, mais la vallée est pourtant illuminée de soleil, les ombres dansantes des arbres et feuillages semblant nous inviter à les suivre. Quel extraordinaire moment ! Il s’est vraiment passé quelque chose de fort et de beau pour moi, je suis encore sur mon nuage. Par le simple fait de pouvoir vivre de tels moments magiques, je suis heureuse d’être en vie et je dis merci à l’univers ! Aurélie m’apprend qu’il s’est passé la même chose pour elle durant toute notre marche de retour. Nous ne nous sommes pourtant pas adressé un seul mot toutes les deux, trop absorbées par notre état intérieur visiblement très similaire. Etrange coïncidence !
Nous arrivons au taxi alors que de grosses gouttes commencent à s’écraser sur le sol terreux. Il était temps ! Notre chauffeur nous ramène tranquillement à l’hôtel où nous retrouvons notre couple préféré, Angèle et Roger avec leurs 40 ans d’écart d’âge. Nous allons dîner tous les quatre, Olivier souhaitant se reposer un peu, et s’ensuit une conversation sortant d’un autre monde, tout à fait délirante et en même temps prodigieuse… Roger nous raconte l’histoire de sa vie et j’avoue en rester estomaquée… Il a vécu un mois et demi dans une grotte en Inde, s’est fait voler ses papiers et son argent et a vécu comme un mendiant durant 8 mois avec des Intouchables Indiens, s’est fait tabasser par une bande d’Indiens qui lui ont ouvert le bras. Il a dû rester à l’hôpital deux mois de trop, ce qui a rendu son visa invalidé. Il a été victime d’un abus judiciaire et mis en prison deux mois en Inde… Et j’en passe ! Et le pire, c’est que je suis absolument certaine qu’il dit la vérité ! Je sens dans son énergie qu’il est authentique de véracité. C’est fou ! Nous parlons de spiritualité, de niveaux de conscience, de fréquences sensorielles, autant de termes qui ne veulent rien dire pour moi habituellement mais qui prennent un sens ce soir dans la discussion. Cette journée est décidément très étrange du début à la fin ! En tout cas, si la fatigue ne venait pas me terrasser au point d’avoir du mal à garder les yeux ouverts, je continuerais bien la conversation encore un moment. Mais il est temps d’aller se coucher, toutes les bonnes choses ont une fin !
Réveillées encore une fois dès potron-minet, nous rejoignons Olivier aussi hagard que nous afin de nous rendre au point de rendez-vous où nous attend un taxi qui va nous faire un tour de la région aujourd’hui. A notre grand étonnement, il est à l’heure et nous partons aussitôt en direction d’un premier temple à 1h30 de route. Nous somnolons dans la voiture jusqu’à notre arrivée à destination. Un bon chaï chaud plus tard, nous sommes à peu près d’attaque pour la visite. Nous nous trouvons dans un village peu touristique et les Indiens nous observent avec plus de curiosité qu’à l’accoutumée. Surtout Aurélie et moi, en fait, Olivier laisse visiblement plus indifférent. Nombre d’entre eux sont habillés tout en jaune pour le festival de Khali qui a lieu en ce moment, ce qui doit expliquer la foule qui se presse dans ce petit temple à une heure aussi matinale. Le temple n’a rien d’extraordinaire en lui-même mais le spectacle vient plutôt des Indiens qui nous dévisagent tous en souriant et veulent inlassablement nous prendre en photos toutes les 2 minutes, Aurélie et moi avec eux, alors qu’ils ne nous ont même pas adressé la parole. Finalement, c’est plutôt nous qui faisons office de spectacle pour eux. Pas vraiment réveillée et surtout affamée du manque de petit déjeuner ce matin, leur trop grand intérêt pour moi commence à me taper sur le système… Je ne peux même pas rester assise 2 minutes sans qu’on vienne me demander de poser pour une photo en me tirant violemment par le bras. Aurélie a également une quinzaine d’Indiens autour d’elle… Bon, il est temps de partir, ça ne nous amuse plus !
