Longue journée de route jusqu’à Chipata

12/08/2014

On se réveille à l’aube, juste avant le lever du soleil, en espérant surprendre des animaux sur le point d’eau, mais à part des hippos et des impalas, c’est le calme plat. Nous avons une longue journée de route en perspective : on commence par trois heures de route pour retourner au point de départ de notre trip en canoë. En effet nous n’avons fait que descendre le Zambèze dans le sens du courant durant ces trois jours, nous allons le remonter en voiture. Revenus au point de départ, nous devrions être attendus par Denver pour nous emmener à Chipata, voyage d’environ huit heures. Autant dire que nous n’avons pas envie de partir trop tardivement du campement ce matin.

Un copieux petit déjeuner avalé en prévision de cette longue journée, nous n’avons plus qu’à attendre la voiture. Elle arrive peu après mais il faut d’abord aller déposer les Allemands dans un lodge à quinze minutes de là, on reviendra nous chercher après. Ok, pas de souci. Sauf qu’une heure trente plus tard, nous sommes toujours en train d’attendre. Il commence à se faire tard, nous avons une longue route devant nous. Alors que nous commençons vraiment à nous impatienter, les guides arrivent enfin sans vraiment d’explication. Si, ils nous montrent les traces d’un hippopotame qui a attaqué la voiture ce matin (ce qui est très rare apparemment) et a fait un beau trou à la carrosserie. C’est fou ça ! Mais ce n’est pas la cause du retard, ils essaient juste de faire diversion. Et ça marche, on est très impressionnés par le trou dans le capot. 
 
Allez, nous montons à l’arrière de la jeep, sur des bancs de fortune, le visage au vent, et entamons la route du retour à travers la forêt. Le paysage est magnifique, mais le chemin plutôt scabreux. Nous sommes ballotés dans tous les sens, recevant quelquefois des branches sur les bras et le visage, respirant cette poussière rouge régulièrement, ce qui nous change un peu de cette immonde odeur de poisson qu’ils transportent dans l’habitacle. Ces trois jours en canoë ne sont rien en comparaison de ces trois heures de route épiques…

Par contre, on se sent bien immergés dans le pays. Nous traversons de nombreux villages où quelques huttes de paille s’agglutinent les unes à côté des autres. Les villages sont plutôt pauvres, les vêtements sales et troués des habitants l’attestent. On soupçonne même que quelques enfants souffrent de malnutrition. Ils nous regardent passer et nous saluent à grands coups de « hello ». Seuls sur notre promontoire, on a un peu l’impression d’être des papes saluant la foule, ça fait bizarre. Je me sens un peu décalée… Nous croisons un taxi brousse où ils se serrent à vingt, nous ne sommes que deux dans une jeep de dix…

Puis, alors que nous passons dans un village, la jeep cale sur un nid de poule, et impossible de redémarrer. Voilà autre chose… Je me demande si nous allons arriver à Chipata ou non. Mais bon, très fatalistes, nous jouons avec les enfants qui ont tous accouru à notre passage, tandis que nos guides, la tête dans le moteur, essaient de dépanner l’engin. 
 
Apparemment, c’est le démarreur qui a un souci. Ils demandent à tout le monde de pousser la jeep et je vois à mon grand étonnement les vingt enfants se précipiter pour pousser -d’abord dans le mauvais sens- la jeep avec leurs petits bras. Ceci dit, multiplier par vingt une petite force, ça finit pas faire du poids. Et hop, la jeep redémarre comme par miracle et nous pouvons continuer notre route. Merci les enfants !

Nous arrivons 2h30 plus tard au point de départ du canoë, échevelés et fourbus par les cahots dans les nids de poule, si j’avais su j’aurais mis un soutien-gorge… Denver nous attend depuis plusieurs heures, nous n’avons plus qu’à sauter dans sa voiture après avoir chaleureusement remercié Martin. Ce trip de trois jours en canoë était vraiment super ! Vivre ainsi en pleine nature en adéquation totale avec notre environnement est un véritable enchantement ! Et vivre avec tous ces animaux sauvages est une expérience unique…

Pour notre plus grande satisfaction, Denver a échangé sa vieille voiture contre un mini van quasiment neuf avec air conditionné et toute la place nécessaire. Quel luxe ! On se sent encore plus privilégiés à présent ! Mais vu notre longue route à venir, ce n’est pas de refus (on s’embourgeoise vraiment !). Nous arrivons vers 17h à Lusaka, sachant qu’il nous reste encore six bonnes heures de route. Il est temps de faire un somme. Avec l’air conditionné, on est bien dans cette voiture de pachas.

La nuit tombe et nous sommes encore loin de notre destination. Nous alternons route bitumée et piste de terre bourrée de nids de poule. La conduite est plutôt sportive pour Denver, surtout de nuit, sans aucun éclairage pour aider à y voir clair, à part quelques feux de broussailles apparemment contrôlés. Il slalome entre les mecs saouls qui zigzaguent sur la route, les chèvres affolées par la lumière des phares, et les bagarres d’ivrognes. C’est tout un art de conduire ici. Je m’assoupis tranquillement tandis que la voiture bondit sur la route poussiéreuse.

Finalement, nous mettrons huit heures pour arriver à Chipata depuis Lusaka. Si on compte notre parcours de ce matin aussi, nous sommes sur la route depuis treize heures sans aucune autre pause que des arrêts toilettes. Ouf, ça fait long ! Autant pour nous que pour Denver qui a conduit sans arrêt…

Nous arrivons à l’hôtel réservé par Denver à une heure du matin, à moitié endormis et dans un état second. Nous entrons dans le superbe hall d’un hôtel de luxe ! S’il n’était pas aussi tard, j’apprécierais encore plus, je pense. Nous quittons Denver tout en le félicitant de sa conduite, puis prenons possession de notre chambre, soulagés de retrouver un bon lit. Un repas froid nous y attend. C’est vrai que nous n’avons rien mangé depuis le petit déjeuner, à part quelques biscuits et une pomme. C’est donc une charmante attention de nous laisser un repas, mais le hic, c’est qu’il s’agit de deux plats de viande accompagnée de riz, le tout froid ! On a tellement faim qu’on se jette dessus tout de même, arrachant même les bouts de viande avec les dents, comme de vrais carnassiers. On fait un beau tableau, tous deux, collés l’un contre l’autre, partageant la seule chaise de la pièce, dévorant notre bout de barbaque froide avec les mains, à 1h30 du matin, l’air hagard…
Rassasiés, il ne nous reste plus qu’à nous écrouler dans notre lit. Bonne nuit !

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