30 mars 2009
Je me réveille vers 7h du matin en ayant bien récupéré de ces derniers jours. Je suis fin prête pour la suite de mon aventure ! Je découvre un peu plus le petit coin de paradis où nous nous trouvons. Il fait gris ce matin mais ça n’enlève rien au charme du lieu. C’est apaisant, relaxant et énergisant à la fois. Les bruits de la jungle nous entourant ne cessent de me ravir, j’ai l’impression de faire partie des films que j’ai tant visualisés et qui se passent au fin fond de l’Amazonie. Je m’attends presque à apercevoir un anaconda géant glisser nonchalamment devant moi !
Le petit déjeuner est incroyable avec tous ces fruits tropicaux, ces œufs, ces cakes de toutes sortes, tout fait à la main ici même ! Une fois prêts, Max nous emmène nous promener en forêt. Nous partons toute l’équipée à travers l’épaisse jungle, un guide nous frayant un passage devant nous avec sa machette, un autre guide fermant la marche et Max nous donnant des informations sur des plantes et des arbres que nous croisons. Nous sommes bien entourés,
et encadrés, aucun doute là-dessus. Max nous parle des plantes médicinales, des arbres à caoutchouc, des arbres fruitiers, des termitières géantes. Il nous montre également des fourmis carnivores, de gros insectes noirs qui peuvent tuer un homme s’il reçoit une dizaine de piqûres en même temps. Max réussit même à dénicher une énorme mygale de sa tanière. Elle est très impressionnante par sa taille et ses pattes velues. Attention de rester éloignés toutefois. Max m’apprend aussi à manier une machette, ce n’est pas aussi évident que ça de bien s’en servir. Comme quoi, ce n’est pas seulement la taille qui compte !
Il se met à sérieusement pleuvoir durant la randonnée. Les arbres nous protègent un peu mais là nous commençons à être vraiment détrempés. Nous écourterons un peu le trek, les animaux ne sortant pas quand il pleut de toute manière. Mouillés de la tête aux pieds, nous revenons au lodge pour nous changer. J’en profite pour piquer une tête dans le fleuve, c’est tellement agréable de se baigner dans de l’eau chaude alors qu’il pleut ! Je me repose ensuite un peu et reste rêveuse devant cet enchantement pictural. Perdue dans mes pensées, j’aperçois un dauphin rose sortir le bout de son nez hors de la rivière comme pour me dire bonjour. Je suis seule à assister à ce cadeau que dame Nature me fait. Je suis aux anges ! Il est tout petit, rose et rapide. Je l’aperçois deux ou trois fois avant qu’il ne disparaisse dans les profondeurs. Je savais qu’il y avait des dauphins en Amazonie mais je ne pensais pas en voir un ! Je raconte ça à Max qui, d’un air amusé, me confie que je risque d’en voir plus d’un durant mon séjour ici et que, si on a de la chance, je pourrai même nager avec eux !! Alors là, j’ai du mal à contenir ma joie…Tout ça est si loin de mes espérances les plus folles ! Suis-je au paradis ? Ca m’en a tout l’air à priori.
Après déjeuner, nous devons empaqueter le minimum vital avec nous, ce soir nous dormons en pleine jungle en camping sauvage ! Ouah… Tout le monde se prépare puis nous embarquons dans une grande barque en destination de l’inconnu. Max veut nous apprendre comment survivre en forêt, enfin nous donner quelques rudiments au moins. Il me place au premier rang de la grande barque pour que je puisse avoir la meilleure vue sur les paysages. J’ai l’impression qu’il a un petit faible pour moi, ce qui me vaut toutes ses faveurs, je ne vais pas m’en plaindre. Par contre, je commence à attirer la jalousie des autres dames du groupe, je le sens. Bah, je ne peux pas gérer leurs émotions pour elles, j’ai juste envie de profiter des miennes !