Nous revenons au taxi qui nous emmène ensuite à un magnifique fort style médiéval, d’autant plus superbe qu’il est désert. Nous déambulons dans ces vestiges d’un autre temps en admirant la capacité qu’ont les humains à construire de tels châteaux forts. Perché sur une montagne, une rivière en contrebas, un précipice de l’autre côté, ce fort domine la région et semble imprenable. Sa vue sur l’Himalaya est également à couper le souffle ! Nous profitons du calme qu’il confère pour effectuer une petite sieste jusqu’à l’arrivée bruyante de jeunes collégiens. Mon ventre crie toujours famine, on se décide à revenir près du chauffeur pour lui demander de nous amener à un restaurant. Aurélie, Olivier et moi ne nous sentons pas très vivaces aujourd’hui, c’est sûrement dû à nos 2 jours de randonnée fatigante de la veille. Heureusement, nous nous laissons transporter par une voiture toute la journée, les efforts physiques vont être minimes. Enfin notre chauffeur nous arrête dans une petite échoppe où ils proposent divers légumes mijotés à des sauces épicées, à manger avec des chapatis (galettes de blé noir). On prend le chapati de la main droite (toujours la droite !) et on s’en sert comme d’une cuillère pour ramasser les légumes et porter le tout à notre bouche en en faisant tomber partout en général. Malgré les épices qui me brûlent les lèvres, je mange avec avidité, heureuse de pouvoir calmer ma faim. Ce n’est pas vraiment fameux mais peu importe quand on a l’estomac dans les talons…
Rassasiés, nous repartons de plus belle visiter un autre temple qui se trouve être taillé dans la roche ! Il est superbe… Il jouxte une petite école dans laquelle nous pouvons admirer les élèves qui jouent dans la cour à des jeux universels comme se courir après pour les garçons, faire du badminton pour les filles… Nous sommes presque plus intéressés par leurs jeux d’enfants que par le temple en lui-même malgré toute sa beauté ! Je m’aperçois que visiter un pays en admirant ses temples, musées, ou autres chefs-d’œuvre humains ne m’intéresse vraiment plus trop. Je préfère largement m’imprégner du pays en regardant des scènes de vie banales de ses habitants, discuter avec eux, apprendre leur mode de vie…Ainsi que les paysages naturels qui m’envoient à chaque fois dans un autre monde, une autre dimension en me rappelant que la terre est magnifique et qu’il faut en prendre soin. Nous en faisons partie intégrante et c’est surtout un grand cadeau que nous pouvons nous faire en faisant attention à notre habitat naturel. Je changerais volontiers le slogan « Sauvons la Planète » en « Sauvons la race humaine » ! C’est nous-mêmes qui nous intoxiquons avec nos propres déchets. La Terre, elle, s’en sortira toujours… Nous ? C’est bien moins certain…
Nous partons ensuite pour notre dernière escale de la journée et celle que j’attends le plus : les sources chaudes de Tatapani. Vu qu’il ne fait vraiment pas chaud dans ce coin de l’Inde, nous baigner dans de l’eau tiède nous fera le plus grand bien ! Après une longue route pleine de cahots, notre chauffeur nous dépose à une rivière où un pont est en train de se construire mais visiblement pas fini, et il nous fait comprendre qu’il faudra continuer à pied. De gros cailloux émergent de l’eau et constituent un chemin nous permettant de traverser la rivière sans mouiller nos pieds. Cette première étape franchie avec succès, il nous reste quelques kilomètres (le nombre n’étant pas bien défini par notre chauffeur qui est resté sur place) à parcourir jusqu’aux sources. Alors que nous entamons sans enthousiasme notre marche, une voiture surgit de nulle part et nous embarque tous les trois (moi assise par terre par manque de place) pour nous amener en dix minutes à notre destination. La vie est bien généreuse avec nous !
Nous découvrons alors un petit temple encastré dans la roche, dans lequel une petite piscine d’eau tiède est remplie sans arrêt par une source chaude naturelle sortant d’une statue murale en forme de crocodile. Incroyable ! Encore une fois, nous sommes seuls sur les lieux et pouvons profiter de ce cadeau de la Terre en toute quiétude. Les femmes n’ayant pas le droit de se baigner en maillot de bain en Inde, Aurélie garde son tee shirt et son pantalon et s’engouffre dans ce grand bain chaud tout habillée. Quant à moi, je m’enroule d’un paréo et pénètre à mon tour dans cette eau délicieusement tiède et propre. Quel plaisir divin ! Surtout après avoir eu si froid ces derniers jours…Mes muscles endoloris par notre grande randonnée d’hier apprécient énormément cette tiédeur relaxante. Olivier propose de me masser les pieds, ce que j’accepte avec plaisir tout en écoutant l’eau sortir du tréfonds de la Terre pour chuter dans notre baignoire en pleine nature. Je sens tout mon corps se relaxer et s’abandonner au moment présent. Je ne pense plus, je ne fais qu’écouter les bruits qui m’entourent et je rentre petit à petit dans une sorte d’extase délicieuse et divine. Une vieille dame indienne me sort de ma torpeur en venant remplir un grand baquet d’eau chaude. Je regarde l’heure, il est temps d’y aller si nous ne souhaitons pas avoir à retraverser la rivière la nuit, avec une lampe torche.
Nous rebroussons donc chemin tranquillement, à pied cette fois et mon sentiment d’extase revient encore plus fort. Je stoppe Olivier qui souhaite me faire la conversation, je désire juste rester dans le silence. Et au final, en écoutant bien, les environs ne sont pas du tout silencieux… Je focalise sur chacun des sons que j’entends, essayant de le séparer du reste avant de passer au suivant. Comme la nature est vivante et bruyante ! Un oiseau piaille, une vache meugle, le tonnerre gronde non loin de là, résonnant dans toute la vallée, le vent joue dans les arbres… C’est merveilleux ! Je marche tel un automate, me sentant faire partie intégrante de l’univers, étant reliée avec tout, les animaux, les plantes, les roches… J’ai presque envie de me laisser tomber par terre pour ne plus bouger mais juste sentir et ressentir… Je continue pourtant, revenant petit à petit dans le monde réel, un sourire béat m’illuminant le visage. Le tonnerre gronde toujours, quelques éclairs zèbrent le ciel au loin, mais la vallée est pourtant illuminée de soleil, les ombres dansantes des arbres et feuillages semblant nous inviter à les suivre. Quel extraordinaire moment ! Il s’est vraiment passé quelque chose de fort et de beau pour moi, je suis encore sur mon nuage. Par le simple fait de pouvoir vivre de tels moments magiques, je suis heureuse d’être en vie et je dis merci à l’univers ! Aurélie m’apprend qu’il s’est passé la même chose pour elle durant toute notre marche de retour. Nous ne nous sommes pourtant pas adressé un seul mot toutes les deux, trop absorbées par notre état intérieur visiblement très similaire. Etrange coïncidence !
Nous arrivons au taxi alors que de grosses gouttes commencent à s’écraser sur le sol terreux. Il était temps ! Notre chauffeur nous ramène tranquillement à l’hôtel où nous retrouvons notre couple préféré, Angèle et Roger avec leurs 40 ans d’écart d’âge. Nous allons dîner tous les quatre, Olivier souhaitant se reposer un peu, et s’ensuit une conversation sortant d’un autre monde, tout à fait délirante et en même temps prodigieuse… Roger nous raconte l’histoire de sa vie et j’avoue en rester estomaquée… Il a vécu un mois et demi dans une grotte en Inde, s’est fait voler ses papiers et son argent et a vécu comme un mendiant durant 8 mois avec des Intouchables Indiens, s’est fait tabasser par une bande d’Indiens qui lui ont ouvert le bras. Il a dû rester à l’hôpital deux mois de trop, ce qui a rendu son visa invalidé. Il a été victime d’un abus judiciaire et mis en prison deux mois en Inde… Et j’en passe ! Et le pire, c’est que je suis absolument certaine qu’il dit la vérité ! Je sens dans son énergie qu’il est authentique de véracité. C’est fou ! Nous parlons de spiritualité, de niveaux de conscience, de fréquences sensorielles, autant de termes qui ne veulent rien dire pour moi habituellement mais qui prennent un sens ce soir dans la discussion. Cette journée est décidément très étrange du début à la fin ! En tout cas, si la fatigue ne venait pas me terrasser au point d’avoir du mal à garder les yeux ouverts, je continuerais bien la conversation encore un moment. Mais il est temps d’aller se coucher, toutes les bonnes choses ont une fin !
Le glacier de Triund
Le 4 avril 2011
La nuit fut pour le moins agitée entre Aurélie qui est sortie de son cocon pour aller aux toilettes et Olivier qui se retrouvait trop coincé près de la toile parce qu’on se collait contre lui pour chercher un peu de chaleur et qui nous poussait à plusieurs reprises pour pouvoir respirer…C’était sportif ! Mais malgré tout, je ne m’en tire pas trop mal question sommeil et me réveille à l’aube afin de pouvoir admirer le lever de soleil sur la montagne. Il me faut rassembler tout mon courage afin de sortir de sous mes trois couvertures pour braver le froid mais la curiosité l’emporte sur mon confort.
La première levée, je m’entoure d’une couverture chaude et admire les premiers rayons pointant derrière les monts enneigés. Tout est calme et serein, j’apprécie ce moment de paix qui s’insinue dans tout mon être. J’apprécie la chance de pouvoir me trouver ici et de m’autoriser à vivre et ressentir ces incroyables moments de plénitude que m’offre la nature toujours plus belle et majestueuse à chacun de mes voyages. En fait, il suffit juste de prendre le temps de l’admirer !
Mes compagnons me rejoignent et nous allumons un feu pour faire rissoler nos croissants emportés pour l’occasion. Quel délice, ces viennoiseries grillées au feu de bois ! Un café ou chaï en plus et nous sommes au paradis. En plus, le soleil commence à nous réchauffer doucement, ce qui nous permet d’enlever une couche de couverture ou de vêtement par heure. Nous avons de la chance, le ciel est totalement dégagé ce matin et la chaîne himalayenne apparaît devant nous dans toute sa splendeur, nullement cachée par les nuages comme hier.
Après nous être totalement réchauffés au soleil, notre guide nous propose de continuer à grimper jusqu’au glacier où nous ne pourrons aller plus loin à cause de la neige. Nous acceptons avec entrain et recommençons à grimper sous un soleil clément cette fois-ci. Par contre, nous commençons à rencontrer pas mal de neige sur notre chemin et je peine un peu à avancer avec mes petites chaussures en toile. Le paysage est de plus en plus superbe, le contraste des pierres brunes, de la neige immaculée et du ciel bleu azur rendant le tableau saisissant de beauté. Aurélie s’amuse à lancer des boules de neige au guide qui le lui rend bien et je les regarde s’amuser tous les deux, comme si la beauté des lieux nous rendait notre âme d’enfant. Nous sommes arrivés à la fin du parcours, il y a encore trop de neige à cette période de l’année pour pouvoir continuer plus loin. Ce sera possible dans un mois ou deux seulement.
Nous marchons vraiment sur la neige, là, et mes chaussures commencent à prendre l’eau et à sérieusement refroidir mes pieds, même si le soleil tape fort. Olivier me propose d’essayer la paire de baskets qu’il a prise en plus pour lui au cas où ses pieds lui feraient des misères. Bien qu’un peu grandes, elles feront parfaitement l’affaire et me réchauffent les pieds instantanément. Merci Olivier, mon sauveur de pieds ! Tandis que je finis de me réchauffer avec un chaï dans une petite hutte en igloo sous la neige où un petit vendeur propose quelques produits de première nécessité, les autres s’amusent à glisser du haut des collines sur la neige, certains assis sur un plastique en guise de luge, d’autres directement sur les fesses !
Après une multitude de photos dans tous les sens, nous entamons la descente en chemin inverse de tout ce qu’on a grimpé hier et ce matin, ça nous fait une bonne marche ! Olivier qui traîne un peu la patte nous prie de ne pas l’attendre, nous descendons donc, Aurélie, le guide et moi, à une bonne cadence comme je les aime. Notre guide, un Indien de 23 ans, nous dragouille gentiment, mais avec beaucoup de respect. Ca nous amuse plus qu’autre chose au final et lui aussi visiblement. Le temps est splendide aujourd’hui et nous admirons sous un œil nouveau par rapport à hier les paysages montagnards. Les rhododendrons resplendissent au soleil et les monts enneigés s’offrent à nous partout où nous posons notre regard.
La descente s’effectue vite par rapport à notre montée d’hier et de ce matin et nous arrivons en ville pour 17h, juste à temps pour se reposer un peu, prendre une bonne douche bien méritée et redonner tous nos pulls et manteaux à nos amis de la guest house. Ce soir, nous dînons juste toutes les deux, Aurélie et moi, l’une de nos dernières soirées ensemble avant mon départ. On en profite ! Nous ne tarderons pas à nous coucher dans notre lit douillet, la randonnée et la mauvaise nuit dernière nous ayant achevées !
La nuit fut pour le moins agitée entre Aurélie qui est sortie de son cocon pour aller aux toilettes et Olivier qui se retrouvait trop coincé près de la toile parce qu’on se collait contre lui pour chercher un peu de chaleur et qui nous poussait à plusieurs reprises pour pouvoir respirer…C’était sportif ! Mais malgré tout, je ne m’en tire pas trop mal question sommeil et me réveille à l’aube afin de pouvoir admirer le lever de soleil sur la montagne. Il me faut rassembler tout mon courage afin de sortir de sous mes trois couvertures pour braver le froid mais la curiosité l’emporte sur mon confort.
La première levée, je m’entoure d’une couverture chaude et admire les premiers rayons pointant derrière les monts enneigés. Tout est calme et serein, j’apprécie ce moment de paix qui s’insinue dans tout mon être. J’apprécie la chance de pouvoir me trouver ici et de m’autoriser à vivre et ressentir ces incroyables moments de plénitude que m’offre la nature toujours plus belle et majestueuse à chacun de mes voyages. En fait, il suffit juste de prendre le temps de l’admirer !
Mes compagnons me rejoignent et nous allumons un feu pour faire rissoler nos croissants emportés pour l’occasion. Quel délice, ces viennoiseries grillées au feu de bois ! Un café ou chaï en plus et nous sommes au paradis. En plus, le soleil commence à nous réchauffer doucement, ce qui nous permet d’enlever une couche de couverture ou de vêtement par heure. Nous avons de la chance, le ciel est totalement dégagé ce matin et la chaîne himalayenne apparaît devant nous dans toute sa splendeur, nullement cachée par les nuages comme hier.
Après nous être totalement réchauffés au soleil, notre guide nous propose de continuer à grimper jusqu’au glacier où nous ne pourrons aller plus loin à cause de la neige. Nous acceptons avec entrain et recommençons à grimper sous un soleil clément cette fois-ci. Par contre, nous commençons à rencontrer pas mal de neige sur notre chemin et je peine un peu à avancer avec mes petites chaussures en toile. Le paysage est de plus en plus superbe, le contraste des pierres brunes, de la neige immaculée et du ciel bleu azur rendant le tableau saisissant de beauté. Aurélie s’amuse à lancer des boules de neige au guide qui le lui rend bien et je les regarde s’amuser tous les deux, comme si la beauté des lieux nous rendait notre âme d’enfant. Nous sommes arrivés à la fin du parcours, il y a encore trop de neige à cette période de l’année pour pouvoir continuer plus loin. Ce sera possible dans un mois ou deux seulement.
Nous marchons vraiment sur la neige, là, et mes chaussures commencent à prendre l’eau et à sérieusement refroidir mes pieds, même si le soleil tape fort. Olivier me propose d’essayer la paire de baskets qu’il a prise en plus pour lui au cas où ses pieds lui feraient des misères. Bien qu’un peu grandes, elles feront parfaitement l’affaire et me réchauffent les pieds instantanément. Merci Olivier, mon sauveur de pieds ! Tandis que je finis de me réchauffer avec un chaï dans une petite hutte en igloo sous la neige où un petit vendeur propose quelques produits de première nécessité, les autres s’amusent à glisser du haut des collines sur la neige, certains assis sur un plastique en guise de luge, d’autres directement sur les fesses !
Après une multitude de photos dans tous les sens, nous entamons la descente en chemin inverse de tout ce qu’on a grimpé hier et ce matin, ça nous fait une bonne marche ! Olivier qui traîne un peu la patte nous prie de ne pas l’attendre, nous descendons donc, Aurélie, le guide et moi, à une bonne cadence comme je les aime. Notre guide, un Indien de 23 ans, nous dragouille gentiment, mais avec beaucoup de respect. Ca nous amuse plus qu’autre chose au final et lui aussi visiblement. Le temps est splendide aujourd’hui et nous admirons sous un œil nouveau par rapport à hier les paysages montagnards. Les rhododendrons resplendissent au soleil et les monts enneigés s’offrent à nous partout où nous posons notre regard.
