Bilan du séjour à Madagascar

     Madagascar est un pays sans conteste extrêmement attachant. Les gens sont adorables, toujours souriants, serviables, gentils. On n’a pas rencontré une seule personne antipathique en trois semaines ! L’appellation de « pays du sourire » lui va parfaitement et rien que pour ça, c’est un plaisir de voyager dans cette grande île. Je n’y ai pas ressenti d’insécurité particulière (à part cette tentative de vol mais il n’y avait rien d’agressif) en respectant les règles de base qui se résument surtout à ne pas sortir une fois la nuit tombée, même si elle arrive à 17h30.

    Côté paysages, nous avons été éblouis par tant de diversité, des plaines arides aux savanes chatoyantes, des rizières multicolores aux forêts denses humides, des plages désertes paradisiaques aux villes turbulentes… Ce voyage dans la Grande Ile nous a ravis au plus haut point, à part le mauvais temps dans les Hautes Terres, le seul bémol de notre traversée. Ce séjour fut bien rempli d’aventures, d’émotions et de découvertes ! D’habitude, il y a toujours quelques jours où je n’ai rien à raconter de particulier, ce ne fut pas le cas cette fois ! Et toute cette marche a fait un bien fou à mon genou, que je retrouve en pleine forme grâce à ces diverses marches intensives. Un vrai travail de kiné !

     Côté culinaire, le bilan est simple pour Flo : il a dû avaler 17 côtes de zébus, 3 langoustes, 36 bols de riz, 3 poulets bicyclette (qui courent beaucoup) et 22 bières. Ah oui, j’oubliais le foie gras. Pour ma part, ce fut un peu plus complexe et expérimental, faisant parfois de belles trouvailles, d’autres fois moins… En tout cas, la nourriture est délicieuse dans ce pays et plutôt variée, une belle découverte culinaire !

     Il y a plein d’autres endroits que j’aimerais découvrir encore ici comme l’Ile Sainte Marie et son ballet de baleines ou l’Ouest du pays avec Majunga… Une autre fois, ma première expérience me donne définitivement envie de revenir ! Ce n’est pas un pays si difficile que ça pour voyager, je pensais que ce serait un peu comme en Inde mais pas vraiment en fait. Je me sens assez reposée après ce voyage-ci alors que je revenais à l’envers d’Inde. Les moyens de transport sont assez simples quoique pas toujours confortables (surtout les taxis-brousse) et les hôtels sont quand même d’un certain confort (on a eu de l’eau chaude tout le temps), ce qui permet de bien se reposer. Les locaux ne nous harcèlent pas sans cesse pour nous vendre leurs services, ce qui contribue à garder une certaine sérénité dans ce pays.

     Merci à Madagascar de nous avoir accueillis en son sein et à bientôt j’espère ! Moi ou mes parents qui, peut-être, auront le goût et l’envie d’y retourner après ce récit… qui sait ? En tout cas, je leur ai dédié ce voyage tout au long de mon périple, marchant sur leurs pas trente ans plus tard, je pense qu’ils l’ont senti à distance !

            Ce voyage, je l’ai fait grâce à vous, merci !
            A votre tour…



Petit tour dans Tana et puis s’en vont…

23/08/13
  
    Ah que c’est bon une vraie grasse matinée ! Rien ne presse aujourd’hui, notre avion part à 1h du matin cette nuit pour la France.

  Après un petit déjeuner frugal à cause d’un mal de ventre persistant, nous rangeons nos affaires et les laissons à l’hôtel dans un local. De nouveau dehors, nous sommes assaillis par le bruit, les odeurs, et j’avoue que la tête m’en tourne un peu. Flo s’en aperçoit et on s’arrête aussitôt dans un petit hôtel au jardin calme et verdoyant pour que je reprenne un peu de couleurs. Le coca me redonne vie… C’est intense, Tana !
  Bon, après ce petit repos, nous retentons une seconde fois notre assaut dans les rues de la ville, avec plus de succès cette fois, même si ça ne reste pas facile de slalomer entre les voitures qui nous frôlent d’un peu trop près. On trouvait justement que la conduite était très civilisée dans le reste du pays, mais ça exclut Tana ! Même les taxis-brousse conduisaient plutôt prudemment sur la RN7 !

