Le 13 novembre 2009
J’ai vraiment bien dormi cette nuit, ayant récupéré une vraie chambre avec un bon matelas sans bruits de ronflements sonores…
Max dort encore, j’en profite pour m’absorber dans la contemplation des lieux encore une fois, le lodge étant d’un calme olympien après le départ des touristes en excursion. Je prends conscience que je ne m’ennuie jamais au final, moi. Je peux rester des heures seule, spécialement dans des endroits magiques comme celui-ci mais pas seulement, à partir dans mes pensées, méditer, lire ou écrire. Et j’aime ça ! J’en ai même besoin et de plus en plus… En gros, je vis bien avec moi-même et je pense que c’est important. Il y a quelques années de cela, j’avais du mal à rester face à moi-même, tournant rapidement en rond et ayant l’impression que si j’étais seule, c’était que les gens ne m’appréciaient pas. Ce manque flagrant d’assurance m’est passé heureusement et je préfère choisir avec soin mes fréquentations afin de vraiment les apprécier plutôt que d’être avec n’importe qui pour ne pas me sentir seule. Et je me sens bien mieux ainsi !
Max finit par se réveiller et nous partons ensemble en bateau acheter des ananas et quelques vivres pour ce midi. J’ai même le droit de conduire le bateau à moteur encore une fois ! Revenus au lodge, nous passons le temps agréablement en jouant aux dominos tous les deux sous un arbre, la rivière coulant en contrebas. La vie pourrait être nettement plus difficile pour moi !
Vers 15h30, nous partons tous les deux en bateau avec un petit baluchon contenant quelques affaires pour la nuit, vu que visiblement nous ne dormirons pas au lodge ce soir. Comme à mon habitude, je suis sans poser de questions, faisant totalement confiance à Max en ce qui concerne les surprises et le bon déroulement des événements comme toujours. Il me passe à nouveau le volant du bateau et je file dans les méandres des rivières, réussissant même à m’y retrouver un peu, en reconnaissant des maisons flottantes ou bien des bras de fleuves typiques. Encore un mois de plus ici et je nous conduis les yeux fermés n’importe où en Amazonie. Bon, il me faudrait sûrement un peu plus de temps quand même… Surtout qu’avec la saison des pluies, le paysage change complètement, le niveau de l’eau montant d’une quinzaine de mètres partout. Les repères sont donc méconnaissables et il faut se réhabituer à un nouvel environnement, bien différent. Même Max avoue se perdre quelquefois durant la saison humide alors qu’il est natif d’ici…
Après une heure de trajet, nous accostons sur une petite île déserte où se dresse une hutte en bois et ne paille qui ressemble à la salle à manger du Dolphin Lodge en plus petit. Une petite cabane fait également face au fleuve et possède 3 lits à l’intérieur. Le coin est désert et visiblement personne n’y a mis les pieds depuis un moment, le tout ayant l’air d’être un peu laissé à l’abandon. Max m’explique que ce chalet appartient à son neveu mais qu’il ne s’en occupe pas vraiment. C’est dommage, l’endroit a beaucoup de potentiel touristique, ce qui n’échappe évidemment pas à Max. En attendant, ça n’appartient qu’à nous pour cette nuit, nous dormirons ici, seuls au milieu de la forêt ! Ouahh… Encore une belle surprise ! Nous déposons nos affaires puis repartons aussitôt pour aller chercher notre dîner, non pas au supermarché mais dans un grand réservoir naturel : la rivière. Eh oui, si nous voulons manger ce soir, il va falloir mériter notre repas en le pêchant nous-mêmes ! Espérons que nous attraperons quelque chose …
Avant de lancer nos lignes dans l’eau, nous nous arrêtons sur une petite plage de sable dominée par une petite église perdue seule au milieu de la forêt, l’endroit étant toujours désert. Nous plongeons à l’eau, savourant ce bain improvisé et le contact du sable sur nos pieds. Max me met rapidement en garde cependant de ne pas marcher dans l’eau mais d’avancer en raclant le sol avec les pieds afin de faire fuir les éventuelles raies venimeuses ou poissons dangereux cachés dans le sable. Il ne faut jamais oublier que l’Amazonie est un endroit sauvage, Max me rappelle ainsi qu’il ne faut jamais cesser d’être vigilant en tout temps. Il m’explique également qu’il est fortement déconseillé de se soulager dans l’eau, de petits poissons parasites présents dans les rivières peuvent être attirés par le jet et remonter l’urètre pour s’y loger, provoquant d’atroces douleurs. Le seul moyen de les déloger est une opération chirurgicale. OK, j’ai bien saisi la mise en garde !