Max a décidé de nous apprendre à pêcher le piranha. Il nous donne de grandes cannes à pêche et un morceau de viande, puis nous lançons notre ligne à même le bateau. Ca ne mord pas fort, c’est le moins qu’on puisse dire. Nous patientons un bon moment mais rien à faire. Nous changeons d’endroit sans beaucoup plus de succès. Max prend ma ligne et réussit à attraper un énorme piranha en moins de dix minutes. Ok , nous manquons visiblement de technique. Le poisson pêché est vraiment gros, beaucoup plus imposant que ceux que j’avais pêchés dans le Pantanal, il y a quatre ans de cela. Max nous montre les dents du piranha et comment il peut couper une branchette en deux sans difficulté. Impressionnant ! Mais j’en avais déjà fait l’expérience il y a quatre ans lorsque Michaël s’était fait mordre par cette bestiole alors qu’il était en train de la vider pour qu’elle serve de repas!
Nous n’attraperons rien d’autre que ce malheureux poisson aujourd’hui. Tant pis, on va partager notre misérable gain à 10 ce soir ! Nous voguons sur la rivière Mamori et, encore une fois, j’en prends plein les yeux. Max s’arrête dans la maison de sa mère au passage, histoire de lui dire bonjour, de présenter son groupe de touristes à sa famille et surtout pour prendre des hamacs, il n’en avait pas assez pour nous tous pour cette nuit. Sa mère est charmante et nous accueille dans son humble demeure avec beaucoup de chaleur. Elle a l’air fière de son fils et de son travail, du fait qu’il parle anglais et qu’il gagne bien sa vie. Elle ne parle que portugais mais son sourire vaut toutes les paroles. Sa maison en bois est construite sur pilotis à cause de la dénivellation importante de la rivière et un troupeau de chèvres a élu domicile en dessous. C’est drôle, on retrouve le même schéma dans les différents endroits de la planète. En Thaïlande et en Indonésie, on trouve exactement ces mêmes cabanes sur pilotis avec des animaux sous la maison. Dans tous les endroits humides, marécageux et un peu éloignés de la civilisation, c’est le même principe.
Il est temps de dire au revoir à la famille de Max, nous reprenons la route - ou bien la rivière devrais-je plutôt dire - jusqu’à notre campement pour la nuit. Max m’a carrément permis de prendre sa place à la poupe du bateau. Le canot file sur l’eau de la rivière et je suis aux premières loges pour apprécier le spectacle. Quel moment inoubliable ! Les paysages passent de la mangrove dans laquelle il faut se frayer un chemin avec la machette parmi les roseaux et les branches d’arbres inondés, au lac calme et tranquille entouré de palmiers, à la rivière large et aussi passante qu’une route de campagne… On s’arrête dans un champ d’ananas pour cueillir quelques-uns de ces délicieux fruits pour accompagner notre maigre repas de piranha. Nous arrivons ensuite sur un des lacs près duquel Max a grandi. Il est vraiment chez lui ici et il nous fait prendre des raccourcis à travers la mangrove que personne d’autre ne doit connaître. Je n’arrive vraiment pas à comprendre comment il arrive à s’y retrouver dans ces méandres d’affluents. « Son » lac est en effet incroyable. L’eau calme reflète les paysages environnants comme dans un miroir. De nombreux oiseaux jouent une jolie symphonie pour nous, nous éteignons le moteur afin de les honorer. Nous continuerons à la rame, ce qui nous permet de grandement plus apprécier la beauté et les sons qui nous entourent. Soudain, dans ce tableau déjà idyllique, deux dauphins roses se mettent à jouer autour de nous. Cette touche finale finira par m’émouvoir au plus profond de moi et c’est les larmes aux yeux que je remercie la vie de m’offrir de si beaux moments.
Nous profitons en chemin d’un magnifique coucher de soleil sur la rivière, j’ai l’impression que mon cœur va exploser à force d’emmagasiner tant de beautés d’un seul coup. J’ai tellement du mal à m’imaginer que j’étais encore derrière un ordinateur au travail il y a 3 jours à peine ! Mais n’y pensons pas, ça reprendra bien assez vite. Je n’ai qu’un seul regret cependant : ne pas pouvoir partager ces moments inoubliables avec quelqu’un. J’ai comme l’impression qu’être deux renforce encore cette harmonie. Je ne parle même pas forcément d’un petit ami, il peut s’agir d’une très bonne amie également ou quelqu’un de ma famille mais je m’aperçois que le partage est important pour moi dans ces cas-ci et ça me manque un peu.
Nous arrivons au campement une fois la nuit tombée. Plusieurs membres du groupe de Max sont déjà sur place pour préparer le camp. Il y a deux abris sous lesquels on peut étendre nos hamacs au cas où il pleuvrait et ils nous ont apporté à manger, histoire qu’on ne meure pas de faim avec notre unique piranha à partager. C’est de la survie de luxe tout ça ! Max nous explique que nous pouvons choisir nous-mêmes où nous voulons étirer notre hamac : sous l'abri si la peur de la pluie nous gêne ou entre deux arbres partout ailleurs. Je choisis à même la forêt évidemment. Max m’aide à accrocher mon hamac puis nous nous retrouvons tous autour du feu, Max nous montrant comment fabriquer des éventails tressés avec des feuilles séchées.
Tandis que la nourriture est en train de cuire sur le feu, quelques-uns d’entre nous descendons discrètement à la rivière boire quelques bières dans le canot. On ne veut pas que les enfants s’en rendent compte, voilà pourquoi la discrétion est de mise. Je passe un bon moment avec ce petit groupe composé de trois Brésiliens et d’une Américaine. J’ai l’impression d’être intégrée à la population locale plus rapidement que je n’avais pu le faire lorsque je voyageais avec Michaël. Le fait d’être une jeune femme dans la trentaine voyageant seule doit jouer un peu quand même. En tout cas, nous passons un très bon moment tous ensemble.
Le repas est servi et nous avons le droit à un véritable festin en plus de notre piranha rôti au feu de bois. Des légumes, du riz, du poulet grillé sont servis sur un plateau fabriqué à la hâte par Max avec ses feuilles séchées entrelacées. Quel festin ! Délicieux en plus… Et nous avons même le droit à des ananas grillés au feu de bois en dessert. Un vrai délice ! Bien rassasiés, Max nous propose une virée nocturne en canot pour apprécier les bruits des animaux qui se réveillent la nuit. Nous voici donc repartis sur la rivière. Mais l’atmosphère est totalement différente la nuit. On dirait que la forêt nous offre un opéra de sons en tout genre. Des criquets au bruissement des feuilles d’arbres; des oiseaux aux reptiles sautant dans l’eau. Ces sons, bien qu’un peu inquiétants au premier abord, m’apparaissent comme enchanteurs et mélodieux. Max a pris un bateau sans moteur cette fois juste pour nous faire apprécier ces sons nocturnes que je trouve fantastiques. Il balaie les alentours avec sa lampe de poche et me montre deux yeux rouges dans le faisceau de la lumière. Vaguement inquiète mais surtout intriguée, je lui demande de quel genre d’animal il s’agit. C’est un caïman, me répond-il. Ouah ! Nous nous approchons mais il nous a entendu venir et décide de ne pas nous attendre. De toute façon, la région est visiblement infestée de caïmans, vu que nous apercevons des yeux rouges un peu partout lorsqu’il promène sa lampe.
Avec dextérité, Max réussit à attraper un bébé caïman pour nous le montrer de près. J’ai même pu le tenir dans mes mains ! En faisant attention à lui tenir la gueule comme il faut, il n’y a absolument aucun risque avec un petit comme celui-ci. Avec une technique particulière de caresses sur le ventre, notre guide parvient même à faire dormir notre bébé caïman ! Incroyable ! Nous revenons ensuite tranquillement au camp sous un ciel un peu trop nuageux pour voir les étoiles. Mais la lune est au rendez-vous par contre. Un bain de minuit au clair de lune s’impose donc. Me voici dans l’eau en pleine nuit noire, juste éclairée par cette lumière naturelle en plein milieu de l’Amazonie ! Je savoure ce moment d’éternité qui s’offre à moi.
Bon, il est temps d’aller se coucher maintenant. Je plonge dans mon hamac et commence à m’endormir lorsque la pluie se met à tomber. Max vient me voir et me conseille de déménager sous les abris pour ne pas être trempée. Il me donne un coup de main et, en deux minutes, mon lit est installé à l’abri de la pluie. Je m’endors d’un sommeil entrecoupé par les ronflements de mes compatriotes et par la chorale de singes hurleurs qui s’amusent non loin de là.
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