  Nous grimpons jusqu’au Palais de la Reine où nous sommes assaillis par les guides qui veulent nous le faire visiter, ce qui a le don de tellement nous déplaire que nous passons à côté sans y pénétrer ! Non mais… Nous redescendons ensuite jusqu’à l’Avenue de l’Indépendance, où nous retrouvons de multiples badauds qui grouillent autour d’un marché étalé à même le sol. Alors que nous remontons vers la gare, de jeunes garçons me tendent un chapeau pour faire la manche tout en me bousculant au passage. Rapidement, je mets la main sur la pochette de mon appareil photo qu’ils étaient en train de me voler tandis que mes yeux étaient attirés par le chapeau. Les sacripants ! Je n’ai pas eu le temps de leur crier dessus, ils ont déjà disparu ! Il était vraiment moins une, j’ai eu chaud ! Même prévenue et attentive, j’ai failli me faire avoir. Flo a sa poche de pantalon ouverte mais ils n’ont rien pris non plus. Dire que toutes les photos du voyage ont failli partir en fumée ! Ouf…

  Nous nous remettons de nos émotions au café de la gare, un petit havre de paix dans un joli jardin. La gare, qui n’accueille plus aucun train, s’est agréablement reconvertie ! Revigorés, nous prenons un taxi jusqu’au marché de la Digue, connu pour son artisanat local. En effet, les boutiques sont charmantes, il y a très peu de monde (en fait, nous sommes les seuls touristes et donc les seuls clients potentiels) mais on ne se fait pas pour autant harceler par les vendeurs. Il y a de tout ici : des bouliers, des statuettes, des avions en canettes recyclées, des pierres précieuses, des tableaux… Bref, on fait quelques achats dans une ambiance calme et décontractée, ce qui nous convient bien. Flo m’apprend à marchander sévère et j’assimile petit à petit, n’étant pas très à l’aise pour ça de façon innée.

  Nous revenons ensuite à l’hôtel nous reposer au calme près de la piscine en attendant de dîner. Les heures s’étirent lentement quand on ne peut que rester sur une chaise à attendre. L’heure du dîner arrive enfin mais je n’ai pas faim, j’ai sommeil et mal au ventre ! Je me contente d’un petit plat tandis que Flo se gave de foie gras et de zébu (ce que son ventre lui fera regretter plus tard malheureusement). Le taxi nous emmène ensuite, (en croisant des dizaines de prostituées dans les rues à 21H) à l’aéroport bien en avance, mais bon, au moins dans la salle d’embarquement on peut s’allonger sur les sièges. Grâce à la carte Gold de Flo, on passe tous les enregistrements et douanes à la vitesse grand V, et je m’allonge dans la salle d’embarquement, épuisée ; je m’endors aussitôt. Je me réveille juste au moment où il  faut embarquer, vers 1h du matin, pour me rendormir aussitôt dans l’avion… Moi qui ai un mal fou d’habitude à dormir dans les transports ! Je devais vraiment être fatiguée et un peu patraque.


  Du coup, le vol se passe très rapidement pour moi tandis que Flo lutte un peu contre son mal d’estomac. Arrivés à Paris, sous un ciel gris et pluvieux, nous effectuons la correspondance pour Marseille.

Retour sur Antanarivo

22/08/13
  
  Ce matin, on ne repart qu’à 8h, c’est la grasse matinée ! Ça fait du bien, d’autant que des crampes d’estomac nous ont pris, Flo et moi, durant la nuit. Je me disais aussi qu’on avait bizarrement échappé à la turista depuis notre arrivée dans ce pays. Faut croire qu’elle ne nous aura pas complètement oubliés ! Mais rien d’alarmant, juste un peu de mal de ventre.

  Après le petit déjeuner, nous remontons dans notre minibus pour le reste du trajet jusqu’à Tana. On a fait le plus gros hier, il ne reste plus beaucoup de route à effectuer aujourd’hui. Nous remontons vers Antsirabe, retrouvant de plus en plus de civilisation, de maisons et de gens. On a l’impression de retrouver Antsirabe bien plus grouillante de monde que lors de notre premier passage, et bien plus proche de la civilisation aussi ! C’est sûrement dû au contraste avec les villages du sud, bien plus pauvres et dépouillés. On revient tranquillement vers les grandes villes, tout en douceur, c’est parfait !

  Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un restaurant touristique cette fois, où j’essaie timidement une pizza en espérant que mon estomac l’acceptera. Flo se contente sagement de pâtes. Nous reprenons ensuite une route beaucoup moins intéressante jusqu’à arriver à Tana sur les coups de 15h. Ouf, on est enfin arrivé après deux jours de route ! Un coup de taxi plus tard, nous sommes revenus à l’hôtel de la dernière fois et découvrons avec bonheur que nous avons été surclassés. On a une belle suite, limite de luxe ! Youpi !

  Après un bref repos, nous partons visiter la ville sous le soleil déclinant et illuminant les bâtiments. Rapidement, nous sommes un peu saoulés par le bruit des voitures, l’odeur des pots d’échappement ; c’est une ville difficile pour les piétons ! Mais malgré tout, l’avenue de l’Indépendance est intéressante par son atmosphère, ses magasins, les gens qui y grouillent… On tombe sur un spectacle de rue où un homme avale tranquillement tout un serpent vivant en entier dans son œsophage… Rien que de le regarder, j’en ai des hauts le cœur, c’est absolument répugnant ! Je ne resterai pas jusqu’au bout et ne saurai donc pas comment il fait pour le ressortir… Berk ! En plus, avec mes problèmes d’estomac, ce n’était pas le moment de me montrer ce genre de chose !

  Nous continuons jusqu’à la place de l’Indépendance, un peu en hauteur, avec une vue superbe sur la ville. C’est visiblement un endroit où se retrouvent les amoureux, enlacés sur des bancs. Ce petit tour nous plaît beaucoup mais il est temps de rentrer, nous ne souhaitons pas nous retrouver dans la rue la nuit. Après une bonne sieste, nous allons dîner au restaurant de l’hôtel qui s’avère être un pur délice ! Flo tombe sous le charme du foie gras maison, un bon morceau qui coûte une misère ici, et je me régale d’un carpaccio de zébu suivi d’une délicieuse cuisse de canard aux lardons et ananas. Flo tente avec succès le poulet à la vanille ! Je crois que Tana est au moins une ville à découvrir pour son côté culinaire !


  Le ventre rond et pris de quelques crampes, nous allons nous coucher repus.

Vivre nos vacances à l’envers…

21/08/13
  
  Le réveil à 4h du matin est plutôt dur pour ma part, surtout que la nuit n’a pas été terrible. Mais bon, on n’a pas le choix, le minibus vient nous chercher à 5h pour ensuite filer sur la RN7 en direction de la capitale. Il vient nous prendre à heure dite après que le gardien nous a ouvert, puis nous passons chercher un autre jeune couple et une vieille dame dans un autre hôtel avant de filer dans le silence de la ville encore endormie. Seuls quelques feux sont allumés à même la rue pour réchauffer quelques Malgaches ratatinés devant les flammes pour chercher un peu de chaleur.

  Nous nous sommes installés tout au fond du bus pour être le plus loin possible de la fumée de cigarettes des conducteurs. Ce bus qui contient 14 sièges ne voyage qu’avec 5 passagers, autant dire qu’on a de la place… Nous sommes pourtant plus habitués aux taxis-brousse qui n’ont que 5 sièges mais y entassent 14 personnes ! Et pourtant, nous ne payons pas si cher que ça pour une remontée sur Tana en deux jours dans ces conditions de luxe ! C’est aussi parce que l’argent va directement dans les poches des chauffeurs ; je ne pense pas que leur agence soit au courant qu’ils ramènent du monde et ça nous va bien comme ça ! Tant que tout le monde s’y retrouve. On remonte à petit prix, en sécurité et en confort ! Le reste, c’est leur business…
  Les étoiles et la pleine lune illuminent encore le ciel tandis que nous filons vers le Nord, à vive allure étant donné la bonne qualité de la route. Nous assistons petit à petit à un superbe lever de soleil sur les baobabs épars que nous traversons. C’est magnifique ! Vers 7h, nous nous arrêtons dans un petit village, à une échoppe pour le petit déjeuner. Les conducteurs nous ont prévenus, pas de restaurant touristique, on mange à la Malgache ! Ils ne sont pas en service et ne sont pas là pour s’occuper de nous. Le contrat est clair et ça nous va bien ! Chacun vit sa vie en gros ! Alors qu’ils se gavent de riz en guise de petit déjeuner, nous trouvons un peu de pain et de beurre dans une boutique accompagnés d’un café et tout le monde est content. Nous repartons revigorés…

