Le 11 octobre 2011
Ouf, ça y est, je commence enfin à sortir la tête de l’eau. Ça n’a pas été évident ces derniers mois, mais j’entrevois la lumière au bout du tunnel !
Après quelques semaines de vacances en août avec Jean-Paul, j’ai finalement commencé ma recherche d’emploi qui s’est avérée un peu plus difficile que je me l’étais imaginée. Ceci-dit, j’avais énormément d’entretiens, ce qui est bon signe en général, et ça se passait plutôt bien, mais je n’entrevoyais pas vraiment de poste idéal. Avec deux ou trois entretiens d’embauche par jour durant plus d’un mois et demi, je peux dire que j’arrivais un peu à saturation ! Je me sentais dépiautée, jugée, harcelée, testée sans cesse, avec des épreuves techniques à n’en plus finir, des épreuves orales sévères afin de voir ma réactivité au stress… Finalement, je rentrais épuisée de mes démarches de la journée avec une envie de crier, de pleurer ou de me cacher sous ma couette de plus en plus prenante. Heureusement Jean-Paul était là pour me rassurer, me prendre dans ses bras et me rappeler pourquoi j’avais quitté un travail en or au Québec pour ici. Et non, je n’ai jamais regretté une seconde ma décision. Elle a été prise de manière réfléchie, je savais ou je m’en allais, je savais aussi que mon arrivée n’allait pas se faire facilement, c’est normal. J’avais juste besoin d’être rassurée de temps en temps.
Et finalement, alors que je désespérais un peu de faire toutes les boites de la région sans résultat flagrant, j’ai reçu pas moins de 4 propositions d’embauche différentes ! Mais là encore, il y avait toujours un gros hic… Soit le projet n’était pas vraiment intéressant, ou l’ambiance pas folichonne, ou à plus d’une heure de trajet… Alors que j’allais dire oui par défaut à la moins pire de toutes, un boulot en or me tombe dessus sans crier gare à la dernière minute. La Caisse d’Epargne souhaite me prendre dans leurs équipes ! Je reste dans le domaine de la finance, l’équipe a l’air intéressante, le projet également et elle se situe à 15 minutes de la maison ! Youhouuuuuh ! C’est gagné ! Je peux enfin respirer, j’ai trouvé la perle rare… Je ne commence que la semaine prochaine, nous verrons bien si vraiment le travail me plait, mais je suis optimiste, je pense que je vais m’y plaire. Donc enfin ce gros souci là de moins.
Avec Jean-Paul, nous voyons également enfin le soleil dans notre relation qui n’a pas été évidente au début. Tout s’est passé rapidement entre nous, un peu trop certainement. Nous vivons ensemble depuis le moment ou je suis arrivée en France, j’ai rapidement envahie son espace, tout en ayant du mal à me sentir chez moi. Ca a été un bouleversement pour lui également, tout autant que pour moi. Et vu nos caractères bien trempés, il y avait souvent des étincelles entre nous deux, ce qui n’est pas évident quand déjà les repères professionnels et géographiques ne sont pas là pour moi, je n’avais pas non plus de base solide sentimentale, ce qui amplifiait mon sentiment d’inquiétude. Mais nous commençons à nous connaitre, à nous comprendre, et après s’être tester comme des enfants, nous entrevoyons les limites de l’autre, les blessures ou il ne faut pas appuyer. Et enfin, nous commençons a réellement nous aimer avec toute la beauté que l’amour peut nous apporter à chacun. Plusieurs fois, nous avons eu envie de laisser tomber, d’abandonner la relation que nous jugions trop difficile, contenant trop d’embuches… Mais nous avons persévéré et même si nous ne savons jamais ce que l’avenir sera fait, je pense que nous avons fait le plus difficile concernant mon arrivée ici. Après, nous allons voir avec le long terme, la routine, les travaux de la maison, comment évoluera notre complicité, rien n’est jamais gagné d’avance… Mais j’y crois !
Concernant les travaux de la maison, ça avance doucement. La cuisine et le salon sont presque terminés, nous en sommes à la phase de peinture, ce qui est tout de même bon signe ! Je ne m’étais pas imaginée que la rénovation d’une maison puisse demander autant d’énergie. Choisir les bons matériaux, les maçons, électriciens, peintres talentueux (ce qui est loin d’être évident), décider de tous les emplacements, couleurs, saignées… C’est un travail à temps plein et j’admire Jean-Paul qui jongle entre son travail actuel et la rénovation comme s’il avait fait ça toute sa vie ! Tantôt en bleu de travail pour soulever des parpaings, tantôt en chemise pour aller contrôler ses supermarchés… C’est Mister Jekyll et Mister Hyde ! Toutefois, je trouve qu’il se fatigue beaucoup en s’agitant dans tous les sens et je dois avouer que moi-même je ne peux pas le suivre et n’en ai pas envie ! Je recherche la simplicité dans ma vie, ne pas m’abrutir avec trop de choses à faire, mais plutôt prendre du temps pour moi, pour penser ou faire le vide dans mon esprit, danser, lire, que sais-je encore… Juste être bien avec moi-même. Il m’assure que la rénovation lui plait et qu’il fait ça de bon cœur. Je trouve juste que ça donne beaucoup de stress pour du matériel… Enfin !
Quoiqu’il en soit, je commence à me sentir bien dans mon nouvel environnement. Je prends mes marques tout doucement. Et je trouve que la région est formidable ! Nous sommes mi-octobre et il est encore possible de se faire dorer au soleil sur la plage et même de se baigner dans la mer ! Incroyable… Et dire qu’à Montréal, j’aurais une température à peine supérieure à 0 degré ! J’ai pu en profiter aussi pour me promener dans les Calanques, visiter Marseille et son île de Frioul. Plus j’apprends à connaître les alentours et plus mon cœur se rapproche de Marseille plutôt que d’Aix en Provence. Aix est une ville magnifique, mais très huppée et manquant d’authenticité. Marseille bouge, frémit, gigote dans tous les sens, vit plus simplement et comporte culturellement beaucoup plus d’attraits à mon sens. Je pense que je vais me sentir bien dans cette belle région ! En plus, dans quelques jours, un ami Québécois vient me rendre une petite visite d’une semaine ! Il va me ramener les couleurs de ce beau pays qui me manque un peu… J’en suis ravie ! A moi de lui faire découvrir les beautés de la France maintenant.
La suite des aventures au prochain épisode !
Premières impressions de mon arrivée en France
Le 10 aout 2011
Bon ça y est, je suis de retour à la maison ! Chez moi… Ou un endroit qui y ressemble, mais n’est pas tout à fait le même. J’ai l’impression de revenir dans un pays qui ressemble au mien, mais sans le reconnaître tout à fait encore. Je crois que je vais avoir besoin d’un temps d’adaptation !
En tout cas, tout s’est déroulé à merveille concernant mon trajet et mes bagages me suivant. J’ai récupéré toutes mes affaires sans encombre à l’aéroport de Marseille, rien n’a été endommagé, tout est beau ! Par contre, comme je m’y attendais, l’atterrissage moral n’est pas forcément évident… Je me sens un peu perdue, en territoire inconnu, avec toute ma vie à recommencer. Heureusement Jean-Paul m’aide beaucoup dans ce moment difficile, mais c’est surtout à moi de le gérer seule avec moi-même. Mes premières démarches administratives ont pour le moins été ardues. J’appelais un organisme public, que ce soit la sécurité sociale ou les impôts et je n’arrivais jamais à avoir quelqu’un au bout du fil. Et les techniques de découragement sont diverses et variées… Soit la boite vocale demande de rappeler à un autre numéro qui n’est plus attribué, soit elle demande de laisser un message en précisant qu’ils traiteront la demande dans les plus brefs délais en demandant de spécifier notre nom, numéro de téléphone et tout le tintouin et lorsqu’on s’apprête à laisser un message en ayant eu soin de récupérer toutes les informations au préalable, on nous annonce que la boite vocale est pleine !! Il y a de quoi virer folle… Le mieux est encore de prendre la voiture et de se rendre sur place… Heureusement que je ne travaille pas étant donné les horaires d’ouverture des organismes publics… Je commence à comprendre pourquoi les Français sont râleurs, en fait, il y a de quoi ! Sans parler des problèmes bancaires pour virer de l’argent canadiens en euros… Bref, j’aurai tout eu ! Mais avec de la patience, on finit toujours par y arriver…
Mais ce n’est pas tout ça qui est difficile au final, mais plutôt l’adaptation mentale à un nouvel environnement, à une nouvelle vie. Surtout que j’arrive dans une région que je ne connais pas, je n’ai vraiment aucun repère ici et j’affronte en plus le fait de m’installer chez quelqu’un, ce qui, chacun le sait, n’a rien d’évident non plus. Le déracinement d’une part et l’emménagement chez Jean-Paul d’autre part, le tout sans travail et sans ami, je dois avouer que c’est un peu rude ! Même si Jean-Paul fait tout pour que je me sente à l’aise chez lui, c’est difficile pour moi de me sentir chez moi. Il m’a laissé une pièce qui me sert de bureau et de rangement de mes affaires, toutefois, j’ai la désagréable impression de mettre tout mon appart de Montréal dans une pièce de 15m2… Ce qui n’a rien d’évident au moral. En plus, sa maison est en travaux, essentiellement la cuisine et le salon. Ce qui fait qu’on campe un peu pour le moment sans four pour réchauffer les plats, sans placard pour ranger la vaisselle et de la poussière partout. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour moi pour atterrir ici ! Mais bon, je commence à m’y faire tout doucement… Ce qui est bien, c’est que je participe aux travaux de rénovation et Jean-Paul me laisse la main dessus, ce qui me donne l’impression d’aménager avec lui notre future maison à deux ! Je suis juste un peu trop vite parachutée là-dedans… Mais bon, il a une maison de 200 m2 avec un immense jardin avec piscine et paillottes ramenées de Bali ainsi que plein de petite Bouddhas, je ne vais trop me plaindre ! Il faut juste qu’une femme mette un peu le nez dans son organisation et son rangement ! :-)
La semaine prochaine, nous partons en vacances 2 semaines, ça va nous faire du bien de nous retrouver à deux, là il travaille en journée ce n’est pas évident pour lui de gérer mon arrivée, les travaux de sa maison, son travail… Ensuite, je commencerai à chercher du travail ! (Va bien falloir un jour quand même…). Aujourd’hui, je recommence à retrouver des forces et mon énergie légendaire, j’espère que le plus gros est passé. Je m’aperçois aussi que les amis que j’ai laissés ici ont changé eux aussi (ou est-ce moi ?) et j’ai récemment été très déçue par l’attitude de certains d’entre eux qui, au lieu de m’aider dans cette épreuve, m’ont plutôt enfoncé la tête sous l’eau. Ça m’a évidemment beaucoup touchée moralement, mais j’en suis remise. Cette expérience va me permettre de trier un peu encore mes amis Français ! Et je vais en rencontrer d’autres, sans oublier mes chers Québécois !
Une amie de Montréal m’a soutenue dans ce moment difficile et je vais retranscrire ce qu’elle m’a dit, je trouve ça tellement beau :
« Il faut que tu évites les personnes qui veulent te faire rentrer dans tes vieilles nippes. Tu es une immigrante, tu as changé, tu arrives dans ce petit pays qui est le tien, avec de nouvelles personnes à découvrir, de nouvelles façons de faire, une nouvelle maison, un nouvel amoureux, il faut que tu oublies tout ce que tu connais de la France et tu dois arriver avec de nouveaux yeux et ta personnalité à toi telle qu’elle est aujourd’hui. Et la France, n’est-elle pas le plus beau pays du monde ? C’est ton choix et vis le à fond afin de donner une chance à ton rêve de vivre avec Jean-Paul dans le Sud de la France. C’est toi qui vis et non pas un être factice créé par ton orgueil et ton ennui. C’est toi l’actrice principale de ta vie… Ni tes amis, ni ta famille… Seulement TOI ! Découvre-la comme tu le fais toujours, avec le cœur en bandoulière …»
Merci Narriman pour cette incroyable philosophie de la vie… Ca m’a remontée à bloc ! Attention la France, ME VOILA !!
Bon ça y est, je suis de retour à la maison ! Chez moi… Ou un endroit qui y ressemble, mais n’est pas tout à fait le même. J’ai l’impression de revenir dans un pays qui ressemble au mien, mais sans le reconnaître tout à fait encore. Je crois que je vais avoir besoin d’un temps d’adaptation !
En tout cas, tout s’est déroulé à merveille concernant mon trajet et mes bagages me suivant. J’ai récupéré toutes mes affaires sans encombre à l’aéroport de Marseille, rien n’a été endommagé, tout est beau ! Par contre, comme je m’y attendais, l’atterrissage moral n’est pas forcément évident… Je me sens un peu perdue, en territoire inconnu, avec toute ma vie à recommencer. Heureusement Jean-Paul m’aide beaucoup dans ce moment difficile, mais c’est surtout à moi de le gérer seule avec moi-même. Mes premières démarches administratives ont pour le moins été ardues. J’appelais un organisme public, que ce soit la sécurité sociale ou les impôts et je n’arrivais jamais à avoir quelqu’un au bout du fil. Et les techniques de découragement sont diverses et variées… Soit la boite vocale demande de rappeler à un autre numéro qui n’est plus attribué, soit elle demande de laisser un message en précisant qu’ils traiteront la demande dans les plus brefs délais en demandant de spécifier notre nom, numéro de téléphone et tout le tintouin et lorsqu’on s’apprête à laisser un message en ayant eu soin de récupérer toutes les informations au préalable, on nous annonce que la boite vocale est pleine !! Il y a de quoi virer folle… Le mieux est encore de prendre la voiture et de se rendre sur place… Heureusement que je ne travaille pas étant donné les horaires d’ouverture des organismes publics… Je commence à comprendre pourquoi les Français sont râleurs, en fait, il y a de quoi ! Sans parler des problèmes bancaires pour virer de l’argent canadiens en euros… Bref, j’aurai tout eu ! Mais avec de la patience, on finit toujours par y arriver…
Mais ce n’est pas tout ça qui est difficile au final, mais plutôt l’adaptation mentale à un nouvel environnement, à une nouvelle vie. Surtout que j’arrive dans une région que je ne connais pas, je n’ai vraiment aucun repère ici et j’affronte en plus le fait de m’installer chez quelqu’un, ce qui, chacun le sait, n’a rien d’évident non plus. Le déracinement d’une part et l’emménagement chez Jean-Paul d’autre part, le tout sans travail et sans ami, je dois avouer que c’est un peu rude ! Même si Jean-Paul fait tout pour que je me sente à l’aise chez lui, c’est difficile pour moi de me sentir chez moi. Il m’a laissé une pièce qui me sert de bureau et de rangement de mes affaires, toutefois, j’ai la désagréable impression de mettre tout mon appart de Montréal dans une pièce de 15m2… Ce qui n’a rien d’évident au moral. En plus, sa maison est en travaux, essentiellement la cuisine et le salon. Ce qui fait qu’on campe un peu pour le moment sans four pour réchauffer les plats, sans placard pour ranger la vaisselle et de la poussière partout. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour moi pour atterrir ici ! Mais bon, je commence à m’y faire tout doucement… Ce qui est bien, c’est que je participe aux travaux de rénovation et Jean-Paul me laisse la main dessus, ce qui me donne l’impression d’aménager avec lui notre future maison à deux ! Je suis juste un peu trop vite parachutée là-dedans… Mais bon, il a une maison de 200 m2 avec un immense jardin avec piscine et paillottes ramenées de Bali ainsi que plein de petite Bouddhas, je ne vais trop me plaindre ! Il faut juste qu’une femme mette un peu le nez dans son organisation et son rangement ! :-)
La semaine prochaine, nous partons en vacances 2 semaines, ça va nous faire du bien de nous retrouver à deux, là il travaille en journée ce n’est pas évident pour lui de gérer mon arrivée, les travaux de sa maison, son travail… Ensuite, je commencerai à chercher du travail ! (Va bien falloir un jour quand même…). Aujourd’hui, je recommence à retrouver des forces et mon énergie légendaire, j’espère que le plus gros est passé. Je m’aperçois aussi que les amis que j’ai laissés ici ont changé eux aussi (ou est-ce moi ?) et j’ai récemment été très déçue par l’attitude de certains d’entre eux qui, au lieu de m’aider dans cette épreuve, m’ont plutôt enfoncé la tête sous l’eau. Ça m’a évidemment beaucoup touchée moralement, mais j’en suis remise. Cette expérience va me permettre de trier un peu encore mes amis Français ! Et je vais en rencontrer d’autres, sans oublier mes chers Québécois !
Une amie de Montréal m’a soutenue dans ce moment difficile et je vais retranscrire ce qu’elle m’a dit, je trouve ça tellement beau :
« Il faut que tu évites les personnes qui veulent te faire rentrer dans tes vieilles nippes. Tu es une immigrante, tu as changé, tu arrives dans ce petit pays qui est le tien, avec de nouvelles personnes à découvrir, de nouvelles façons de faire, une nouvelle maison, un nouvel amoureux, il faut que tu oublies tout ce que tu connais de la France et tu dois arriver avec de nouveaux yeux et ta personnalité à toi telle qu’elle est aujourd’hui. Et la France, n’est-elle pas le plus beau pays du monde ? C’est ton choix et vis le à fond afin de donner une chance à ton rêve de vivre avec Jean-Paul dans le Sud de la France. C’est toi qui vis et non pas un être factice créé par ton orgueil et ton ennui. C’est toi l’actrice principale de ta vie… Ni tes amis, ni ta famille… Seulement TOI ! Découvre-la comme tu le fais toujours, avec le cœur en bandoulière …»
Merci Narriman pour cette incroyable philosophie de la vie… Ca m’a remontée à bloc ! Attention la France, ME VOILA !!
Dernier jour au Québec
Le 3 août 2011
Encore une fois dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Montréal, je m’apprête à m’envoler pour Marseille où Jean-Paul me récupérera. Il ne s’agit plus d’un voyage, mais d’un retour définitif cette fois. Enfin, le mot « définitif » n’a qu’une valeur partielle pour moi… Qui peut prédire l’avenir ? Certainement pas moi en tout cas ! Toutefois, l’implication est différente malgré tout. Je quitte le Québec, mes amis, ma vie qui a été la mienne durant 4 ans, ce n’est pas forcément évident !
Mes émotions ont joué les montagnes russes ces dernières semaines; des jours où j’étais excitée et ravie en vue de la nouvelle aventure qui m’attendait, je passais ensuite à des jours de tristesse de quitter les êtres chers qui m’ont entourée toutes ces années. Les soirées d’au-revoir avec chacun se soldaient souvent en larmes, le cœur déchiré. Mon dernier jour au travail a été particulièrement intense, tout le monde se réunissant pour me souhaiter bonne chance dans ma nouvelle vie. J’ai eu de la chance d’être aussi bien intégrée à tous les niveaux dans la société québécoise et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui m’ont soutenue, aidée, aimée durant tout ce temps !
Depuis 2 jours, les adieux ayant tous été faits, je me suis sentie plus sereine. Je me suis occupée des derniers préparatifs matériels, sans stress puisque j’avais plutôt bien planifié mon départ et j’ai pu prendre un peu de temps pour me relaxer, ne travaillant plus depuis 4 jours. Ce moment de repos un peu hors du temps m’a fait le plus grand bien. J’avais l’impression de flotter entre 2 mondes, n’étant plus vraiment au Québec, ni en France… Étrange sensation ! J’ai tranquillement rangé mes affaires qui sont parties avant moi par avion-cargo, nettoyé l’appartement, tout ça dans une paix apparente. Par contre, mes maux d’estomac m’indiquaient clairement que ça bouillonnait à l’intérieur !
Ma fébrilité m’a prise alors que mes amis Cédric et Céline sont venus me chercher pour m’amener à l’aéroport. Ils ont vu l’appartement vide et j’ai vu qu’ils prenaient conscience en même temps que moi que je partais pour de bon ! Je fais un dernier tour rapide dans les pièces vidées de mes affaires puis m’engouffre dans leur voiture, jetant un dernier regard nostalgique à cette maison qui m’a accueillie durant tout ce temps, mon refuge, un havre de paix et de sérénité, mon nid douillet dans lequel j’ai toujours aimé me blottir. Une page se tourne… Un nouveau chapitre de ma vie commence !
Mes amis me laissent à l’aéroport en privilégiant les rapides embrassades; j’ai trop dit au-revoir aux gens dernièrement, on dirait que je ne suis plus capable de le supporter encore. Et me voici donc à l’aéroport essayant d’effectuer un bilan de ma vie au Québec… Mon dieu, comme c’est difficile ! Il s’y est passé tant de choses ! En tout cas, ça a été intense… Une amie m’a encouragée à remercier la vie pour tout ce qu’elle m’a offerte ici et pour tout ce que j’y ai appris. En effet, mon expérience au Québec a été tellement formatrice pour moi-même ! Je n’ai pas vécu que des bons moments, loin de là, je dirais même que ça a été la période de ma vie la plus difficile, mais étrangement, la plus belle aussi. Je me suis découverte moi-même dans ces difficultés, j’ai dû aller au bout de mes capacités, surmonter toute une série de peurs face à l’inconnu et je pense m’en être plutôt bien sortie au final. J’ai beaucoup voyagé, même en étant seule, j’ai monté ma compagnie et réussi à la maintenir à flot, acheté un appartement à Montréal, je repars avec un cercle d’amis sincères et merveilleux et surtout j’ai commencé une belle introspection sur moi-même qui m’a permis d’avancer et de comprendre beaucoup de choses que j’essaie de mettre en pratique dans ma vie de tous les jours. Pour tout ça, je remercie le Québec et tous les acteurs qui ont participé de près ou de loin à la découverte de moi-même !
A présent, sans oublier le passé, je dois regarder devant moi, vers l’avenir qui sera, je n’en doute pas, tout aussi intéressant et surprenant que le passé. J’ai rarement eu une vie monotone jusqu’ici, il est peu probable que ça change ! Je vais tout d’abord m’installer chez Jean-Paul qui m’a d’ores et déjà fait une jolie place dans sa maison pour mon arrivée. Nous partons ensuite en vacances tous les deux en France et en Italie puis je vais commencer à chercher du travail tranquillement en septembre. Je vais voir comment je me sens de retour dans mon pays natal, mais je ne suis pas très inquiète, je m’adapte en général assez vite n’ importe où ! Je vais sûrement passer par des moments de nostalgie du Québec, je le sais déjà et suis préparée à ces moments de tristesse. Mais ce sera passager ! Jean-Paul et moi allons enfin pouvoir expérimenter notre couple normalement et non plus à 6000 km de distance ! Sans parler du décalage horaire… Et quoi qu’il se passe entre nous, je suis heureuse de revenir en France, près de ma famille, de mes racines, de mes amis français que j’ai laissés derrière moi depuis 4 ans. Quatre ans… Ça me parait si court et si long à la fois ! Il était temps que je rentre et je suis certaine de mon choix, même si je suis triste de quitter le Québec. Tout choix amène un renoncement d’autre chose ! Ainsi va la vie… Et pour avoir fait le chemin un certain nombre de fois, je sais que le Québec et la France, ce n’est pas si loin après tout !
Place à ma nouvelle vie française à présent, place à la nouveauté, à la liberté, à l’expérimentation et à l’amour ! Je grimpe dans l’avion d’un pas décidé et énergique à la rencontre de mon futur. Toutefois, une chose étrange se passe alors que l’avion est en train de rouler sur la piste afin de prendre de l’élan pour s’élancer dans le ciel… Alors que les moteurs de l’appareil vrombissent, je regarde par le hublot mais ce n’est plus l’aéroport que je vois, mais le visage de toutes les personnes qui ont été importantes pour moi depuis que je suis au Québec qui défilent devant mes yeux à toute vitesse. Je ne comprends pas bien ce qui se passe, mais je sens mes yeux se mouiller d’eau silencieusement. Une seule larme coule sur ma joue droite, une immense tristesse m’a tout d’un coup envahie sans que je puisse y faire grand-chose. Je la laisse m’engloutir totalement, l’accueille comme elle vient. Ca y est, je me rends compte que je pars vraiment, je n’y ai pas vraiment cru jusqu’ici. Mes amis, voisins, collègues, amants et anciennes amours… vous allez me manquer !
