Le 19 novembre 2009
La nuit fut plutôt agitée dans tous les sens du terme. Une grosse tempête a éclaté vers 2h du matin, avec des vents si violents que nos pauvres hamacs étaient ballotés en tous sens. Je me réveille en sursaut au grondement du tonnerre qui éclate juste au dessus de nos têtes, de multiples éclairs zèbrent le ciel et illuminent les alentours comme en plein jour! A moitié endormie, je protège mes vêtements, laissés à même sur une chaise, d’une rafale de vent trop violente risquant de les emporter dans l’eau. Tout le monde est sur le pied de guerre, descendant les plastiques pour qu’on ne soit pas mouillés par la pluie. Le capitaine est obligé de déplacer le bateau qui n’est pas amarré à une bonne place par rapport à la tempête, des vagues de 3 mètres risquent de nous jeter sur la rive. Bien à l’abri dans mon hamac, je me contente d’écouter la tempête qui déferle sur nous avec un mélange de fascination et de peur, laissant l’équipage se démener pour nous sortir de là. Ils finissent par amarrer le bateau dans un coin protégé puis tout le monde retourne se coucher, essayant de trouver le sommeil malgré la colère du ciel. J’y réussis curieusement facilement et ne me réveille qu’au petit matin sous un temps très calme et ensoleillé. Les tempêtes viennent et repartent à vitesse éclair ici…
Nous échangeons nos impressions chacun au petit déjeuner sur cette nuit déchaînée. Notre guide nous apprend qu’il a rarement assisté à pareille tempête et que ça aurait pu être dangereux pour le bateau. Moi, dans mon inconscience du danger, j’ai adoré et suis contente d’avoir vécu l’expérience!
Nous nous apprêtons à partir en canot, le couple suisse, le guide et moi, lorsque je vois Max arriver en bateau au loin! Le guide me demande si je veux rester pour l’accueillir, et je lui rétorque, fâchée, que non, je préfère visiter le village en leur compagnie. Max monte sur le bateau tandis que je m’éloigne avec les autres vers la terre ferme, tellement contrariée que j’en oublie de prendre mes chaussures! Nous arrivons devant une petite maison de bois sur pilotis où les habitants sont spécialistes de la fabrication du tapioca qu’ils nous feront goûter après nous en avoir expliqué la fabrication. Je ne profite qu’à moitié de la visite, ne pensant qu’à l’attitude à adopter envers Max, afin de lui faire comprendre ma déception. J’achète un couteau afin de l’offrir à un ami et toute la troupe est persuadée que je veux éventrer Max avec! Je ne suis tout de même pas si violente…
Nous revenons ensuite au bateau et je me réfugie sur le pont après lui avoir à peine dit bonjour. Il m’y retrouve et commence par s’excuser platement de ne pas m’avoir rejointe plus tôt, m’expliquant alors qu’il a fait la route en voiture hier sur les conseils d’un de ses amis mais est resté coincé derrière une grille d’une nouvelle propriété privée dont il n’avait pas la clef. Il a cherché le propriétaire du terrain clos dans chaque village, s’énervant de plus en plus, étant si près de là où je me trouvais mais étant bloqué par cette satanée barrière. Il a appris alors que le propriétaire était à Manaus et il n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière. Il est rentré à minuit chez lui, contrarié et épuisé. Apparemment, il a chargé un de ses amis qu’il a réussi à avoir au téléphone et qui se trouvait dans le même coin que nous de me prévenir de ses mésaventures mais je n’ai vu personne… Je ne sais pas si je dois croire à tout ça, mais dans le doute, je choisis de lui faire confiance. Et ma mauvaise humeur finit de s’envoler entièrement lorsqu’il se met à pleurer, croyant m’avoir perdue. Je ne peux pas résister à un homme qui pleure, ça me fait fondre! Je décide de passer l’éponge sur tout ça afin de profiter avec lui des jours qui nous restent. Ce serait dommage de les gâcher à cause de cette histoire!