  Les paysages de savane, de palmiers et de montagnes plates que nous traversons sont de toute beauté, je ne me lasse pas de les regarder ! Nous passons par Ilahaka, ville aux saphirs, puis par le parc de l’Isalo dans lequel nous avons crapahuté durant 3j puis nous continuons jusqu’à Ranohira en saluant notre hôtel avec piscine au passage. C’est drôle de refaire ce même parcours dans l’autre sens ! Comme si on faisait un récapitulatif de ce voyage intense. De plus, les paysages sont vraiment changeants rapidement, ce qui nous évite l’ennui de la monotonie ! La région de l’Isalo reste l’une de mes préférées je crois, c’est tellement superbe !

  La savane fait place à une terre plus aride et rocailleuse près d’Ihosy, nous comblant toujours les yeux, rivés à la fenêtre de notre bus. Vers 11h, le bus s’arrête sur le côté, au milieu de nulle part, puis un autre bus vide et deux 4x4, vides également (je veux dire sans touriste), s’arrête derrière nous. Notre chauffeur nous propose de venir les rejoindre pour leur pause « eau de vie malgache ». Intrigués, nous les rejoignons et ils nous proposent un verre de rhum pur qui, rien qu’à l’odeur, a l’air d’être TRES fort. Flo y goûte en effet et il me le confirme en s’étouffant presque. Ok, nos chauffeurs picolent avant de manger alors qu’il nous reste 8h de route à faire. Tout va bien, on est à Madagascar ! En même temps, il n’y a qu’une seule route, elle est très bien bitumée et quasi-droite ! Après avoir également goûté au fromage local qu’ils ont emporté avec eux, nous remontons dans le bus pour repartir. C’était la pause détente des guides qui reviennent de déposer des touristes à Tuléar et remontent à vide sur un long trajet en s’accordant des moments entre eux. J’aime aussi ce côté-ci des Malgaches, sans leur carapace de professionnels du tourisme, tout en restant très sympathiques et gentils, et surtout plus naturels et détendus !

  Petit à petit, nous retrouvons une végétation plus verte, des rizières abondantes aux alentours du parc de l’Andringitra où nous avons campé dans le froid et marché de nuit puis nous arrivons à Ambalavao pour midi. On s’arrête dans une « hotely », un petit restaurant malgache, aux abords du parc Anja où nous avons admiré tant de lémuriens. Un seul plat nous est servi : cuisse de poulet avec du riz. Nous mangeons tout avec avidité, le trajet donne faim ! Puis la route reprend…

  Nous ne voyons pas le temps passer avec cette multitude de paysages qui défilent devant nous à notre plus grande joie ! Et nous ne sommes nullement frustrés de ne pas nous arrêter, vu que nous avons déjà visité tous ces endroits. C’est magique de pouvoir revivre 3 semaines de voyage en 1 journée ! J’adore ! C’est une bien meilleure option qu’un avion cher qui ne nous aurait peut-être même pas pris vu qu’il était apparemment complet !

  Nous arrivons à Fianarantsoa vers 15h. Quel plaisir de voir cette ville sous le soleil ! Elle n’a pas du tout le même effet tristounet qui m’était resté en souvenir à cause de la pluie et de la grisaille. Par la fenêtre du bus, je mitraille cette ville de photos avec un petit regret de ne pas m’y arrêter pour la nuit. Le minibus poursuit pourtant sa route, retrouvant d’énormes nids de poule de cette mauvaise route, réduisant ainsi considérablement notre vitesse ; et là, yeux grands ouverts, nous admirons les environs superbes de Fianar que nous n’avions pu apprécier à cause du temps. C’est si beau sous le soleil ! Rien que pour cette partie-là, je suis heureuse d’être rentrée en bus à Tana ! Ces rizières surmontées de petites maisons betsileo en brique et en terre prennent de superbes couleurs chatoyantes au coucher du soleil !


  Par contre, je dois avouer que les 2 dernières heures de route, le soleil ayant disparu derrière les montagnes, nous ont paru longues. On va tout de même avoir fait 14h de route aujourd’hui, avec peu de pauses ! Nous arrivons à la nuit tombée à Ambositra, dans le même hôtel que la dernière fois. Il fait toujours aussi froid dans ce bled et c’est frigorifiés et exténués qu’on arrive au restaurant pour commander une bonne soupe chaude. Les mêmes musiciens que la dernière fois sont là mais ils me cassent vraiment les oreilles ce soir ! Je suis fatiguée, j’ai froid et j’ai mal à la tête. Du silence aurait été plus indiqué. Enfin… Notre côte de porc suivie d’une banane flambée avalées, nous courons nous coucher, épuisés et transis de froid. On aura quand même eu plus souvent froid que chaud dans ce pays ! Qui l’eût cru…

Retour sportif à Tuléar



20/08/2013

   Nous sommes prêts pour 7h, petit déjeuner pris et sacs empaquetés pour un éventuel départ en bateau ce matin si le temps le permet. Apparemment oui, un retour sur Tuléar est prévu ce matin. Espérons qu’ils savent ce qu’ils font, je n’ai pas envie de me retrouver au fond de l’Océan Indien accrochée à mon sac à dos ! Les vagues m’ont l’air fortes même si le vent ne s’est pas encore levé.

  Allez, on embarque, quelques touristes et nous, accompagnés d’une famille malgache avec une toute petite fille d’à peine 4 ans, à bord du bateau à moteur de l’hôtel. Cette fois, nous attachons tous consciencieusement nos gilets de sauvetage, sans avoir l’impression qu’ils seront de trop durant cette traversée qui promet d’être houleuse. En effet, le point compliqué est de sortir de la barrière de corail sur laquelle de grosses vagues de plusieurs mètres se fracassent en gros rouleaux. Pour tout avouer, moi qui ne suis pourtant pas très peureuse en mer habituellement, je n’en mène pas large cette fois. Je vois d’énormes vagues monter devant le bateau tout en n’ayant aucune idée de la façon dont le capitaine va pouvoir mener sa barque à travers ce mur de mer ! Je le regarde, il est concentré sur les vagues, attend le bon moment, puis part pleins gaz perpendiculairement à cette barrière d’écume. Je suis assise tout à l’avant du bateau, aux premières loges des montagnes russes. Le bateau s’élance vers la vague, son nez monte, monte… Je sens, l’espace de quelques secondes (qui me paraissent une éternité), que le bateau est littéralement en train de voler et a quitté toute adhérence avec l’eau avant de retomber avec fracas sur la mer, dans le bon sens, tout le monde s’étant suffisamment accroché pour ne pas tomber à l’eau. La petite fille a crié durant cet assaut épique et pleure maintenant à chaudes larmes. La pauvre, je la comprends, j’ai eu bien peur moi-même et j’ai dû massacrer le genou de Flo auquel je m’accrochais comme je pouvais.

  Ouf, nous avons passé le plus dur, le capitaine a bien manœuvré. Le reste de la traversée est plus facile, même si les embruns des vagues nous trempent des pieds à la tête. La vigilance est toujours de mise à cause de la houle très importante et parfois rapprochée. Nous aurons tout de même la chance de croiser deux baleines qui paraissent plus à l’aise que nous sur cette mer agitée. A l’arrivée sur la plage de Tuléar, des charrettes à zébus viennent nous récupérer afin de nous éviter de patauger dans l’eau, puis nous déposent sur la terre ferme. Qu’il est bon de fouler la Terre ! C’était toute une aventure !