Encore une fois dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Montréal, je m’apprête à m’envoler pour Marseille où Jean-Paul me récupérera. Il ne s’agit plus d’un voyage, mais d’un retour définitif cette fois. Enfin, le mot « définitif » n’a qu’une valeur partielle pour moi… Qui peut prédire l’avenir ? Certainement pas moi en tout cas ! Toutefois, l’implication est différente malgré tout. Je quitte le Québec, mes amis, ma vie qui a été la mienne durant 4 ans, ce n’est pas forcément évident !
Mes émotions ont joué les montagnes russes ces dernières semaines; des jours où j’étais excitée et ravie en vue de la nouvelle aventure qui m’attendait, je passais ensuite à des jours de tristesse de quitter les êtres chers qui m’ont entourée toutes ces années. Les soirées d’au-revoir avec chacun se soldaient souvent en larmes, le cœur déchiré. Mon dernier jour au travail a été particulièrement intense, tout le monde se réunissant pour me souhaiter bonne chance dans ma nouvelle vie. J’ai eu de la chance d’être aussi bien intégrée à tous les niveaux dans la société québécoise et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui m’ont soutenue, aidée, aimée durant tout ce temps !
Depuis 2 jours, les adieux ayant tous été faits, je me suis sentie plus sereine. Je me suis occupée des derniers préparatifs matériels, sans stress puisque j’avais plutôt bien planifié mon départ et j’ai pu prendre un peu de temps pour me relaxer, ne travaillant plus depuis 4 jours. Ce moment de repos un peu hors du temps m’a fait le plus grand bien. J’avais l’impression de flotter entre 2 mondes, n’étant plus vraiment au Québec, ni en France… Étrange sensation ! J’ai tranquillement rangé mes affaires qui sont parties avant moi par avion-cargo, nettoyé l’appartement, tout ça dans une paix apparente. Par contre, mes maux d’estomac m’indiquaient clairement que ça bouillonnait à l’intérieur !
Ma fébrilité m’a prise alors que mes amis Cédric et Céline sont venus me chercher pour m’amener à l’aéroport. Ils ont vu l’appartement vide et j’ai vu qu’ils prenaient conscience en même temps que moi que je partais pour de bon ! Je fais un dernier tour rapide dans les pièces vidées de mes affaires puis m’engouffre dans leur voiture, jetant un dernier regard nostalgique à cette maison qui m’a accueillie durant tout ce temps, mon refuge, un havre de paix et de sérénité, mon nid douillet dans lequel j’ai toujours aimé me blottir. Une page se tourne… Un nouveau chapitre de ma vie commence !
Mes amis me laissent à l’aéroport en privilégiant les rapides embrassades; j’ai trop dit au-revoir aux gens dernièrement, on dirait que je ne suis plus capable de le supporter encore. Et me voici donc à l’aéroport essayant d’effectuer un bilan de ma vie au Québec… Mon dieu, comme c’est difficile ! Il s’y est passé tant de choses ! En tout cas, ça a été intense… Une amie m’a encouragée à remercier la vie pour tout ce qu’elle m’a offerte ici et pour tout ce que j’y ai appris. En effet, mon expérience au Québec a été tellement formatrice pour moi-même ! Je n’ai pas vécu que des bons moments, loin de là, je dirais même que ça a été la période de ma vie la plus difficile, mais étrangement, la plus belle aussi. Je me suis découverte moi-même dans ces difficultés, j’ai dû aller au bout de mes capacités, surmonter toute une série de peurs face à l’inconnu et je pense m’en être plutôt bien sortie au final. J’ai beaucoup voyagé, même en étant seule, j’ai monté ma compagnie et réussi à la maintenir à flot, acheté un appartement à Montréal, je repars avec un cercle d’amis sincères et merveilleux et surtout j’ai commencé une belle introspection sur moi-même qui m’a permis d’avancer et de comprendre beaucoup de choses que j’essaie de mettre en pratique dans ma vie de tous les jours. Pour tout ça, je remercie le Québec et tous les acteurs qui ont participé de près ou de loin à la découverte de moi-même !
A présent, sans oublier le passé, je dois regarder devant moi, vers l’avenir qui sera, je n’en doute pas, tout aussi intéressant et surprenant que le passé. J’ai rarement eu une vie monotone jusqu’ici, il est peu probable que ça change ! Je vais tout d’abord m’installer chez Jean-Paul qui m’a d’ores et déjà fait une jolie place dans sa maison pour mon arrivée. Nous partons ensuite en vacances tous les deux en France et en Italie puis je vais commencer à chercher du travail tranquillement en septembre. Je vais voir comment je me sens de retour dans mon pays natal, mais je ne suis pas très inquiète, je m’adapte en général assez vite n’ importe où ! Je vais sûrement passer par des moments de nostalgie du Québec, je le sais déjà et suis préparée à ces moments de tristesse. Mais ce sera passager ! Jean-Paul et moi allons enfin pouvoir expérimenter notre couple normalement et non plus à 6000 km de distance ! Sans parler du décalage horaire… Et quoi qu’il se passe entre nous, je suis heureuse de revenir en France, près de ma famille, de mes racines, de mes amis français que j’ai laissés derrière moi depuis 4 ans. Quatre ans… Ça me parait si court et si long à la fois ! Il était temps que je rentre et je suis certaine de mon choix, même si je suis triste de quitter le Québec. Tout choix amène un renoncement d’autre chose ! Ainsi va la vie… Et pour avoir fait le chemin un certain nombre de fois, je sais que le Québec et la France, ce n’est pas si loin après tout !
Place à ma nouvelle vie française à présent, place à la nouveauté, à la liberté, à l’expérimentation et à l’amour ! Je grimpe dans l’avion d’un pas décidé et énergique à la rencontre de mon futur. Toutefois, une chose étrange se passe alors que l’avion est en train de rouler sur la piste afin de prendre de l’élan pour s’élancer dans le ciel… Alors que les moteurs de l’appareil vrombissent, je regarde par le hublot mais ce n’est plus l’aéroport que je vois, mais le visage de toutes les personnes qui ont été importantes pour moi depuis que je suis au Québec qui défilent devant mes yeux à toute vitesse. Je ne comprends pas bien ce qui se passe, mais je sens mes yeux se mouiller d’eau silencieusement. Une seule larme coule sur ma joue droite, une immense tristesse m’a tout d’un coup envahie sans que je puisse y faire grand-chose. Je la laisse m’engloutir totalement, l’accueille comme elle vient. Ca y est, je me rends compte que je pars vraiment, je n’y ai pas vraiment cru jusqu’ici. Mes amis, voisins, collègues, amants et anciennes amours… vous allez me manquer !
Las Vegas et ses folies
Le 18 juillet 2011
Oh tellement de choses ont changé depuis mon dernier écrit que je ne sais même plus par où commencer… Ma vie change, s’accélère, modifie sa course pour mieux rebondir. Quelle étrangeté que la vie certaines fois ! Sa destinée est imprévisible…
Donc, essayons de commencer par le commencement. Il y a 6 mois de cela, j’ai fait la rencontre d’un Marseillais durant des vacances à Miami pour fêter le jour de l’an avec des amis. Nous nous sommes plu, mais il me semblait à l’époque que ce n’était qu’une histoire de vacances, une amourette furtive de voyage, or je me suis visiblement trompée. Il est revenu me voir à Montréal depuis, je suis allée le retrouver 3 semaines dans le Sud de la France et une vraie idylle a commencé… Toutefois, la distance nous séparant, il devenait difficile de supporter l’éloignement sur de longues périodes. Après plusieurs mois de réflexion, j’ai donc décidé de quitter le Québec en août afin d’aller m’installer de nouveau en France, dans le Sud cette fois. Ma décision a été accélérée par des soucis familiaux qui m’ont juste prouvé que j’étais loin des miens et que ça me manquait trop.
Me voilà sur la dernière ligne droite de ma vie à Montréal; dans 2 semaines à peine je m’envolerai pour la France afin de recommencer une nouvelle vie, tout recommencer à zéro dans une nouvelle contrée (même si c’est mon pays, je me sens un peu démunie après 4 ans d’expatriation), me faire de nouveaux amis, rechercher un travail, un appartement (oui, je vais habiter seule, au moins au début)… Je suis à la fois excitée à l’idée de me refaire une autre vie et en même temps apeurée par toute l’énergie que je vais devoir dépenser pour me reconstruire une vie. Pour l’avoir fait un certain nombre de fois, je sais qu’il n’est pas aisé d’arriver dans une ville inconnue… Je dois me faire des repères, m’approprier l’endroit, trouver mes marques, ça ne se fait pas en deux jours, loin de là ! Sans parler de tout le réseau social à reconstruire… J’avoue que ça me fatigue un peu d’avance ! Et en même temps, je sais que c’est mon chemin, c’est une intuition très forte et raisonnée. Il faut que je le fasse, que ca se passe bien ou pas avec Jean-Paul, que j’aime ou pas de nouveau la France, il faut que j’essaie. Il faut que je replonge dans mes racines, que je vive ce déracinement encore une fois pour répondre à mes questions qui restent latentes depuis 4 ans maintenant. J’ai toujours eu dans la tête de revenir un jour en France et je crois que tant que je ne l’aurai pas fait, il ne me sera pas possible de m’établir vraiment ailleurs. Peut-être ne me plairai-je pas dans mon pays natal ? Peut-être, après avoir connu un autre monde, une autre façon de vivre, sera-t-il difficile pour moi, voire même impossible, de revenir à mes sources natales. Parfois, quand on voit la différence qui peut exister ailleurs, on arrive moins à se contenter de certaines choses qui nous paraissaient normales avant, puisqu’on sait que ça pourrait être autrement… en mieux ! Ou peut-être tout simplement que je vais me sentir chez moi de nouveau, que je vais pouvoir apprécier ce qui me manquait tant au Québec et que je pourrai être heureuse d’être enfin de retour à la maison ! Tout est possible… Et ce sera le bon chemin pour moi quoi qu’il arrive.
Je garde tout de même un coussin ici au Québec puisque j’ai acheté un appartement en début d’année. J’ai décidé de le garder et de le louer pour le moment. J’ai trouvé un charmant couple de Français comme locataires et tout se passe à merveille! Je suis en plein dans les préparatifs de départ : changement d’adresse, de sécurité sociale, de santé, les assurances en tout genre, la banque… Bref, c’est du souci ! J’ai donné ma démission au travail alors que je venais d’être embauchée chez eux en tant qu’employée (j’étais à mon compte auparavant), mais le cœur a ses raisons que la raison ne peut comprendre… Ce n’est pas facile de me dire que je vais quitter mes collègues qui sont devenus des amis depuis toutes ces années. Ni mon travail que j’affectionne particulièrement ici… Je sens que ces prochains jours vont être chargés en émotions ! Je commence d’ailleurs les soirées de départ et c’est déjà difficile ! Même si je suis habituée à dire adieu aux gens depuis le temps. Pourtant, on dirait que c’est de plus en plus pénible au fur et à mesure que les années passent!
Toutefois, pour me sortir de tous ces préparatifs un peu rébarbatifs, je continue mes petits accès de folie en matière de voyages depuis peu. Je suis allée, durant un voyage éclair de 3 jours, faire une surprise à Jean-Paul en débarquant chez lui du côté d’Aix en Provence sans crier gare ! Il a été bien surpris et très heureux de me voir (il avait intérêt vu toutes les heures de vol que j’ai effectuées depuis Montréal pour ma surprise de quelques jours !). Nous étions tellement heureux de nous revoir après plus d’un mois d’absence ! Ce n’est vraiment pas évident l’éloignement de la sorte… Du coup, il m’a emmenée partout, sur la plage, danser, manger dans de succulents restaurants, c’était la fête !
Il m’a ensuite bien rendu mes efforts de nombre d’heures de vol en venant jusqu’à Las Vegas me rejoindre la semaine suivante ! De Montréal, cette ville n’est qu’à 5h d’avion, mais de France… ce n’est vraiment pas la porte à côté… Nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Las Vegas, lui venant de Paris, moi venant de Montréal, une rencontre inusitée au milieu du désert du Nevada, dans cette citée futuriste ! Déjà de l’avion, j’ai pu apercevoir cette région aride et désertique, craquelée en son sein, rouge de poussière où aucune végétation n’arrive à se frayer un chemin. Et là, au milieu de nulle part, surgit cette oasis vivante, ce poumon de vie et de lumière qui s’étend comme une toile d’araignée sur cette terre pourtant si sèche autour. Accrochée à mon hublot, je ne perds pas une miette de mon arrivée à Las Vegas, me demandant vraiment où j’atterris, si je suis au milieu d’un paradis ou d’un enfer ! Quelle drôle d’impression que cette ville factice qui ne semble pas être à sa place dans ce désert de solitude ! Et ce n’est pas une ville comme les autres, elle grouille de luminosité, de gratte-ciels, de monde partout. Quelle étrangeté l’homme a bien pu encore inventer là ?
Je retrouve avec bonheur mon homme à l’aéroport et nous partons ensemble vers le centre-ville en taxi. Le peu d’extravagance que nous voyons de la voiture suffit déjà pour me dire que c’est encore plus délirant que je ne me l’étais imaginé ! Ca promet ! Arrivés à l’hôtel Venetian (hôtel de Venise), nous entrons dans un hall magnifique avec une fontaine à l’intérieur, un hall d’entrée décoré avec goût dans des teintes vénitiennes. Tout est grand, immense, magnifique et bourré de monde ! Nous attendons un bon moment en faisant la queue derrière plusieurs dizaines de personnes afin qu’on nous donne la clé de la chambre, puis devons traverser tout l’hôtel, ce qui nous prend presque 10 minutes de marche en tirant nos valises, afin d’attendre notre nid. Toutefois, la surprise est grande d’entrer dans une magnifique suite au 36eme étage de l’hôtel, avec une vue imprenable sur la ville éclairée de mille feux. Un grand lit king size trône dans la pièce et un petit salon nous permet d’admirer la vue sur de confortables canapés. Sans parler de la salle de bain, un havre de luxe inoubliable ! Je ne pensais pas avoir l’opportunité un jour de dormir dans une telle chambre d’hôtel ! C’est bien loin de mon ashram en Inde tout ça… Ravis, nous ne pouvons toutefois pas trop jouir de la chambre ce soir, nous sommes attendus pour un spectacle du cirque du soleil et n’avons toujours pas mangé (surtout moi, il n’y avait rien à grignoter dans l’avion). Après une rapide collation, nous allons admirer les trapézistes, contorsionnistes, clowns et j’en passe, le tout sur le thème de l’eau, des danseuses de nage synchronisée agrémentant le spectacle pour le plaisir infini de nos yeux ébahis ! Un superbe spectacle absolument magique et grandiose ! Tout ici à Las Vegas a l’air majestueux, les moyens mis pour épater la galerie ne semblant avoir aucune limite ! Nous partons ensuite assister à un concert live de pianistes où, une coupe de champagne à la main, nous pouvons apprécier les airs connus et méconnus de ces artistes talentueux. Il est temps d’aller se coucher à présent, nous sommes éreintés par le voyage !
Nous passons les deux jours suivants à visiter les hôtels, tous plus majestueux, luxueux et complètement déjantés les uns que les autres. Ils se situent tous sur la même rue, appelée le Strip, mais étant donné la taille des hôtels, il faut faire des kilomètres à pied pour pouvoir passer de l’un à l’autre ! Ca parait toujours proche à l’œil nu, mais nous sommes constamment surpris de mettre autant de temps pour arriver jusqu’à notre destination finale ! Et c’est avec les jambes dans les talons que nous finissons en général la journée… Nous visitons la pyramide de Louxor, la Tour Eiffel de Paris et ses cafés en terrasse, le Caesar Palace de Rome avec ses statues de la mythologie, le Vénitien et ses gondoles de Venise, les fontaines du Bellacio montant aussi haut que l’hôtel qui possède une soixantaine d’étages, le château Excalibur… Tous ont leur particularité, leur décoration personnelle toujours surprenante et grandiose sur un thème précis avec comme dénominateur commun, d’immenses casinos au sous-sol, cachés de la lumière du jour afin de perdre la notion du temps lorsque l’on joue. En ce qui nous concerne, nous avions tellement de choses à voir et à faire que nous n’avons pas trouvé un moment pour jouer ! Un comble à Las Vegas… Il faut dire que nous ne sommes joueurs ni l’un ni l’autre…
Souvent, nous finissions éreintés au bord de la piscine afin de nous reposer un peu, mais il fallait ne pas trainer afin d’assister au spectacle du soir. Nous verrons « Le fantôme de l’opéra » (plutôt décevant) et un spectacle original des « Blue Man Show » qui nous impressionnera beaucoup par ses performances musicales et de lumière. Attirés par le spa de notre hôtel, nous nous laisserons aussi tenter par un peu de relaxation à l’intérieur. Nous n’avions juste pas prévu que l’endroit n’était pas mixte et c’est chacun de notre côté, sans pouvoir nous parler que nous avons pris un peu de temps pour être au calme. Le spa était par contre divin ! Le luxe étant toujours de mise pour chaque installation, nous entrons dans une atmosphère calme et sereine où un superbe spa bouillonnant nous fait flotter de plaisir, des hammams aux senteurs exotiques nous embaument le cœur et l’esprit, des douches froides appelées igloo me font hurler de joie comme une enfant après avoir transpiré dans la chaleur moite des hammams, les douches chaudes tropicales me ramènent un instant en Amazonie, les sons des oiseaux sortant des murs humides… Je me crois au paradis ! Une salle où se trouvent des fauteuils horizontaux nous permet d’admirer des lumières de vagues semblant onduler véritablement sous nos yeux. Une véritable oasis de paix et de sérénité et ce n’est pas du luxe après toutes ces turbulences qui nous sont assenées continuellement à Las Vegas.
J’avoue avoir sous-estimé Las Vegas pour son côté bruit, lumière, stimulations diverses et variées en tout sens. Même si je suis ravie d’avoir vécu cette expérience, j’ai l’impression que ce n’était peut-être pas le bon moment pour nous. Nous avions besoin de nous retrouver, de nous reconnecter ensemble, et je m’en aperçois seulement maintenant… d’être au calme ! Ce qui est tout le contraire de Las Vegas bien entendu ! Bon, tant pis ! L’expérience est formidable tout de même et je m’étais toujours dit que je ne partirais pas de Montréal sans avoir vu Las Vegas ! Eh bien, promesse tenue… Nous sommes allés manger dans des restaurants exquis, à la nourriture délicieuse révélant le talent de grands chefs culinaires renommés. Le soir toutefois, nous n’arrivions pas à veiller assez tard pour profiter des activités nocturnes proposées partout. Vers 22h, nous piquions systématiquement du nez, au point de n’avoir d’autres choix que d’aller nous coucher, réussissant difficilement à atteindre la chambre tant les dédales de couloirs à traverser avant d’y arriver sont parfois longs. On se sentait presque vieux !
Le dernier jour, Jean-Paul m’a fait une incroyable surprise qui nous a permis de sortir un peu de cette ville tourmentée. Une limousine est venue tout d’abord nous chercher à l’hôtel, ce qui constituait la première surprise, et de taille, étant donné que c’est la première fois que je monte dans ce genre de véhicule ! Affalés sur les sièges en cuir, nous admirons la longueur de cette voiture de luxe, où un minibar est disponible à l’intérieur ! Mon dieu, quel honneur de pouvoir accéder à de telles faveurs pourtant réservées aux stars d’habitude ! Puis, la limousine nous conduit à l’héliport où un hélicoptère nous attend pour nous emmener au Grand Canyon !!! Ouahhhhh, quelle superbe surprise ! Je n’en reviens pas de pouvoir accéder à tant de luxe que je ne me serais même pas permis en rêve ! Je me trouve extrêmement chanceuse en ce moment et il faut que je l’apprécie à sa juste valeur ! Nous grimpons dans l’hélicoptère, Jean-Paul et moi devant, aux premières loges, puis décollons doucement, les hélices tournant à plein régime pour nous permettre de nous envoler. Je suis aux anges, j’ai tout simplement l’impression de rêver ! Et voilà que nous prenons de l’altitude, pouvant admirer le Strip du ciel tout en prenant la direction du désert.
Nous sortons rapidement des entraves de la ville et le désert aride et chaud s’étend à présent devant nos yeux. Des couleurs orangées, rouges, noires se mêlent à la terre en des craquelures parfois profondes donnant au sol un aspect lunaire. Parfois, un bras d’eau sort de nulle part afin d’agrémenter le paysage d’un peu de couleur bleutée, ce qui parfait le tableau visuel. La sensation de voler dans un hélicoptère est très spéciale et ne ressemble à rien de ce que j’ai pu faire auparavant. Tout est vitré autour de nous, jusqu’à sous nos pieds, ce qui nous donne une impression de voler dans une bulle de savon transparente ! Avec le bruit du moteur en plus… Je me trouve juste à côté du pilote et peux ainsi admirer toutes ses manœuvres en direct, tout en résistant à l’envie curieuse de pousser tous les boutons du tableau de bord qui se trouve juste devant moi !
Au bout de ¾ d’heure de vol, nous survolons enfin le Grand Canyon, cette énorme brèche dans la terre, les plaques tectoniques semblant avoir fait la java à cet endroit-ci du globe. Nous frôlons les parois escarpées et arides du canyon, montons et descendons dans la faille, puis finissons par nous poser au fond du canyon, sur une plateforme plate. L’atterrissage se fait tout en douceur, nous le sentons à peine ! Descendus de l’hélico, nous pouvons apprécier toute la magnificence du lieu, seuls au milieu de cette nature désertique et grandiose. Quel spectacle ! Quelle immensité ! Des cactus disséminés de-ci de-là, donnent quelques touches vivantes à ce milieu pourtant désert. Des énormes parois rocheuses, rouges et ocres s’élèvent autour de nous, semblant nous encercler entièrement. L’hélicoptère parait incongru dans ce paysage naturel, et surtout très petit dans cette incroyable immensité. Nous-mêmes semblons minuscules à l’échelle de Dame Nature ! Heureuse comme une enfant, je cours partout pour essayer de tout figer dans ma mémoire, de tout prendre en photos mentalement, et finis par demander à Jean-Paul de nous arrêter quelques instants pour profiter ensemble de ce spectacle unique.
Notre pilote sort de son engin une bouteille de champagne et des paniers repas pour nous en faire profiter au fond du canyon ! On aura tout vu ici !!! Je ne me fais pas prier et apprécie ce met délicieux et frais tout en admirant le plus beau des spectacles naturels qui nous entoure. Après une trentaine de minutes d’extase, nous repartons en hélicoptère entamer le chemin du retour. Ce fut court mais intense ! Le trajet du retour s’effectue merveilleusement bien, de la musique de circonstance étant projetée dans nos écouteurs et moi un peu saoule avec mes verres de champagne… Une fois revenus sur la terre ferme à Las Vegas (j’ai failli sauter dans les bras du pilote pour le remercier tant j’étais contente !), une limousine nous ramène jusqu’à l’hôtel de nouveau. Quelle expérience ! J’ai vraiment adoré !! Merci Jean-Paul de ce superbe cadeau !
Cette virée extraordinaire a aussi marqué la fin de notre voyage à Las Vegas, il nous reste juste un peu de temps pour nous délasser dans la piscine, mais c’était sans compter sur la musique tonitruante visiblement appréciée des bimbos et des « monsieur muscles » se donnant des airs de stars. Ce monde est vraiment trop superficiel pour moi, j’étais mieux au milieu du Grand Canyon ! Il est temps de nous quitter à présent, Jean-Paul repartant en France, moi à Montréal pour finir mes deux dernières semaines de travail et de préparatifs de départ avant ma nouvelle aventure en France ! Ce moment à Las Vegas ne m’aura pas permis de me reposer, mais j’ai aimé l’expérience tout de même, surtout le vol en hélicoptère. Maintenant, j’ai encore beaucoup de choses à faire à Montréal pour tout boucler avant mon départ et essayer de gérer l’aspect émotionnel des au-revoir aux amis chers. Des jours difficiles m’attendent encore ! Mais pour du bonheur par la suite, j’en suis certaine !