La descente s’effectue vite par rapport à notre montée d’hier et de ce matin et nous arrivons en ville pour 17h, juste à temps pour se reposer un peu, prendre une bonne douche bien méritée et redonner tous nos pulls et manteaux à nos amis de la guest house. Ce soir, nous dînons juste toutes les deux, Aurélie et moi, l’une de nos dernières soirées ensemble avant mon départ. On en profite ! Nous ne tarderons pas à nous coucher dans notre lit douillet, la randonnée et la mauvaise nuit dernière nous ayant achevées !
Trek dans l’Himalaya
Le 3 avril 2011
Aujourd’hui est un grand jour, nous allons effectuer un trek de 2 jours dans l’Himalaya jusqu’à Triund, une petite bourgade en haut d’un mont où se situent quelques cabanes dans lesquelles il est possible de passer la nuit. Olivier, Aurélie et moi sommes fin prêts pour l’ascension vers 8h30, seul notre guide manque à l’appel. Il arrive tranquillement une demi-heure plus tard (il ne faut jamais être pressé en Inde), nous pouvons alors commencer notre grimpette. Le chemin est relativement aisé et malgré la pente escarpée, je grimpe assez facilement devançant mes amis. Je suis moi-même étonnée de la facilité avec laquelle je grimpe des montagnes. Ca n’a pas toujours été le cas, je détestais effectuer des treks auparavant. Mais on dirait que j’ai dépassé mon mental qui me disait toujours que ça allait être difficile et que je n’allais pas y arriver… Maintenant, je mets juste un pied devant l’autre sans me poser plus de questions et l’ascension se fait toute seule ! C’est magique !
Au fur et à mesure de la montée, les paysages deviennent de plus en plus beaux. Des centaines d’arbres de rhododendrons en fleurs nous accompagnent en marchant, leurs fleurs rouges resplendissant parmi les énormes rochers aux couleurs brunes. Le temps est grisâtre ce matin et nous essuierons même un peu de pluie et de neige lors de notre marche. Ceci dit, je pense que nous préférons un temps mitigé à un soleil de plomb sous lequel nous aurions suffoqué. Le temps change vite en montagne et nous n’arrêtons pas d’enlever notre pull, de le remettre, de sortir le bonnet de laine acheté en catastrophe hier à une marchande ambulante, de le ranger pour le remplacer par un chapeau pour nous protéger du soleil… C’est la cérémonie du déshabillage ou du rhabillage ! Vu que le temps change tous les quarts d’heure, ça en devient presque comique…
Aucun de nous trois n’ayant prévu de faire un trek en Himalaya, nous n’étions absolument pas équipés pour le froid question vêtements chauds. Nous avons passé une bonne partie de notre journée d’hier à demander à des gens que nous connaissions plus ou moins de nous prêter des pulls pour notre ascension d’aujourd’hui. Nous avons récupéré un pull et un manteau, ce n’est pas un luxe vu le froid qui s’insinue en nous à mesure que notre altitude augmente. Seules mes chaussures en toile m’inquiètent un peu… J’espère ne pas devoir marcher dans la neige ou tremper mes chaussures à cause de la pluie, ce qui me glacerait les pieds immédiatement et m’handicaperait pour la journée. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux pieds, je trouve !
Nous nous arrêtons vers midi dans une petite échoppe sortie de nulle part sur le chemin, où nous nous réchauffons sous une couverture avec un chaï et un bol de soupe aux nouilles. Ca va mieux ! Mais nous sommes loin d’être arrivés au sommet et les touristes que nous croisons à leur descente nous confirment ce que nous craignions : il fait terriblement froid en haut ! Bon, nous verrons bien ! Il se met à neiger alors que nous sommes calfeutrés sous notre couverture à l’abri sous un petit toit en tôle. Aïe, aïe, on va geler en haut ! Armés de courage, nous recommençons notre ascension, profitant d’une accalmie. Finalement, le temps continue à se dégager de plus en plus, nous donnant bon espoir qu’il fera beau en haut. La ville de Dharamsala apparaît de plus en plus petite à mesure de notre montée. Et dire qu’il y a vingt ans seulement, cette ville n’existait pas ! Elle a pris de l’essor avec l’arrivée du Dalaï Lama, installé ici en exil, et s’est transformée rapidement.
Je sème encore une fois Aurélie et Olivier qui préfèrent prendre leur temps, Olivier surtout à cause d’une fracture au pied qu’il s’est faite il y a peu de temps. Nous croisons de la neige, mais le temps est toujours clément avec nous, nous sommes vraiment chanceux ! Après six heures d’ascension tranquille, j’arrive enfin au sommet avec notre guide pour apercevoir tout d’un coup au détour du dernier virage de superbes montagnes enneigées voilées par une légère brume à leur sommet. Le paysage est à couper le souffle, je reste sans voix durant un moment, m’imprégnant de cette beauté naturelle incroyable. Magnifique ! Même les nuages cachant une partie des monts ajoutent une touche mystérieuse à ce tableau majestueux. De petites échoppes et quelques bâtiments épars où il est possible de dormir sont disséminés au sommet. On m’installe une couverture à terre et je déguste un café chaud tout en ne détachant pas mon regard du paysage. Vingt minutes plus tard, mes compagnons arrivent et je me délecte de voir leur réaction d’émerveillement éclairer leur visage à leur tour malgré la fatigue de la marche.