  Maintenant, il faut trouver un moyen de retourner sur Tana afin de prendre notre avion vendredi soir pour la France. Ça sent la fin des vacances tout ça ! Enfin, nous avons encore quelques jours et comptons bien en profiter. Nous parcourons la ville à la recherche d’un 4x4 qui rentre vide sur Tana et pourrait nous prendre à moindre coût. Bon, personne n’est sûr mais tout le monde nous dit qu’il passera ce soir à l’hôtel s’il y a un véhicule de libre ! En gros, nous sommes dans l’incertitude mais nous n’avons plus qu’à patienter jusqu’au soir ! On verra… Il faut apprendre à être patients et confiants à Madagascar.

  Nous nous reposons un peu dans notre charmant petit hôtel déniché au hasard puis partons manger dans un restaurant en bord de mer. On transforme nos langoustes et nos calamars en produits bien terrestres : zébu pour Flo, canard pour moi. C’est un délice ! Par contre, nous retrouvons avec pitié ces vieux Blancs, accompagnés de jeunes et belles Malgaches, attablés non loin de nous. J’ai remarqué que plus ils sont âgés, moins ils mangent et moins est garnie l’assiette de leur maîtresse. La jeune Malgache du papy de 80 ans n’aura droit qu’à une soupe comme lui, alors qu’elle lorgne avec envie dans mon assiette de magret de canard. Il ne faut pas les prendre trop vieux non plus, c’est moins rentable… Bref, ça fait mal au cœur tout ça !

  Je me sens épuisée aujourd’hui, je ne sais pas si c’est à cause de ma frayeur en bateau de ce matin mais je rentre m’allonger un peu à l’hôtel et m’endors aussitôt. Après ce somme réparateur, nous partons faire quelques courses en ville, surtout des petits cadeaux pour nos proches, puis revenons à l’hôtel où une voiture nous attend pour nous ramener à Tana le lendemain. Nous aurions préféré un 4x4, la route n’étant pas toujours évidente et comme la propriétaire de l’hôtel nous promet qu’un 4x4 va arriver ce soir pour nous, nous sommes indécis. Une voiture présente vaut mieux qu’un 4x4 qui n’arrivera peut-être jamais ! Bon, nous lui demandons de repasser à 20h ce soir, nous en saurons plus sur cet éventuel 4x4 !
  
 En tout cas, nous aimons beaucoup cette petite ville de Tuléar, bordée de cocotiers où règne un certain calme dû au peu de voitures qui circulent et à une certaine nonchalance agréable. Dommage qu’il y ait autant de vieux Blancs dégueulasses qui profitent des petites Malgaches !

  Arrivés le soir, nous n’avons finalement pas de 4x4 mais un minibus fumeur, avec 4 touristes  prévus, qui remonte sur Tana demain matin. Bon alors là, on a un dilemme… Ce bus touristique est recommandé par une agence fiable et on est sûr d’arriver à bon port, mais dans la fumée de cigarettes et en s’arrêtant à Ambositra (ville qu’on n’a pas vraiment aimée) pour la nuit au lieu de Fianar que j’aurais vraiment aimé revoir. La voiture de cet a-m n’est pas connue des agences et il peut s’agir de n’importe qui… Par contre, nous ne sommes que 2 dedans et elle s’arrête à Fianar. En fin de compte, nous choisissons la sécurité et opterons pour le bus touristique qui a l’air tout de même confortable. Par contre, départ à 5h du matin demain. Ça va faire mal… Je suis un peu déçue de la solution trouvée pour rentrer à Tana mais bon… Ce sont les aléas du voyage ! Nous mangeons rapidement nos brochettes de zébu puis partons nous coucher, on se lève tôt demain !

La charrette à zébus



19/08/13

  Ce matin, rien ne presse, nous n’avons aucun engagement, à part aller manger des langoustes ce midi. Un vent à décorner les zébus s’est levé et il est difficile de tenir sur la plage. Nous rentrons bien vite nous calfeutrer sur la terrasse de notre bungalow, à l’abri du vent. La matinée passe en lecture et sieste en attendant midi. 