A bientôt…
Oh tellement de choses ont changé depuis mon dernier écrit que je ne sais même plus par où commencer… Ma vie change, s’accélère, modifie sa course pour mieux rebondir. Quelle étrangeté que la vie certaines fois ! Sa destinée est imprévisible…
Donc, essayons de commencer par le commencement. Il y a 6 mois de cela, j’ai fait la rencontre d’un Marseillais durant des vacances à Miami pour fêter le jour de l’an avec des amis. Nous nous sommes plu, mais il me semblait à l’époque que ce n’était qu’une histoire de vacances, une amourette furtive de voyage, or je me suis visiblement trompée. Il est revenu me voir à Montréal depuis, je suis allée le retrouver 3 semaines dans le Sud de la France et une vraie idylle a commencé… Toutefois, la distance nous séparant, il devenait difficile de supporter l’éloignement sur de longues périodes. Après plusieurs mois de réflexion, j’ai donc décidé de quitter le Québec en août afin d’aller m’installer de nouveau en France, dans le Sud cette fois. Ma décision a été accélérée par des soucis familiaux qui m’ont juste prouvé que j’étais loin des miens et que ça me manquait trop.
Me voilà sur la dernière ligne droite de ma vie à Montréal; dans 2 semaines à peine je m’envolerai pour la France afin de recommencer une nouvelle vie, tout recommencer à zéro dans une nouvelle contrée (même si c’est mon pays, je me sens un peu démunie après 4 ans d’expatriation), me faire de nouveaux amis, rechercher un travail, un appartement (oui, je vais habiter seule, au moins au début)… Je suis à la fois excitée à l’idée de me refaire une autre vie et en même temps apeurée par toute l’énergie que je vais devoir dépenser pour me reconstruire une vie. Pour l’avoir fait un certain nombre de fois, je sais qu’il n’est pas aisé d’arriver dans une ville inconnue… Je dois me faire des repères, m’approprier l’endroit, trouver mes marques, ça ne se fait pas en deux jours, loin de là ! Sans parler de tout le réseau social à reconstruire… J’avoue que ça me fatigue un peu d’avance ! Et en même temps, je sais que c’est mon chemin, c’est une intuition très forte et raisonnée. Il faut que je le fasse, que ca se passe bien ou pas avec Jean-Paul, que j’aime ou pas de nouveau la France, il faut que j’essaie. Il faut que je replonge dans mes racines, que je vive ce déracinement encore une fois pour répondre à mes questions qui restent latentes depuis 4 ans maintenant. J’ai toujours eu dans la tête de revenir un jour en France et je crois que tant que je ne l’aurai pas fait, il ne me sera pas possible de m’établir vraiment ailleurs. Peut-être ne me plairai-je pas dans mon pays natal ? Peut-être, après avoir connu un autre monde, une autre façon de vivre, sera-t-il difficile pour moi, voire même impossible, de revenir à mes sources natales. Parfois, quand on voit la différence qui peut exister ailleurs, on arrive moins à se contenter de certaines choses qui nous paraissaient normales avant, puisqu’on sait que ça pourrait être autrement… en mieux ! Ou peut-être tout simplement que je vais me sentir chez moi de nouveau, que je vais pouvoir apprécier ce qui me manquait tant au Québec et que je pourrai être heureuse d’être enfin de retour à la maison ! Tout est possible… Et ce sera le bon chemin pour moi quoi qu’il arrive.
Je garde tout de même un coussin ici au Québec puisque j’ai acheté un appartement en début d’année. J’ai décidé de le garder et de le louer pour le moment. J’ai trouvé un charmant couple de Français comme locataires et tout se passe à merveille! Je suis en plein dans les préparatifs de départ : changement d’adresse, de sécurité sociale, de santé, les assurances en tout genre, la banque… Bref, c’est du souci ! J’ai donné ma démission au travail alors que je venais d’être embauchée chez eux en tant qu’employée (j’étais à mon compte auparavant), mais le cœur a ses raisons que la raison ne peut comprendre… Ce n’est pas facile de me dire que je vais quitter mes collègues qui sont devenus des amis depuis toutes ces années. Ni mon travail que j’affectionne particulièrement ici… Je sens que ces prochains jours vont être chargés en émotions ! Je commence d’ailleurs les soirées de départ et c’est déjà difficile ! Même si je suis habituée à dire adieu aux gens depuis le temps. Pourtant, on dirait que c’est de plus en plus pénible au fur et à mesure que les années passent!
Toutefois, pour me sortir de tous ces préparatifs un peu rébarbatifs, je continue mes petits accès de folie en matière de voyages depuis peu. Je suis allée, durant un voyage éclair de 3 jours, faire une surprise à Jean-Paul en débarquant chez lui du côté d’Aix en Provence sans crier gare ! Il a été bien surpris et très heureux de me voir (il avait intérêt vu toutes les heures de vol que j’ai effectuées depuis Montréal pour ma surprise de quelques jours !). Nous étions tellement heureux de nous revoir après plus d’un mois d’absence ! Ce n’est vraiment pas évident l’éloignement de la sorte… Du coup, il m’a emmenée partout, sur la plage, danser, manger dans de succulents restaurants, c’était la fête !
Il m’a ensuite bien rendu mes efforts de nombre d’heures de vol en venant jusqu’à Las Vegas me rejoindre la semaine suivante ! De Montréal, cette ville n’est qu’à 5h d’avion, mais de France… ce n’est vraiment pas la porte à côté… Nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Las Vegas, lui venant de Paris, moi venant de Montréal, une rencontre inusitée au milieu du désert du Nevada, dans cette citée futuriste ! Déjà de l’avion, j’ai pu apercevoir cette région aride et désertique, craquelée en son sein, rouge de poussière où aucune végétation n’arrive à se frayer un chemin. Et là, au milieu de nulle part, surgit cette oasis vivante, ce poumon de vie et de lumière qui s’étend comme une toile d’araignée sur cette terre pourtant si sèche autour. Accrochée à mon hublot, je ne perds pas une miette de mon arrivée à Las Vegas, me demandant vraiment où j’atterris, si je suis au milieu d’un paradis ou d’un enfer ! Quelle drôle d’impression que cette ville factice qui ne semble pas être à sa place dans ce désert de solitude ! Et ce n’est pas une ville comme les autres, elle grouille de luminosité, de gratte-ciels, de monde partout. Quelle étrangeté l’homme a bien pu encore inventer là ?
Je retrouve avec bonheur mon homme à l’aéroport et nous partons ensemble vers le centre-ville en taxi. Le peu d’extravagance que nous voyons de la voiture suffit déjà pour me dire que c’est encore plus délirant que je ne me l’étais imaginé ! Ca promet ! Arrivés à l’hôtel Venetian (hôtel de Venise), nous entrons dans un hall magnifique avec une fontaine à l’intérieur, un hall d’entrée décoré avec goût dans des teintes vénitiennes. Tout est grand, immense, magnifique et bourré de monde ! Nous attendons un bon moment en faisant la queue derrière plusieurs dizaines de personnes afin qu’on nous donne la clé de la chambre, puis devons traverser tout l’hôtel, ce qui nous prend presque 10 minutes de marche en tirant nos valises, afin d’attendre notre nid. Toutefois, la surprise est grande d’entrer dans une magnifique suite au 36eme étage de l’hôtel, avec une vue imprenable sur la ville éclairée de mille feux. Un grand lit king size trône dans la pièce et un petit salon nous permet d’admirer la vue sur de confortables canapés. Sans parler de la salle de bain, un havre de luxe inoubliable ! Je ne pensais pas avoir l’opportunité un jour de dormir dans une telle chambre d’hôtel ! C’est bien loin de mon ashram en Inde tout ça… Ravis, nous ne pouvons toutefois pas trop jouir de la chambre ce soir, nous sommes attendus pour un spectacle du cirque du soleil et n’avons toujours pas mangé (surtout moi, il n’y avait rien à grignoter dans l’avion). Après une rapide collation, nous allons admirer les trapézistes, contorsionnistes, clowns et j’en passe, le tout sur le thème de l’eau, des danseuses de nage synchronisée agrémentant le spectacle pour le plaisir infini de nos yeux ébahis ! Un superbe spectacle absolument magique et grandiose ! Tout ici à Las Vegas a l’air majestueux, les moyens mis pour épater la galerie ne semblant avoir aucune limite ! Nous partons ensuite assister à un concert live de pianistes où, une coupe de champagne à la main, nous pouvons apprécier les airs connus et méconnus de ces artistes talentueux. Il est temps d’aller se coucher à présent, nous sommes éreintés par le voyage !
Nous passons les deux jours suivants à visiter les hôtels, tous plus majestueux, luxueux et complètement déjantés les uns que les autres. Ils se situent tous sur la même rue, appelée le Strip, mais étant donné la taille des hôtels, il faut faire des kilomètres à pied pour pouvoir passer de l’un à l’autre ! Ca parait toujours proche à l’œil nu, mais nous sommes constamment surpris de mettre autant de temps pour arriver jusqu’à notre destination finale ! Et c’est avec les jambes dans les talons que nous finissons en général la journée… Nous visitons la pyramide de Louxor, la Tour Eiffel de Paris et ses cafés en terrasse, le Caesar Palace de Rome avec ses statues de la mythologie, le Vénitien et ses gondoles de Venise, les fontaines du Bellacio montant aussi haut que l’hôtel qui possède une soixantaine d’étages, le château Excalibur… Tous ont leur particularité, leur décoration personnelle toujours surprenante et grandiose sur un thème précis avec comme dénominateur commun, d’immenses casinos au sous-sol, cachés de la lumière du jour afin de perdre la notion du temps lorsque l’on joue. En ce qui nous concerne, nous avions tellement de choses à voir et à faire que nous n’avons pas trouvé un moment pour jouer ! Un comble à Las Vegas… Il faut dire que nous ne sommes joueurs ni l’un ni l’autre…
Souvent, nous finissions éreintés au bord de la piscine afin de nous reposer un peu, mais il fallait ne pas trainer afin d’assister au spectacle du soir. Nous verrons « Le fantôme de l’opéra » (plutôt décevant) et un spectacle original des « Blue Man Show » qui nous impressionnera beaucoup par ses performances musicales et de lumière. Attirés par le spa de notre hôtel, nous nous laisserons aussi tenter par un peu de relaxation à l’intérieur. Nous n’avions juste pas prévu que l’endroit n’était pas mixte et c’est chacun de notre côté, sans pouvoir nous parler que nous avons pris un peu de temps pour être au calme. Le spa était par contre divin ! Le luxe étant toujours de mise pour chaque installation, nous entrons dans une atmosphère calme et sereine où un superbe spa bouillonnant nous fait flotter de plaisir, des hammams aux senteurs exotiques nous embaument le cœur et l’esprit, des douches froides appelées igloo me font hurler de joie comme une enfant après avoir transpiré dans la chaleur moite des hammams, les douches chaudes tropicales me ramènent un instant en Amazonie, les sons des oiseaux sortant des murs humides… Je me crois au paradis ! Une salle où se trouvent des fauteuils horizontaux nous permet d’admirer des lumières de vagues semblant onduler véritablement sous nos yeux. Une véritable oasis de paix et de sérénité et ce n’est pas du luxe après toutes ces turbulences qui nous sont assenées continuellement à Las Vegas.
J’avoue avoir sous-estimé Las Vegas pour son côté bruit, lumière, stimulations diverses et variées en tout sens. Même si je suis ravie d’avoir vécu cette expérience, j’ai l’impression que ce n’était peut-être pas le bon moment pour nous. Nous avions besoin de nous retrouver, de nous reconnecter ensemble, et je m’en aperçois seulement maintenant… d’être au calme ! Ce qui est tout le contraire de Las Vegas bien entendu ! Bon, tant pis ! L’expérience est formidable tout de même et je m’étais toujours dit que je ne partirais pas de Montréal sans avoir vu Las Vegas ! Eh bien, promesse tenue… Nous sommes allés manger dans des restaurants exquis, à la nourriture délicieuse révélant le talent de grands chefs culinaires renommés. Le soir toutefois, nous n’arrivions pas à veiller assez tard pour profiter des activités nocturnes proposées partout. Vers 22h, nous piquions systématiquement du nez, au point de n’avoir d’autres choix que d’aller nous coucher, réussissant difficilement à atteindre la chambre tant les dédales de couloirs à traverser avant d’y arriver sont parfois longs. On se sentait presque vieux !
Le dernier jour, Jean-Paul m’a fait une incroyable surprise qui nous a permis de sortir un peu de cette ville tourmentée. Une limousine est venue tout d’abord nous chercher à l’hôtel, ce qui constituait la première surprise, et de taille, étant donné que c’est la première fois que je monte dans ce genre de véhicule ! Affalés sur les sièges en cuir, nous admirons la longueur de cette voiture de luxe, où un minibar est disponible à l’intérieur ! Mon dieu, quel honneur de pouvoir accéder à de telles faveurs pourtant réservées aux stars d’habitude ! Puis, la limousine nous conduit à l’héliport où un hélicoptère nous attend pour nous emmener au Grand Canyon !!! Ouahhhhh, quelle superbe surprise ! Je n’en reviens pas de pouvoir accéder à tant de luxe que je ne me serais même pas permis en rêve ! Je me trouve extrêmement chanceuse en ce moment et il faut que je l’apprécie à sa juste valeur ! Nous grimpons dans l’hélicoptère, Jean-Paul et moi devant, aux premières loges, puis décollons doucement, les hélices tournant à plein régime pour nous permettre de nous envoler. Je suis aux anges, j’ai tout simplement l’impression de rêver ! Et voilà que nous prenons de l’altitude, pouvant admirer le Strip du ciel tout en prenant la direction du désert.
Nous sortons rapidement des entraves de la ville et le désert aride et chaud s’étend à présent devant nos yeux. Des couleurs orangées, rouges, noires se mêlent à la terre en des craquelures parfois profondes donnant au sol un aspect lunaire. Parfois, un bras d’eau sort de nulle part afin d’agrémenter le paysage d’un peu de couleur bleutée, ce qui parfait le tableau visuel. La sensation de voler dans un hélicoptère est très spéciale et ne ressemble à rien de ce que j’ai pu faire auparavant. Tout est vitré autour de nous, jusqu’à sous nos pieds, ce qui nous donne une impression de voler dans une bulle de savon transparente ! Avec le bruit du moteur en plus… Je me trouve juste à côté du pilote et peux ainsi admirer toutes ses manœuvres en direct, tout en résistant à l’envie curieuse de pousser tous les boutons du tableau de bord qui se trouve juste devant moi !
Au bout de ¾ d’heure de vol, nous survolons enfin le Grand Canyon, cette énorme brèche dans la terre, les plaques tectoniques semblant avoir fait la java à cet endroit-ci du globe. Nous frôlons les parois escarpées et arides du canyon, montons et descendons dans la faille, puis finissons par nous poser au fond du canyon, sur une plateforme plate. L’atterrissage se fait tout en douceur, nous le sentons à peine ! Descendus de l’hélico, nous pouvons apprécier toute la magnificence du lieu, seuls au milieu de cette nature désertique et grandiose. Quel spectacle ! Quelle immensité ! Des cactus disséminés de-ci de-là, donnent quelques touches vivantes à ce milieu pourtant désert. Des énormes parois rocheuses, rouges et ocres s’élèvent autour de nous, semblant nous encercler entièrement. L’hélicoptère parait incongru dans ce paysage naturel, et surtout très petit dans cette incroyable immensité. Nous-mêmes semblons minuscules à l’échelle de Dame Nature ! Heureuse comme une enfant, je cours partout pour essayer de tout figer dans ma mémoire, de tout prendre en photos mentalement, et finis par demander à Jean-Paul de nous arrêter quelques instants pour profiter ensemble de ce spectacle unique.
Notre pilote sort de son engin une bouteille de champagne et des paniers repas pour nous en faire profiter au fond du canyon ! On aura tout vu ici !!! Je ne me fais pas prier et apprécie ce met délicieux et frais tout en admirant le plus beau des spectacles naturels qui nous entoure. Après une trentaine de minutes d’extase, nous repartons en hélicoptère entamer le chemin du retour. Ce fut court mais intense ! Le trajet du retour s’effectue merveilleusement bien, de la musique de circonstance étant projetée dans nos écouteurs et moi un peu saoule avec mes verres de champagne… Une fois revenus sur la terre ferme à Las Vegas (j’ai failli sauter dans les bras du pilote pour le remercier tant j’étais contente !), une limousine nous ramène jusqu’à l’hôtel de nouveau. Quelle expérience ! J’ai vraiment adoré !! Merci Jean-Paul de ce superbe cadeau !
Cette virée extraordinaire a aussi marqué la fin de notre voyage à Las Vegas, il nous reste juste un peu de temps pour nous délasser dans la piscine, mais c’était sans compter sur la musique tonitruante visiblement appréciée des bimbos et des « monsieur muscles » se donnant des airs de stars. Ce monde est vraiment trop superficiel pour moi, j’étais mieux au milieu du Grand Canyon ! Il est temps de nous quitter à présent, Jean-Paul repartant en France, moi à Montréal pour finir mes deux dernières semaines de travail et de préparatifs de départ avant ma nouvelle aventure en France ! Ce moment à Las Vegas ne m’aura pas permis de me reposer, mais j’ai aimé l’expérience tout de même, surtout le vol en hélicoptère. Maintenant, j’ai encore beaucoup de choses à faire à Montréal pour tout boucler avant mon départ et essayer de gérer l’aspect émotionnel des au-revoir aux amis chers. Des jours difficiles m’attendent encore ! Mais pour du bonheur par la suite, j’en suis certaine !
A bientôt…
Retour en France
Le 8 avril 2011
Réveillée à 5h30 du matin, juste un peu avant mon réveil, je me prépare tranquillement dans ce grand dortoir vide. C’est une sensation étrange de me retrouver si seule dans un endroit inconnu alors que j’ai passé 3 semaines avec Aurélie, sans nous lâcher une seconde. Ceci dit, j’aime beaucoup aussi la solitude. Le taxi m’attend déjà dehors et me conduit à l’aéroport en moins de 20 minutes.
Mon bagage enregistré, je flâne dans ce bel aéroport beaucoup plus moderne que celui où j’avais atterri 6 ans plus tôt. C’est fou comme le monde change vite ! Je retrouve du confort et du luxe abandonnés depuis 3 semaines…A commencer par les toilettes dotées d’un siège propre au lieu de toilettes turques, avec du vrai papier ! Jusque-là, je m’aspergeais juste avec de l’eau, à la manière des Indiens… Plus écologique mais moins pratique, il faut le reconnaître.
Assise dans la salle d’embarquement, il est l’heure d’un petit bilan de mon voyage… J’ai vraiment été surprise de la gentillesse des Indiens cette fois-ci. Ils n’étaient nullement insistants ou pénibles dans leur volonté à vouloir nous parler ou nous vendre quelque chose. J’ai connu bien pire dans mes précédents voyages ! Nous étions souvent tranquilles dans des endroits calmes, ce qui ne correspond pas aux expériences que j’avais effectuées auparavant. Mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire ! Le voyage avec Aurélie a été extrêmement agréable et plutôt tranquille. A part Varanasi, nous avions choisi des endroits réputés pour être relaxants, ça joue aussi dans mon impression de ne pas avoir été trop bousculée. L’Inde me fascine toujours autant malgré mes 3 voyages dans ce pays. Chaque région diffère drastiquement les unes des autres, il est impossible de se préparer à ce qu’on va avoir. Et j’aime cette impression de surprise à chaque coin de rue !
J’ai aimé vivre cette expérience avec Aurélie, ça m’a permis de mieux la connaître et de confirmer cette amitié authentique. Je n’étais pas sûre que notre rapprochement durant ces 3 semaines se fasse sans heurt, mais ça a été le cas, aucune dispute ni malaise et j’en suis ravie. Nous étions tout le temps sur la même longueur d’ondes, elle et moi, comme si nous étions connectées ! Un vrai bonheur… Je ne sais pas encore ce que m’a appris mon voyage cette fois-ci, c’est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire, je pense. Mais une chose est sûre, je me sens beaucoup moins stressée qu’à mon arrivée et rien que pour ça, ce voyage était utile ! Juste pour prendre du recul par rapport à mon quotidien et relativiser les problèmes. Je vais les retrouver à mon retour au Québec, je ne me fais pas d’illusions, mais je pense que mon état d’esprit se sera apaisé et que je pourrai les régler un par un sans stress exagéré. Et alors, j’aurai gagné un peu de paix dans ma vie, ce qui est un grand cadeau pour moi-même !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Réveillée à 5h30 du matin, juste un peu avant mon réveil, je me prépare tranquillement dans ce grand dortoir vide. C’est une sensation étrange de me retrouver si seule dans un endroit inconnu alors que j’ai passé 3 semaines avec Aurélie, sans nous lâcher une seconde. Ceci dit, j’aime beaucoup aussi la solitude. Le taxi m’attend déjà dehors et me conduit à l’aéroport en moins de 20 minutes.
Mon bagage enregistré, je flâne dans ce bel aéroport beaucoup plus moderne que celui où j’avais atterri 6 ans plus tôt. C’est fou comme le monde change vite ! Je retrouve du confort et du luxe abandonnés depuis 3 semaines…A commencer par les toilettes dotées d’un siège propre au lieu de toilettes turques, avec du vrai papier ! Jusque-là, je m’aspergeais juste avec de l’eau, à la manière des Indiens… Plus écologique mais moins pratique, il faut le reconnaître.
Assise dans la salle d’embarquement, il est l’heure d’un petit bilan de mon voyage… J’ai vraiment été surprise de la gentillesse des Indiens cette fois-ci. Ils n’étaient nullement insistants ou pénibles dans leur volonté à vouloir nous parler ou nous vendre quelque chose. J’ai connu bien pire dans mes précédents voyages ! Nous étions souvent tranquilles dans des endroits calmes, ce qui ne correspond pas aux expériences que j’avais effectuées auparavant. Mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire ! Le voyage avec Aurélie a été extrêmement agréable et plutôt tranquille. A part Varanasi, nous avions choisi des endroits réputés pour être relaxants, ça joue aussi dans mon impression de ne pas avoir été trop bousculée. L’Inde me fascine toujours autant malgré mes 3 voyages dans ce pays. Chaque région diffère drastiquement les unes des autres, il est impossible de se préparer à ce qu’on va avoir. Et j’aime cette impression de surprise à chaque coin de rue !
J’ai aimé vivre cette expérience avec Aurélie, ça m’a permis de mieux la connaître et de confirmer cette amitié authentique. Je n’étais pas sûre que notre rapprochement durant ces 3 semaines se fasse sans heurt, mais ça a été le cas, aucune dispute ni malaise et j’en suis ravie. Nous étions tout le temps sur la même longueur d’ondes, elle et moi, comme si nous étions connectées ! Un vrai bonheur… Je ne sais pas encore ce que m’a appris mon voyage cette fois-ci, c’est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire, je pense. Mais une chose est sûre, je me sens beaucoup moins stressée qu’à mon arrivée et rien que pour ça, ce voyage était utile ! Juste pour prendre du recul par rapport à mon quotidien et relativiser les problèmes. Je vais les retrouver à mon retour au Québec, je ne me fais pas d’illusions, mais je pense que mon état d’esprit se sera apaisé et que je pourrai les régler un par un sans stress exagéré. Et alors, j’aurai gagné un peu de paix dans ma vie, ce qui est un grand cadeau pour moi-même !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Retour à Delhi
Le 7 avril 2011
Bon, on ne peut pas dire que ce soit facile de bien dormir dans un bus, surtout avec les incessants virages qui nous ballottent d’un côté puis de l’autre (c’est rarement deux fois du même côté, étrangement…) ce qui rend le sommeil difficile à venir. Toutefois, je pense avoir quand même réussi à dormir un peu entre toutes ces secousses.
