Le 3 septembre 2009
Réveillée à l’aube ce matin, j’ai plutôt bien dormi dans ma tente cette nuit, sans impression de froid. J’ai parfaitement récupéré et je suis en pleine forme! Nous empaquetons rapidement nos affaires, nous voulons admirer les coraux à marée basse. Vers 8h, nous sommes sur le bateau à regarder les moules, palourdes, crustacés et étoiles de mer sur les rochers ou dans le fond de l’eau. J’avoue ne pas être très impressionnée par ces mollusques, j’ai les mêmes en Normandie à marée basse! Je me contente d’admirer le paysage qui, lui, me dépayse beaucoup plus. Ces grands espaces à perte de vue avec pas âme qui vive depuis 3 jours… Alors que tout le monde a le nez au fond de l’océan, je regarde en l’air, admirant cette immensité. Le contraste est plutôt drôle. Comme quoi, selon ses racines, les expériences nouvelles ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Nous continuons ensuite notre route jusqu’à une petite île où se trouvent des sources chaudes naturelles. On nous annonce qu’il est nécessaire de prendre une douche avant d’y aller. Nous ne nous le faisons pas dire deux fois, ça fait 3 jours que notre équipe n’a pas vu une douche. Comme quoi, reconnecter avec les plaisirs simples de la vie, ça fait du bien! Cette douche très sommaire avec une valve qu’on doit maintenir ouverte avec le bras pour que l’eau puisse s’écouler me paraît pourtant le comble du luxe aujourd’hui!
Mon maillot de bain enfilé, je me dirige vers les piscines d’eau chaude naturelle. L’une d’elles, située un peu en hauteur, a une magnifique vue sur la mer et ses îles. Je tombe sous le charme de cet endroit immédiatement. Je me glisse dans cette eau délicieusement brûlante, savourant la chaleur pénétrant petit à petit dans chaque parcelle de mon corps. Quel bonheur alors qu’il fait si froid dehors! De plus, il n’y a personne d’autre que nous sur le site, nous pouvons profiter à loisir de ces trésors. Mes compagnons s’en vont dans d’autres piscines, je reste seule à profiter des lieux. Encore une fois, l’énergie du site est spéciale ici et je repars en méditation, allongée sur une pierre, le corps à demi dans l’eau pour ne pas avoir trop chaud. Je n’ai plus envie de bouger, le temps s’est arrêté pour moi. J’aimerais pourtant partager ce moment d’éternité avec quelqu’un, mais bon.. Je pense que c’est ce qui me manque le plus dans le fait de voyager seule: de ne pouvoir partager les moments forts avec personne. Je marque tout dans ma mémoire, chaque sensation, chaque ressenti, en profitant à fond du moment. Je sais que c’est un beau cadeau que je me fais à moi-même.
On vient me chercher pour me dire que le repas est prêt. Je me résigne avec difficulté à quitter ces lieux magiques. Le repas ingurgité, on nous apprend qu’une tempête va sévir cette nuit sur la région. Bon, voilà autre chose… Nous voyons en effet plusieurs gros nuages s’amonceler au loin. Nous plions bagages et remontons sur notre bateau, afin d’arriver au camp avant l’orage. La mer est agitée et notre bateau brave vaillamment les vagues qui grossissent de plus en plus. Arrivés sur l’île où l’on passera la nuit, on nous apprend que nous ne dormirons pas dans les tentes ce soir mais dans une maison de Haida reconstruite pour les visiteurs qui souhaitent passer la nuit dans les environs. Arrivés sur la terre ferme, nous admirons ce site encore une fois enchanteur. Une grande maison en bois, décorée de dessins amérindiens, trône à l’orée de la forêt juste derrière la plage. La forêt est encore plus belle que toutes celles que j’ai vues jusque-là. D’un vert indescriptible, d’immenses arbres semblent nous attirer encore plus loin dans le bois, à la façon d’une forêt enchantée. Un petit sentier nous invite d’ailleurs à y pénétrer. Je me laisse tenter par cet appel et m’y engage prudemment. Je sais que la tempête est proche, je ne vais pas m’y aventurer seule trop longtemps. Mes yeux ne savent plus où regarder tellement la beauté des lieux opère sur moi. Plus je m’enfonce dans cette forêt, plus j’ai envie d’en voir plus encore. Je retrouve Gaby et Dug qui comme moi n’ont pas su résister à ce chant de sirène. L’enchantement semble se rompre lors de notre rencontre et nous décidons de rentrer ensemble au chalet.