  Bravement, nous affrontons ce vent terrible qui nous lance du sable au visage et nous empêche presque d’avancer, par amour pour les langoustes que nous rêvons de savourer depuis hier. Arrivés sur place, nous avons le plaisir de retrouver Emile et Julien, nos amis de Fianar, mais découvrons par la même occasion que la mer déchaînée de ce matin a empêché les pêcheurs d’aller chercher des langoustes. Bouh… C’était notre dernier repas de langoustes, ce soir nous dînons à l’hôtel et demain, nous repartons à Tuléar ! Déçue, je prends des pâtes, il n’y a rien d’autre au menu qui me tente. 

  Nos amis nous parlent de leur séjour et de leurs mésaventures à Madagascar, nous faisons de même et ils nous apprennent qu’ils ont trouvé un 4x4 qui repart à vide vers Tana après avoir laissé des touristes ici. C’est une idée, ça ! Ça nous coûtera bien moins cher que l’avion et nous permettra de revoir un peu le pays sans être ballotés dans des taxis-brousse. On va se renseigner nous aussi.

  Après le repas, nos amis retournent se reposer tandis que nous attendons notre piroguier habituel pour qu’il nous emmène en charrettes à zébus voir des baobabs de l’arrière-pays. La charrette tirée par deux zébus arrive peu après et nous voici, cahin-caha, essayant de faire avancer ces deux bébêtes sur le sable face au vent. Pour la première fois depuis notre arrivée à Anakao, nous nous aventurons à plus de 100m de la plage, à l’intérieur du village, et nous nous demandons vraiment pour quelle raison l’idée ne nous en est pas venue plus tôt. On dirait que nous étions aimantés par la mer !

  Le village est spartiate et paraît un peu désolé dans ces dunes de sable. Nous nous arrêtons avec la « zarette à zébis » (comme le disent les Malgaches qui ont des soucis de prononciation  du « ch » et du « u »), au bout de 15 mn à peine puis marchons jusqu’à un gros baobab de 1000 ans d’après eux, au tronc si énorme qu’on peut en faire le tour à 4 personnes. Nous en voyons un deuxième plus loin sur lequel nous pouvons même grimper. Nous croisons le gardien du parc sur le chemin, il est furieux contre notre piroguier, qui n’est pas passé lui payer le droit d’entrée. Nous assistons à la scène en souriant, ne comprenant qu’à moitié leur altercation. Après avoir payé notre dû, nous retournons sur notre charrette qui nous ramène au village. C’était une petite sortie sympathique et rigolote… A faire quand on n’a rien d’autre de prévu !

  De retour à l’hôtel, nous apprenons que le bateau ne rentrera pas sur Tuléar demain à cause du mauvais temps. Bon, nous sommes coincés un jour de plus ici… Ça pourrait être pire comme prison ! Nous nous consolons avec notre éternel cocktail en regardant le coucher du soleil qui sera un peu écourté étant donné que les Malgaches choisissent pile ce moment pour murer les fenêtres avec des planches de bois en vue de la tempête de cette nuit… Ils ne pouvaient pas attendre deux minutes, que le soleil ait disparu à l’horizon ? Ils nous feront bien rire en tout cas.

  Nous faisons plus ample connaissance avec un jeune couple qui a fait de la plongée avec Flo et passons la soirée ensemble. Finalement, le patron nous dit que selon le temps le bateau partira peut-être demain matin à 7h. On se tiendra prêt et on verra ! Allez, au lit maintenant, demain est un autre jour…
 

Petit tour en pirogue à voile.



18/08/13

   La nuit ne fut pas évidente entre Flo qui a fait un petit malaise en se levant pour aller aux toilettes et moi qui me réveillais toutes les heures pour boire comme une déshydratée, je crois que nous avons un peu abusé de l’alcool hier soir !