Nous nous allongeons sur la poupe du bateau, nous délectant des paysages toujours changeants, des belles plages de sable blanc, des majestueuses îles recouvertes de jungle et des dauphins jouant dans les vagues. Soudain, nous entendons le tonnerre qui éclate partout autour de nous, un gros grain se prépare de nouveau. En effet, la pluie se met à marteler le bateau de toutes ses forces en un véritable déluge.. Max me regarde, une lueur de malice dans les yeux, puis me propose d’aller enfiler mon maillot de bain. Il m’emmène me promener en barque. Sous cette pluie? Oui, justement, sous ce déluge… j’enfile joyeusement mon maillot puis nous sautons dans un petit canot qu’il dirige avec efficacité au moyen d’une seule rame au milieu de la rivière. A peine dehors, je suis déjà trempée jusqu’aux os comme si on m’avait jeté une bassine d’eau tiède d’un seul coup mais cette douche improvisée est des plus délicieuses. Je crie de joie dans mon petit canot en recevant ces trombes d’eau sur la tête, me délectant de notre folie de nous retrouver ici au milieu de la rivière amazonienne, en maillot de bain dans une barque qu’il faut écoper de temps en temps vu qu’elle se remplit d’eau dangereusement à cause de la pluie. Je suis aux anges! Nous sautons ensuite dans l’eau, la pluie se calmant par la même occasion. Nous revenons ensuite au bateau, enchantés de notre sortie improvisée!
Après un copieux déjeuner (ce n’est pas ici que je risque de maigrir, moi) et une sieste réparatrice, nous préparons nos affaires afin de passer la nuit dans la jungle! Nous n’emmenons que l’essentiel, le plus important étant le hamac, la machette et de l’eau. Avec ça, on peut s’en sortir dans la jungle. L’eau n’est même pas obligatoire, on peut trouver des lianes gorgées d’eau buvable un peu partout. C’est la beauté de la jungle lorsqu’on la connaît et la respecte, elle nous donne tout ce dont on a besoin: de la nourriture, de l’eau et une protection naturelle contre les intempéries.
Nous voilà donc partis, le couple suisse, son guide, Max et moi à travers la jungle, des chaussures couvertes aux pieds afin d’être protégés des éventuels insectes rampants dangereux et nos sacs sur le dos. Notre guide emporte en plus de la nourriture pour ce soir, on ne va pas avoir trop le temps de chasser cet après-midi. Après une heure de marche dans la jungle, bien différente de celle se situant autour du Dolphin Lodge de par sa végétation et son silence plutôt étonnant dû à un moins grand nombre d’animaux vivant ici, le sol étant trop acide, nous arrivons à une jolie clairière où quelques abris en bois ont été montés pour abriter les hamacs en cas de pluie. En bas de cette clairière ouvrant sur la canopée, un joli petit ruisseau tombe en cascade de deux mètres de haut, mettant ainsi à notre disposition une douche d’eau de source fraîche et claire. Après notre promenade en forêt avec 90% d’humidité, autant dire que nous sommes tous trempés de sueur, nous sautons sous cette cascade rafraîchissante, buvant l’eau claire à grandes lampées, elle est paraît-il tout à fait potable, et jouant comme des fous dans cette source naturelle.
Bien rafraîchie grâce aux bienfaits de la forêt elle-même, je prends un peu de temps pour admirer les environs. La petite rivière, d’une couleur verte à cause des rochers mousseux qui la tapissent, continue à s’écouler à travers l’épaisse jungle jusqu’à rejoindre le Rio Negro, je suppose. Max et moi suivons sa piste quelque temps, les pieds dans l’eau, appréciant cette quiétude et la majesté des lieux que nous offre la jungle, juste pour nous deux. Assis sur une branche, nous contemplons la splendeur de cet habitat naturel, émus par tant de beauté. La jungle semble encore une fois nous avaler tout entiers dans son grand manteau vert, nous considérant certainement comme des vers de terre au vu de sa magnificence. Nous avons devant nous un bel exemple de la grandeur de la nature lorsque les hommes la laissent tranquille.