J’arrive vers 6h du matin dans une vieille gare routière éloignée de tout. Une horde de rickshaws nous attend à la sortie du bus pour nous emmener où nous le souhaitons. Je désire retourner à l’ashram de Sri Awobindo, cet endroit calme où je pourrai me reposer la journée en attendant mon vol de demain. Je monte avec une jeune fille occidentale dans l’un d’eux. Visiblement, nous avons été laissés dans le nord de la ville alors que mon ashram se trouve dans le sud. Notre taxi est une vieille boite de conserve qu’il faut faire redémarrer toutes les dix minutes, c’est folklorique ! Et évidemment, ce qui devait arriver arrive, un pneu éclate en plein sur la route. Arrêtés au milieu de la voie, nous sortons du véhicule sur les conseils de ma compagne afin d’éviter de nous faire heurter par une voiture. Sauf que c’était sans penser que deux blanches sur la bande d’arrêt d’urgence, ça distrait les conducteurs… Inévitablement, un carambolage de deux voitures a lieu juste devant nous, l’un des conducteurs nous ayant regardés une seconde de trop. Heureusement, il ne s’agit que de tôle froissée, rien de grave. De toute façon, vu les voitures qu’ils ont, ils ne risquent pas d’aller bien vite. Et le plus étrange dans tout ça, c’est que je regarde les scènes d’un œil extérieur, ni surprise, ni choquée…comme si ça ne me concernait pas (ce qui est un peu le cas). J’ai tellement vu de choses étranges en Inde que plus grand-chose ne me surprend, on dirait. Notre chauffeur à la roue crevée ne se préoccupe absolument pas non plus du bazar ambiant dû au carambolage, bien trop occupé par son propre problème. Il nous arrête un autre rickshaw et nous propose de continuer avec lui, ce que nous acceptons volontiers. Nous le laissons donc à sa roue à plat et reprenons la route, évitant ainsi sûrement d’autres accidents dus à notre présence au bord d’une route. Je regarde négligemment autour de moi alors que le rickshaw se fraie un chemin parmi la horde de voitures, tout en essayant de prendre conscience que beaucoup de touristes parachutés en Inde pour la première fois peuvent s’y perdre un peu… Comme ça a été le cas pour moi lors de ma première venue dans ce pays il y a six ans de cela. Alors que nous sommes sur une autoroute à trois voies, à peu près six véhicules se font front en même temps, l’un essayant de doubler l’autre ou de tourner à un endroit interdit. Des mendiants sautent sur mon taxi à la vue d’une blanche pour demander de l’argent à cette Occidentale riche. Tiens, on double un éléphant sur l’autoroute… Autant d’incongruités qui encore une fois ne m’étonnent même plus en Inde mais continuent à me faire sourire ! Le pays de l’illogisme… Il ne faut pas essayer de le comprendre avec notre tête ou notre raison, il faut juste le sentir dans ses tripes ! Et seulement à ce moment-là, on peut vraiment prendre du plaisir à se trouver dans ce pays de fous ! Sinon, on risque de partir en courant comme je l’ai fait après mon premier mois de voyage en Inde. J’essayais trop de mettre ce pays dans une case, dans quelque chose que j’avais appris, mais ça ne rentrait pas et je le vivais mal. Maintenant, je me dis toujours qu’il ne m’arrivera que des imprévus en Inde, et j’ai appris à lâcher prise avec ce pays !
Arrivée à l’ashram, je suis en terrain connu et monte tout de suite au dortoir des filles. Par chance, je suis seule dans cet immense dortoir, je peux m’installer n’importe où. Une bonne douche et une chasse aux moustiques plus tard, je vais m’étendre dans un merveilleux jardin si calme qu’on entend les oiseaux en plein Delhi ! J’y passe d’ailleurs toute la journée, somnolant un peu tout en rêvassant. Il fait bon ne rien faire ! Le soir venu, j’assiste à la méditation commune dans le grand hall où on nous passe un discours de la Mère, emblème de l’ashram. Beaucoup de jeunes étudiants indiens sont assis sagement à méditer dans un silence religieux. Tout le monde va manger ensuite. Je grignote mais je sature un peu des plats uniquement végétariens depuis trois semaines, tout en sauce épicée qui arrache la gorge. Vivement la France, sa bonne cuisine et son bon vin ! Trois semaines également sans une seule goutte d’alcool… Mon arrivée en France risque d’être épique, dans tous les sens du terme ! En attendant, bonne nuit !
Bon, on ne peut pas dire que ce soit facile de bien dormir dans un bus, surtout avec les incessants virages qui nous ballottent d’un côté puis de l’autre (c’est rarement deux fois du même côté, étrangement…) ce qui rend le sommeil difficile à venir. Toutefois, je pense avoir quand même réussi à dormir un peu entre toutes ces secousses.
J’arrive vers 6h du matin dans une vieille gare routière éloignée de tout. Une horde de rickshaws nous attend à la sortie du bus pour nous emmener où nous le souhaitons. Je désire retourner à l’ashram de Sri Awobindo, cet endroit calme où je pourrai me reposer la journée en attendant mon vol de demain. Je monte avec une jeune fille occidentale dans l’un d’eux. Visiblement, nous avons été laissés dans le nord de la ville alors que mon ashram se trouve dans le sud. Notre taxi est une vieille boite de conserve qu’il faut faire redémarrer toutes les dix minutes, c’est folklorique ! Et évidemment, ce qui devait arriver arrive, un pneu éclate en plein sur la route. Arrêtés au milieu de la voie, nous sortons du véhicule sur les conseils de ma compagne afin d’éviter de nous faire heurter par une voiture. Sauf que c’était sans penser que deux blanches sur la bande d’arrêt d’urgence, ça distrait les conducteurs… Inévitablement, un carambolage de deux voitures a lieu juste devant nous, l’un des conducteurs nous ayant regardés une seconde de trop. Heureusement, il ne s’agit que de tôle froissée, rien de grave. De toute façon, vu les voitures qu’ils ont, ils ne risquent pas d’aller bien vite. Et le plus étrange dans tout ça, c’est que je regarde les scènes d’un œil extérieur, ni surprise, ni choquée…comme si ça ne me concernait pas (ce qui est un peu le cas). J’ai tellement vu de choses étranges en Inde que plus grand-chose ne me surprend, on dirait. Notre chauffeur à la roue crevée ne se préoccupe absolument pas non plus du bazar ambiant dû au carambolage, bien trop occupé par son propre problème. Il nous arrête un autre rickshaw et nous propose de continuer avec lui, ce que nous acceptons volontiers. Nous le laissons donc à sa roue à plat et reprenons la route, évitant ainsi sûrement d’autres accidents dus à notre présence au bord d’une route. Je regarde négligemment autour de moi alors que le rickshaw se fraie un chemin parmi la horde de voitures, tout en essayant de prendre conscience que beaucoup de touristes parachutés en Inde pour la première fois peuvent s’y perdre un peu… Comme ça a été le cas pour moi lors de ma première venue dans ce pays il y a six ans de cela. Alors que nous sommes sur une autoroute à trois voies, à peu près six véhicules se font front en même temps, l’un essayant de doubler l’autre ou de tourner à un endroit interdit. Des mendiants sautent sur mon taxi à la vue d’une blanche pour demander de l’argent à cette Occidentale riche. Tiens, on double un éléphant sur l’autoroute… Autant d’incongruités qui encore une fois ne m’étonnent même plus en Inde mais continuent à me faire sourire ! Le pays de l’illogisme… Il ne faut pas essayer de le comprendre avec notre tête ou notre raison, il faut juste le sentir dans ses tripes ! Et seulement à ce moment-là, on peut vraiment prendre du plaisir à se trouver dans ce pays de fous ! Sinon, on risque de partir en courant comme je l’ai fait après mon premier mois de voyage en Inde. J’essayais trop de mettre ce pays dans une case, dans quelque chose que j’avais appris, mais ça ne rentrait pas et je le vivais mal. Maintenant, je me dis toujours qu’il ne m’arrivera que des imprévus en Inde, et j’ai appris à lâcher prise avec ce pays !
Arrivée à l’ashram, je suis en terrain connu et monte tout de suite au dortoir des filles. Par chance, je suis seule dans cet immense dortoir, je peux m’installer n’importe où. Une bonne douche et une chasse aux moustiques plus tard, je vais m’étendre dans un merveilleux jardin si calme qu’on entend les oiseaux en plein Delhi ! J’y passe d’ailleurs toute la journée, somnolant un peu tout en rêvassant. Il fait bon ne rien faire ! Le soir venu, j’assiste à la méditation commune dans le grand hall où on nous passe un discours de la Mère, emblème de l’ashram. Beaucoup de jeunes étudiants indiens sont assis sagement à méditer dans un silence religieux. Tout le monde va manger ensuite. Je grignote mais je sature un peu des plats uniquement végétariens depuis trois semaines, tout en sauce épicée qui arrache la gorge. Vivement la France, sa bonne cuisine et son bon vin ! Trois semaines également sans une seule goutte d’alcool… Mon arrivée en France risque d’être épique, dans tous les sens du terme ! En attendant, bonne nuit !
Au revoir, ma belle Aurélie !
Le 6 avril 2011
Pour une fois que nous n’avons aucune contrainte, nous nous réveillons toutes les deux tout de même avant 7 h… Ce n’est pas des vacances, ça ! Le temps est à la pluie aujourd’hui, on a entendu le vent s’engouffrer dans les fenêtres toute la nuit en espérant qu’elles allaient tenir le coup sous les fortes bourrasques !
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour à Dharamsala, je reprends le bus ce soir pour Delhi afin de rentrer en France. Aurélie reste ici quelques jours encore, c’est donc notre dernière journée toutes les deux ! Nous décidons de la passer à faire des choses de filles… Au programme : épilation et shopping ! Dure journée en perspective… de toute façon, vu le temps qu’il fait aujourd’hui, on n’a pas trop envie de mettre le nez dehors… Nous passons la journée de fous rires en fous rires comme si nous devions emmagasiner le plus de joie et de bon temps ensemble avant l’inéluctable départ ce soir. Nous nous moquons de notre accoutrement à la limite de la clocharde, n’ayant depuis 3 semaines ensemble aucune envie de faire d’effort vestimentaire. L’important, c’est que ce soit pratique et chaud… le reste nous est égal. On se demande d’ailleurs comment on réussit à se faire draguer par des Indiens, fagotées comme nous le sommes… je n’oserais jamais sortir habillée de cette façon en France ou au Québec, j’aurais trop honte de moi-même ! Mais ici, aucun problème… Nous rions comme des folles de tout et de rien en pleine rue, si bien que les Indiens nous regardent avec un air inquiet semblant douter de notre santé mentale. La cerise sur le gâteau est apportée par l’un d’entre eux qui nous demande d’où l’on vient. Il veut se glorifier alors de nous sortir une phrase en français et nous dit tout fier : « Papa, maman, ne me poussez pas dans les orties ! ». Il n’en fallait pas moins pour déclencher une hilarité bruyante chez Aurélie et moi-même allant jusqu’à verser de chaudes larmes de rire !
Malgré tout, le temps passe vite et il est déjà l’heure pour moi de partir. Je rassemble mes affaires, dis au-revoir à Angèle et Roger puis pars à l’arrêt de bus, accompagnée d’Aurélie. Ma belle Aurélie qui a été ma compagne inséparable durant ces 3 semaines, partageant ensemble l’intimité de chaque moment, nous confiant l’une à l’autre sur toutes nos pensées, réagissant parfois comme un couple l’aurait fait. Aurélie si pétillante, amusante…sans oublier gourmande ! Je te souhaite une excellente suite de voyage qui, j’en suis certaine, sera extrêmement enrichissante pour toi ! Je monte dans le bus après de multiples embrassades à déchirer le cœur. Olivier arrive juste à temps pour une bise rapide, je suis contente qu’il soit auprès d’Aurélie à mon départ. Moi, je rentre en France, je ne serai pas longtemps seule, alors qu’Aurélie doit maintenant continuer son voyage en solitaire et je sais par expérience que ce n’est pas évident de quitter un compagnon de voyage. Un dernier au-revoir à travers la vitre du bus à une miss en larmes puis je décolle en direction de Delhi.
Vers 22h, on s’arrête pour manger et plusieurs Occidentaux d’un autre bus se plaignent que leur moyen de transport soit tellement pourri qu’ils sont tous malades au moindre virage. Et en montagne, il y en a des virages ! Je suis donc chanceuse d’avoir un bon bus avec des sièges inclinables pour la nuit. D’ailleurs, je suis encore une fois exténuée et ne tarde pas à m’allonger en mode dodo !
Pour une fois que nous n’avons aucune contrainte, nous nous réveillons toutes les deux tout de même avant 7 h… Ce n’est pas des vacances, ça ! Le temps est à la pluie aujourd’hui, on a entendu le vent s’engouffrer dans les fenêtres toute la nuit en espérant qu’elles allaient tenir le coup sous les fortes bourrasques !
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour à Dharamsala, je reprends le bus ce soir pour Delhi afin de rentrer en France. Aurélie reste ici quelques jours encore, c’est donc notre dernière journée toutes les deux ! Nous décidons de la passer à faire des choses de filles… Au programme : épilation et shopping ! Dure journée en perspective… de toute façon, vu le temps qu’il fait aujourd’hui, on n’a pas trop envie de mettre le nez dehors… Nous passons la journée de fous rires en fous rires comme si nous devions emmagasiner le plus de joie et de bon temps ensemble avant l’inéluctable départ ce soir. Nous nous moquons de notre accoutrement à la limite de la clocharde, n’ayant depuis 3 semaines ensemble aucune envie de faire d’effort vestimentaire. L’important, c’est que ce soit pratique et chaud… le reste nous est égal. On se demande d’ailleurs comment on réussit à se faire draguer par des Indiens, fagotées comme nous le sommes… je n’oserais jamais sortir habillée de cette façon en France ou au Québec, j’aurais trop honte de moi-même ! Mais ici, aucun problème… Nous rions comme des folles de tout et de rien en pleine rue, si bien que les Indiens nous regardent avec un air inquiet semblant douter de notre santé mentale. La cerise sur le gâteau est apportée par l’un d’entre eux qui nous demande d’où l’on vient. Il veut se glorifier alors de nous sortir une phrase en français et nous dit tout fier : « Papa, maman, ne me poussez pas dans les orties ! ». Il n’en fallait pas moins pour déclencher une hilarité bruyante chez Aurélie et moi-même allant jusqu’à verser de chaudes larmes de rire !
Malgré tout, le temps passe vite et il est déjà l’heure pour moi de partir. Je rassemble mes affaires, dis au-revoir à Angèle et Roger puis pars à l’arrêt de bus, accompagnée d’Aurélie. Ma belle Aurélie qui a été ma compagne inséparable durant ces 3 semaines, partageant ensemble l’intimité de chaque moment, nous confiant l’une à l’autre sur toutes nos pensées, réagissant parfois comme un couple l’aurait fait. Aurélie si pétillante, amusante…sans oublier gourmande ! Je te souhaite une excellente suite de voyage qui, j’en suis certaine, sera extrêmement enrichissante pour toi ! Je monte dans le bus après de multiples embrassades à déchirer le cœur. Olivier arrive juste à temps pour une bise rapide, je suis contente qu’il soit auprès d’Aurélie à mon départ. Moi, je rentre en France, je ne serai pas longtemps seule, alors qu’Aurélie doit maintenant continuer son voyage en solitaire et je sais par expérience que ce n’est pas évident de quitter un compagnon de voyage. Un dernier au-revoir à travers la vitre du bus à une miss en larmes puis je décolle en direction de Delhi.
Vers 22h, on s’arrête pour manger et plusieurs Occidentaux d’un autre bus se plaignent que leur moyen de transport soit tellement pourri qu’ils sont tous malades au moindre virage. Et en montagne, il y en a des virages ! Je suis donc chanceuse d’avoir un bon bus avec des sièges inclinables pour la nuit. D’ailleurs, je suis encore une fois exténuée et ne tarde pas à m’allonger en mode dodo !
Sources chaudes
Le 5 avril 2011
Réveillées encore une fois dès potron-minet, nous rejoignons Olivier aussi hagard que nous afin de nous rendre au point de rendez-vous où nous attend un taxi qui va nous faire un tour de la région aujourd’hui. A notre grand étonnement, il est à l’heure et nous partons aussitôt en direction d’un premier temple à 1h30 de route. Nous somnolons dans la voiture jusqu’à notre arrivée à destination. Un bon chaï chaud plus tard, nous sommes à peu près d’attaque pour la visite. Nous nous trouvons dans un village peu touristique et les Indiens nous observent avec plus de curiosité qu’à l’accoutumée. Surtout Aurélie et moi, en fait, Olivier laisse visiblement plus indifférent. Nombre d’entre eux sont habillés tout en jaune pour le festival de Khali qui a lieu en ce moment, ce qui doit expliquer la foule qui se presse dans ce petit temple à une heure aussi matinale. Le temple n’a rien d’extraordinaire en lui-même mais le spectacle vient plutôt des Indiens qui nous dévisagent tous en souriant et veulent inlassablement nous prendre en photos toutes les 2 minutes, Aurélie et moi avec eux, alors qu’ils ne nous ont même pas adressé la parole. Finalement, c’est plutôt nous qui faisons office de spectacle pour eux. Pas vraiment réveillée et surtout affamée du manque de petit déjeuner ce matin, leur trop grand intérêt pour moi commence à me taper sur le système… Je ne peux même pas rester assise 2 minutes sans qu’on vienne me demander de poser pour une photo en me tirant violemment par le bras. Aurélie a également une quinzaine d’Indiens autour d’elle… Bon, il est temps de partir, ça ne nous amuse plus !
Nous revenons au taxi qui nous emmène ensuite à un magnifique fort style médiéval, d’autant plus superbe qu’il est désert. Nous déambulons dans ces vestiges d’un autre temps en admirant la capacité qu’ont les humains à construire de tels châteaux forts. Perché sur une montagne, une rivière en contrebas, un précipice de l’autre côté, ce fort domine la région et semble imprenable. Sa vue sur l’Himalaya est également à couper le souffle ! Nous profitons du calme qu’il confère pour effectuer une petite sieste jusqu’à l’arrivée bruyante de jeunes collégiens. Mon ventre crie toujours famine, on se décide à revenir près du chauffeur pour lui demander de nous amener à un restaurant. Aurélie, Olivier et moi ne nous sentons pas très vivaces aujourd’hui, c’est sûrement dû à nos 2 jours de randonnée fatigante de la veille. Heureusement, nous nous laissons transporter par une voiture toute la journée, les efforts physiques vont être minimes. Enfin notre chauffeur nous arrête dans une petite échoppe où ils proposent divers légumes mijotés à des sauces épicées, à manger avec des chapatis (galettes de blé noir). On prend le chapati de la main droite (toujours la droite !) et on s’en sert comme d’une cuillère pour ramasser les légumes et porter le tout à notre bouche en en faisant tomber partout en général. Malgré les épices qui me brûlent les lèvres, je mange avec avidité, heureuse de pouvoir calmer ma faim. Ce n’est pas vraiment fameux mais peu importe quand on a l’estomac dans les talons…
Rassasiés, nous repartons de plus belle visiter un autre temple qui se trouve être taillé dans la roche ! Il est superbe… Il jouxte une petite école dans laquelle nous pouvons admirer les élèves qui jouent dans la cour à des jeux universels comme se courir après pour les garçons, faire du badminton pour les filles… Nous sommes presque plus intéressés par leurs jeux d’enfants que par le temple en lui-même malgré toute sa beauté ! Je m’aperçois que visiter un pays en admirant ses temples, musées, ou autres chefs-d’œuvre humains ne m’intéresse vraiment plus trop. Je préfère largement m’imprégner du pays en regardant des scènes de vie banales de ses habitants, discuter avec eux, apprendre leur mode de vie…Ainsi que les paysages naturels qui m’envoient à chaque fois dans un autre monde, une autre dimension en me rappelant que la terre est magnifique et qu’il faut en prendre soin. Nous en faisons partie intégrante et c’est surtout un grand cadeau que nous pouvons nous faire en faisant attention à notre habitat naturel. Je changerais volontiers le slogan « Sauvons la Planète » en « Sauvons la race humaine » ! C’est nous-mêmes qui nous intoxiquons avec nos propres déchets. La Terre, elle, s’en sortira toujours… Nous ? C’est bien moins certain…
Nous partons ensuite pour notre dernière escale de la journée et celle que j’attends le plus : les sources chaudes de Tatapani. Vu qu’il ne fait vraiment pas chaud dans ce coin de l’Inde, nous baigner dans de l’eau tiède nous fera le plus grand bien ! Après une longue route pleine de cahots, notre chauffeur nous dépose à une rivière où un pont est en train de se construire mais visiblement pas fini, et il nous fait comprendre qu’il faudra continuer à pied. De gros cailloux émergent de l’eau et constituent un chemin nous permettant de traverser la rivière sans mouiller nos pieds. Cette première étape franchie avec succès, il nous reste quelques kilomètres (le nombre n’étant pas bien défini par notre chauffeur qui est resté sur place) à parcourir jusqu’aux sources. Alors que nous entamons sans enthousiasme notre marche, une voiture surgit de nulle part et nous embarque tous les trois (moi assise par terre par manque de place) pour nous amener en dix minutes à notre destination. La vie est bien généreuse avec nous !
Nous découvrons alors un petit temple encastré dans la roche, dans lequel une petite piscine d’eau tiède est remplie sans arrêt par une source chaude naturelle sortant d’une statue murale en forme de crocodile. Incroyable ! Encore une fois, nous sommes seuls sur les lieux et pouvons profiter de ce cadeau de la Terre en toute quiétude. Les femmes n’ayant pas le droit de se baigner en maillot de bain en Inde, Aurélie garde son tee shirt et son pantalon et s’engouffre dans ce grand bain chaud tout habillée. Quant à moi, je m’enroule d’un paréo et pénètre à mon tour dans cette eau délicieusement tiède et propre. Quel plaisir divin ! Surtout après avoir eu si froid ces derniers jours…Mes muscles endoloris par notre grande randonnée d’hier apprécient énormément cette tiédeur relaxante. Olivier propose de me masser les pieds, ce que j’accepte avec plaisir tout en écoutant l’eau sortir du tréfonds de la Terre pour chuter dans notre baignoire en pleine nature. Je sens tout mon corps se relaxer et s’abandonner au moment présent. Je ne pense plus, je ne fais qu’écouter les bruits qui m’entourent et je rentre petit à petit dans une sorte d’extase délicieuse et divine. Une vieille dame indienne me sort de ma torpeur en venant remplir un grand baquet d’eau chaude. Je regarde l’heure, il est temps d’y aller si nous ne souhaitons pas avoir à retraverser la rivière la nuit, avec une lampe torche.
Nous rebroussons donc chemin tranquillement, à pied cette fois et mon sentiment d’extase revient encore plus fort. Je stoppe Olivier qui souhaite me faire la conversation, je désire juste rester dans le silence. Et au final, en écoutant bien, les environs ne sont pas du tout silencieux… Je focalise sur chacun des sons que j’entends, essayant de le séparer du reste avant de passer au suivant. Comme la nature est vivante et bruyante ! Un oiseau piaille, une vache meugle, le tonnerre gronde non loin de là, résonnant dans toute la vallée, le vent joue dans les arbres… C’est merveilleux ! Je marche tel un automate, me sentant faire partie intégrante de l’univers, étant reliée avec tout, les animaux, les plantes, les roches… J’ai presque envie de me laisser tomber par terre pour ne plus bouger mais juste sentir et ressentir… Je continue pourtant, revenant petit à petit dans le monde réel, un sourire béat m’illuminant le visage. Le tonnerre gronde toujours, quelques éclairs zèbrent le ciel au loin, mais la vallée est pourtant illuminée de soleil, les ombres dansantes des arbres et feuillages semblant nous inviter à les suivre. Quel extraordinaire moment ! Il s’est vraiment passé quelque chose de fort et de beau pour moi, je suis encore sur mon nuage. Par le simple fait de pouvoir vivre de tels moments magiques, je suis heureuse d’être en vie et je dis merci à l’univers ! Aurélie m’apprend qu’il s’est passé la même chose pour elle durant toute notre marche de retour. Nous ne nous sommes pourtant pas adressé un seul mot toutes les deux, trop absorbées par notre état intérieur visiblement très similaire. Etrange coïncidence !
Nous arrivons au taxi alors que de grosses gouttes commencent à s’écraser sur le sol terreux. Il était temps ! Notre chauffeur nous ramène tranquillement à l’hôtel où nous retrouvons notre couple préféré, Angèle et Roger avec leurs 40 ans d’écart d’âge. Nous allons dîner tous les quatre, Olivier souhaitant se reposer un peu, et s’ensuit une conversation sortant d’un autre monde, tout à fait délirante et en même temps prodigieuse… Roger nous raconte l’histoire de sa vie et j’avoue en rester estomaquée… Il a vécu un mois et demi dans une grotte en Inde, s’est fait voler ses papiers et son argent et a vécu comme un mendiant durant 8 mois avec des Intouchables Indiens, s’est fait tabasser par une bande d’Indiens qui lui ont ouvert le bras. Il a dû rester à l’hôpital deux mois de trop, ce qui a rendu son visa invalidé. Il a été victime d’un abus judiciaire et mis en prison deux mois en Inde… Et j’en passe ! Et le pire, c’est que je suis absolument certaine qu’il dit la vérité ! Je sens dans son énergie qu’il est authentique de véracité. C’est fou ! Nous parlons de spiritualité, de niveaux de conscience, de fréquences sensorielles, autant de termes qui ne veulent rien dire pour moi habituellement mais qui prennent un sens ce soir dans la discussion. Cette journée est décidément très étrange du début à la fin ! En tout cas, si la fatigue ne venait pas me terrasser au point d’avoir du mal à garder les yeux ouverts, je continuerais bien la conversation encore un moment. Mais il est temps d’aller se coucher, toutes les bonnes choses ont une fin !
Réveillées encore une fois dès potron-minet, nous rejoignons Olivier aussi hagard que nous afin de nous rendre au point de rendez-vous où nous attend un taxi qui va nous faire un tour de la région aujourd’hui. A notre grand étonnement, il est à l’heure et nous partons aussitôt en direction d’un premier temple à 1h30 de route. Nous somnolons dans la voiture jusqu’à notre arrivée à destination. Un bon chaï chaud plus tard, nous sommes à peu près d’attaque pour la visite. Nous nous trouvons dans un village peu touristique et les Indiens nous observent avec plus de curiosité qu’à l’accoutumée. Surtout Aurélie et moi, en fait, Olivier laisse visiblement plus indifférent. Nombre d’entre eux sont habillés tout en jaune pour le festival de Khali qui a lieu en ce moment, ce qui doit expliquer la foule qui se presse dans ce petit temple à une heure aussi matinale. Le temple n’a rien d’extraordinaire en lui-même mais le spectacle vient plutôt des Indiens qui nous dévisagent tous en souriant et veulent inlassablement nous prendre en photos toutes les 2 minutes, Aurélie et moi avec eux, alors qu’ils ne nous ont même pas adressé la parole. Finalement, c’est plutôt nous qui faisons office de spectacle pour eux. Pas vraiment réveillée et surtout affamée du manque de petit déjeuner ce matin, leur trop grand intérêt pour moi commence à me taper sur le système… Je ne peux même pas rester assise 2 minutes sans qu’on vienne me demander de poser pour une photo en me tirant violemment par le bras. Aurélie a également une quinzaine d’Indiens autour d’elle… Bon, il est temps de partir, ça ne nous amuse plus !
Nous revenons au taxi qui nous emmène ensuite à un magnifique fort style médiéval, d’autant plus superbe qu’il est désert. Nous déambulons dans ces vestiges d’un autre temps en admirant la capacité qu’ont les humains à construire de tels châteaux forts. Perché sur une montagne, une rivière en contrebas, un précipice de l’autre côté, ce fort domine la région et semble imprenable. Sa vue sur l’Himalaya est également à couper le souffle ! Nous profitons du calme qu’il confère pour effectuer une petite sieste jusqu’à l’arrivée bruyante de jeunes collégiens. Mon ventre crie toujours famine, on se décide à revenir près du chauffeur pour lui demander de nous amener à un restaurant. Aurélie, Olivier et moi ne nous sentons pas très vivaces aujourd’hui, c’est sûrement dû à nos 2 jours de randonnée fatigante de la veille. Heureusement, nous nous laissons transporter par une voiture toute la journée, les efforts physiques vont être minimes. Enfin notre chauffeur nous arrête dans une petite échoppe où ils proposent divers légumes mijotés à des sauces épicées, à manger avec des chapatis (galettes de blé noir). On prend le chapati de la main droite (toujours la droite !) et on s’en sert comme d’une cuillère pour ramasser les légumes et porter le tout à notre bouche en en faisant tomber partout en général. Malgré les épices qui me brûlent les lèvres, je mange avec avidité, heureuse de pouvoir calmer ma faim. Ce n’est pas vraiment fameux mais peu importe quand on a l’estomac dans les talons…
Rassasiés, nous repartons de plus belle visiter un autre temple qui se trouve être taillé dans la roche ! Il est superbe… Il jouxte une petite école dans laquelle nous pouvons admirer les élèves qui jouent dans la cour à des jeux universels comme se courir après pour les garçons, faire du badminton pour les filles… Nous sommes presque plus intéressés par leurs jeux d’enfants que par le temple en lui-même malgré toute sa beauté ! Je m’aperçois que visiter un pays en admirant ses temples, musées, ou autres chefs-d’œuvre humains ne m’intéresse vraiment plus trop. Je préfère largement m’imprégner du pays en regardant des scènes de vie banales de ses habitants, discuter avec eux, apprendre leur mode de vie…Ainsi que les paysages naturels qui m’envoient à chaque fois dans un autre monde, une autre dimension en me rappelant que la terre est magnifique et qu’il faut en prendre soin. Nous en faisons partie intégrante et c’est surtout un grand cadeau que nous pouvons nous faire en faisant attention à notre habitat naturel. Je changerais volontiers le slogan « Sauvons la Planète » en « Sauvons la race humaine » ! C’est nous-mêmes qui nous intoxiquons avec nos propres déchets. La Terre, elle, s’en sortira toujours… Nous ? C’est bien moins certain…
Nous partons ensuite pour notre dernière escale de la journée et celle que j’attends le plus : les sources chaudes de Tatapani. Vu qu’il ne fait vraiment pas chaud dans ce coin de l’Inde, nous baigner dans de l’eau tiède nous fera le plus grand bien ! Après une longue route pleine de cahots, notre chauffeur nous dépose à une rivière où un pont est en train de se construire mais visiblement pas fini, et il nous fait comprendre qu’il faudra continuer à pied. De gros cailloux émergent de l’eau et constituent un chemin nous permettant de traverser la rivière sans mouiller nos pieds. Cette première étape franchie avec succès, il nous reste quelques kilomètres (le nombre n’étant pas bien défini par notre chauffeur qui est resté sur place) à parcourir jusqu’aux sources. Alors que nous entamons sans enthousiasme notre marche, une voiture surgit de nulle part et nous embarque tous les trois (moi assise par terre par manque de place) pour nous amener en dix minutes à notre destination. La vie est bien généreuse avec nous !
Nous découvrons alors un petit temple encastré dans la roche, dans lequel une petite piscine d’eau tiède est remplie sans arrêt par une source chaude naturelle sortant d’une statue murale en forme de crocodile. Incroyable ! Encore une fois, nous sommes seuls sur les lieux et pouvons profiter de ce cadeau de la Terre en toute quiétude. Les femmes n’ayant pas le droit de se baigner en maillot de bain en Inde, Aurélie garde son tee shirt et son pantalon et s’engouffre dans ce grand bain chaud tout habillée. Quant à moi, je m’enroule d’un paréo et pénètre à mon tour dans cette eau délicieusement tiède et propre. Quel plaisir divin ! Surtout après avoir eu si froid ces derniers jours…Mes muscles endoloris par notre grande randonnée d’hier apprécient énormément cette tiédeur relaxante. Olivier propose de me masser les pieds, ce que j’accepte avec plaisir tout en écoutant l’eau sortir du tréfonds de la Terre pour chuter dans notre baignoire en pleine nature. Je sens tout mon corps se relaxer et s’abandonner au moment présent. Je ne pense plus, je ne fais qu’écouter les bruits qui m’entourent et je rentre petit à petit dans une sorte d’extase délicieuse et divine. Une vieille dame indienne me sort de ma torpeur en venant remplir un grand baquet d’eau chaude. Je regarde l’heure, il est temps d’y aller si nous ne souhaitons pas avoir à retraverser la rivière la nuit, avec une lampe torche.
Nous rebroussons donc chemin tranquillement, à pied cette fois et mon sentiment d’extase revient encore plus fort. Je stoppe Olivier qui souhaite me faire la conversation, je désire juste rester dans le silence. Et au final, en écoutant bien, les environs ne sont pas du tout silencieux… Je focalise sur chacun des sons que j’entends, essayant de le séparer du reste avant de passer au suivant. Comme la nature est vivante et bruyante ! Un oiseau piaille, une vache meugle, le tonnerre gronde non loin de là, résonnant dans toute la vallée, le vent joue dans les arbres… C’est merveilleux ! Je marche tel un automate, me sentant faire partie intégrante de l’univers, étant reliée avec tout, les animaux, les plantes, les roches… J’ai presque envie de me laisser tomber par terre pour ne plus bouger mais juste sentir et ressentir… Je continue pourtant, revenant petit à petit dans le monde réel, un sourire béat m’illuminant le visage. Le tonnerre gronde toujours, quelques éclairs zèbrent le ciel au loin, mais la vallée est pourtant illuminée de soleil, les ombres dansantes des arbres et feuillages semblant nous inviter à les suivre. Quel extraordinaire moment ! Il s’est vraiment passé quelque chose de fort et de beau pour moi, je suis encore sur mon nuage. Par le simple fait de pouvoir vivre de tels moments magiques, je suis heureuse d’être en vie et je dis merci à l’univers ! Aurélie m’apprend qu’il s’est passé la même chose pour elle durant toute notre marche de retour. Nous ne nous sommes pourtant pas adressé un seul mot toutes les deux, trop absorbées par notre état intérieur visiblement très similaire. Etrange coïncidence !
Nous arrivons au taxi alors que de grosses gouttes commencent à s’écraser sur le sol terreux. Il était temps ! Notre chauffeur nous ramène tranquillement à l’hôtel où nous retrouvons notre couple préféré, Angèle et Roger avec leurs 40 ans d’écart d’âge. Nous allons dîner tous les quatre, Olivier souhaitant se reposer un peu, et s’ensuit une conversation sortant d’un autre monde, tout à fait délirante et en même temps prodigieuse… Roger nous raconte l’histoire de sa vie et j’avoue en rester estomaquée… Il a vécu un mois et demi dans une grotte en Inde, s’est fait voler ses papiers et son argent et a vécu comme un mendiant durant 8 mois avec des Intouchables Indiens, s’est fait tabasser par une bande d’Indiens qui lui ont ouvert le bras. Il a dû rester à l’hôpital deux mois de trop, ce qui a rendu son visa invalidé. Il a été victime d’un abus judiciaire et mis en prison deux mois en Inde… Et j’en passe ! Et le pire, c’est que je suis absolument certaine qu’il dit la vérité ! Je sens dans son énergie qu’il est authentique de véracité. C’est fou ! Nous parlons de spiritualité, de niveaux de conscience, de fréquences sensorielles, autant de termes qui ne veulent rien dire pour moi habituellement mais qui prennent un sens ce soir dans la discussion. Cette journée est décidément très étrange du début à la fin ! En tout cas, si la fatigue ne venait pas me terrasser au point d’avoir du mal à garder les yeux ouverts, je continuerais bien la conversation encore un moment. Mais il est temps d’aller se coucher, toutes les bonnes choses ont une fin !
Le glacier de Triund
Le 4 avril 2011
La nuit fut pour le moins agitée entre Aurélie qui est sortie de son cocon pour aller aux toilettes et Olivier qui se retrouvait trop coincé près de la toile parce qu’on se collait contre lui pour chercher un peu de chaleur et qui nous poussait à plusieurs reprises pour pouvoir respirer…C’était sportif ! Mais malgré tout, je ne m’en tire pas trop mal question sommeil et me réveille à l’aube afin de pouvoir admirer le lever de soleil sur la montagne. Il me faut rassembler tout mon courage afin de sortir de sous mes trois couvertures pour braver le froid mais la curiosité l’emporte sur mon confort.
La première levée, je m’entoure d’une couverture chaude et admire les premiers rayons pointant derrière les monts enneigés. Tout est calme et serein, j’apprécie ce moment de paix qui s’insinue dans tout mon être. J’apprécie la chance de pouvoir me trouver ici et de m’autoriser à vivre et ressentir ces incroyables moments de plénitude que m’offre la nature toujours plus belle et majestueuse à chacun de mes voyages. En fait, il suffit juste de prendre le temps de l’admirer !
Mes compagnons me rejoignent et nous allumons un feu pour faire rissoler nos croissants emportés pour l’occasion. Quel délice, ces viennoiseries grillées au feu de bois ! Un café ou chaï en plus et nous sommes au paradis. En plus, le soleil commence à nous réchauffer doucement, ce qui nous permet d’enlever une couche de couverture ou de vêtement par heure. Nous avons de la chance, le ciel est totalement dégagé ce matin et la chaîne himalayenne apparaît devant nous dans toute sa splendeur, nullement cachée par les nuages comme hier.
Après nous être totalement réchauffés au soleil, notre guide nous propose de continuer à grimper jusqu’au glacier où nous ne pourrons aller plus loin à cause de la neige. Nous acceptons avec entrain et recommençons à grimper sous un soleil clément cette fois-ci. Par contre, nous commençons à rencontrer pas mal de neige sur notre chemin et je peine un peu à avancer avec mes petites chaussures en toile. Le paysage est de plus en plus superbe, le contraste des pierres brunes, de la neige immaculée et du ciel bleu azur rendant le tableau saisissant de beauté. Aurélie s’amuse à lancer des boules de neige au guide qui le lui rend bien et je les regarde s’amuser tous les deux, comme si la beauté des lieux nous rendait notre âme d’enfant. Nous sommes arrivés à la fin du parcours, il y a encore trop de neige à cette période de l’année pour pouvoir continuer plus loin. Ce sera possible dans un mois ou deux seulement.
Nous marchons vraiment sur la neige, là, et mes chaussures commencent à prendre l’eau et à sérieusement refroidir mes pieds, même si le soleil tape fort. Olivier me propose d’essayer la paire de baskets qu’il a prise en plus pour lui au cas où ses pieds lui feraient des misères. Bien qu’un peu grandes, elles feront parfaitement l’affaire et me réchauffent les pieds instantanément. Merci Olivier, mon sauveur de pieds ! Tandis que je finis de me réchauffer avec un chaï dans une petite hutte en igloo sous la neige où un petit vendeur propose quelques produits de première nécessité, les autres s’amusent à glisser du haut des collines sur la neige, certains assis sur un plastique en guise de luge, d’autres directement sur les fesses !
Après une multitude de photos dans tous les sens, nous entamons la descente en chemin inverse de tout ce qu’on a grimpé hier et ce matin, ça nous fait une bonne marche ! Olivier qui traîne un peu la patte nous prie de ne pas l’attendre, nous descendons donc, Aurélie, le guide et moi, à une bonne cadence comme je les aime. Notre guide, un Indien de 23 ans, nous dragouille gentiment, mais avec beaucoup de respect. Ca nous amuse plus qu’autre chose au final et lui aussi visiblement. Le temps est splendide aujourd’hui et nous admirons sous un œil nouveau par rapport à hier les paysages montagnards. Les rhododendrons resplendissent au soleil et les monts enneigés s’offrent à nous partout où nous posons notre regard.
La descente s’effectue vite par rapport à notre montée d’hier et de ce matin et nous arrivons en ville pour 17h, juste à temps pour se reposer un peu, prendre une bonne douche bien méritée et redonner tous nos pulls et manteaux à nos amis de la guest house. Ce soir, nous dînons juste toutes les deux, Aurélie et moi, l’une de nos dernières soirées ensemble avant mon départ. On en profite ! Nous ne tarderons pas à nous coucher dans notre lit douillet, la randonnée et la mauvaise nuit dernière nous ayant achevées !
La nuit fut pour le moins agitée entre Aurélie qui est sortie de son cocon pour aller aux toilettes et Olivier qui se retrouvait trop coincé près de la toile parce qu’on se collait contre lui pour chercher un peu de chaleur et qui nous poussait à plusieurs reprises pour pouvoir respirer…C’était sportif ! Mais malgré tout, je ne m’en tire pas trop mal question sommeil et me réveille à l’aube afin de pouvoir admirer le lever de soleil sur la montagne. Il me faut rassembler tout mon courage afin de sortir de sous mes trois couvertures pour braver le froid mais la curiosité l’emporte sur mon confort.
La première levée, je m’entoure d’une couverture chaude et admire les premiers rayons pointant derrière les monts enneigés. Tout est calme et serein, j’apprécie ce moment de paix qui s’insinue dans tout mon être. J’apprécie la chance de pouvoir me trouver ici et de m’autoriser à vivre et ressentir ces incroyables moments de plénitude que m’offre la nature toujours plus belle et majestueuse à chacun de mes voyages. En fait, il suffit juste de prendre le temps de l’admirer !
Mes compagnons me rejoignent et nous allumons un feu pour faire rissoler nos croissants emportés pour l’occasion. Quel délice, ces viennoiseries grillées au feu de bois ! Un café ou chaï en plus et nous sommes au paradis. En plus, le soleil commence à nous réchauffer doucement, ce qui nous permet d’enlever une couche de couverture ou de vêtement par heure. Nous avons de la chance, le ciel est totalement dégagé ce matin et la chaîne himalayenne apparaît devant nous dans toute sa splendeur, nullement cachée par les nuages comme hier.
Après nous être totalement réchauffés au soleil, notre guide nous propose de continuer à grimper jusqu’au glacier où nous ne pourrons aller plus loin à cause de la neige. Nous acceptons avec entrain et recommençons à grimper sous un soleil clément cette fois-ci. Par contre, nous commençons à rencontrer pas mal de neige sur notre chemin et je peine un peu à avancer avec mes petites chaussures en toile. Le paysage est de plus en plus superbe, le contraste des pierres brunes, de la neige immaculée et du ciel bleu azur rendant le tableau saisissant de beauté. Aurélie s’amuse à lancer des boules de neige au guide qui le lui rend bien et je les regarde s’amuser tous les deux, comme si la beauté des lieux nous rendait notre âme d’enfant. Nous sommes arrivés à la fin du parcours, il y a encore trop de neige à cette période de l’année pour pouvoir continuer plus loin. Ce sera possible dans un mois ou deux seulement.
Nous marchons vraiment sur la neige, là, et mes chaussures commencent à prendre l’eau et à sérieusement refroidir mes pieds, même si le soleil tape fort. Olivier me propose d’essayer la paire de baskets qu’il a prise en plus pour lui au cas où ses pieds lui feraient des misères. Bien qu’un peu grandes, elles feront parfaitement l’affaire et me réchauffent les pieds instantanément. Merci Olivier, mon sauveur de pieds ! Tandis que je finis de me réchauffer avec un chaï dans une petite hutte en igloo sous la neige où un petit vendeur propose quelques produits de première nécessité, les autres s’amusent à glisser du haut des collines sur la neige, certains assis sur un plastique en guise de luge, d’autres directement sur les fesses !
Après une multitude de photos dans tous les sens, nous entamons la descente en chemin inverse de tout ce qu’on a grimpé hier et ce matin, ça nous fait une bonne marche ! Olivier qui traîne un peu la patte nous prie de ne pas l’attendre, nous descendons donc, Aurélie, le guide et moi, à une bonne cadence comme je les aime. Notre guide, un Indien de 23 ans, nous dragouille gentiment, mais avec beaucoup de respect. Ca nous amuse plus qu’autre chose au final et lui aussi visiblement. Le temps est splendide aujourd’hui et nous admirons sous un œil nouveau par rapport à hier les paysages montagnards. Les rhododendrons resplendissent au soleil et les monts enneigés s’offrent à nous partout où nous posons notre regard.
La descente s’effectue vite par rapport à notre montée d’hier et de ce matin et nous arrivons en ville pour 17h, juste à temps pour se reposer un peu, prendre une bonne douche bien méritée et redonner tous nos pulls et manteaux à nos amis de la guest house. Ce soir, nous dînons juste toutes les deux, Aurélie et moi, l’une de nos dernières soirées ensemble avant mon départ. On en profite ! Nous ne tarderons pas à nous coucher dans notre lit douillet, la randonnée et la mauvaise nuit dernière nous ayant achevées !
Trek dans l’Himalaya
Le 3 avril 2011
Aujourd’hui est un grand jour, nous allons effectuer un trek de 2 jours dans l’Himalaya jusqu’à Triund, une petite bourgade en haut d’un mont où se situent quelques cabanes dans lesquelles il est possible de passer la nuit. Olivier, Aurélie et moi sommes fin prêts pour l’ascension vers 8h30, seul notre guide manque à l’appel. Il arrive tranquillement une demi-heure plus tard (il ne faut jamais être pressé en Inde), nous pouvons alors commencer notre grimpette. Le chemin est relativement aisé et malgré la pente escarpée, je grimpe assez facilement devançant mes amis. Je suis moi-même étonnée de la facilité avec laquelle je grimpe des montagnes. Ca n’a pas toujours été le cas, je détestais effectuer des treks auparavant. Mais on dirait que j’ai dépassé mon mental qui me disait toujours que ça allait être difficile et que je n’allais pas y arriver… Maintenant, je mets juste un pied devant l’autre sans me poser plus de questions et l’ascension se fait toute seule ! C’est magique !
Au fur et à mesure de la montée, les paysages deviennent de plus en plus beaux. Des centaines d’arbres de rhododendrons en fleurs nous accompagnent en marchant, leurs fleurs rouges resplendissant parmi les énormes rochers aux couleurs brunes. Le temps est grisâtre ce matin et nous essuierons même un peu de pluie et de neige lors de notre marche. Ceci dit, je pense que nous préférons un temps mitigé à un soleil de plomb sous lequel nous aurions suffoqué. Le temps change vite en montagne et nous n’arrêtons pas d’enlever notre pull, de le remettre, de sortir le bonnet de laine acheté en catastrophe hier à une marchande ambulante, de le ranger pour le remplacer par un chapeau pour nous protéger du soleil… C’est la cérémonie du déshabillage ou du rhabillage ! Vu que le temps change tous les quarts d’heure, ça en devient presque comique…
Aucun de nous trois n’ayant prévu de faire un trek en Himalaya, nous n’étions absolument pas équipés pour le froid question vêtements chauds. Nous avons passé une bonne partie de notre journée d’hier à demander à des gens que nous connaissions plus ou moins de nous prêter des pulls pour notre ascension d’aujourd’hui. Nous avons récupéré un pull et un manteau, ce n’est pas un luxe vu le froid qui s’insinue en nous à mesure que notre altitude augmente. Seules mes chaussures en toile m’inquiètent un peu… J’espère ne pas devoir marcher dans la neige ou tremper mes chaussures à cause de la pluie, ce qui me glacerait les pieds immédiatement et m’handicaperait pour la journée. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux pieds, je trouve !
Nous nous arrêtons vers midi dans une petite échoppe sortie de nulle part sur le chemin, où nous nous réchauffons sous une couverture avec un chaï et un bol de soupe aux nouilles. Ca va mieux ! Mais nous sommes loin d’être arrivés au sommet et les touristes que nous croisons à leur descente nous confirment ce que nous craignions : il fait terriblement froid en haut ! Bon, nous verrons bien ! Il se met à neiger alors que nous sommes calfeutrés sous notre couverture à l’abri sous un petit toit en tôle. Aïe, aïe, on va geler en haut ! Armés de courage, nous recommençons notre ascension, profitant d’une accalmie. Finalement, le temps continue à se dégager de plus en plus, nous donnant bon espoir qu’il fera beau en haut. La ville de Dharamsala apparaît de plus en plus petite à mesure de notre montée. Et dire qu’il y a vingt ans seulement, cette ville n’existait pas ! Elle a pris de l’essor avec l’arrivée du Dalaï Lama, installé ici en exil, et s’est transformée rapidement.
Je sème encore une fois Aurélie et Olivier qui préfèrent prendre leur temps, Olivier surtout à cause d’une fracture au pied qu’il s’est faite il y a peu de temps. Nous croisons de la neige, mais le temps est toujours clément avec nous, nous sommes vraiment chanceux ! Après six heures d’ascension tranquille, j’arrive enfin au sommet avec notre guide pour apercevoir tout d’un coup au détour du dernier virage de superbes montagnes enneigées voilées par une légère brume à leur sommet. Le paysage est à couper le souffle, je reste sans voix durant un moment, m’imprégnant de cette beauté naturelle incroyable. Magnifique ! Même les nuages cachant une partie des monts ajoutent une touche mystérieuse à ce tableau majestueux. De petites échoppes et quelques bâtiments épars où il est possible de dormir sont disséminés au sommet. On m’installe une couverture à terre et je déguste un café chaud tout en ne détachant pas mon regard du paysage. Vingt minutes plus tard, mes compagnons arrivent et je me délecte de voir leur réaction d’émerveillement éclairer leur visage à leur tour malgré la fatigue de la marche.
Nous passons le reste de l’après-midi couchés par terre, admirant les nuages dégageant de plus en plus les montagnes enneigées, le temps ayant décidé d’être clément avec nous. Il ne fait même pas froid, le soleil nous réchauffant délicieusement. Notre guide et quelques Indiens en profitent pour jouet au cricket et s’amusent comme des fous. Je retrouve avec joie cette sensation de faire partie intégrante de la nature, je me sens de nouveau toute petite en comparaison de cette immense chaîne de montagne appelée Himalaya, et j’apprécie humblement sa grandeur. Seuls le bruit des rapaces et les éclats de joie des Indiens marquant un but troublent le silence des montagnes. Je me sens bien.
Nous assistons à un petit coucher de soleil derrière les montagnes, qui empourpre le ciel de belles couleurs tandis que les monts enneigés finissent de se découvrir. Dès que le soleil se cache, la température chute drastiquement et nous nous réfugions près du feu. Trois autres touristes indiens entourent le feu avec nous, nous sommes en basse saison, les visiteurs n’affluent pas encore à cause de la température assez basse. Il faut être fou comme nous pour venir se cailler en haut d’un sommet en cette saison ! Serrés les uns contre les autres, plusieurs chiens nous collant également afin de profiter d’un peu de chaleur, nous discutons autour des flammes dansantes. Le ciel étoilé forme un superbe dôme au dessus de nos têtes, aucune lumière artificielle ne vient altérer leur clarté. J’ai presque l’impression d’être plus proche de ces astres célestes vu que je me trouve en haut d’une montagne ! Une pensée de petite fille qui me fait aussitôt sourire… Ce qui est certain par contre, c’est qu’il fait vraiment froid et nous avons bien du mal à nous réchauffer malgré le petit feu de bois. Je pars dans mes pensées, essayant de faire abstraction des discussions des Indiens ou de mes compagnons, souhaitant profiter de ce moment dans mon monde intérieur, même si ce n’est pas facile avec ce froid qui me glace les os. Nous avalons en vitesse un thali préparé sommairement par le cuisinier de l’échoppe. Il n’y a ni eau courante, ni électricité ici, tout est fait au feu de bois. Olivier, Aurélie et moi nous serrons ensemble sur un banc de fortune afin de nous communiquer un peu de chaleur tout en mangeant notre souper. La nourriture est plutôt épicée et mon estomac réagit violemment aux premières bouchées ingérées. De violentes crampes me vrillent le ventre comme pour me signaler qu’il n’en peut plus de toutes ces épices qui l’inondent depuis plusieurs semaines. Ah non, ce n’est pas le moment d’être malade ce soir, à cette altitude, au milieu de nulle part, dans ce manque de confort évident et ces températures hivernales ! Je prie le ciel pour que mes crampes passent et ne finis pas mon dîner, ne voulant pas risquer d’aggraver la situation. Je retourne m’asseoir près du feu pour tenter de me réchauffer, mais mon corps ne me donne pas le choix, il faut que je m’allonge. De toute façon, tout le monde est fatigué par l’activité physique de la journée et commence à s’éclipser. Notre guide nous a donné le choix plus tôt dans l’après-midi entre dormir dans une chambre d’un des refuges et monter une tente. Aurélie, tout excitée à l’idée de dormir avec les sons de la nature, a tout de suite voté pour la tente. Olivier et moi étions plus mitigés à cause du froid, mais notre guide nous a assuré qu’on aurait assez de couvertures, tout en ajoutant que la tente serait une expérience moins banale qu’une chambre en refuge. Certes ! Mais je ne vois pas bien la valeur ajoutée à mal dormir par terre dans une tente versus s’allonger sur le bon matelas d’un lit ! Mais bon, solidaires avec Aurélie et ne souhaitant pas la laisser toute seule dans sa petite tente, nous avons accepté de la suivre dans l’aventure. C’est donc allongée dans une petite tente à peine assez grande pour trois que j’essaie de calmer mes douleurs d’estomac. Notre guide nous a installé des tapis de sol et par-dessus une couverture, ce qui donne un matelas correct au final. Il nous donne un sac de couchage chacun, ainsi que deux grosses couvertures. Malgré cela, j’enfile à peu près tous les vêtements que j’ai pu emporter dans mon petit sac à dos. Je porte trois paires de chaussettes, deux pantalons l’un par-dessus l’autre, trois tee shirts, un pull et l’anorak réquisitionné chez nos voisins avant de partir en trek. C’est sans compter l’écharpe et le bonnet ! Je mets même une autre paire de chaussettes en guise de gants… Tous les moyens pour se réchauffer sont bons ! Etant donné que je suis un peu malade, Aurélie et Olivier me laissent la meilleure place dans la tente : celle du milieu. Je réquisitionnerai la chaleur de mes deux compatriotes de chaque côté de moi ! En plus, un chien s’est blotti à mes pieds en dehors de la tente, je suis bien entourée !
Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous essayons de ne pas laisser un gramme d’air froid nous atteindre et cherchons le sommeil entre le manque d’espace, le peu de latitude pour bouger, la chasse aux courants d’air, si minimes soient-ils, et les pets bruyants des chiens dehors… Mes crampes d’estomac ont cessé et je réussis à m’endormir doucement, la fatigue ayant raison de toutes les embûches.
Aujourd’hui est un grand jour, nous allons effectuer un trek de 2 jours dans l’Himalaya jusqu’à Triund, une petite bourgade en haut d’un mont où se situent quelques cabanes dans lesquelles il est possible de passer la nuit. Olivier, Aurélie et moi sommes fin prêts pour l’ascension vers 8h30, seul notre guide manque à l’appel. Il arrive tranquillement une demi-heure plus tard (il ne faut jamais être pressé en Inde), nous pouvons alors commencer notre grimpette. Le chemin est relativement aisé et malgré la pente escarpée, je grimpe assez facilement devançant mes amis. Je suis moi-même étonnée de la facilité avec laquelle je grimpe des montagnes. Ca n’a pas toujours été le cas, je détestais effectuer des treks auparavant. Mais on dirait que j’ai dépassé mon mental qui me disait toujours que ça allait être difficile et que je n’allais pas y arriver… Maintenant, je mets juste un pied devant l’autre sans me poser plus de questions et l’ascension se fait toute seule ! C’est magique !
Au fur et à mesure de la montée, les paysages deviennent de plus en plus beaux. Des centaines d’arbres de rhododendrons en fleurs nous accompagnent en marchant, leurs fleurs rouges resplendissant parmi les énormes rochers aux couleurs brunes. Le temps est grisâtre ce matin et nous essuierons même un peu de pluie et de neige lors de notre marche. Ceci dit, je pense que nous préférons un temps mitigé à un soleil de plomb sous lequel nous aurions suffoqué. Le temps change vite en montagne et nous n’arrêtons pas d’enlever notre pull, de le remettre, de sortir le bonnet de laine acheté en catastrophe hier à une marchande ambulante, de le ranger pour le remplacer par un chapeau pour nous protéger du soleil… C’est la cérémonie du déshabillage ou du rhabillage ! Vu que le temps change tous les quarts d’heure, ça en devient presque comique…
Aucun de nous trois n’ayant prévu de faire un trek en Himalaya, nous n’étions absolument pas équipés pour le froid question vêtements chauds. Nous avons passé une bonne partie de notre journée d’hier à demander à des gens que nous connaissions plus ou moins de nous prêter des pulls pour notre ascension d’aujourd’hui. Nous avons récupéré un pull et un manteau, ce n’est pas un luxe vu le froid qui s’insinue en nous à mesure que notre altitude augmente. Seules mes chaussures en toile m’inquiètent un peu… J’espère ne pas devoir marcher dans la neige ou tremper mes chaussures à cause de la pluie, ce qui me glacerait les pieds immédiatement et m’handicaperait pour la journée. Il n’y a rien de pire que d’avoir froid aux pieds, je trouve !
Nous nous arrêtons vers midi dans une petite échoppe sortie de nulle part sur le chemin, où nous nous réchauffons sous une couverture avec un chaï et un bol de soupe aux nouilles. Ca va mieux ! Mais nous sommes loin d’être arrivés au sommet et les touristes que nous croisons à leur descente nous confirment ce que nous craignions : il fait terriblement froid en haut ! Bon, nous verrons bien ! Il se met à neiger alors que nous sommes calfeutrés sous notre couverture à l’abri sous un petit toit en tôle. Aïe, aïe, on va geler en haut ! Armés de courage, nous recommençons notre ascension, profitant d’une accalmie. Finalement, le temps continue à se dégager de plus en plus, nous donnant bon espoir qu’il fera beau en haut. La ville de Dharamsala apparaît de plus en plus petite à mesure de notre montée. Et dire qu’il y a vingt ans seulement, cette ville n’existait pas ! Elle a pris de l’essor avec l’arrivée du Dalaï Lama, installé ici en exil, et s’est transformée rapidement.
Je sème encore une fois Aurélie et Olivier qui préfèrent prendre leur temps, Olivier surtout à cause d’une fracture au pied qu’il s’est faite il y a peu de temps. Nous croisons de la neige, mais le temps est toujours clément avec nous, nous sommes vraiment chanceux ! Après six heures d’ascension tranquille, j’arrive enfin au sommet avec notre guide pour apercevoir tout d’un coup au détour du dernier virage de superbes montagnes enneigées voilées par une légère brume à leur sommet. Le paysage est à couper le souffle, je reste sans voix durant un moment, m’imprégnant de cette beauté naturelle incroyable. Magnifique ! Même les nuages cachant une partie des monts ajoutent une touche mystérieuse à ce tableau majestueux. De petites échoppes et quelques bâtiments épars où il est possible de dormir sont disséminés au sommet. On m’installe une couverture à terre et je déguste un café chaud tout en ne détachant pas mon regard du paysage. Vingt minutes plus tard, mes compagnons arrivent et je me délecte de voir leur réaction d’émerveillement éclairer leur visage à leur tour malgré la fatigue de la marche.
Nous passons le reste de l’après-midi couchés par terre, admirant les nuages dégageant de plus en plus les montagnes enneigées, le temps ayant décidé d’être clément avec nous. Il ne fait même pas froid, le soleil nous réchauffant délicieusement. Notre guide et quelques Indiens en profitent pour jouet au cricket et s’amusent comme des fous. Je retrouve avec joie cette sensation de faire partie intégrante de la nature, je me sens de nouveau toute petite en comparaison de cette immense chaîne de montagne appelée Himalaya, et j’apprécie humblement sa grandeur. Seuls le bruit des rapaces et les éclats de joie des Indiens marquant un but troublent le silence des montagnes. Je me sens bien.
Nous assistons à un petit coucher de soleil derrière les montagnes, qui empourpre le ciel de belles couleurs tandis que les monts enneigés finissent de se découvrir. Dès que le soleil se cache, la température chute drastiquement et nous nous réfugions près du feu. Trois autres touristes indiens entourent le feu avec nous, nous sommes en basse saison, les visiteurs n’affluent pas encore à cause de la température assez basse. Il faut être fou comme nous pour venir se cailler en haut d’un sommet en cette saison ! Serrés les uns contre les autres, plusieurs chiens nous collant également afin de profiter d’un peu de chaleur, nous discutons autour des flammes dansantes. Le ciel étoilé forme un superbe dôme au dessus de nos têtes, aucune lumière artificielle ne vient altérer leur clarté. J’ai presque l’impression d’être plus proche de ces astres célestes vu que je me trouve en haut d’une montagne ! Une pensée de petite fille qui me fait aussitôt sourire… Ce qui est certain par contre, c’est qu’il fait vraiment froid et nous avons bien du mal à nous réchauffer malgré le petit feu de bois. Je pars dans mes pensées, essayant de faire abstraction des discussions des Indiens ou de mes compagnons, souhaitant profiter de ce moment dans mon monde intérieur, même si ce n’est pas facile avec ce froid qui me glace les os. Nous avalons en vitesse un thali préparé sommairement par le cuisinier de l’échoppe. Il n’y a ni eau courante, ni électricité ici, tout est fait au feu de bois. Olivier, Aurélie et moi nous serrons ensemble sur un banc de fortune afin de nous communiquer un peu de chaleur tout en mangeant notre souper. La nourriture est plutôt épicée et mon estomac réagit violemment aux premières bouchées ingérées. De violentes crampes me vrillent le ventre comme pour me signaler qu’il n’en peut plus de toutes ces épices qui l’inondent depuis plusieurs semaines. Ah non, ce n’est pas le moment d’être malade ce soir, à cette altitude, au milieu de nulle part, dans ce manque de confort évident et ces températures hivernales ! Je prie le ciel pour que mes crampes passent et ne finis pas mon dîner, ne voulant pas risquer d’aggraver la situation. Je retourne m’asseoir près du feu pour tenter de me réchauffer, mais mon corps ne me donne pas le choix, il faut que je m’allonge. De toute façon, tout le monde est fatigué par l’activité physique de la journée et commence à s’éclipser. Notre guide nous a donné le choix plus tôt dans l’après-midi entre dormir dans une chambre d’un des refuges et monter une tente. Aurélie, tout excitée à l’idée de dormir avec les sons de la nature, a tout de suite voté pour la tente. Olivier et moi étions plus mitigés à cause du froid, mais notre guide nous a assuré qu’on aurait assez de couvertures, tout en ajoutant que la tente serait une expérience moins banale qu’une chambre en refuge. Certes ! Mais je ne vois pas bien la valeur ajoutée à mal dormir par terre dans une tente versus s’allonger sur le bon matelas d’un lit ! Mais bon, solidaires avec Aurélie et ne souhaitant pas la laisser toute seule dans sa petite tente, nous avons accepté de la suivre dans l’aventure. C’est donc allongée dans une petite tente à peine assez grande pour trois que j’essaie de calmer mes douleurs d’estomac. Notre guide nous a installé des tapis de sol et par-dessus une couverture, ce qui donne un matelas correct au final. Il nous donne un sac de couchage chacun, ainsi que deux grosses couvertures. Malgré cela, j’enfile à peu près tous les vêtements que j’ai pu emporter dans mon petit sac à dos. Je porte trois paires de chaussettes, deux pantalons l’un par-dessus l’autre, trois tee shirts, un pull et l’anorak réquisitionné chez nos voisins avant de partir en trek. C’est sans compter l’écharpe et le bonnet ! Je mets même une autre paire de chaussettes en guise de gants… Tous les moyens pour se réchauffer sont bons ! Etant donné que je suis un peu malade, Aurélie et Olivier me laissent la meilleure place dans la tente : celle du milieu. Je réquisitionnerai la chaleur de mes deux compatriotes de chaque côté de moi ! En plus, un chien s’est blotti à mes pieds en dehors de la tente, je suis bien entourée !
Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous essayons de ne pas laisser un gramme d’air froid nous atteindre et cherchons le sommeil entre le manque d’espace, le peu de latitude pour bouger, la chasse aux courants d’air, si minimes soient-ils, et les pets bruyants des chiens dehors… Mes crampes d’estomac ont cessé et je réussis à m’endormir doucement, la fatigue ayant raison de toutes les embûches.
Résidence du Dalaï Lama
Le 01 avril 2011
Comme nous avons bien dormi cette nuit ! Un vrai délice… Emmitouflées sous de gros édredons, nous n’avons rien ressenti du froid et avons dormi comme des bébés ! Ca fait du bien… Nous prenons notre temps ce matin, petit-déjeunons sur une terrasse au soleil, rentrons nous coucher faire une sieste, flânons dans les magasins à la recherche de bols tibétains… Dans l’après-midi, nous effectuons une petite promenade dans les bois jusqu’au centre de Vipassana, perchée en haut d’une colline, puis revenons en ville visiter la résidence du Dalaï Lama ou plutôt son temple. De gros bouddhas sont visibles dans le temple que plusieurs moines viennent honorer. Le temple est simple et assez petit mais chaleureux. L’atmosphère de paix et de sérénité ne me quitte pas depuis que je suis arrivée à Dharamsala et la culture tibétaine en est grandement responsable. J’aime ce peuple tellement gentil et accueillant alors qu’il a tant souffert.
Alors que le soleil commence à passer derrière la montagne, nous empruntons une nouvelle fois le chemin sacré qui entoure la résidence en faisant tourner les roues de la fortune. La lumière du soleil couchant est si belle ce soir ! Attirées par des sons gutturaux, nous retournons dans le temple assister à des chants de moines tibétains qui me transportent aussitôt dans un autre monde. Bien différents des chants en sanscrit des Hindous, leurs tons plus graves et monocordes n’en sont pas moins mélodieux. J’aime les écouter et ne vois pas le temps passer, assise à côté d’eux, retenant mon souffle à chaque montée en crescendo des voix. Le tout sous un soleil rouge rayonnant sur la montagne. Quel spectacle superbe et unique ! J’en suis tout émue. L’histoire des Tibétains m’a toujours beaucoup touchée et les savoir ici, loin de chez eux, sur une terre d’accueil, incapables de retrouver leurs racines dans ce pays si différent du leur, m’attriste le cœur. J’ai l’impression qu’ils chantent leur souffrance et ça m’atteint directement l’âme.
Nous retrouvons ensuite Olivier, un autre ami d’Aurélie qu’elle a rencontré chez Amma, et partons manger tous les trois dans un petit restaurant tibétain adorable. Les plats sont exquis et nous ravissent le palais, ce qui fait du bien après quinze jours de nourriture indienne que je trouve tout de même un peu grasse à mon goût. A la fin du repas, le gérant du restaurant vient discuter un peu avec nous de sa situation de Tibétain en exil. Il nous explique qu’il n’a pas revu ses parents, qui sont restés au Tibet, depuis 20 ans et qu’il n’est pas sûr de les revoir un jour. Il dénonce le gouvernement chinois et toutes les atrocités qu’ils ont fait subir aux Tibétains afin d’acquérir les minerais qui se trouvaient dans leur pays, les ont mis au travail forcé, les ont humiliés, affamés, battus et terrorisés. Il nous explique que les Chinois gouvernent les médias et font circuler la fausse information dans tout le pays que les Tibétains vivent heureux à présent au Tibet dans une communauté libre alors que c’est toujours loin d’être le cas. Il ne comprend pas pourquoi nos pays occidentaux font affaire avec les Chinois et aident à leur prospérité alors qu’il les voit comme des barbares et des despotes. Il veut que nous sachions la vérité qu’au nom de la politique, un peuple entièrement pacifiste a été détruit, humilié et forcé à l’exil. Lui a dû tout quitter : famille, maison, travail, pour tout recommencer en Inde. Et encore, il doit s’enregistrer chaque année auprès du gouvernement indien qui peut, à tout moment, lui retirer ses droits de réfugié et l’envoyer au Népal ou ailleurs, même si ça fait 20 ans qu’il est là… Comment peut-il fonder quelque chose dans ces conditions ? Il nous rappelle que nous avons de la chance de pouvoir aller où nous voulons, d’être libres de voyager, de rentrer chez nous, de choisir le pays où nous voulons vivre. Et c’est vrai que nous sommes privilégiés d’avoir ce choix, nous l’oublions trop souvent… Emue au plus profond de mon âme par son histoire touchante, je quitte notre hôte le cœur lourd. Je suis contente qu’il ait partagé son histoire avec nous, il est important de savoir ce qui se passe vraiment, il faut le communiquer le plus possible. Je ne compte pas révolutionner le monde mais je reste persuadée que la connaissance est l’un des moyens de lutter contre ce genre d’injustices. Plus les gens seront au courant, plus la conscience humaine pourra s’élever afin de changer les choses.
Alors que nous passons dans une rue animée du village, on nous invite à rentrer dans un pub dansant. Aurélie qui en rêve depuis un moment après ses 4 mois en Inde, nous entraîne et nous nous retrouvons devant un karaoké indien dansant. En 2 minutes, nous sommes sur la piste, nous trémoussant avec joie, Olivier, notre garde du corps, incitant les éventuels dragueurs à se tenir tranquilles. Quelle joie de se retrouver sur un plancher de danse ! Nous nous amusons comme des gamines dans notre accoutrement de routarde alors que tous sont habillés classe et sexy dans ce bar plutôt huppé. On détonne un tantinet ! Mais peu importe puisque les rires et la bonne humeur sont là, c’est l’essentiel ! Notre guest house fermant sa grille à 23h30, nous devons bientôt rentrer sous peine de dormir dehors. On se sent comme des adolescentes ayant un couvre-feu, ça fait bizarre ! Sagement, nous rentrons avant l’heure fatidique et partons rapidement au pays des rêves.
Comme nous avons bien dormi cette nuit ! Un vrai délice… Emmitouflées sous de gros édredons, nous n’avons rien ressenti du froid et avons dormi comme des bébés ! Ca fait du bien… Nous prenons notre temps ce matin, petit-déjeunons sur une terrasse au soleil, rentrons nous coucher faire une sieste, flânons dans les magasins à la recherche de bols tibétains… Dans l’après-midi, nous effectuons une petite promenade dans les bois jusqu’au centre de Vipassana, perchée en haut d’une colline, puis revenons en ville visiter la résidence du Dalaï Lama ou plutôt son temple. De gros bouddhas sont visibles dans le temple que plusieurs moines viennent honorer. Le temple est simple et assez petit mais chaleureux. L’atmosphère de paix et de sérénité ne me quitte pas depuis que je suis arrivée à Dharamsala et la culture tibétaine en est grandement responsable. J’aime ce peuple tellement gentil et accueillant alors qu’il a tant souffert.
Alors que le soleil commence à passer derrière la montagne, nous empruntons une nouvelle fois le chemin sacré qui entoure la résidence en faisant tourner les roues de la fortune. La lumière du soleil couchant est si belle ce soir ! Attirées par des sons gutturaux, nous retournons dans le temple assister à des chants de moines tibétains qui me transportent aussitôt dans un autre monde. Bien différents des chants en sanscrit des Hindous, leurs tons plus graves et monocordes n’en sont pas moins mélodieux. J’aime les écouter et ne vois pas le temps passer, assise à côté d’eux, retenant mon souffle à chaque montée en crescendo des voix. Le tout sous un soleil rouge rayonnant sur la montagne. Quel spectacle superbe et unique ! J’en suis tout émue. L’histoire des Tibétains m’a toujours beaucoup touchée et les savoir ici, loin de chez eux, sur une terre d’accueil, incapables de retrouver leurs racines dans ce pays si différent du leur, m’attriste le cœur. J’ai l’impression qu’ils chantent leur souffrance et ça m’atteint directement l’âme.
Nous retrouvons ensuite Olivier, un autre ami d’Aurélie qu’elle a rencontré chez Amma, et partons manger tous les trois dans un petit restaurant tibétain adorable. Les plats sont exquis et nous ravissent le palais, ce qui fait du bien après quinze jours de nourriture indienne que je trouve tout de même un peu grasse à mon goût. A la fin du repas, le gérant du restaurant vient discuter un peu avec nous de sa situation de Tibétain en exil. Il nous explique qu’il n’a pas revu ses parents, qui sont restés au Tibet, depuis 20 ans et qu’il n’est pas sûr de les revoir un jour. Il dénonce le gouvernement chinois et toutes les atrocités qu’ils ont fait subir aux Tibétains afin d’acquérir les minerais qui se trouvaient dans leur pays, les ont mis au travail forcé, les ont humiliés, affamés, battus et terrorisés. Il nous explique que les Chinois gouvernent les médias et font circuler la fausse information dans tout le pays que les Tibétains vivent heureux à présent au Tibet dans une communauté libre alors que c’est toujours loin d’être le cas. Il ne comprend pas pourquoi nos pays occidentaux font affaire avec les Chinois et aident à leur prospérité alors qu’il les voit comme des barbares et des despotes. Il veut que nous sachions la vérité qu’au nom de la politique, un peuple entièrement pacifiste a été détruit, humilié et forcé à l’exil. Lui a dû tout quitter : famille, maison, travail, pour tout recommencer en Inde. Et encore, il doit s’enregistrer chaque année auprès du gouvernement indien qui peut, à tout moment, lui retirer ses droits de réfugié et l’envoyer au Népal ou ailleurs, même si ça fait 20 ans qu’il est là… Comment peut-il fonder quelque chose dans ces conditions ? Il nous rappelle que nous avons de la chance de pouvoir aller où nous voulons, d’être libres de voyager, de rentrer chez nous, de choisir le pays où nous voulons vivre. Et c’est vrai que nous sommes privilégiés d’avoir ce choix, nous l’oublions trop souvent… Emue au plus profond de mon âme par son histoire touchante, je quitte notre hôte le cœur lourd. Je suis contente qu’il ait partagé son histoire avec nous, il est important de savoir ce qui se passe vraiment, il faut le communiquer le plus possible. Je ne compte pas révolutionner le monde mais je reste persuadée que la connaissance est l’un des moyens de lutter contre ce genre d’injustices. Plus les gens seront au courant, plus la conscience humaine pourra s’élever afin de changer les choses.
Alors que nous passons dans une rue animée du village, on nous invite à rentrer dans un pub dansant. Aurélie qui en rêve depuis un moment après ses 4 mois en Inde, nous entraîne et nous nous retrouvons devant un karaoké indien dansant. En 2 minutes, nous sommes sur la piste, nous trémoussant avec joie, Olivier, notre garde du corps, incitant les éventuels dragueurs à se tenir tranquilles. Quelle joie de se retrouver sur un plancher de danse ! Nous nous amusons comme des gamines dans notre accoutrement de routarde alors que tous sont habillés classe et sexy dans ce bar plutôt huppé. On détonne un tantinet ! Mais peu importe puisque les rires et la bonne humeur sont là, c’est l’essentiel ! Notre guest house fermant sa grille à 23h30, nous devons bientôt rentrer sous peine de dormir dehors. On se sent comme des adolescentes ayant un couvre-feu, ça fait bizarre ! Sagement, nous rentrons avant l’heure fatidique et partons rapidement au pays des rêves.
Dharamsala et les Tibétains
Le 31 mars 2011
Nous avons quitté hier Rishikesh après nous être une dernière fois imprégnées de lieux calmes et sereins de cette petite bourgade, afin de partir à Dharamsala, proche des montagnes himalayennes. Etrangement, le bus dit « touristique de luxe » que nous avons pris pour effectuer le trajet était rempli aux trois quarts de Français ! Nous qui n’en avions croisé que très peu depuis le début du voyage… Nous conversons donc, écoutant les histoires de chacun, à chaque arrêt du bus pour une pause. Pour une fois, nous sommes contentes du confort du bus qui, loin d’être « de luxe », possède quand même de larges sièges qui s’inclinent suffisamment pour pouvoir dormir. Toutefois, Aurélie et moi sommes à peu près les seules à apprécier ce confort relatif, les autres râlant sur les suspensions inexistantes du véhicule ou le manque de place pour les jambes. Tout est une question de référentiel, je sais par expérience que nous aurions pu être bien moins confortables.
Alors que nous grimpons toujours un peu plus dans le nord de l’Inde, la population change petit à petit. Nous croisons de plus en plus de Tibétains au facies bien différent des Indiens et au sourire amical. Plusieurs moines tibétains font un bout de trajet dans notre bus sous nos regards curieux d’Occidentaux qui avons l’impression de ne plus nous trouver dans le même pays. Les montagnes environnantes se font plus impressionnantes et escarpées et notre bus commence à avoir du mal à grimper dans les virages serrés, nous ballotant dans tous les sens à chaque fois, ce qui nous casse notre sommeil pourtant résistant. Nous arrivons vers huit heures du matin à Dharamsala en ayant passé une nuit chaotique mais tout de même correcte compte-tenu des circonstances. Aurélie et moi commençons à être capables de dormir n’importe où et n’importe comment !
Ce petit village perché en montagne, entouré de monts enneigés de l’Himalaya, me charme instantanément ! Le calme a l’air de régner sur cet exil tibétain où se trouve entres autres la résidence du Dalaï Lama ! Malheureusement, il n’est pas ici en ce moment, nous ne pourrons pas le rencontrer. Peu importe, je suis ravie de me trouver en terre tibétaine, proche de l’Himalaya, un de mes rêves d’enfant ! Nous dégotons une charmante auberge avec une vue impressionnante sur les montagnes et la vallée, je suis sûre que nous nous y sentirons merveilleusement bien ! On n’entend que les oiseaux avec pour toile de fond l’Himalaya et de petites maisons perchées à flanc de montagne… Un autre endroit idyllique tellement différent de tout ce que j’ai pu voir ailleurs en Inde ! Ce pays ne cessera donc jamais de me surprendre… Entre Varanasi et ici, il y a un monde !
Après une douche pseudo tiède, nous nous réchauffons un peu au soleil sur la grande terrasse de cet hôtel, admirant le panorama sur les monts enneigés. La température a nettement chuté ici par rapport à Rishikesh, on sent la fraîcheur due à l’altitude. Nous partons nous promener dans le village, flânant dans les magasins de bijoux ou d’artisanat, admirant les moines ou nonnes tibétains aux cheveux rasés, même pour les femmes. Chacun a un sourire doux et sincère à nous envoyer qui nous réchauffe aussitôt le cœur. Je trouvais déjà les Indiens très gentils depuis notre arrivée, mais il y a un petit quelque chose dans le regard des Tibétains de plus généreux encore… Peut-être que les souffrances auxquelles ils ont dû faire face ont touché leur âme si profondément que nous le ressentons de manière subtile. Ils sont en exil ici sur une terre qui n’est pas la leur, chassés par le despotisme des Chinois. Leur situation ne doit pas être évidente à gérer au quotidien. Nous remarquons aussi que les rues sont plus propres, les maisons plus belles, leurs vêtements plus à la mode européenne avec des jeans et tee shirts. Tout un autre monde dans ce coin reculé du Nord de l’Inde…
Nous arrivons jusqu’à une petite cascade où de nombreux Tibétains viennent laver leur linge et le laissent sécher au soleil sur de grandes pierres. Nous restons quelque temps à les admirer. Prendre le temps d’observer ce qui nous entoure : un luxe que nous nous octroyons peu dans notre vie trépidante quotidienne et que j’aimerais tellement garder à l’esprit lors de mon retour dans la vie de tous les jours…Je le garde en général quelques semaines ou mois mais je retombe vite dans la spirale du manque de temps, d’une vie pressée et stressée rejoignant les autres dans la course à la productivité. Prendre le temps de s’arrêter, d’observer l’extérieur et aussi notre intérieur me paraît, en ce moment, pourtant tellement primordial ! La vie est tellement belle et simple, il suffit juste de s’en apercevoir !
En passant devant un magasin, une musique occidentale qu’on adore, Aurélie et moi, nous interpelle. Nous nous trémoussons gentiment devant le magasin au grand bonheur du commerçant qui montera le son pour nous et des passants qui nous regardent en riant. On commence à être habituées à être l’attraction des rues parce qu’on se permet d’y danser ! Revenues en ville, nous effectuons le tour de la résidence du Dalaï Lama, admirant les pèlerins qui marchent en récitant des mantras et qui font tourner de gros cercles métalliques colorés en guise de chance. Le soleil se couche et la température chute drastiquement. Notre pull enfilé, nous allons dîner avec Angèle, une jeune femme de 25 ans et son amoureux, Roger, un homme de 65 ans. Le couple détonne, c’est le moins qu’on puisse dire et même si je me force à ne pas porter de jugement, je suis un peu mal à l’aise en leur présence au début. Mais rapidement, en discutant, je crois déceler que leur amour est véritable et vu qu’ils sont à l’aise avec leur différence d’âge, il n’y a pas de raison que moi je ne le sois pas. Nous parlons spiritualité une bonne partie du repas et ils m’apportent quelques idées qui, pour la 1ère fois depuis le début du voyage, résonnent un peu avec moi. Intéressant… Nous partons nous coucher juste après avoir admiré les étoiles au-dessus de nos têtes, le froid s’étant définitivement installé.
Nous avons quitté hier Rishikesh après nous être une dernière fois imprégnées de lieux calmes et sereins de cette petite bourgade, afin de partir à Dharamsala, proche des montagnes himalayennes. Etrangement, le bus dit « touristique de luxe » que nous avons pris pour effectuer le trajet était rempli aux trois quarts de Français ! Nous qui n’en avions croisé que très peu depuis le début du voyage… Nous conversons donc, écoutant les histoires de chacun, à chaque arrêt du bus pour une pause. Pour une fois, nous sommes contentes du confort du bus qui, loin d’être « de luxe », possède quand même de larges sièges qui s’inclinent suffisamment pour pouvoir dormir. Toutefois, Aurélie et moi sommes à peu près les seules à apprécier ce confort relatif, les autres râlant sur les suspensions inexistantes du véhicule ou le manque de place pour les jambes. Tout est une question de référentiel, je sais par expérience que nous aurions pu être bien moins confortables.
Alors que nous grimpons toujours un peu plus dans le nord de l’Inde, la population change petit à petit. Nous croisons de plus en plus de Tibétains au facies bien différent des Indiens et au sourire amical. Plusieurs moines tibétains font un bout de trajet dans notre bus sous nos regards curieux d’Occidentaux qui avons l’impression de ne plus nous trouver dans le même pays. Les montagnes environnantes se font plus impressionnantes et escarpées et notre bus commence à avoir du mal à grimper dans les virages serrés, nous ballotant dans tous les sens à chaque fois, ce qui nous casse notre sommeil pourtant résistant. Nous arrivons vers huit heures du matin à Dharamsala en ayant passé une nuit chaotique mais tout de même correcte compte-tenu des circonstances. Aurélie et moi commençons à être capables de dormir n’importe où et n’importe comment !
Ce petit village perché en montagne, entouré de monts enneigés de l’Himalaya, me charme instantanément ! Le calme a l’air de régner sur cet exil tibétain où se trouve entres autres la résidence du Dalaï Lama ! Malheureusement, il n’est pas ici en ce moment, nous ne pourrons pas le rencontrer. Peu importe, je suis ravie de me trouver en terre tibétaine, proche de l’Himalaya, un de mes rêves d’enfant ! Nous dégotons une charmante auberge avec une vue impressionnante sur les montagnes et la vallée, je suis sûre que nous nous y sentirons merveilleusement bien ! On n’entend que les oiseaux avec pour toile de fond l’Himalaya et de petites maisons perchées à flanc de montagne… Un autre endroit idyllique tellement différent de tout ce que j’ai pu voir ailleurs en Inde ! Ce pays ne cessera donc jamais de me surprendre… Entre Varanasi et ici, il y a un monde !
Après une douche pseudo tiède, nous nous réchauffons un peu au soleil sur la grande terrasse de cet hôtel, admirant le panorama sur les monts enneigés. La température a nettement chuté ici par rapport à Rishikesh, on sent la fraîcheur due à l’altitude. Nous partons nous promener dans le village, flânant dans les magasins de bijoux ou d’artisanat, admirant les moines ou nonnes tibétains aux cheveux rasés, même pour les femmes. Chacun a un sourire doux et sincère à nous envoyer qui nous réchauffe aussitôt le cœur. Je trouvais déjà les Indiens très gentils depuis notre arrivée, mais il y a un petit quelque chose dans le regard des Tibétains de plus généreux encore… Peut-être que les souffrances auxquelles ils ont dû faire face ont touché leur âme si profondément que nous le ressentons de manière subtile. Ils sont en exil ici sur une terre qui n’est pas la leur, chassés par le despotisme des Chinois. Leur situation ne doit pas être évidente à gérer au quotidien. Nous remarquons aussi que les rues sont plus propres, les maisons plus belles, leurs vêtements plus à la mode européenne avec des jeans et tee shirts. Tout un autre monde dans ce coin reculé du Nord de l’Inde…
Nous arrivons jusqu’à une petite cascade où de nombreux Tibétains viennent laver leur linge et le laissent sécher au soleil sur de grandes pierres. Nous restons quelque temps à les admirer. Prendre le temps d’observer ce qui nous entoure : un luxe que nous nous octroyons peu dans notre vie trépidante quotidienne et que j’aimerais tellement garder à l’esprit lors de mon retour dans la vie de tous les jours…Je le garde en général quelques semaines ou mois mais je retombe vite dans la spirale du manque de temps, d’une vie pressée et stressée rejoignant les autres dans la course à la productivité. Prendre le temps de s’arrêter, d’observer l’extérieur et aussi notre intérieur me paraît, en ce moment, pourtant tellement primordial ! La vie est tellement belle et simple, il suffit juste de s’en apercevoir !
En passant devant un magasin, une musique occidentale qu’on adore, Aurélie et moi, nous interpelle. Nous nous trémoussons gentiment devant le magasin au grand bonheur du commerçant qui montera le son pour nous et des passants qui nous regardent en riant. On commence à être habituées à être l’attraction des rues parce qu’on se permet d’y danser ! Revenues en ville, nous effectuons le tour de la résidence du Dalaï Lama, admirant les pèlerins qui marchent en récitant des mantras et qui font tourner de gros cercles métalliques colorés en guise de chance. Le soleil se couche et la température chute drastiquement. Notre pull enfilé, nous allons dîner avec Angèle, une jeune femme de 25 ans et son amoureux, Roger, un homme de 65 ans. Le couple détonne, c’est le moins qu’on puisse dire et même si je me force à ne pas porter de jugement, je suis un peu mal à l’aise en leur présence au début. Mais rapidement, en discutant, je crois déceler que leur amour est véritable et vu qu’ils sont à l’aise avec leur différence d’âge, il n’y a pas de raison que moi je ne le sois pas. Nous parlons spiritualité une bonne partie du repas et ils m’apportent quelques idées qui, pour la 1ère fois depuis le début du voyage, résonnent un peu avec moi. Intéressant… Nous partons nous coucher juste après avoir admiré les étoiles au-dessus de nos têtes, le froid s’étant définitivement installé.
Tranquille Rishikesh
Le 29 mars 2011
Le temps s’écoule doucement dans cette petite ville de montagne. Finalement, on s’habitue à la tranquillité des lieux. Nous avons trouvé un merveilleux petit restaurant où nous prenons notre petit déjeuner tous les matins, dans cet endroit idyllique parsemé de hamacs disséminés dans un petit jardin où de la musique douce se fait entendre, se mélangeant avec le chant des oiseaux. Aucun son de moteur ne vient jusqu’à nous, seule la nature est présente. Le serveur aux allures tibétaines est charmant et nous accueille chaque matin avec son plus beau sourire. Un vrai petit coin de paradis !
Hier nous sommes allées nous perdre dans les ruines d’un ancien ashram où les Beatles auraient séjourné quelque temps. Tout n’est que ruines mais il y perdure une atmosphère très spéciale. La végétation a commencé à reprendre ses droits sur les constructions humaines, ce qui confère au lieu une énergie vivante particulière. L’ancien ashram est découpé en une centaine de petites huttes en pierre en forme de dôme, disséminées partout sur le site, tel un village de troglodytes. Elles surplombent presque toutes le Gange, profitant ainsi du son des vagues sur les rochers. Les salles de méditation aux fenêtres brisées et à la toiture en ruine devaient jadis être sublimes. Le maître des lieux devait sûrement être riche vu la beauté et la grandeur de ce site enchanteur. Comment un tel endroit peut-il rester abandonné ? Le potentiel de ce site est énorme, aussi bien au niveau de son emplacement dominant le Gange que de sa grandeur, de ce qui est déjà construit et qu’il suffirait de remettre à neuf…Etrange qu’aucun étranger n’ait sauté sur l’occasion encore pour en faire un hôtel de luxe ou quelque chose du genre. Nous paressons sur un banc abandonné au milieu d’un petit temple envahi par la végétation et écoutons religieusement les bruits de la forêt luxuriante qui nous entoure. Un vrai moment de ressourcement naturel ! J’adore… Si ce n’est les moustiques qui s’en donnent à cœur joie avec notre peau tendre !
Le soir venu, nous assistons au bhajans d’un maître reconnu à Rishikesh qui ne nous fait pas beaucoup d’effet personnellement. Avec ses longs cheveux et sa grande barbe, sa toge orange et tous ses fidèles en dévotion devant lui, je me sens assez étrangère à ces rituels. Je me sens tellement détachée de ce genre de réunion de dévots où tout le monde est habillé de la même façon à chanter en cœur, certains partant même en transe alors que j’en faisais partie il y a 2 ans. Je réalise que j’avais besoin de passer par là à ce moment-là pour en faire l’expérience et pouvoir savoir si ça me correspondait ou non. En ce moment, je sens que ce n’est plus ma voie…Peut-être l’envie va-t-elle revenir plus tard… ou pas. Je me fais confiance pour sentir le moment venu ce qui me semble juste pour moi.
Aujourd’hui, nous sommes réveillées à 5h du matin afin d’effectuer un petit trek à l’aube du jour. Nous rejoignons Aurore et son copain, une amie d’Aurélie qu’elle a rencontrée chez Amma et un guide indien nommé Ram qui nous emmène en taxi tout en haut d’une montagne où se dresse un petit monastère. Le lever de soleil qui perce les nuages pour illuminer la vallée est splendide. Plusieurs pèlerins sont assis sur le parvis à attendre l’arrivée du soleil. Notre guide psalmodie un chant en sanskrit, ce qui ajoute une tonalité mystique au spectacle. Absorbées par l’énergie qui illumine la contrée et notre cœur, nous restons à admirer l’éveil du soleil dans un silence solennel.
Une fois la vallée ensoleillée, nous passons rapidement dans le petit temple pour assister à la puja du matin puis entreprenons notre descente à pied de 12 kms. En effet, le taxi nous a abandonnés là, c’est à nous de redescendre jusqu’à Rishikesh. D’après Ram, nous en avons pour à peu près 3 heures mais c’était sans compter sur nos deux nouveaux amis… Un peu hippies sur les bords, le temps n’a pas l’air d’avoir la même dimension pour eux que pour moi… Ils s’arrêtent toutes les cinq minutes, admirent une fleur, un arbre, une libellule… et on n’avance pas. A cette allure, on y est encore ce soir ! Moi, ce que j’aime dans les treks de ce genre, c’est la dimension un peu sportive de l’exercice, même si je suis d’accord sur l’idée que s’arrêter pour admirer les alentours est important également. Cette fois, je ne risque pas de rater la moindre coccinelle que nous croisons… Ce rythme super lent ne me convient pas du tout et je me frustre moi-même à devoir les attendre à chaque virage, enrageant de ne pouvoir m’abandonner à ce que j’aime : descendre le chemin à une cadence soutenue, sentant le vent m’accompagner à chaque pas et m’imprégnant de l’énergie de la forêt pour m’encourager dans ma course… Mais là, ces arrêts fréquents me cassent mon élan et j’ai la désagréable sensation de piétiner. Et comme tout le monde sauf moi a l’air parfaitement à l’aise avec ce rythme d’escargot, je m’abstiens de tout commentaire et prends sur moi ma frustration. Un drôle de combat s’active alors dans mon esprit. D’un côté je sens que je ne m’écoute pas, que je garde pour moi mes frustrations en ne me permettant pas de faire ce que je sens juste pour moi, c'est-à-dire descendre ce chemin à mon rythme. D’un autre, je me dis qu’il faut que je lâche prise… Je fais partie d’un groupe avec des envies qui diffèrent des miennes, à moi de m’adapter et de prendre le moment présent comme il est… Mais c’est fichtrement difficile ! A chaque pas, ma frustration de ne pouvoir aller plus vite sous peine de me perdre sur le sentier, notre guide restant avec la majorité du groupe à la traîne, me retraverse l’esprit sans que je puisse y faire grand-chose. Nos pensées sont vraiment nos pires ennemies contre la sérénité… Et je m’aperçois que je suis loin de pouvoir atteindre ce lâcher prise en toutes circonstances dont je rêve tant ! Il y a encore du boulot… Par contre, je suis bien consciente que le problème vient de moi et nullement de la cause extérieure. C’est moi-même qui me frustre et non le reste du groupe à cause de ses agissements. C’est déjà une avancée sur la voie de la recherche intérieure… Toujours regarder ce qui se passe en nous. Ce n’est jamais l’extérieur la cause de nos souffrances mais comment nous les interprétons !
Finalement, à cause de ce casse-tête mental, je profite peu du paysage. J’aperçois quand même de petites maisonnettes campagnardes toutes mignonnes au milieu des champs de blé blond, des rizières en terrasses à flanc de collines et de la forêt à perte de vue. Les montagnes s’élèvent autour de nous, semblant vouloir nous avaler en leur sein. Nous, tout petits, minuscules fourmis dévalant leur flanc, ne souhaitant pas trop les déranger au passage. Ram entame des chants en sanskrit, ce qui me remet du baume au cœur et me libère quelque temps de mon tourbillon mental. Sa voix s’élève dans les plaines, belle et claire, avec ses consonances d’antan, semblant résonner dans toute la vallée, accompagnée des oiseaux. Mon meilleur moment de la descente !
Après de multiples arrêts pour se reposer, dormir, manger et j’en passe, nous arrivons à une belle petite cascade au milieu de la forêt. Aurore sort alors ses ciseaux et décide de faire une nouvelle coupe de cheveux à Aurélie ! Je tombe un peu des nues sur la pertinence du moment choisi pour jouer à la coiffeuse mais bon… Plus rien ne m’étonne ! J’admire donc le travail effectué sur la belle chevelure d’Aurélie, ayant quelques doutes au début, mais ils s’avèrent injustifiés : la coupe est réussie ! Elles partent ensuite se baigner dans la cascade tandis que je reste un peu en retrait, mes états d’âme me rendant solitaire. Nous reprenons la route et arrivons enfin à l’hôtel après un « petit » six heures de descente au lieu des trois heures prédites. Je suis affamée et un peu de mauvaise humeur mais mon énergie revient rapidement après de bonnes lasagnes aux aubergines ! Ouf, enfin revenue je peux me prélasser tout l’après-midi dans le hamac de notre restaurant préféré, ma frustration étant déjà oubliée !
Le temps s’écoule doucement dans cette petite ville de montagne. Finalement, on s’habitue à la tranquillité des lieux. Nous avons trouvé un merveilleux petit restaurant où nous prenons notre petit déjeuner tous les matins, dans cet endroit idyllique parsemé de hamacs disséminés dans un petit jardin où de la musique douce se fait entendre, se mélangeant avec le chant des oiseaux. Aucun son de moteur ne vient jusqu’à nous, seule la nature est présente. Le serveur aux allures tibétaines est charmant et nous accueille chaque matin avec son plus beau sourire. Un vrai petit coin de paradis !
Hier nous sommes allées nous perdre dans les ruines d’un ancien ashram où les Beatles auraient séjourné quelque temps. Tout n’est que ruines mais il y perdure une atmosphère très spéciale. La végétation a commencé à reprendre ses droits sur les constructions humaines, ce qui confère au lieu une énergie vivante particulière. L’ancien ashram est découpé en une centaine de petites huttes en pierre en forme de dôme, disséminées partout sur le site, tel un village de troglodytes. Elles surplombent presque toutes le Gange, profitant ainsi du son des vagues sur les rochers. Les salles de méditation aux fenêtres brisées et à la toiture en ruine devaient jadis être sublimes. Le maître des lieux devait sûrement être riche vu la beauté et la grandeur de ce site enchanteur. Comment un tel endroit peut-il rester abandonné ? Le potentiel de ce site est énorme, aussi bien au niveau de son emplacement dominant le Gange que de sa grandeur, de ce qui est déjà construit et qu’il suffirait de remettre à neuf…Etrange qu’aucun étranger n’ait sauté sur l’occasion encore pour en faire un hôtel de luxe ou quelque chose du genre. Nous paressons sur un banc abandonné au milieu d’un petit temple envahi par la végétation et écoutons religieusement les bruits de la forêt luxuriante qui nous entoure. Un vrai moment de ressourcement naturel ! J’adore… Si ce n’est les moustiques qui s’en donnent à cœur joie avec notre peau tendre !
Le soir venu, nous assistons au bhajans d’un maître reconnu à Rishikesh qui ne nous fait pas beaucoup d’effet personnellement. Avec ses longs cheveux et sa grande barbe, sa toge orange et tous ses fidèles en dévotion devant lui, je me sens assez étrangère à ces rituels. Je me sens tellement détachée de ce genre de réunion de dévots où tout le monde est habillé de la même façon à chanter en cœur, certains partant même en transe alors que j’en faisais partie il y a 2 ans. Je réalise que j’avais besoin de passer par là à ce moment-là pour en faire l’expérience et pouvoir savoir si ça me correspondait ou non. En ce moment, je sens que ce n’est plus ma voie…Peut-être l’envie va-t-elle revenir plus tard… ou pas. Je me fais confiance pour sentir le moment venu ce qui me semble juste pour moi.