   Après le petit déjeuner sans crêpe faute de lait, notre piroguier arrive avec une demi-heure de retard à cause de la soirée de mariage de la veille qui s’est finie un peu tard et un peu arrosée apparemment. Bref, tout le monde est dans le gaz ce matin, ça tombe bien. Nous grimpons à bord d’une petite pirogue sans moteur cette fois, puis voguons à l’aide de la grande voile en direction d’une autre île un peu plus éloignée que Nosy Ve. C’est si bon de se laisser glisser sur l’eau, assis au fond de la pirogue, le regard passant juste sous la voile, la main léchant négligemment l’eau transparente, au bruit des seules vagues glissant sur le dériveur… Un vrai moment de détente et de lâcher-prise ! 

    Il y a de grosses marées en ce moment et notre pirogue touche le fond alors que nous sommes encore loin de l’île. Nous ferons le reste à pied avec de l’eau jusqu’aux chevilles. La mer est d’un bleu transparent absolument incroyable. Arrivés sur l’île, notre piroguier nous installe sous un grand arbre, à l’ombre, en dépliant par terre la grande voile pour nous servir de nappe. On n’a pas intérêt à trop faire de taches dessus ! Il nous encourage ensuite à aller faire du masque et tuba un peu plus loin, là où l’eau est plus profonde. Cette île est par contre plus rocailleuse que Nosy Ve et il est difficile d’entrer à l’eau en marchant pieds nus sur ces rochers tranchants. Nous trouvons une petite plage où nous pouvons entrer dans la mer plus facilement. Par contre, l’eau est tout de même basse et il faut marcher un moment sur les coquillages coupants avant de pouvoir plonger tout notre corps sous l’eau, même si un mètre d’eau suffit a priori. Une fois sous l’eau, on voit des petits poissons tropicaux très jolis mais les forts courants dus à la grosse marée ne me mettent pas à l’aise. Bien vite, j’abandonne Flo pour rentrer sur la plage avec autant de difficultés que pour y rentrer. En plus, je marche sur une espèce d’araignée de mer qui se plante dans mon talon tout en bougeant ses autres pattes velues. Je réussis à l’enlever facilement tout en espérant qu’elle n’était pas venimeuse !

   Flo me rejoint peu après puis nous rentrons tranquillement retrouver notre piroguier-cuisinier qui nous a fait griller de belles brochettes de crevettes durant notre absence. Par contre, tout un groupe d’Italiens bruyants s’est installé à un mètre de nous et fait un boucan d’enfer. On ne peut pas être tranquilles sur cette île déserte ? On déguste tout de même notre repas avec délice, tout en faisant des taches partout sur la voile blanche, puis essayons une petite sieste qui s’avère peine perdue à cause des Italiens. Je décide d’aller faire un tour autour de l’île pour y apprécier son calme et sa sérénité, et en effet ça me fait le plus grand bien ! Nous reprenons ensuite la route du retour, toujours à la voile (tachée à l’endroit où nous avons mangé) mais le vent est moins fort et le retour se fait encore plus tranquillement que l’aller. Le piroguier a même tendance à s’endormir aux commandes à cause de sa veillée tardive d’hier pour le mariage. Nous arrivons tout de même à bon port, heureux de notre traversée en pirogue.

   Après une bonne sieste et un coucher de soleil toujours aussi superbe, nous marchons jusqu’au restaurant de langoustes qui a l’air de s’être bien remis de la fête d’hier mais nous annonce qu’il n’a plus de langoustes ce soir ! Catastrophe ! Flo se rabat donc sur des calamars et moi je tente les oursins. Une bonne heure et demie plus tard, après une bière gratuite pour s’excuser de l’attente, nos plats arrivent. Une douzaine d’oursins énormes arrivent sur un plateau avec des pâtes sans sauce (qu’ils ont oubliée et n’ont plus le temps de faire avant que les pâtes soient archi-froides). A ma grande stupeur, je m’aperçois que les oursins bougent encore leurs épines en tous sens ! On ne peut pas dire, ils sont bien frais ! Par contre, manger l’intérieur d’un animal qui bouge encore n’est psychologiquement pas évident. Toutefois, je ne me laisse pas arrêter pour si peu et ingère leurs entrailles sous les yeux effarés de Flo. C’est bon mais ça ne vaut pas les langoustes ! Nous retournons ensuite à l’hôtel digérer tout ça dans notre lit.