Nous passons le reste de l’après-midi couchés par terre, admirant les nuages dégageant de plus en plus les montagnes enneigées, le temps ayant décidé d’être clément avec nous. Il ne fait même pas froid, le soleil nous réchauffant délicieusement. Notre guide et quelques Indiens en profitent pour jouet au cricket et s’amusent comme des fous. Je retrouve avec joie cette sensation de faire partie intégrante de la nature, je me sens de nouveau toute petite en comparaison de cette immense chaîne de montagne appelée Himalaya, et j’apprécie humblement sa grandeur. Seuls le bruit des rapaces et les éclats de joie des Indiens marquant un but troublent le silence des montagnes. Je me sens bien.
Nous assistons à un petit coucher de soleil derrière les montagnes, qui empourpre le ciel de belles couleurs tandis que les monts enneigés finissent de se découvrir. Dès que le soleil se cache, la température chute drastiquement et nous nous réfugions près du feu. Trois autres touristes indiens entourent le feu avec nous, nous sommes en basse saison, les visiteurs n’affluent pas encore à cause de la température assez basse. Il faut être fou comme nous pour venir se cailler en haut d’un sommet en cette saison ! Serrés les uns contre les autres, plusieurs chiens nous collant également afin de profiter d’un peu de chaleur, nous discutons autour des flammes dansantes. Le ciel étoilé forme un superbe dôme au dessus de nos têtes, aucune lumière artificielle ne vient altérer leur clarté. J’ai presque l’impression d’être plus proche de ces astres célestes vu que je me trouve en haut d’une montagne ! Une pensée de petite fille qui me fait aussitôt sourire… Ce qui est certain par contre, c’est qu’il fait vraiment froid et nous avons bien du mal à nous réchauffer malgré le petit feu de bois. Je pars dans mes pensées, essayant de faire abstraction des discussions des Indiens ou de mes compagnons, souhaitant profiter de ce moment dans mon monde intérieur, même si ce n’est pas facile avec ce froid qui me glace les os. Nous avalons en vitesse un thali préparé sommairement par le cuisinier de l’échoppe. Il n’y a ni eau courante, ni électricité ici, tout est fait au feu de bois. Olivier, Aurélie et moi nous serrons ensemble sur un banc de fortune afin de nous communiquer un peu de chaleur tout en mangeant notre souper. La nourriture est plutôt épicée et mon estomac réagit violemment aux premières bouchées ingérées. De violentes crampes me vrillent le ventre comme pour me signaler qu’il n’en peut plus de toutes ces épices qui l’inondent depuis plusieurs semaines. Ah non, ce n’est pas le moment d’être malade ce soir, à cette altitude, au milieu de nulle part, dans ce manque de confort évident et ces températures hivernales ! Je prie le ciel pour que mes crampes passent et ne finis pas mon dîner, ne voulant pas risquer d’aggraver la situation. Je retourne m’asseoir près du feu pour tenter de me réchauffer, mais mon corps ne me donne pas le choix, il faut que je m’allonge. De toute façon, tout le monde est fatigué par l’activité physique de la journée et commence à s’éclipser. Notre guide nous a donné le choix plus tôt dans l’après-midi entre dormir dans une chambre d’un des refuges et monter une tente. Aurélie, tout excitée à l’idée de dormir avec les sons de la nature, a tout de suite voté pour la tente. Olivier et moi étions plus mitigés à cause du froid, mais notre guide nous a assuré qu’on aurait assez de couvertures, tout en ajoutant que la tente serait une expérience moins banale qu’une chambre en refuge. Certes ! Mais je ne vois pas bien la valeur ajoutée à mal dormir par terre dans une tente versus s’allonger sur le bon matelas d’un lit ! Mais bon, solidaires avec Aurélie et ne souhaitant pas la laisser toute seule dans sa petite tente, nous avons accepté de la suivre dans l’aventure. C’est donc allongée dans une petite tente à peine assez grande pour trois que j’essaie de calmer mes douleurs d’estomac. Notre guide nous a installé des tapis de sol et par-dessus une couverture, ce qui donne un matelas correct au final. Il nous donne un sac de couchage chacun, ainsi que deux grosses couvertures. Malgré cela, j’enfile à peu près tous les vêtements que j’ai pu emporter dans mon petit sac à dos. Je porte trois paires de chaussettes, deux pantalons l’un par-dessus l’autre, trois tee shirts, un pull et l’anorak réquisitionné chez nos voisins avant de partir en trek. C’est sans compter l’écharpe et le bonnet ! Je mets même une autre paire de chaussettes en guise de gants… Tous les moyens pour se réchauffer sont bons ! Etant donné que je suis un peu malade, Aurélie et Olivier me laissent la meilleure place dans la tente : celle du milieu. Je réquisitionnerai la chaleur de mes deux compatriotes de chaque côté de moi ! En plus, un chien s’est blotti à mes pieds en dehors de la tente, je suis bien entourée !
Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous essayons de ne pas laisser un gramme d’air froid nous atteindre et cherchons le sommeil entre le manque d’espace, le peu de latitude pour bouger, la chasse aux courants d’air, si minimes soient-ils, et les pets bruyants des chiens dehors… Mes crampes d’estomac ont cessé et je réussis à m’endormir doucement, la fatigue ayant raison de toutes les embûches.
Aujourd’hui est un grand jour, nous allons effectuer un trek de 2 jours dans l’Himalaya jusqu’à Triund, une petite bourgade en haut d’un mont où se situent quelques cabanes dans lesquelles il est possible de passer la nuit. Olivier, Aurélie et moi sommes fin prêts pour l’ascension vers 8h30, seul notre guide manque à l’appel. Il arrive tranquillement une demi-heure plus tard (il ne faut jamais être pressé en Inde), nous pouvons alors commencer notre grimpette. Le chemin est relativement aisé et malgré la pente escarpée, je grimpe assez facilement devançant mes amis. Je suis moi-même étonnée de la facilité avec laquelle je grimpe des montagnes. Ca n’a pas toujours été le cas, je détestais effectuer des treks auparavant. Mais on dirait que j’ai dépassé mon mental qui me disait toujours que ça allait être difficile et que je n’allais pas y arriver… Maintenant, je mets juste un pied devant l’autre sans me poser plus de questions et l’ascension se fait toute seule ! C’est magique !
Au fur et à mesure de la montée, les paysages deviennent de plus en plus beaux. Des centaines d’arbres de rhododendrons en fleurs nous accompagnent en marchant, leurs fleurs rouges resplendissant parmi les énormes rochers aux couleurs brunes. Le temps est grisâtre ce matin et nous essuierons même un peu de pluie et de neige lors de notre marche. Ceci dit, je pense que nous préférons un temps mitigé à un soleil de plomb sous lequel nous aurions suffoqué. Le temps change vite en montagne et nous n’arrêtons pas d’enlever notre pull, de le remettre, de sortir le bonnet de laine acheté en catastrophe hier à une marchande ambulante, de le ranger pour le remplacer par un chapeau pour nous protéger du soleil… C’est la cérémonie du déshabillage ou du rhabillage ! Vu que le temps change tous les quarts d’heure, ça en devient presque comique…
Aucun de nous trois n’ayant prévu de faire un trek en Himalaya, nous n’étions absolument pas équipés pour le froid question vêtements chauds. Nous avons passé une bonne partie de notre journée d’hier à demander à des gens que nous connaissions plus ou moins de nous prêter des pulls pour notre ascension d’aujourd’hui. Nous avons récupéré un pull et un manteau, ce n’est pas un luxe vu le froid qui s’insinue en nous à mesure que notre altitude augmente. Seules mes chaussures en toile m’inquiètent un peu… J’espère ne pas devoir marcher dans la neige ou tremper mes chaussures à cause de la pluie, ce qui me glacerait les pieds immédiatement et m’handicaperait pour la journée. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux pieds, je trouve !
Nous nous arrêtons vers midi dans une petite échoppe sortie de nulle part sur le chemin, où nous nous réchauffons sous une couverture avec un chaï et un bol de soupe aux nouilles. Ca va mieux ! Mais nous sommes loin d’être arrivés au sommet et les touristes que nous croisons à leur descente nous confirment ce que nous craignions : il fait terriblement froid en haut ! Bon, nous verrons bien ! Il se met à neiger alors que nous sommes calfeutrés sous notre couverture à l’abri sous un petit toit en tôle. Aïe, aïe, on va geler en haut ! Armés de courage, nous recommençons notre ascension, profitant d’une accalmie. Finalement, le temps continue à se dégager de plus en plus, nous donnant bon espoir qu’il fera beau en haut. La ville de Dharamsala apparaît de plus en plus petite à mesure de notre montée. Et dire qu’il y a vingt ans seulement, cette ville n’existait pas ! Elle a pris de l’essor avec l’arrivée du Dalaï Lama, installé ici en exil, et s’est transformée rapidement.
Je sème encore une fois Aurélie et Olivier qui préfèrent prendre leur temps, Olivier surtout à cause d’une fracture au pied qu’il s’est faite il y a peu de temps. Nous croisons de la neige, mais le temps est toujours clément avec nous, nous sommes vraiment chanceux ! Après six heures d’ascension tranquille, j’arrive enfin au sommet avec notre guide pour apercevoir tout d’un coup au détour du dernier virage de superbes montagnes enneigées voilées par une légère brume à leur sommet. Le paysage est à couper le souffle, je reste sans voix durant un moment, m’imprégnant de cette beauté naturelle incroyable. Magnifique ! Même les nuages cachant une partie des monts ajoutent une touche mystérieuse à ce tableau majestueux. De petites échoppes et quelques bâtiments épars où il est possible de dormir sont disséminés au sommet. On m’installe une couverture à terre et je déguste un café chaud tout en ne détachant pas mon regard du paysage. Vingt minutes plus tard, mes compagnons arrivent et je me délecte de voir leur réaction d’émerveillement éclairer leur visage à leur tour malgré la fatigue de la marche.
