Le 9 septembre 2009
Nous nous réveillons sous une pluie battante ce matin. Le ciel est gris et triste, ça ne donne pas envie de sortir en mer a priori. Mais quand on a affaire à de véritables drogués, peu importe le temps qu’il fait, on se retrouve tous sur le ponton à 8h en même temps!
Notre capitaine n’a aucune idée de l’endroit où aller, aucune baleine n’a été aperçue ce matin. Nous naviguons donc au hasard, espérant tomber sur des baleines à bosse qui croiseront notre chemin. En attendant, je reprends la discussion avec Jackie sur la difficulté dans la vie de choisir une autre voie que celle de tout le monde. Elle a abandonné son métier de professeur pour vivre sa passion des baleines contre l’avis de tous ses proches. Je lui parle de mon projet de partir un an en voyage il y a 5 ans, qui avait été désapprouvé par beaucoup de mes amis. Ca ne m’a pas empêchée d’aller au bout de mes rêves et ces mêmes amis m’ont jalousée par la suite. Le principal fléau de notre époque est la peur du changement, bien entretenue par notre société, d’ailleurs. Ne quittez pas votre travail, vous n’en trouverez plus jamais d’autre, achetez-vous une maison pour assurer votre retraite et endettez-vous jusqu’au cou… je ne dis pas qu’il ne faut pas suivre ce chemin si c’est vraiment notre choix et si l’on n’est pas poussé par la pression de la société. Ce que je regrette, c’est que dès qu’on choisit un autre chemin, on est souvent incompris et critiqué. Jackie l’a vécu également.
Malgré la pluie, nous scrutons la mer sur le pont à la recherche de baleines. Nous apercevons 3 beaux épaulards non loin de là qui batifolent joyeusement dans l’eau. Soudain, nous voyons des dauphins gris qui jouent non loin d’eux. C’est la première fois que je vois ce type de dauphin. Avec leur bande blanche qui leur colore le corps, ils sont superbes! Il paraîtrait qu’ils s’amusent à ennuyer les épaulards et agissent comme d’incessants moustiques en tournant sans cesse autour d’eux. Ceci dit, les dauphins ne le font qu’avec les épaulards résidents qui ne se nourrissent que de poissons. Ils n’ennuieraient pas longtemps les migrateurs qui les prendraient pour repas aussitôt. Le spectacle de ces deux magnifiques animaux marins est incroyable. De plus, un superbe arc en ciel en toile de fond ajoute la dernière touche à ce tableau divin.
Laissant les orques se débattre avec les dauphins, nous tombons ensuite sur deux baleines à bosse. L’une d’elles nous fait l’honneur de sauter hors de l’eau pour qu’on puisse l’admirer en entier. C’est incroyable, je n’en reviens pas! Quel majestueux animal! Elle passe si près de notre bateau qu’on peut la voir en transparence dans l’eau. Reto et moi sautons de joie à la vue de cet immense mammifère marin. Du long de ses 15 mètres, notre bateau étant à peine plus grand, elle est imposante notre baleine! Nous apercevons ensuite plusieurs petits marsouins, un petit rorqual, puis des lions de mer ainsi que des phoques sautant dans les vagues. Le clou du spectacle nous sera donné à la fin, lors de notre retour vers le port de Telegraph Cove. Une centaine de dauphins gris apparaissent autour du bateau, jouant avec nous avant de repartir aussi rapidement qu’ils sont arrivés. Le tout avec un soleil se montrant enfin, à travers les nuages, rendant l’atmosphère encore plus féerique. Quelle belle journée! De tout cœur merci…
Nous nous retrouvons tous vers 18h30 dans le seul et même pub de la ville fermé au public pour cause de fin de saison, où Jim nous projette le film qu’il a tourné il y a deux semaines seulement sur un groupe d’épaulards migrateurs attaquant un phoque. Les images sont impressionnantes. Malgré l’horreur de la scène, j’aurais bien aimé y assister juste pour voir les orques sauter hors de l’eau pour étourdir le jeune phoque. Loin de lui donner un coup fatal immédiatement, les épaulards jouent avec lui, le balançant dans tous les sens avant de s’en servir comme repas. Etrangement, cette vidéo n’aura en rien entamé notre propre appétit et nous soupons de bon cœur, discutant avec entrain avec Jackie sur les baleines, l’environnement et les tares de notre société. J’aime vraiment discuter de ces sujets avec des personnes ouvertes d’esprit et sensibles aux mêmes problèmes. J’ai l’impression que l’énergie augmente dans ces moments-là, et ça me conforte dans mes convictions. Je fais le parallèle avec les autres membres du groupe de ce soir. On voit qu’il s’agit en grande partie de gens issus d’une haute classe privilégiée qui n’ont jamais eu aucun souci d’argent, rien que leur accent anglais mondain les trahit, sans parler de leurs manières. Ca n’enlève en rien leur gentillesse et leur bienveillance, je tiens à le préciser, mais je vois que nous ne nous trouvons pas sur la même planète. Ils pensent et parlent écologie mais mangent de la viande matin, midi et soir sans se demander d’où elle vient ou si elle contient des hormones ou antibiotiques divers, ils se font servir comme des rois par Jackie sans jamais se demander si elle a besoin d’aide. C’est vrai qu’on paie cher cette excursion mais ça n’excuse pas tout. Jackie et Bruce, les deux biologistes ainsi que le capitaine Jim sont les seuls à me paraître natures, simples et ouverts d’esprit. J’oubliais mon nouvel ami Reto également qui est très attachant malgré son handicap. Je l’apprécie beaucoup.
Une nouvelle journée nous attend demain, il est temps d’aller se coucher pour pouvoir en profiter pleinement!
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