Nous rebroussons ensuite chemin pour retrouver nos amis avant que le soleil ne se couche. Nous installons nos hamacs entre deux arbres un peu éloignés de ceux des autres, histoire que chaque couple ait son intimité, puis nous plongeons dedans pour une petite sieste avant le souper. Contrairement aux autres qui ont accroché leur lit suspendu sous un abri, je préfère être vraiment en pleine forêt pour pouvoir admirer les étoiles à travers les feuillages. Espérons juste qu’il ne pleuve pas cette nuit! Sinon, nous déménagerons de place, c’est l’avantage des hamacs, ça se transporte et s’installe facilement.
Antonio, le propriétaire des lieux et ami de Max, nous fait griller des brochettes de poulet sur le feu de bois, ça sent délicieusement bon! Nous passons à table, de grandes feuilles nous servant d’assiettes, et de larges tiges de spatules pour le riz. Le poulet se dévore avec les mains, c’est bien meilleur ainsi! J’adore ce goût de grillé à même le feu, la peau croquante et dorée se mange aussi facilement que le reste du volatile. Je me régale alors que je n’avais pas faim avant de passer à table. Je mange trop depuis que je suis au Brésil! Mais c’est tellement bon que je ne réussis pas à résister. On verra l’étendue des dégâts sur ma balance à mon retour sur Montréal! Je vais avoir l’air malin si je ne rentre pas dans tous les nouveaux habits que je me suis achetés en France… Enfin, on verra!
Après ce délicieux souper, nous nous éclipsons, Max et moi, discrètement, afin de nous retrouver un peu seuls près de la rivière dans cette nuit noire qui a envahi la forêt à présent pour mon plus grand plaisir. Il sort comme par magie une bouteille de Champagne qu’il a ramenée de Manaus, que nous dégustons tout en conversant sur nos manières d’aborder la vie, par rapport au travail, à la famille, aux amis, aux loisirs, etc… Tout en nous arrêtant de parler de temps en temps afin de juste profiter des bruits de la jungle et des bruissements de la petite rivière.
Max veut ensuite me faire profiter des étoiles dans un endroit plus dégagé, avec moins d’arbres qui nous bouchent la vue. Nous partons donc à travers la jungle avec de petites lampes torches comme seul éclairage. J’avoue ne pas être à 100% rassurée… Même si j’ai une confiance aveugle en Max, il ne peut pas anticiper le fait que l’un de nous pose malencontreusement un pied sur un serpent ou une main sur une mygale… Nous n’y voyons rien, et c’est la nuit que ces charmantes bestioles se réveillent. D’autant plus qu’on se trouve, paraît-il, dans un endroit de l’Amazonie où les serpents sont les plus venimeux… Génial! Je suis Max de près, marchant dans ses pas et prenant garde de ne toucher aucune branche avec mes mains, ne voyant pas ce qui pourrait se trouver dessus, même si c’est quasiment mission impossible. Je réussis même à m’entailler le bras avec une feuille coupante! Max déniche un trou dans la canopée où nous pouvons en effet avoir une meilleure vue sur le ciel. Il étend des couvertures sur le sol afin qu’on s’y allonge pour admirer à loisir la voûte céleste. Mais en ce qui me concerne, ça ne me convient pas du tout. Je sais qu’il est dangereux de s’allonger par terre dans la jungle en pleine nuit à cause de tous les insectes et animaux rampants ou non qui se feraient un plaisir de venir nous dire bonjour si nous nous trouvions sur leur chemin. C’est pour cette raison que nous dormons dans des hamacs… Je pense que Max cherche tellement à m’épater et à me faire plaisir qu’il prend des risques inutiles cette fois-ci. Je lui fais part de mon inquiétude en lui disant que je souhaite rentrer. Il comprend tout à fait, se disant peut-être à lui-même que c’est plus prudent ainsi, et nous rebroussons chemin jusqu’à nos hamacs dans lesquels nous plongeons, enfouis dans des couvertures. La nuit, dans la jungle, il ne fait pas chaud! Je reste quelque temps à admirer les étoiles qu’on aperçoit aussi bien d’ici au final, me sentant plus en sécurité dans mon cocon suspendu entre deux arbres, puis Morphée vient me chercher pour que je m’envole avec lui au son des animaux nocturnes sortant de leur cachette.
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