Après ce bon bain, nous reprenons le bateau pour trouver un bon emplacement où lancer notre ligne. Des bouts de viande accrochés à nos hameçons, nous nous essayons à plusieurs endroits, sans succès pourtant. Soudainement le vent se lève brutalement, ballottant notre petite embarcation en tout sens, de gros nuages noirs recouvrent le ciel pourtant dégagé quelques minutes auparavant et le grondement du tonnerre retentit non loin de là. Le temps est à l’orage, voire même à la tempête, ce qui rend l’atmosphère magique et mystérieuse. J’ai l’impression d’être dans un film ! Le mauvais temps est arrivé sur nous si brusquement, je n’en reviens pas ! Et j’adore ça ! Nous abandonnons tout espoir de pêcher des piranhas, les vents devenant trop violents même si la pluie n’a pas encore éclaté sur nos têtes, ce qui ne saurait tarder. Nous rangeons nos cannes à pêche en bambou et Max essaie de manœuvrer le bateau à travers la tempête qui se lève de plus en plus dangereusement. Un coup de vent fera s’envoler son maillot de bain qu’il faisait sécher sur le banc. Il sera englouti par les eaux quelques minutes plus tard, nous ne cherchons même pas à le récupérer, il est trop tard et Max est déjà assez occupé à essayer de nous sortir de là. Moi, je me contente d’apprécier le spectacle du grondement de la nature semblant manifester sa colère pour une obscure raison connue d’elle seule. Je ne suis nullement inquiète, ce qui me surprend moi-même et je peux donc tout à loisir profiter du déchaînement des éléments autour de nous. Je me sens protégée par cette nature même qui gronde et par Max qui, je le sais, nous ramènera à bon port. En effet, nous revenons sur notre île déserte juste avant la pluie et nous nous réfugions dans la hutte principale à l’abri des éclairs qui illuminent à présent le ciel. Quel incroyable spectacle !
Max ne faisant pas complètement confiance au bungalow surplombant la rivière au niveau de son étanchéité, nous transportons deux matelas dans la grande hutte où nous passerons la nuit à même le sol. L’endroit ne possède pas l’électricité et Max allume des bougies qu’il avait pris soin d’emporter. Je découvre que, comme à son habitude, il a tout prévu et il sort de son sac 2 sandwiches confectionnés au cas où nous serions revenus bredouilles de la pêche, ainsi qu’une bouteille de vin blanc pour parfaire cette soirée déjà inoubliable. A la lueur des chandelles, nous dégustons notre pique-nique en écoutant la tempête faire trembler notre cahute et s’abattre sur nos têtes. Les bruits de la forêt se sont tus et seules sont audibles cette fois-ci les bourrasques de vent s’engouffrant dans les feuillages et la pluie martelant le sol assoiffé, qui semble crier de bonheur à l’absorption de chaque goutte d’eau. Je ressens une belle humilité devant cette éclatante manifestation du pouvoir de la nature, me sentant si petite, terrée au fond de ma tanière à la lueur des bougies, sentant les éléments se déchaîner autour de moi. Je souris malgré moi, me sentant encore une fois en adéquation avec le monde. Nous passons la soirée à discuter, Max et moi, de nos vies passées. Je suis bien contente qu’on puisse se retrouver un peu seuls ici, le Dolphin Lodge étant son business, il est toujours pris à droite et à gauche et nous manquons parfois d’intimité. Là, nous sommes perdus au milieu de la jungle, loin de toute habitation et présence humaine, livrés à nous-mêmes et j’aime ça. Nous nous endormons doucement au son de la pluie qui déferle dehors, le faible bout de bougie restant allumé jusqu’à ce que nous fermions les yeux de fatigue, comme pour s’assurer de notre protection, avant elle-même de succomber aux affres du sommeil…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire