Le 6 novembre 2009
Ca y est, les 20 jours de cocooning en France s’achèvent… C’est passé vite, trop vite, comme à chaque fois. Mais même en si peu de temps, plein de choses bougent, reviennent du passé comme pour me signaler que j’aurais peut-être oublié de boucler certains chapitres de mon existence, la vie ne laissant rien au hasard… Peut-être que mon voyage en Inde a accéléré les choses aussi d’un certain point de vue et c’est tant mieux. Mais revenons quelques jours en arrière…
Je suis arrivée en France un peu déboussolée, je dois bien l’avouer. Passer de cette vie indienne faite de rencontres, de spiritualité, d’épices et de couleurs à la grisaille de la France, la triste mine des Rouennais – ma ville d’origine – m’a un peu déstabilisée les premiers jours. Pourtant j’étais ravie de retrouver ma famille qui m’a tant manqué durant toute cette année, mais je me sentais comme un peu à côté de mes baskets, comme s’il me fallait un temps de réadaptation à cette nouvelle vie française. Ce qui ne m’a pas aidé non plus, je pense, c’est que j’ai passé mes premières journées à ouvrir tous les cartons de déménagement que Michaël et moi avions laissés dans le garage de ma grand-mère pour faire le tri dans ses affaires afin de les lui envoyer chez ses parents à Lille. Forcément, j’ai remis le nez dans plein de souvenirs, ce qui n’est pas forcément évident à gérer non plus…
Bref, mon arrivée fut assez difficile aussi bien pour moi que pour ma famille qui s’attendait à voir arriver quelqu’un de parfaitement bien dans sa peau après un mois et demi de nœuds dans le cerveau dans tous les sens pour apprendre à être zen et sereine, ce qui n’était absolument pas le cas à mon arrivée. J’avais plutôt l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur à cause de l’Inde et d’avoir à remettre un peu mes idées en place et en adéquation avec le monde moderne et capitaliste d’où je viens.
Afin de m’aider dans cette réhabilitation occidentale, j’ai décidé d’aller faire un tour à Paris quelques jours. Rien de tel que de plonger dans une ville grouillante, magnifique et tellement matérialiste comme Paris pour permettre de remettre les idées en place… ou bien de se perdre complètement. Heureusement pour moi, ça m’a aidée à remettre les pieds sur terre et j’en suis réellement reconnaissante à ma ville de cœur. Il a fait un temps superbe, un ciel bleu sans nuage et la ville irradiait de lumière. Je me suis promenée dans les alentours de Notre Dame, cette cathédrale si mythique et légendaire, j’ai fait un tour au Louvre, au jardin des Tuileries où j’ai flâné avec les Parisiens en quête de verdure… Ma course s’est finie aux Champs Elysées où j’ai admiré l’Arc de Triomphe dans un soleil couchant avec nombre de touristes assistant au même spectacle. Ca fait drôle de se sentir touriste dans son propre pays, mais c’est véritablement ainsi que je me sens à présent lorsque je reviens en France… Et je trouve cela plutôt amusant !
Je ne suis tombée que sur des gens charmants tout au long de ce séjour, que ce soit à Paris ou ailleurs et mon opinion surfaite des Français généralement râleurs et désagréables a fondu comme neige au soleil. J’avais également oublié comme les hommes pouvaient être gentiment dragueurs et non avares de compliments envers la gente féminine, ce qui, je dois l’avouer, me manque un peu à Montréal. J’aime quand un serveur me complimente pour la forme en me servant mon café, ou lorsque j’essaie un pantalon ou même lorsque je passe dans la rue et qu’un homme s’essaie pour la 100ème fois aujourd’hui avec des jeunes filles qui passent de l’inviter à prendre un pot avec lui. Je ne me fais pas d’illusion, ils le font à toutes les femmes, mais n’empêche que ça fait toujours plaisir, on se sent belle et désirable dans ces moments-là, sensation qui n’est pas toujours le cas au Québec…
Malgré tout, le crapahutage dans les couloirs du métro parisien reste une horreur… L’odeur nauséabonde des tunnels, la foule qui se presse dans les wagons, me font dire que j’aurais du mal à habiter de nouveau dans cette grande capitale. Cette ville, beaucoup trop métro-boulot-dodo pour moi reste accessible et magnifique pour y passer des vacances ou des week-ends, mais pas pour y vivre. Et habiter de nouveau dans un 30m2 parce que mes moyens ne suffiraient pas à me payer un appartement plus grand me désolerait un peu…
Sachant qu’Amma faisait une tournée européenne en ce moment et qu’elle se trouve justement à Paris ces jours-ci, je ne résiste pas à l’envie d’aller faire un tour pour la voir. Je me présente au Dévi Bhava, la dernière cérémonie avant son départ et passe la soirée avec elle et les milliers de Français qui se trouvent présents également. J’y retrouve Soazig, ma voisine québécoise, François mon ami rencontré en Inde et d’autres personnes aperçues en Inde ou à Montréal. Quelle drôle d’impression d’avoir toute cette géographie qui se fond en un seul endroit… Le Québec, l’Inde et la France réunis ici, pour voir cette femme aux consonances divines qui accueille tout le monde en les serrant dans ses bras… La revoir ainsi que mes amis internationaux me fait le plus grand bien. Comme si tout ce que j’avais vécu en Inde prenait sa place ici en France et m’indiquait que je pouvais tout allier sans problème, qu’il suffisait juste de prendre le recul nécessaire pour assimiler mes expériences et en tirer profit où que je sois. Tout est devenu beaucoup plus clair et limpide dans ma tête et je suis revenue enchantée de mon séjour à Paris, avec de nouveau les deux pieds bien sur terre.
Du coup, j’ai pu beaucoup mieux profiter de la joie de me retrouver auprès de ma famille, d’autant plus que je suis partie deux jours à Cabourg en Normandie avec mes parents qui possèdent un petit appartement en bord de mer. Ah la mer de Normandie, ma belle et précieuse amie de mon enfance… Me retrouver auprès d’elle me donne de l’énergie et me revigore en un rien de temps ! Entre le ramassage de coques à marée basse les pieds dans l’eau, les promenades en bord de mer, les balades dans les marchés de poissons frais vendant leur dernier arrivage, les dégustations de fruits de mer, huitres, bulots, crabe, langoustines, soles, etc… nous ne nous ennuyons pas une seconde ! Et être de nouveau la petite fille de ses parents me ravit du fond du cœur, abandonnant le temps de ces quelques jours intemporels mes responsabilités de femme, de voyageuse ou de travailleuse et ça fait un bien fou !
Bien sûr, les questions de ma quête de spiritualité en Inde ont été abordées par ma famille étant donné qu’elle a été inquiète durant mon périple en voyant et en imaginant surtout la tournure des événements. Rien ne vaut une explication de vive voix, plutôt que des écrits qui peuvent être mal interprétés ou subjectifs sur le moment. Il faut savoir que j’écris chaque jour à brûle pourpoint, sans même relire une seule ligne, étant donné que je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à la rédaction de ces textes. Il s’agit donc d’un ressenti à chaud qui peut parfois être mal expliqué, trop lyrique ou trop emphatique… Et cette fois-ci, j’ai beaucoup axé sur mes sentiments, mes émotions, ce qui se passait dans ma tête plutôt qu’en dehors. C’est la façon dont je voulais retranscrire mes aventures, mais ce n’est pas la plus facile… J’ai aussi beaucoup visité l’Inde comme mes photos le montreront, mais j’en ai moins parlé qu’à mon habitude, vu que ce n’était pas le but premier de mon voyage. Après quelques explications, je pense avoir rassuré mes proches sur ma façon de voir les choses et que je n’étais nullement partie dans quelques sectes démoniaques qui m’auraient manipulée le cerveau. Donc tout va bien !
J’ai évidemment revu des amis également, sur Paris et sur Rouen. C’est toujours un plaisir de retrouver des gens qui me sont chers et me connaissent bien de par les dizaines d’années où nous nous suivons mutuellement, même si la distance rend souvent les échanges difficiles. Avec Internet cependant, tout devient plus aisé, même à distance ! Nous échangeons sur nos vies, et même si souvent elles ne se ressemblent en rien, la complicité est toujours là, présente malgré ces années et ses longs moments sans nous voir et je trouve ça magnifique. Je choisis par contre soigneusement les gens que je souhaite voir, ne pouvant pas accéder aux demandes de chacun. J’aurais aimé passer à Lyon, j’y ai beaucoup d’amis également, mais je n’aurai pas le temps cette fois-ci. Ce sera pour mon prochain retour. Je préfère profiter vraiment des gens qui me sont proches, quitte à en voir moins, plutôt que de courir partout et ne vraiment profiter de personne…
Je suis également allée faire quelques manèges avec ma sœur, son mari et ma famille à la foire installée sur les quais de Seine. Je ne suis plus en âge de faire les derniers manèges tête en bas et secoueurs de membres dans tous les sens, on y va plutôt pour l’ambiance, manger du cochon de lait braisé et des barbes à papa sucrées et éventuellement faire un tour de carrousel avec ma mère et ma sœur tandis que les hommes nous regardent mi-amusés, mi-désespérés de nos enfantillages. Curieusement également, je décide de refaire ma garde-robe sur Rouen ! Moi qui n’aime pas du tout faire les magasins, je déboule durant deux après-midis entières à travers la ville afin de m’acheter pantalons, jupes, robes, chaussures, etc… comme s’il n’y avait rien de tout cela à Montréal. Ceci dit, je trouve rarement des vêtements qui me vont au Québec, voilà aussi pourquoi je fais mon ravitaillement ici. Et je crois que le fait de porter les deux mêmes pantalons depuis 2 mois me donne des envies de renouveau en matière vestimentaire…
Je consacre également du temps à mes grands-mères avec lesquelles j’adore parler de mes voyages et ressentis divers et variés et elles me donnent leur avis, leur expérience et leurs impressions, que j’écoute avec attention, leur sagesse m’aidant à avancer dans la vie ou à me poser les bonnes questions et je les remercie tendrement pour cela. J’ai de la chance d’avoir une famille aimante et soucieuse de mon bien être comme ils le sont et j’en suis consciente. Parfois, nous ne partageons pas le même avis et c’est tout à fait normal aussi, la différence d’opinion étant importante dans l’évolution de chacun d’entre nous. Il faut parfois se confronter pour pouvoir aller de l’avant. Et lorsque c’est fait avec amour et conscience, ça ne peut qu’être bénéfique pour tous. Je me suis du coup rendue compte de ma chance, les critiques étant parfois difficiles à prendre, mais au fond je sais qu’elles sont autant de chances pour moi d’avancer dans la bonne direction.
Me voilà maintenant à la veille de mon départ pour le Brésil, en Amazonie encore une fois. Dans ma folie des avions, il est moins cher de passer par Montréal avant de repartir à Manaus. Je vais donc faire une escale de 4 heures demain matin à Montréal avant de repartir aussi sec pour le Brésil… C’est plutôt drôle ! J’y retournerai ensuite le 30 novembre pour finaliser mon voyage et recommencer, si tout va bien, à travailler le 1er décembre. Autant dire que ce sera serré. On verra à ce moment-là ! Pour le moment, il faut se préparer à dire au-revoir à ma famille que je reverrai je ne sais pas quand… Ce n’est pas toujours évident de voyager, on est souvent amener à quitter ceux que l’on aime !
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Est-ce que nous pourrons suivre ton voyage au Brésil ou devrons-nous attendre ton retour à Montréal?
RépondreSupprimerJ'attends donc la suite avec impatience..sinon on se revois à Montréal.
Stéphan
(Peut-être le seul Québécois charmeux:-))