Un feu crépite dans le gros poêle à bois de la pièce. Dans chaque coin, un grand matelas est disposé et une grande table de bois trône au milieu de la pièce. Nous dormirons tous dans cette même grande salle ce soir. Le capitaine nous apprend que si la tempête ne se calme pas demain, nous resterons une journée de plus ici. Bon, ça ne m’arrange pas du tout cette histoire. Toujours à cause de mon planning très serré pour aller voir mes baleines sur l’île de Vancouver, je ne peux pas me permettre de prendre une journée de plus ici! De toute façon, si je n’ai pas le choix… Je ferai avec! La sécurité avant tout. Entre la panne du ferry, la rencontre nez à nez avec un ours et une tempête qui risque de nous coincer 2 jours sur une île déserte, ça fait beaucoup en une semaine. Et dire qu’il faut que je tienne 3 mois!! Heureusement que j’aime ça… Au moins, je ne m’ennuie pas.
La pluie commence à tomber, tout le monde s’enferme dans la maisonnette, certains lisent, d’autres entament une sieste. J’aime cette impression d’être seuls au monde, au milieu de nulle part, alors qu’une tempête s’apprête à faire rage, tout en me sachant protégée et en sécurité. Je m’aperçois que depuis que je suis partie, même si je suis en compagnie de monde, j’ai besoin de beaucoup de moments de solitude, des instants où je me retrouve juste avec moi-même. Mes compagnons doivent me prendre un peu pour une sauvage, mais, pour une raison que j’ignore, ce besoin de solitude est très présent depuis quelques jours. Est-ce bon signe ou non, je l’ignore.
Je pars faire un petit tour sur la plage. La marée est très basse, on peut presque se promener jusqu’au bateau à pied. Malgré le bonheur de marcher seule sur les galets, le nez au vent, les senteurs de la mer me parvenant jusqu’aux narines et le cri des mouettes me rappelant ma Normandie, je ne tarde pas à faire demi-tour assez vite, je connais les dangers de la marée montante. Un peu trop de distraction et on se retrouve entourée d’eau avec l’impossibilité de trouver une issue. Et j’ai eu assez de frayeur ces derniers jours, on va se la jouer cool pour une fois. Je repars en direction de la forêt, attirée irrésistiblement par ses bras de mousse. Le charme s’éteint à la rencontre de deux de mes camarades encore une fois et je rentre me protéger de la pluie dans la maison. Nous soupons ensemble autour d’une grande tablée, en nous racontant nos histoires de voyages. Je m’aperçois qu’à 30 ans, j’ai plus voyagé que tout le monde ici réuni alors qu’ils ont en moyenne 50 ans. Je me rends alors compte de ma chance et de l’expérience que ça m’a apportée. Nous finirons le repas à la bougie, puis tout le monde part se coucher. Je m’endors au son de la pluie qui tombe en rafales sur notre petit toit. J’aime entendre la tempête déferler dehors alors que je suis bien à l’abri et au chaud.
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tes récits sont toujours aussi passionnants .... fais attention à toi.
RépondreSupprimerJe t'embrasse.
Elise
Et ben !!! Pour l'ours tu te lavais avec quoi ?? tahiti douche qui l'aurait tant attire vers toi !!?? En tout cas c'est une extraordinaire rencontre avec un ours et t'as eu vraiment beaucoup de chance! Fais attention quand meme! bizou Laurence
RépondreSupprimerNon avec du savon de Marseille... Ca doit etre ca... ;-)
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires, ca me fait plaisir de vous lire !
Eve-Laure
yahou !!!, nous aussi on a vu un ours brun en Gaspésie au Cap Gaspé. Mais nous nous sommes réfugiés dans une cabane pas loin du site. Quelle aventure. Je t'avais dit de ne pas prendre ta crème solaire à base de miel HIHIHI !!! Profites bien de ces moments avec toi-même et de toutes tes rencontres animales, végétales et humaines....
RépondreSupprimerBisouilles
Clo
bonjour vevev, juste un petit coucou :-)
RépondreSupprimerMehdi K.