Nous passons le reste de l’après-midi couchés par terre, admirant les nuages dégageant de plus en plus les montagnes enneigées, le temps ayant décidé d’être clément avec nous. Il ne fait même pas froid, le soleil nous réchauffant délicieusement. Notre guide et quelques Indiens en profitent pour jouet au cricket et s’amusent comme des fous. Je retrouve avec joie cette sensation de faire partie intégrante de la nature, je me sens de nouveau toute petite en comparaison de cette immense chaîne de montagne appelée Himalaya, et j’apprécie humblement sa grandeur. Seuls le bruit des rapaces et les éclats de joie des Indiens marquant un but troublent le silence des montagnes. Je me sens bien.
Nous assistons à un petit coucher de soleil derrière les montagnes, qui empourpre le ciel de belles couleurs tandis que les monts enneigés finissent de se découvrir. Dès que le soleil se cache, la température chute drastiquement et nous nous réfugions près du feu. Trois autres touristes indiens entourent le feu avec nous, nous sommes en basse saison, les visiteurs n’affluent pas encore à cause de la température assez basse. Il faut être fou comme nous pour venir se cailler en haut d’un sommet en cette saison ! Serrés les uns contre les autres, plusieurs chiens nous collant également afin de profiter d’un peu de chaleur, nous discutons autour des flammes dansantes. Le ciel étoilé forme un superbe dôme au dessus de nos têtes, aucune lumière artificielle ne vient altérer leur clarté. J’ai presque l’impression d’être plus proche de ces astres célestes vu que je me trouve en haut d’une montagne ! Une pensée de petite fille qui me fait aussitôt sourire… Ce qui est certain par contre, c’est qu’il fait vraiment froid et nous avons bien du mal à nous réchauffer malgré le petit feu de bois. Je pars dans mes pensées, essayant de faire abstraction des discussions des Indiens ou de mes compagnons, souhaitant profiter de ce moment dans mon monde intérieur, même si ce n’est pas facile avec ce froid qui me glace les os. Nous avalons en vitesse un thali préparé sommairement par le cuisinier de l’échoppe. Il n’y a ni eau courante, ni électricité ici, tout est fait au feu de bois. Olivier, Aurélie et moi nous serrons ensemble sur un banc de fortune afin de nous communiquer un peu de chaleur tout en mangeant notre souper. La nourriture est plutôt épicée et mon estomac réagit violemment aux premières bouchées ingérées. De violentes crampes me vrillent le ventre comme pour me signaler qu’il n’en peut plus de toutes ces épices qui l’inondent depuis plusieurs semaines. Ah non, ce n’est pas le moment d’être malade ce soir, à cette altitude, au milieu de nulle part, dans ce manque de confort évident et ces températures hivernales ! Je prie le ciel pour que mes crampes passent et ne finis pas mon dîner, ne voulant pas risquer d’aggraver la situation. Je retourne m’asseoir près du feu pour tenter de me réchauffer, mais mon corps ne me donne pas le choix, il faut que je m’allonge. De toute façon, tout le monde est fatigué par l’activité physique de la journée et commence à s’éclipser. Notre guide nous a donné le choix plus tôt dans l’après-midi entre dormir dans une chambre d’un des refuges et monter une tente. Aurélie, tout excitée à l’idée de dormir avec les sons de la nature, a tout de suite voté pour la tente. Olivier et moi étions plus mitigés à cause du froid, mais notre guide nous a assuré qu’on aurait assez de couvertures, tout en ajoutant que la tente serait une expérience moins banale qu’une chambre en refuge. Certes ! Mais je ne vois pas bien la valeur ajoutée à mal dormir par terre dans une tente versus s’allonger sur le bon matelas d’un lit ! Mais bon, solidaires avec Aurélie et ne souhaitant pas la laisser toute seule dans sa petite tente, nous avons accepté de la suivre dans l’aventure. C’est donc allongée dans une petite tente à peine assez grande pour trois que j’essaie de calmer mes douleurs d’estomac. Notre guide nous a installé des tapis de sol et par-dessus une couverture, ce qui donne un matelas correct au final. Il nous donne un sac de couchage chacun, ainsi que deux grosses couvertures. Malgré cela, j’enfile à peu près tous les vêtements que j’ai pu emporter dans mon petit sac à dos. Je porte trois paires de chaussettes, deux pantalons l’un par-dessus l’autre, trois tee shirts, un pull et l’anorak réquisitionné chez nos voisins avant de partir en trek. C’est sans compter l’écharpe et le bonnet ! Je mets même une autre paire de chaussettes en guise de gants… Tous les moyens pour se réchauffer sont bons ! Etant donné que je suis un peu malade, Aurélie et Olivier me laissent la meilleure place dans la tente : celle du milieu. Je réquisitionnerai la chaleur de mes deux compatriotes de chaque côté de moi ! En plus, un chien s’est blotti à mes pieds en dehors de la tente, je suis bien entourée !
Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous essayons de ne pas laisser un gramme d’air froid nous atteindre et cherchons le sommeil entre le manque d’espace, le peu de latitude pour bouger, la chasse aux courants d’air, si minimes soient-ils, et les pets bruyants des chiens dehors… Mes crampes d’estomac ont cessé et je réussis à m’endormir doucement, la fatigue ayant raison de toutes les embûches.
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