Aujourd’hui, nous sommes réveillées à 5h du matin afin d’effectuer un petit trek à l’aube du jour. Nous rejoignons Aurore et son copain, une amie d’Aurélie qu’elle a rencontrée chez Amma et un guide indien nommé Ram qui nous emmène en taxi tout en haut d’une montagne où se dresse un petit monastère. Le lever de soleil qui perce les nuages pour illuminer la vallée est splendide. Plusieurs pèlerins sont assis sur le parvis à attendre l’arrivée du soleil. Notre guide psalmodie un chant en sanskrit, ce qui ajoute une tonalité mystique au spectacle. Absorbées par l’énergie qui illumine la contrée et notre cœur, nous restons à admirer l’éveil du soleil dans un silence solennel.
Une fois la vallée ensoleillée, nous passons rapidement dans le petit temple pour assister à la puja du matin puis entreprenons notre descente à pied de 12 kms. En effet, le taxi nous a abandonnés là, c’est à nous de redescendre jusqu’à Rishikesh. D’après Ram, nous en avons pour à peu près 3 heures mais c’était sans compter sur nos deux nouveaux amis… Un peu hippies sur les bords, le temps n’a pas l’air d’avoir la même dimension pour eux que pour moi… Ils s’arrêtent toutes les cinq minutes, admirent une fleur, un arbre, une libellule… et on n’avance pas. A cette allure, on y est encore ce soir ! Moi, ce que j’aime dans les treks de ce genre, c’est la dimension un peu sportive de l’exercice, même si je suis d’accord sur l’idée que s’arrêter pour admirer les alentours est important également. Cette fois, je ne risque pas de rater la moindre coccinelle que nous croisons… Ce rythme super lent ne me convient pas du tout et je me frustre moi-même à devoir les attendre à chaque virage, enrageant de ne pouvoir m’abandonner à ce que j’aime : descendre le chemin à une cadence soutenue, sentant le vent m’accompagner à chaque pas et m’imprégnant de l’énergie de la forêt pour m’encourager dans ma course… Mais là, ces arrêts fréquents me cassent mon élan et j’ai la désagréable sensation de piétiner. Et comme tout le monde sauf moi a l’air parfaitement à l’aise avec ce rythme d’escargot, je m’abstiens de tout commentaire et prends sur moi ma frustration. Un drôle de combat s’active alors dans mon esprit. D’un côté je sens que je ne m’écoute pas, que je garde pour moi mes frustrations en ne me permettant pas de faire ce que je sens juste pour moi, c'est-à-dire descendre ce chemin à mon rythme. D’un autre, je me dis qu’il faut que je lâche prise… Je fais partie d’un groupe avec des envies qui diffèrent des miennes, à moi de m’adapter et de prendre le moment présent comme il est… Mais c’est fichtrement difficile ! A chaque pas, ma frustration de ne pouvoir aller plus vite sous peine de me perdre sur le sentier, notre guide restant avec la majorité du groupe à la traîne, me retraverse l’esprit sans que je puisse y faire grand-chose. Nos pensées sont vraiment nos pires ennemies contre la sérénité… Et je m’aperçois que je suis loin de pouvoir atteindre ce lâcher prise en toutes circonstances dont je rêve tant ! Il y a encore du boulot… Par contre, je suis bien consciente que le problème vient de moi et nullement de la cause extérieure. C’est moi-même qui me frustre et non le reste du groupe à cause de ses agissements. C’est déjà une avancée sur la voie de la recherche intérieure… Toujours regarder ce qui se passe en nous. Ce n’est jamais l’extérieur la cause de nos souffrances mais comment nous les interprétons !
Finalement, à cause de ce casse-tête mental, je profite peu du paysage. J’aperçois quand même de petites maisonnettes campagnardes toutes mignonnes au milieu des champs de blé blond, des rizières en terrasses à flanc de collines et de la forêt à perte de vue. Les montagnes s’élèvent autour de nous, semblant vouloir nous avaler en leur sein. Nous, tout petits, minuscules fourmis dévalant leur flanc, ne souhaitant pas trop les déranger au passage. Ram entame des chants en sanskrit, ce qui me remet du baume au cœur et me libère quelque temps de mon tourbillon mental. Sa voix s’élève dans les plaines, belle et claire, avec ses consonances d’antan, semblant résonner dans toute la vallée, accompagnée des oiseaux. Mon meilleur moment de la descente !
Après de multiples arrêts pour se reposer, dormir, manger et j’en passe, nous arrivons à une belle petite cascade au milieu de la forêt. Aurore sort alors ses ciseaux et décide de faire une nouvelle coupe de cheveux à Aurélie ! Je tombe un peu des nues sur la pertinence du moment choisi pour jouer à la coiffeuse mais bon… Plus rien ne m’étonne ! J’admire donc le travail effectué sur la belle chevelure d’Aurélie, ayant quelques doutes au début, mais ils s’avèrent injustifiés : la coupe est réussie ! Elles partent ensuite se baigner dans la cascade tandis que je reste un peu en retrait, mes états d’âme me rendant solitaire. Nous reprenons la route et arrivons enfin à l’hôtel après un « petit » six heures de descente au lieu des trois heures prédites. Je suis affamée et un peu de mauvaise humeur mais mon énergie revient rapidement après de bonnes lasagnes aux aubergines ! Ouf, enfin revenue je peux me prélasser tout l’après-midi dans le hamac de notre restaurant préféré, ma frustration étant déjà oubliée !
Marche en forêt et cascades
Le 27 mars 2011
Réveillées comme des fleurs à 10h30 du matin, on peut dire qu’on a passé une bonne nuit à faire le tour du cadran ! Pas de bruit de musique indienne tonitruante, ni de gens hurlant à leur voisin de maison, ni d’odeur nauséabonde nous chatouillant les narines… Rien de tout cela ne nous a réveillées ce matin et il faut dire que ça fait un bien fou !
La tête un peu engourdie d’avoir tant dormi, nous relaxons sur une terrasse d’un charmant restaurant où la vie semble couler tranquillement et simplement ici. Des hamacs suspendus aux arbres encouragent à la farniente et nous restons un moment à y succomber. Vers 15h, nous décidons de nous bouger un peu et d’aller voir les cascades s’écoulant non loin là d’après nos sources. Au final, nous marcherons 2 heures sur une route sans intérêt avant d’entamer une bonne grimpette dans la forêt. La nature me fait toujours beaucoup de bien et c’est avec entrain que j’entreprends notre ascension de la montagne.
Aurélie peine un peu à cause de ses chaussures non adaptées à la montée. Nous ne savions pas que nous allions faire un trek en montagne au départ et ne nous étions pas équipées ! L’ascension est un peu rude mais nous arrivons avec joie aux cascades, mignonnes sans être grandioses non plus J’apprécie plus le fait de marcher en forêt, écoutant les oiseaux, les cigales et le vent chanter dans les feuillages ainsi que l’eau se jetant sur les pierres. Un vrai festival naturel loin de la nuisance sonore des villes indiennes.
Au retour, fatiguées par notre marche plus longue que prévue, nous arrêtons une belle voiture avec toute une famille indienne à l’intérieur pour leur demander de nous ramener. Ils acceptent avec plaisir, ravis de transporter des blancs, nous évitant ainsi une bonne heure de marche. Youpi ! Revenues chez nous, nous allons déguster le thali réputé de chez Mama, qui est bon sans non plus être révolutionnaire, puis rentrons nous coucher tôt. Bonne nuit !
Réveillées comme des fleurs à 10h30 du matin, on peut dire qu’on a passé une bonne nuit à faire le tour du cadran ! Pas de bruit de musique indienne tonitruante, ni de gens hurlant à leur voisin de maison, ni d’odeur nauséabonde nous chatouillant les narines… Rien de tout cela ne nous a réveillées ce matin et il faut dire que ça fait un bien fou !
La tête un peu engourdie d’avoir tant dormi, nous relaxons sur une terrasse d’un charmant restaurant où la vie semble couler tranquillement et simplement ici. Des hamacs suspendus aux arbres encouragent à la farniente et nous restons un moment à y succomber. Vers 15h, nous décidons de nous bouger un peu et d’aller voir les cascades s’écoulant non loin là d’après nos sources. Au final, nous marcherons 2 heures sur une route sans intérêt avant d’entamer une bonne grimpette dans la forêt. La nature me fait toujours beaucoup de bien et c’est avec entrain que j’entreprends notre ascension de la montagne.
Aurélie peine un peu à cause de ses chaussures non adaptées à la montée. Nous ne savions pas que nous allions faire un trek en montagne au départ et ne nous étions pas équipées ! L’ascension est un peu rude mais nous arrivons avec joie aux cascades, mignonnes sans être grandioses non plus J’apprécie plus le fait de marcher en forêt, écoutant les oiseaux, les cigales et le vent chanter dans les feuillages ainsi que l’eau se jetant sur les pierres. Un vrai festival naturel loin de la nuisance sonore des villes indiennes.
Au retour, fatiguées par notre marche plus longue que prévue, nous arrêtons une belle voiture avec toute une famille indienne à l’intérieur pour leur demander de nous ramener. Ils acceptent avec plaisir, ravis de transporter des blancs, nous évitant ainsi une bonne heure de marche. Youpi ! Revenues chez nous, nous allons déguster le thali réputé de chez Mama, qui est bon sans non plus être révolutionnaire, puis rentrons nous coucher tôt. Bonne nuit !
Arrivée à Rishikesh
Le 26 mars 2011
La nuit se passe tant bien que mal à se battre avec les cafards ou les Indiens cherchant un centimètre carré de place pour s’asseoir. Le train est surchargé, ça en serait presque comique s’il n’était pas 3h du matin ! Je me retrouve rapidement avec 2 Indiens assis contre mes jambes, mes poussant toujours plus à me recroqueviller davantage et 2 par terre à mes pieds. Je ne ferme quasiment pas l’œil de la nuit. Un contrôleur réveille Aurélie vers 4h du matin pour lui proposer une couchette de libre avant de la renvoyer par terre lorsqu’il s’aperçoit que nous n’avons pas les bons billets. Nous ne demandons que ça depuis la veille au matin de pouvoir acheter des billets nous réservant des places décentes, mais personne ne veut nous en vendre ! L’illogisme des Indiens atteint son comble et nous ne savons plus quoi penser ni quoi faire. Elle retourne se coucher par terre, refusant ma proposition d’échanger ma place avec la sienne. Je vois qu’elle commence à atteindre ses limites et je la comprends très bien. Ce pays est champion pour nous pousser à bout ! Surtout en matière d’insalubrité… Le train est absolument dégueulasse, nous osons à peine nous coucher sur les couchettes étant déjà elles-mêmes fort sales… mais par terre, c’est l’apocalypse… Entre les restes d’aliments jetés partout, les crachats réguliers des Indiens, la saleté drainée sous les chaussures des passagers qui doivent marcher sur des bouses de vache à tous les coins de rue, les cafards grimpant partout et l’odeur nauséabonde arrivant parfois de nulle part, on pourrait difficilement faire pire ! JE lève mon chapeau à Aurélie qui a bravé cette folie sans se plaindre ! Après cette épreuve, rien ne pourra plus lui résister en Inde… Enfin, à 6h30 du matin, nous voyons notre calvaire se terminer, le train accostant enfin dans notre gare tant attendue, après 18 heures de trajet. Débarquées sur la quai, nous avons l’impression de revivre et de respirer de nouveau du bon air ! Nous nous sentons sales et fatiguées, mais au moins nous sommes sorties de cet enfer ! Quel bonheur !
Joyeuses à présent de ne plus être enfermées dans cette boite à sardines, nous hélons un rickshaw pour qu’il nous emmène à Rishikesh. Vu la nuit passée, nous laissons tomber le bus et nous faisons conduire comme des princesses dans cette petite ville montagnarde. L’air est frais, respirable et beaucoup plus agréable que l’atmosphère lourde de Varanasi. Je sens que nous pourrons nous reposer ici ! Nous arrivons vers 8h du matin dans un petit village perché en haut des montagnes, surplombant le Gange, qui a l’air bien plus propre qu’à Varanasi. Ce coin a l’air uniquement dédié au yoga, à la méditation et au tourisme. Les guest houses se succèdent ainsi que les Occidentaux… L’endroit est charmant et calme, mais détonne totalement avec l’Inde que je connais. Ce sera parfait pour nous reposer après l’épreuve de cette nuit, mais je trouve que le coin manque singulièrement d’authenticité. Nous verrons ! En tous cas, nous avons un mal fou à trouver une chambre de libre, tout étant complet… Incroyable ! Nous dégotons finalement une superbe chambre donnant sur un jardin luxuriant où nous entendons les oiseaux, un vrai luxe dans ce pays ! Il était temps, Aurélie un peu malade après les événements de cette nuit, avait urgemment besoin d’une belle salle de bain confortable. Une bonne douche et une sieste plus tard, nous nous sentons revivre !
Nous partons ensuite nous promener, descendant tranquillement vers le Gange, notre guest house étant située à flanc de montagne. Nous atteignons un petit village plutôt touristique où vendeurs de bijoux se succèdent en proposant tous les mêmes articles. Un pont suspendu permet d’atteindre l’autre rive en surplombant le fleuve, beaucoup plus limpide qu’à Varanasi, encastré au fond d’une vallée entourée de montagnes, rendant le tableau presque idyllique, ce qui ne correspond pas du tout à l’Inde telle que nous la connaissons. Je ne sais pas si c’est la fatigue du train, mais ce nouveau paysage nous dérange. A Varanasi, nous touchions la véritable Inde, dans toute son étrangeté, son sacré, sa saleté, son bruit… Ici, c’est calme, propre, on respire de l’air pur… Et on l’impression que c’est faux, qu’on nous trompe en nous montrant une ville qui n’est pas vraiment indienne. On voit des touristes partout, les agences proposent des treks, des safaris, du rafting… Mais où est l’authenticité de l’Inde que nous aimons ? On se croirait au club Med ! Déboussolées, nous continuons notre visite, perdues entre les dizaines d’ashrams qui proposent quantité d’activités différentes, de la méditation au cours de yoga, mais qui possèdent tous des allures touristiques qui leur font perdre de leur véracité et cassent leur charme.
Arrivées sur une petite plage de sable fin, nous nous arrêtons quelques temps, les pieds dans l’eau fraiche du Gange, tout en admirant les bateaux de rafting qui passent. Notre impression d’être dans un club de vacances ne passe pas mais nous apprécions tout de même le paysage qui est, il faut bien l’avouer, vraiment apaisant et beau. Nous poursuivons notre marche, serpentant sur un petit chemin de terre qui suit le Gange jusqu’au deuxième petit village moins touristique. Nous nous y sentons tout de suite mieux et visitons les ashrams plus authentiques entretenant de somptueux jardins. Alors que le soleil se couche, une grande puja a lieu devant une belle statue de Shiva. Il y a foule sur le ghat au pied du Gange et nous assistons à une belle cérémonie où tous les fidèles sont habillés en orange ce qui amplifie le sacré du lieu en harmonie avec le soleil qui se couche derrière Shiva en reflétant ses couleurs pastelles sur le Gange. Les chants, toujours plus puissants, montent vers les cieux comme pour encourager le ciel à s’empourprer… Un très beau moment !
Fatiguées par la nuit passée dans le train et notre longue marche de la journée, nous rentrons en taxi jusqu’au premier village où nous dégotons un très chaleureux restaurant au pied du Gange. Avec ses allures hippies et sa musique douce, nous nous y sentons bien. Presque comme à la maison ! Ca fait du bien certaines fois d’être dans un coin touristique… Une bonne pizza plus tard, nous rentrons à pieds jusqu’à notre auberge, se situant à 10 minutes de marche. La nuit est tombée et il fait plutôt sombre sur la route. Une moto s’arrête avec deux Indiens dessus et nous baragouine quelques mots incompréhensibles dans un anglais bizarre. Aurélie s’arrête pour savoir ce qu’ils veulent nous dire, amis lorsque nous comprenons le mot « sexe » dans la phrase, nous tournons vite le dos en leur disant que nous ne sommes pas intéressées. Sauf qu’ils insistent… Ils nous suivent avec leur moto en nous demandant toujours la même chose… Je commence à sentir une peur sourde monter en moi. Je m’agrippe à la seule arme que j’ai en main, ma bouteille d’eau pleine qui peut servir de matraque en cas de besoin. Malgré notre panique, nous réussissons à rester courtoises, devinant que l’agressivité en paroles n’arrangerait rien et pourrait déclencher un incident… Décidemment, il fait bien trop noir sur cette route… Enfin, ils s’en vont et nous grimpons à toute allure les quelques mètres qui nous séparent de notre hôtel, la peur au ventre. Aurélie a également été aussi effrayée que moi, nous avons l’impression d’être passées proches d’avoir de gros ennuis ! Ouf, nous nous enfermons dans notre chambre pouvant enfin respirer de nouveau et s’avouer chanceuses de s’en être sorties indemnes. Maintenant au lit, nous ne tenons plus debout… Trop d’émotions depuis hier !
La nuit se passe tant bien que mal à se battre avec les cafards ou les Indiens cherchant un centimètre carré de place pour s’asseoir. Le train est surchargé, ça en serait presque comique s’il n’était pas 3h du matin ! Je me retrouve rapidement avec 2 Indiens assis contre mes jambes, mes poussant toujours plus à me recroqueviller davantage et 2 par terre à mes pieds. Je ne ferme quasiment pas l’œil de la nuit. Un contrôleur réveille Aurélie vers 4h du matin pour lui proposer une couchette de libre avant de la renvoyer par terre lorsqu’il s’aperçoit que nous n’avons pas les bons billets. Nous ne demandons que ça depuis la veille au matin de pouvoir acheter des billets nous réservant des places décentes, mais personne ne veut nous en vendre ! L’illogisme des Indiens atteint son comble et nous ne savons plus quoi penser ni quoi faire. Elle retourne se coucher par terre, refusant ma proposition d’échanger ma place avec la sienne. Je vois qu’elle commence à atteindre ses limites et je la comprends très bien. Ce pays est champion pour nous pousser à bout ! Surtout en matière d’insalubrité… Le train est absolument dégueulasse, nous osons à peine nous coucher sur les couchettes étant déjà elles-mêmes fort sales… mais par terre, c’est l’apocalypse… Entre les restes d’aliments jetés partout, les crachats réguliers des Indiens, la saleté drainée sous les chaussures des passagers qui doivent marcher sur des bouses de vache à tous les coins de rue, les cafards grimpant partout et l’odeur nauséabonde arrivant parfois de nulle part, on pourrait difficilement faire pire ! JE lève mon chapeau à Aurélie qui a bravé cette folie sans se plaindre ! Après cette épreuve, rien ne pourra plus lui résister en Inde… Enfin, à 6h30 du matin, nous voyons notre calvaire se terminer, le train accostant enfin dans notre gare tant attendue, après 18 heures de trajet. Débarquées sur la quai, nous avons l’impression de revivre et de respirer de nouveau du bon air ! Nous nous sentons sales et fatiguées, mais au moins nous sommes sorties de cet enfer ! Quel bonheur !
Joyeuses à présent de ne plus être enfermées dans cette boite à sardines, nous hélons un rickshaw pour qu’il nous emmène à Rishikesh. Vu la nuit passée, nous laissons tomber le bus et nous faisons conduire comme des princesses dans cette petite ville montagnarde. L’air est frais, respirable et beaucoup plus agréable que l’atmosphère lourde de Varanasi. Je sens que nous pourrons nous reposer ici ! Nous arrivons vers 8h du matin dans un petit village perché en haut des montagnes, surplombant le Gange, qui a l’air bien plus propre qu’à Varanasi. Ce coin a l’air uniquement dédié au yoga, à la méditation et au tourisme. Les guest houses se succèdent ainsi que les Occidentaux… L’endroit est charmant et calme, mais détonne totalement avec l’Inde que je connais. Ce sera parfait pour nous reposer après l’épreuve de cette nuit, mais je trouve que le coin manque singulièrement d’authenticité. Nous verrons ! En tous cas, nous avons un mal fou à trouver une chambre de libre, tout étant complet… Incroyable ! Nous dégotons finalement une superbe chambre donnant sur un jardin luxuriant où nous entendons les oiseaux, un vrai luxe dans ce pays ! Il était temps, Aurélie un peu malade après les événements de cette nuit, avait urgemment besoin d’une belle salle de bain confortable. Une bonne douche et une sieste plus tard, nous nous sentons revivre !
Nous partons ensuite nous promener, descendant tranquillement vers le Gange, notre guest house étant située à flanc de montagne. Nous atteignons un petit village plutôt touristique où vendeurs de bijoux se succèdent en proposant tous les mêmes articles. Un pont suspendu permet d’atteindre l’autre rive en surplombant le fleuve, beaucoup plus limpide qu’à Varanasi, encastré au fond d’une vallée entourée de montagnes, rendant le tableau presque idyllique, ce qui ne correspond pas du tout à l’Inde telle que nous la connaissons. Je ne sais pas si c’est la fatigue du train, mais ce nouveau paysage nous dérange. A Varanasi, nous touchions la véritable Inde, dans toute son étrangeté, son sacré, sa saleté, son bruit… Ici, c’est calme, propre, on respire de l’air pur… Et on l’impression que c’est faux, qu’on nous trompe en nous montrant une ville qui n’est pas vraiment indienne. On voit des touristes partout, les agences proposent des treks, des safaris, du rafting… Mais où est l’authenticité de l’Inde que nous aimons ? On se croirait au club Med ! Déboussolées, nous continuons notre visite, perdues entre les dizaines d’ashrams qui proposent quantité d’activités différentes, de la méditation au cours de yoga, mais qui possèdent tous des allures touristiques qui leur font perdre de leur véracité et cassent leur charme.
Arrivées sur une petite plage de sable fin, nous nous arrêtons quelques temps, les pieds dans l’eau fraiche du Gange, tout en admirant les bateaux de rafting qui passent. Notre impression d’être dans un club de vacances ne passe pas mais nous apprécions tout de même le paysage qui est, il faut bien l’avouer, vraiment apaisant et beau. Nous poursuivons notre marche, serpentant sur un petit chemin de terre qui suit le Gange jusqu’au deuxième petit village moins touristique. Nous nous y sentons tout de suite mieux et visitons les ashrams plus authentiques entretenant de somptueux jardins. Alors que le soleil se couche, une grande puja a lieu devant une belle statue de Shiva. Il y a foule sur le ghat au pied du Gange et nous assistons à une belle cérémonie où tous les fidèles sont habillés en orange ce qui amplifie le sacré du lieu en harmonie avec le soleil qui se couche derrière Shiva en reflétant ses couleurs pastelles sur le Gange. Les chants, toujours plus puissants, montent vers les cieux comme pour encourager le ciel à s’empourprer… Un très beau moment !
Fatiguées par la nuit passée dans le train et notre longue marche de la journée, nous rentrons en taxi jusqu’au premier village où nous dégotons un très chaleureux restaurant au pied du Gange. Avec ses allures hippies et sa musique douce, nous nous y sentons bien. Presque comme à la maison ! Ca fait du bien certaines fois d’être dans un coin touristique… Une bonne pizza plus tard, nous rentrons à pieds jusqu’à notre auberge, se situant à 10 minutes de marche. La nuit est tombée et il fait plutôt sombre sur la route. Une moto s’arrête avec deux Indiens dessus et nous baragouine quelques mots incompréhensibles dans un anglais bizarre. Aurélie s’arrête pour savoir ce qu’ils veulent nous dire, amis lorsque nous comprenons le mot « sexe » dans la phrase, nous tournons vite le dos en leur disant que nous ne sommes pas intéressées. Sauf qu’ils insistent… Ils nous suivent avec leur moto en nous demandant toujours la même chose… Je commence à sentir une peur sourde monter en moi. Je m’agrippe à la seule arme que j’ai en main, ma bouteille d’eau pleine qui peut servir de matraque en cas de besoin. Malgré notre panique, nous réussissons à rester courtoises, devinant que l’agressivité en paroles n’arrangerait rien et pourrait déclencher un incident… Décidemment, il fait bien trop noir sur cette route… Enfin, ils s’en vont et nous grimpons à toute allure les quelques mètres qui nous séparent de notre hôtel, la peur au ventre. Aurélie a également été aussi effrayée que moi, nous avons l’impression d’être passées proches d’avoir de gros ennuis ! Ouf, nous nous enfermons dans notre chambre pouvant enfin respirer de nouveau et s’avouer chanceuses de s’en être sorties indemnes. Maintenant au lit, nous ne tenons plus debout… Trop d’émotions depuis hier !
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